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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 
 
 

mise à jour du
30 mars 2006
Revue Neurologique
1949;81(2):89-97
La douleur à type de décharge électrique,
provoquée par la flexion de la tête
et parcourant le corps de haut en bas 
Th. Alajouanine, R Thurel, C PapaÏoanou
 
Le signe de Jean Lhermitte

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 Ce type de douleur possède une grande valeur séméiologique, si l'on exige de lui tous ses caractères
 
- production par la flexion de la tête
 
- rapidité de l'éclair dans le temps et dans l'espace
 
- propagation de haut en bas et sur une grande étendue, le long de la colonne vertébrale et, le plus souvent même, jusqu'à l'extrémité des membres inférieurs, avec ou sans participation des membres supérieurs.
 
Il implique une atteinte de la moelle épinière et, pour notre part, nous n'hésitons pas à lui donner une signification plus précise encore il a pour support anatomique les cordons postérieurs et point n'est besoin que ceux-ci soient malades pour que se produise la réaction douloureuse à la flexion de la tête, bien au contraire.
 
Avant d'exposer les faits tels qu'ils se sont présentés à nous et les conclusions que nous en avons tirées, nous rappellerons les étapes par lesquelles sont passées les idées concernant la douleur à type de décharge électrique.
 
Le 20 décembre 1917, à la Réunion des Centres Neurologiques Militaires du Val-de-Grâce, Pierre Marie et Chatelin rapportent les curieuses constatations qu'ils ont faites dans plusieurs cas de traumatismes craniens : « Les malades se plaignent de sensations subites parcourant le tronc et les membres après un mouvement de flexion du cou ou après éternuement, sans qu'on puisse déceler chez eux des signes de lésions pouvant expliquer ce phénomène. » Ils pensent cependant que celui-ci est le fait de lésions radiculaires, que ces lésions sont minimes puisqu'elles ne comportent ni troubles paralytiques ni troubles sensitifs subjectifs, et qu'elles sont le résultat de l'action à distance du L.C.R. sur les culs-de sac arachnoïdiens, qui accompagnent les racines jusqu'à leur sortie de l'étui duremérien.
 
Un an plus tard, Babinski et Dubois présentent plusieurs cas de trau-matisme de la nuque avec, entre autres symptômes, « des douleurs à type de décharge électrique », qu'ils attribuent à une atteinte médullaire, et, de fait, celle-ci est parfois corroborée par des troubles parétiques immédiats et plus ou moins durables dans un cas, un an après le traumatisme, on constate encore des signes incontestables de lésions médullaires sous forme d'un syndrome fruste de Brown-Séquard ; par ailleurs, à elle seule, l'extension des douleurs à tous les segments du corps sous-jacents à la région traumatisée ne permet-elle pas d'affirmer l'origine médullaire ? J. Lhermitte, lors de la discussion de cette communication, n'hésite pas à prendre le parti de BabinsiKi contre Pierre-Marie, en se faisant le défenseur de l'origine médullaire des douleurs à type de décharge électrique.
 
En 1919, Jean Ribeton, dans sa thèse faite sous la direction de Babinski et de Lhermitte, réunit treize observations de traumatismes de la nuque, dans lesquelles des douleurs à type de décharge électrique se sont installées de un à trois mois après le traumatisme et ont fini par disparaître avec le temps, soit spontanément, soit à la suite d'un traitement radiothérapique. Il soutient l'opinion de ses maîtres quant à l'origine médullaire de ces douleurs. Désormais et jusqu'à nouvel ordre, les douleurs à type de décharge électrique allaient être attribuées en exclusivité à la commotion médullaire.
 
En 1923, Lhermitte observe le même symptôme dans des cas de sclérose en plaques et tire de cette donnée nouvelle des déductions pathogéniques : s'appuyant d'une part sur le fait que, dans la sclérose en plaques plus nettement encore que dans la commotion médullaire, les lésions frappent surtout les gaines de myéline, qui disparaissent et laissent persister à peu près intacts beaucoup de cylindraxes dénudés, d'autre part sur la constatation faite par Tinel, au niveau des nerfs en voie de restauration dont les cylindraxes sont privés de leurs gaines protectrices, et consistant en une sensation de fourmillements provoquée par la percussion des nerfs, il attribue les douleurs à type de décharge électrique à la dénudation des cylindraxes sensitifs de la moelle. Par la suite, de nombreux cas de sclérose en plaques avec douleurs à type de décharge électrique sont rapportés, tant à l'étranger qu'en France, et la démyélinisation est considérée par tous les auteurs comme la condition indispensable à la production de ce symptôme. La douleur à type de décharge électrique devient même, en l'absence de traumatisme médullaire, un bon élément de diagnostic en faveur de la sclérose en plaques, ou tout au moins d'une affection dérnyélinjsante de la moelle, car les douleurs à type de décharge électrique ont été également signalées dans les scléroses combinées.
 
C'est en tant que symptôme de la sclérose en plaques, que la douleur à type de décharge électrique est surtout connue, aussi lui a-t-on associé le nom de Lhermitte, bien qu'elle ait été décrite par Pierre-Marie et baptisée par Babinski.
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Jean Lhermitte
1877 - 1959
 
Les douleurs à type de décharge électrique consécutives à la flexion céphalique dans la sclérose en plaques
Un cas de sclérose multiple
Lhermitte J, Bollak J, Nicolas M. Revue Neurologique 1924; 31; 56-62
 
Le signe de Lhermitte
J. Cambier La Presse Médicale 1993; 22; 32; 1611-1614
 
Modern neuropsychology in France: Jean Lhermitte
F. Boller Cortex 2005; 41, 740-741
 
La douleur à type de décharge électrique, provoquee par la flexion de la tête et parcourant le corps de haut en bas
Alajouanine T, Thurel R, Papaïoanou Revue Neurologique 1949; 81; 2; 89-97
 
Lhermitte's sign From observation to eponym
Gutrecht JA. Arch Neurol 1989; 46; 5; 557-558