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  Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 

 mise à jour du
10 juin 2007
F. Alcan Ed
1889
256 pages
 
Biographie H Beaunis
Henri-Etienne Beaunis
1830 - 11 novembre 1921
Les sensations internes
Professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Nancy
Il fonda le laboratoire de psychologie physiologique à l'Ecole de Nancy avec Liébault et Liégeois. Il étudia l'hypnotisme et publia l'Anatomie générale du système lymphatique en 1863, le Somnambulisme provoqué en 1886 et l'Evolution du système nerveux en 1890

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Besoins en rapport avec les fonctions respiratoires. (p 41-43)
 
Le besoin de respirer dont chacun peut se rendre compte par soi-même en retenant sa respiration pendant un certain temps, soit en inspiration, soit en expiration, se traduit par un sentiment de gêne qui se localise principalement, quoique très vaguement, dans la région sternale. Si l'arrêt de la respiration se prolonge pendant vingt secondes et plus après une inspiration ordinaire ou quarante à cinquante secondes après une inspiration profonde, la gêne devient considérable, et il
s'y joint une sensation très pénible de constriction thoracique et un sentiment d'anxiété et d'angoisse qui ne permettent pas de prolonger l'expérience. Dans ses recherches sur la composition de l'air des poumons, Vierordt a pu retenir sa respiration pendant cent secondes, mais à ce chiffre, l'angoisse était extrême et le besoin de respirer irrésistible. Cependant par l'exercice la suspension de la respiration peut se prolonger plus longtemps, jusqu'à deux minutes et demie, par exemple, chez les plongeurs de profession. Ce besoin de respirer prend dans certaines maladies un caractère particulier, comme dans la dyspnée et l'angoisse qui l'accompagne atteint son maximum dans les accès de suffocation qui se présentent dans l'asthme et les affections du cœur.
 
A quoi tient ce besoin de respirer et quelle est son origine ? Il parait dû, d'après toutes les données physiologiques, à l'accumulation d'acide carbonique dans le sang et peut-être à l'insuffisance d'oxygène. Si en effet par un procédé quelconque, on sature le sang d'oxygène, la respiration peut s'arrêter sans que le besoin de respirer se fasse sentir. Si, sur un animal, comme l'ont fait Hook, et plus tard Rosenthal, on pratique l'insufflation pulmonaire (respiration artificielle) en diminuant de plus en plus l'intervalle de deux insufflations successives, les mouvements respiratoires se ralentissent et finissent par cesser tout à fait. Dans cet état connu en physiologie sous le nom d'apnée, l'animal ne ressent plus le besoin de respirer. On peut du reste faire soi-même l'expérience confirmative suivante; si on fait coup sur coup plusieurs respirations très profondes et qu'on retienne ensuite sa respiration, on voit que la suspension de la respiration peut durer plus longtemps que dans les conditions ordinaires avant que le besoin de respirer ne devienne impérieux et irrésistible.
 
henri beaunis
Comment maintenant agit le sang chargé d'acide carbonique ou désoxygéné pour déterminer les sensations qui constituent ce que nous appelons besoin de respirer ? De quels éléments sensitifs se compose ce besoin ? L'influence du sang porte-t-elle sur les muscles inspirateurs, sur les poumons, sur les terminaisons périphériques des nerfs pulmonaires et diaphraginatiques ou sur les centres sensitifs auxquels aboutissent ces filets nerveux ? Il est assez difficile de résondre la question et il est probable que ces divers éléments sensitifs interviennent chacun dans la sensation complexe du besoin de respirer. Il est à noter cependant que cette sensation et les phénomènes dyspnéiques qui l'accompagnent quand elle est intense peuvent se montrer en dehors de tout défaut d'oxygénation du sang et par la simple excitation de certains nerfs sensitifs. Ainsi l'occlusion du larynx, même quand la trachée laisse un libre accès à l'air, l'excitation de certains points de la muqueuse des fosses nasales suffisent pour déterminer toutes les sensations et tous les phénomènes de la dyspnée la plus intense.
 
Ce besoin de respirer peut se montrer chez le fœtus même avant la naissance. Il es tbien prouvé en effet que, sous certaines conditions encore mal déterminées, il peut se produire des monvements inspiratoires précoces pendant que le fœtus se trouve encore dans l'eau de l'amnios, mouvements qui peuvent faire pénétrer l'eau de l'amnios dans les bronches. Ces respirations ne peuvent se produire du reste que tant que le fœtus possède encore l'excitabilité réflexe.
 
