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Critères de diagnostic d'une névralgie vasculaire de la face
ou syndrome de Sluder
  1. Survenue d'accès douloureux, débutant vers le front, la tempe, la région malaire et l'aile du nez, irradiant vers la région orbitaire
  2. Caractère strictement unilatéral des accès qui siègent toujours du même côté
  3. Douleur rapidement très intense, et durant entre 30 et 180 minutes
  4. Survenue quotidienne à des moments relativement fixes, pendant plusieurs semaines (céphalées en chapelet)
  5. Présence de perturbations neurovégétatives associées :
Signes neurovégétatifs associés aux algies vasculaires de la face
  • Signes oculaires
    • Larmoiement 86%
    • Signe de Claude Bernard-Horner 31%
    • Injection conjonctivale 45%
    • Photophobie 20%
  • Signes nasaux
    • Narine bouchée 53%
    • Écoulement nasal 16%
  • Signes faciaux
    • Rougeur de la face 20%
    • Douleur de l'artère temporale 16%
  • Signes neurologiques
    • Hyperesthésie de la face, du scalp 16%
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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier
 

 mise à jour du
17 juillet 2003
corvisart
Baron Jean-Nicolas Corvisart Des Marets
1755 -1821
 
Sur une affection douloureuse de la tête, sous forme de migraine ou de tic douloureux
Par M. Méglin docteur en médecine à Colmar
 
Journal de médecine de Corvisart et Leroux
janvier 1812 - tome XXIII - vol 1 - p 1-8
 
 
 Les biographies de neurologues

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journal de medecine
 
 
MADAME veuve J... âgée de 49 ans, d'une constitution forte et robuste, d'une stature de corps élevée, d'un tempérament sanguin , d'un caractère vif, enjoué, cessa d'avoir ses règles à l'âge de 41 ans, à la suite d'un chagrin occasionné par la mort d'un de ses enfants. La disparition prématurée de cet écoulement périodique, ne l'incommoda presque point; seulement elle éprouva parfois des chaleurs fugaces passagères qui se portaient principalement vers la tête; symptôme qui affecte la plupart des femmes dans leurs années critiques, surtout dans les premiers temps de la cessation de leurs règles; sous tous les autres rapports , madame J... se porta bien depuis cette époque.
 
Il y a environ dix-huit mois qu'elle ressentit les premières atteintes d'un très violent mal de tête qui revint par intervalles. Voici ce qu'elle éprouvait à chaque paroxysme - la douleur attaquait subitement comme un coup de foudre, à des heures variées : elle affectait d'abord l'os maxillaire et celui de la pommette, s'étendait sur les deux arcades dentaires, sur toutes les dents supérieures et inférieures du côté droit, sur toute la mâchoire du même côté, depuis la symphyse du menton jusqu'à l'angle de cette mâchoire; et , à son articulation, sur l'oreille externe et interne, sur la tempe, sur l'œil qui se retirait, devenait rouge et larmoyant; sur l'aile et toute la partie droite du nez, sur la partie correspondante du front, enfin, sur toutle côté droit de la tête, depuis la racine du: nez en montant sur le vertex, et descendant jusqu'au bas de l'occiput; de manière que cette affection partageait précisément toute la tête en deux segmens égaux, dont l'un était douloureux et l'autre indolent. Les douleurs, d'après la relation de la malade étaient extrêmement aiguës et presque intolérables; elles étaient tantôt brûlantes tantôt déchirantes, tantôt lancinantes. Les accès pendant les premiers mois duraient quarante-huit heures consécutives et ce qu'il y a de singulier, ils cessaient précisément à la même haure qu'ils avaient commencé deux jours avant. Pendant ces accès madame J... ne pouvait se tenir au lit; elle passait les nuits dans un fauteuil, parce que son mal ne lui permettait pas d'appuyer sa tête, et que d'ailleurs en essayant de se coucher, elle éprouvait un serrrement violent à la gorge. Toutes les parties occupées par la douleur étaient d'une sensibilité excessive
 
Joue et nez ne permettaient pas le moindre attouchement; il y existait un trémoussement convulsif; toute la face du côté malade devenait rouge; la rougeur se répandait même jusque sur le côté sain. Lorsque les accès se terminaient, la disparition de la douleur était aussi prompte qu'avait été l'installation. Alors madame J... pour me servir de sa propre expression, n'était plus la même personne; il y avait entre sa situation et celle où elle avait été un instant avant, la même différence que celle qui existe entre l'état d'une personne bien portante, et celui d'une autre qui est très malade. Dans les premiers temps, ces accès ne revenaient que tous les mois, duraient alors, comme je l'ai dit, pendant quarante huit heures; ils revinrent ensuite tous les quinze jours, mais ils étaient aussi de la moitié moins longs. Quelques mois après, Madame J ... éprouva des accès tous les huit jours, puis tous les deux jours enfin presque tous les jours. A mesure qu'ils se rapprochaient , ils diminuaient proportionnellement en longueur, la violence de la douleur était toujours la même.
 
