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 Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier

 mise à jour du
17 juillet 2003
« Nouveaux élémens de physiologie »
tome premier
page 456-458 (7° edit)
Anthelme Balthasar RICHERAND
LXXXV. De certains phénomènes de la respiration,
tels que les soupirs, les pleurs, le bâillement
l'éternuement, la toux, le hoquet, le rire, etc. etc.
Paris 1817
Chez Caille et Ravier, libraires
Rue Pavée Saint-André-des-Arcs, n°17

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C'est à tort que certains auteurs ont voulu rapporter tous ces phénomènes mécaniques à l'inspiration ou bien à l'expiration: si plusieurs appatiennent à l'un ou à l'autre de ces deux états; s'il en est quelques-uns qui se composent d'inspirations et d'expirations alternatives, on en voit qui ne peuvent être considérés ni comme des efforts inspiratoires, ni comme appartenant à l'action des puissances expiratrices. C'est ainsi que dans le vomissement, dans l'action de rendre les matières fécales et les urines, dans l'effort nécessaire pour soulever un fardeau, nous contractons simultanément le diaphragme et les muscles larges de l'abdomen. Ces organes antagonistes deviennent alors congénères.

Lorsque l'imagination est vivement occupée d'un objet, que les fonctions vitales languissent, le principe de vie semble abandonner tous les organes pour se concentrer dans ceux qui participent davantage à l'affection mentale. Qu'un amant, plongé dans de douces rêveries, pousse par intervalles de longs soupirs, le physiologiste ne voit dans cette expression du désir qu'une longue et forte inspiration, par laquelle les poumons amplement dilatés permettent au sang, qui s'étoit accumulé dans les cavités droites du cœur, un passage facile vers les cavités gauches de cet organe. Cette grande inspiration, à laquelle succède une expiration assez prompte, que fréquemment le gémissement accompagne, devient nécessaire, parce que les mouvemens de la respiration, progressivement ralentis, ne suffisent plus à la dilatation du tissu pulmonaire.

Les pleurs diffèrent du soupir, seulement parce l'expiration est longue, mais entrecoupée, c'est-à-dire, partagée en plusieurs périodes distinctes.

Le bâillement s'effectue par un mécanisme analogue. Nul symptôme plus assuré de l'ennui, affection désagréable, qui , pour parler le langage de Brown, peut être regardée comme une puissance asthénique ou débilitante. Les muscles inspirateurs affaiblis ne dilatent qu'avec peine le thorax; les poumons resserrés sont difficilement perméables au sang, qui stagne dans les cavités droites du cœur, et produit une sensation incommode, que l'on ait cesser par une longue et forte inspiration: on favorise l'entrée d'une grande quantité d'air en ouvrant largement la bouche l'écartement des deux mâchoires. L'on bâille avant l'accès d'une fièvre intermittente, comme aux approches du sommeil, parce que les puissances inspiratrices, graduellement affoiblies, ont besoin d'être réveillées par intervalles. On bâille également quand on s'éveille, afin de monter les muscles du thorax au degré convenable à la respiration, toujours plus lente, plus rare et plus profonde durant le sommeil que pendant la veille. C'est par un besoin analogue que l'instant du réveil est marqué chez tous les animaux par des pandiculations, action musculaire dans laquelle les muscles semblent se disposer aux contractions que les mouvemens exigent. C'est à la même utilité que l'on doit rapporter le chant du coq et l'agitation de ses ailes; enfin c'est pour obéir à la même nécessité, qu'au lever du soleil, les nombreuses tribus des oiseaux qui peuplent nos bocages gazouillent à l'envi et font retentir les airs de chants harmonieux. Le poète croit entendre alors l'hymne joyeux par lequel le peuple ailé célèbre le retour du dieu de la lumière.

Pendant tout le temps que dure le bâillement, la perception des sons est moins distincte; l'air, qui se précipite dans la gorge se porte jusque dans la caisse par la trompe d'Eustache, et ébranle en sens contraire la membrane du tympan. La mémoire du soulagement que procure la longue inspiration qui constitue le bâillement, le souvenir du bien-étre qui succède à l'oppression que l'on éprouvoit auparavant, nous portent involontairement à répéter cet acte toutes les fois qu'une autre personne l'exécute devant nous.

L'éternuement consiste en une forte et violente expiration , dans laquelle l'air sortant avec rapidité, va heurter les parois anfractueuses des fosses nasales, et occasionne un bruit remarquable. L'irritation de la membrane pituitaire détermine sympathiquement cet effort vraiment convulsif des muscles de la poitrine, et principalement du diaphragme.

La toux ressemble beaucoup à l'éternuement, et n'en diffère qu'en ce que les expirations sont plus courtes et plus fréquentes, et, de même que, dans l'éternuement, l'air balaie la surface pituitaire et enlève les mucosités qui peuvent y être attachées, il entraîne, dans la toux, celles qui se trouvent dans les bronches, la trachée-artère, et font la matière des crachats. Les violens efforts de la toux dans le début d'un catarrhe pulmonaire, l'éternuement qui accompagne le coryza, prouvent bien que les actions de l'économie animale ne sont point dirigées par un principe intelligent, puisque cet agent ne se méprendroit point ainsi sur les moyens de faire cesser la maladie, et ne susciteroit pas des rnouvemens qui ne peuvent, au lieu de l'enlever , qu'augmenter l'irritation et l'inflammation déjà existantes.

Le rire n'est qu'une suite d'inspirations et d'expirations très-courtes et très-fréquentes. Dans le hoquet, l'air rapidement attiré, entre avec peine dans le larynx , à cause du resserrement spasmodique de la glotte; chassé avec violence , il heurte avec force les côtés de cette ouverture ; de là, le bruit particulier qui l'accompagne.

Nous expliquerons ailleurs le mécanisme de la succion , de l'anhélation , et des efforts par lesquels les muscles de la poitrine fixent les parois de cette cavité , afin qu'elle puisse servir de point, d'appui pour l'action des autres muscles du tronc et des membres. Mais c'est ici le lieu d'observer que tous les phénomènes de la respiration , examinés dans ce paragraphe, sont comme la fonction elle-même, subordonnés à l'empire de la volonté. Nous pouvons à notre gré soupirer, bâiller, tousser, sucer, pleurer et rire; le vomissement, l'éternuement et le hoquet sont, au contraire, presque toujours indépendans de la volonté.

La respiration sert encore à la formation de la voix ; mais nous traiterons, dans un chapitre séparé, de ce son et des différentes modifications dont il est susceptible.

autographe
 
 
physiologieen espagol