À la fonction respiratoire se rattachent un certain nombre de besoins qui correspondent à des actes respiratoires spéciaux; tels soit les sensations qui précèdent le bâillement, la toux, l'éternuement, etc. Dans ces différents actes, sur lesquels je n'ai pas à m'étendre ici, les mouvements suivent presque immédiatement le besoin et ils se produisent presque toujours involontairement et par action réflexe.
 
Besoins d'inaction ou de repos.page 59
Je rangerai dans cette catégorie les besoins qui dérivent de l'exercice prolongé ou exagéré de certaines fonctions.
En tête se trouve celui qui traduit la fatigue de tout l'organisme ou du moins de ses fonctions de relation, le besoin de sommeil. Ce besoin de sommeil s'annonce par un certain nombre de sensations, démangeaisons et lourdeur des paupères supérieures, picotements légers de la conjonctive, engourdissement de la sensibilité générale et des sens spéciaux, sensations des muscles sus-hyoidiens qui précèdent le bâillement, pesanteur des membres et de la tête, obnubilation légère de l'intelligence et peu à peu le sommeil arrive sans qu'on puisse préciser le moment exact où il commence. Les causes qui déterminent ce besoin de sommeil sont aussi peu connues que celles du sommeil lui-même; mais il faut encore remarquer que les sensations qui l'accompagnent débutent par les paupières et sont probablement de nature musculaire. La physiologie de ce besoin se confond avec la physiologie même du sommeil pour laquelle je ne puis que renvoyer aux traités de physiologie...
 
beaunis
beaunis
De quelques actes respiratoires spéciaux (p 928 tome 2)
 
Les mouvements respiratoires se modifient de façon à produire certains actes spéciaux qui concourent à l'accomplissethent de la fonction respiratoire et d'autres fonctions, ou qui correspondent à des influences nerveuses particulières. Eu égard à leur mécanisme, ces actes peuvent être classés en trois catégories : effort, actes inspirateurs et actes expirateurs. Le mécanisme de la voix et de la parole rentrerait aussi dans cette dernière catégorie, mais leur importance mérite une étude à part qui sera faite dans les chapitres suivants.
 
A. Effort. - L'effort n'est pas autre chose que le déploiement à un moment donné d'une contraction musculaire intense pour vaincre une résistance considérable. Cet effort a pour première condition la fixation de la cage thoracique, fixation qui donne un point d'appui solide aux muscles des membres supérieurs, de l'abdomen et des membres Inférieurs. Pour fixer la cage thoracique, on fait une inspiration profonde, puis la glotte se ferme et les muscles expirateurs se contractent alors énergiquement. Cette occlusion de la glotte a été constatée directement chez les animaux; chez l'homme elle est prouvée par ce fait d'observation journalière que l'émission des sons s'arrête au moment de l'effort. Cependant l'occlusion absolue de la glotte ne parait pas être indispensable, et les animaux ou les hommes porteurs de fistules de la trachée peuvent encore faire des efforts, mais moins énergiques et moins soutenus.
 
B. Actes inspirateurs. - Ces actes inspirateurs sont tantôt simples, comme l'action de humer ou de renifler, tantôt plus complexes, comme le bâillement. Dans le humer, l'air passe par la bouche en entraînant le liquide en contact avec l'orifice buccal. Dans le renifler, lé courant d'air inspiré passe par le nez, et on aspire en même temps les corps placés à l'orifice des narines, comme dans l'action de priser. Le bâillement consiste en une inspiration profonde, la bouche largement ouverte, avec contraction de certains muscles de la face et suivie d'une expiration bruyante ou insonore. Le sanglot est une inspiration ou une série d'inspirations diaphragmatiques, brèves, spasmodiques, douloureuses avec production de son glottique à l'inspiration et à l'expiration. Dans le soupir l'inspiration est lente, profonde et suivie d'une expiration courte et forte avec émission d'un son particulier. Le hoquet est une contraction spasmodique du diaphragme, avec inspiration brusque arrêtée subitement par l'accolement des cordes vocales.

 

Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie d'après l'enseignement de La Salpêtrière 1895