Je fus appelé pour donner des soins à madame J. après huit mois de ses soufrances: elle eut, la patience incroyable de les supporter pendant un temps aussi long sans faire aucun remède ; elle croyait d'abord que son mal n'était qu'une fluxion qu'elle pensait devoir se passer d'elle-même; elle m'assura que si elle avait eu quelques dents gâtées du côté malade, elle les aurait certainement fait arracher parce qu'elle aurait naturellement attribué ses douleurs aux dents cariées. elle m'avoua, de plus, qu'un médecin avait été consulté sur sa situation, par une tierce personne; que l'avis de médecin fut que sa maladie consistait dans une crampe qui se passerait; qu'aucun médicament ne lui avait été conseillé.
 
corvisart par ricord
Corvisart par Ricord Académie de médecine
 
Je ne pus rien découvrir, malgré toutes mes recherches sur la vraie cause de cette affection douloureuse. Voici le traitement que j'employai: madame J... fut purgée; j'avais conseillé qu'elle se fit appliquer des sangsues à l'anus; cette application n'eut pas lieu, parce que la malade en avait une extrême répugnance. J'ordonnai des bains de jambes, et tous les soirs un calmant préparé avec un grain d'extrait aqueux d'opium ; l'usage quelque temps suivi de ce calmant ne procura aucune diminution notable dans les douleurs. Je fis appliquer un vésicatoire sur le bras gauche, dont la suppuration fut entretenue pendant six semaines. Enfin je fis prendre à madame J... des pilules composées d'extraits de jusquiame noire et d'oxyde de zinc sublimé, qui m'avaient réussi dans une affection doulouruse dont j'ai donné l'observation dans ce journal (cahier de novembre 1811).
 
Il est aisé de voir, en relisant cette observation, qu'il existe une bien grande conformité entre la maladie de la fille qui en est le sujet et celle de madame J... dont je viens de donner l'histoire. Il n'y a de différence entre les deux cas, qu'en ce que les douleurs, dans l'un, occupait tout le côté droit de la tête; tandis que, dans l'autre, elles n'affectaient qu'une partie circonscrite de la face: que dans l'un, les accès étaient beaucoup plus longs, et avaient des intervalles beaucoup plus grands, ce qui n'en change pas l'essence; mais dans les deux cas, la nature, la force, la violence des douleurs, la manière dont les accès attaquaient et disparaissaient étaient absolument les mêmes. Cette ressenblance était suffisante pour m'engager à prescrire à madame J... les pilules auxquelles j'avais lieu d'attibuer la guérison de ma première malade.
 
Les pilules ordonnées à madame J... furent chacune d'un grain d'extrait de jusquiame et autant d'oxyde de zinc. Cette dame en prit une le matin à jeûn, et une autre le soir vers cinq ou six heures. Elles furent progressivement portées jusqu'au nombre de dix pour chaque dose, en augmentant tous les jours d'une matin et soir. Pendant les premières semaines, ces pilules ne produisirent pas un changement bien marqué dans la situatuon de madame J...; mais ensuite les douleurs diminuèrent notablement, les accès devinrent moins fréquents (car dans les derniers temps ils furent presque journaliers), et disparurent enfin au bout de cinq à six semaines. Quelques temps après cette disparition, les douleurs ménacèrent de se réveiller et de se porter sur le côté opposé de la face; mais ce fut une vaine alarme; le tout se borna à de faibles ressentiments qui n'eurent aucune suite. Enfin, madame J..., entièrement quitte de ses douleurs à la tête n'éprouva plus, que par intervalles, quelques picotemens, quelques élancements sous l'aisselle droite et jusqu'à l'extrêmité des doigts. Cette dame continua ses pilues plus de deux mois; on en diminua la dose graduellement, ainsi qu'on l'avait augmentée: depuis plus de cinq mois elle n'a plus eu le moindre ressentiement de son mal, qui aduré pendant plus d'un an; et elle jouit aujourd'hui d'une excellente santé que tout présage devoir être constante.