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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 

mise à jour du
28 avril 2005
pages 345-347 
Biographie
d'Albert Pitres
Spasmes respiratoires mixtes:
bâillement et éternûment hystériques
Albert Jean Pitres
1848 - 1928
Leçons cliniques sur l'hystérie et l'hypnotisme 1891
 
Albert Pitres interne de JM Charcot

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albert pitres
 
Les spasmes respiratoires mixtes sont ceux qui intéressent à la fois les muscles inspirateurs et expirateurs. Ils donnent habituellement lieu au bâillement ou à. l'éternûment c'est-à-dire à des phénomènes dont le mécanisme physiologique est plus complexe que ne l'est celui de la toux ou du hoquet.
 
Le bâillement hystérique est rare, ou plutôt il est rare que le bâillement soit assez violent et se répète à des intervalles assez rapprochés pour constituer un véritable accident morbide. Cela arrive pourtant quelquefois, ainsi que le prouve une curieuse observation présentée en 1846 la Société de médecine pratique de Pars, et dont voici le résumé:
 
Une bonne d'enfant, âgée de dix-huit ans, non encore réglée, fut prise, le 26 mai 1846, à onze heures du soir, d'un besoin irrésistible de bâiller qui persista pendant deux heures. La nuit fut calme, mais le lendemain les bâillements reparurent de sept à dix heures du matin, de deux a sept heures de l'après-midi et de onze heures du soir à deux heures du matin.
 
A partir du troisième jour, les bâillements devinrent pour ainsi dire continuels, ne s'arrêtant que pendant le sommeil et pendant les repas. Le 3 septembre, plus de trois mois après le début de la maladie, ils persistaient encore avec la même fréquence. Dans le cours de ces douze semaines, ils avaient cessé une première fois du 14 au 21 juin, à la suite de l'apparition des règles, et une seconde fois, quelques jours plus tard, à la suite de l'ingestion d'un verre d'eau glacée. Dans les derniers temps, la malade eut de grandes attaques hystériques qui se reproduisirent jusqu'à quatre fois par jour, mais les bâillements n'en furent pas modifiés; ils revenaient aussitôt après les convulsions. Tous les moyens employés par le médecin traitant (fer, valériane, assa foetida, éther, musc, bains froids, etc.) avaient échoué. Il est probable que la malade guérit plus tard, mais on ne sait quand ni comment.
 
M. Charcot a montré à l'une de ses leçons du mardi une jeune fille de dix-sept ans, atteinte depuis cinq mois d'un bâillement hystérique incessant ou, pour parler plus exactement, ne s'arrêtant que pendant le sommeil. Du matin au soir cette malade bâillait environ 8 fois par minute, soit 480 fois par heure et 7,200 fois par journée de veille de quinze heures.
 
L'éternûment est, comme le bâillement, un phénomène presque physiologique, mais susceptible de devenir un symptôme névropathique des plus incommodes quand il se répète coup sur coup un grand nombre de fois. Brodie, Romberg, MM. Féré, Souza-Leite, Sidney Ringer en ont rapporté des exemples.
 
J'ai donné jadis des soins à une dame, fille et soeur d'hystériques, qui n'avait jamais eu d'attaques convulsives et qui fut sujette tous les jours, pendant huit ans consécutifs, à des accès d'éternûments débutant invariablement à son réveil et durant jusqu'à une ou deux heures de l'après-midi. Ces éternûments se succédaient sans interruption pendant les cinq ou six heures que duraient les accès. Ils disparurent tout à coup en 1883 à la suite d'un seul bain sulfureux pris à Cauterets.
 
Les éternûments hystériques surviennent en général sous forme d'accès d'une durée variable de quelques minutes à plusieurs heures. Quelquefois ils sont accompagnés, comme dans le cas que je viens de vous citer, d'une abondante sécrétion de mucus nasal; d'autres fois ils sont secs, comme dans l'observation publiée par M. Souza-Leite. Dans tous les cas, ils se répètent précipitamment, trente ou quarante fois par minute.
 
M. Féré signale une observation de Mosler, dans laquelle on aurait pu compter jusqu'à 50,000 éternûments en trois jours.
 
Le rire hystérique représente une forme des spasmes rythmiques respiratoires mixtes. Il est très commun. II se produit habituellement par accès, soit avant les attaques convulsives, soit dans leurs intervalles. Je ne fais que le signaler ici, parce qu'il a été fort bien décrit par les auteurs et que je n'ai rien 'a ajouter à ce qu'ils en ont dit. Vous en trouverez quelques exemples très remarquables dans le livre de Briquet .