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mise à jour du 13 juin 2002
 
cas cliniques
Nouvelle observation de bâillement convulsif périodique
Dr Liécey ou Liégey Le Courrier médical 1879; vol 29; p334-336
 Liégey Deux observations de bâillements intermittents1851
Les observations de la thèse de RF Trautmann en 1901

Chat-logomini

Il y a longtemps déjà que j'ai commencé à observer ce phénomène pathologique. En effet, en 1851, dans la Gazette Médicale de Strasbourg, j'ai publié une note intitulée : Deux cas de bâillements intermittents.

L'un relatif à un homme déjà âgé. Cet homme, étant en convalescence d'un fièvre intermittente hémiplégique, fut pris d'un bâillement très incommode se reproduisant chaque jour à la même heure. Chose non moins remarquable, chaque fois que ce bâillement avait lieu, il se produisait un mouvement convulsif d'élévation au bras antérieurement paralysé, mouvement accompagné d'une sensation douloureuse dans cette partie, et que le malade ne pouvait empêcher qu'en saisissant fortement ce membre avec la main du côté opposé.

L'autre cas concerne une jeune fille névropathique au suprême degré, chez laquelle ultérieurement j'ai vu, pendant plusiseurs années, se dérouler le tableau de pyrexies et des névralgies périodiques les plus variées. Vers l'époque de la rédaction de ma note, elle vint me consulter pour un bâillement convulsif qui revenait matin et soir vers les mêmes heures, et qu'elle avait au moment même de son entrée dans mon cabinet. Rien de bizarre comme l'aspect de cette fille en ce moment. Sa bouche s'ouvrait démesurément à chaque instant, sous l'impulsion d'un spasme bruyant qui continua tout le temps, assez long, de la consultation; en sorte que cette pauvre fille était presque incapable de répondre à aucune de mes qustions et que, sans la présence de sa mère, j'eusse été bien peu renseigné. Parmi beaucoup de choses intéressantes que me raconta cette femme j'appris ceci: le bâïllement, qui a lieu depuis un certain nombre de jours alterne avec un mouvement fébrile plus ou moins prononcé et se produit sans que la malade ait le moins du monde sommeil. Chose singulière et que je constate, à chaque mouvement de la machoire, il y a du ptyalisme : tantôt la salive coule plus ou moins abondamment, tantôt elle jaillit de la bouche. Cette perte salivaire, ajoute cette femme, est bientôt accompgnée de douleurs d'estomac, d'un sentiment de défaillance, d'une sorte de fringale qui fait que la malade éprouve le besoin de manger beaucoup plus souvent que de coutume, ce qui pour un moment la soulage. Comme chez le malade précèdant, j'ai, chez cette jeune fille, combattu le bâillemént avec succès par les préparations quininiques aidées du régime tonique.

En 1852, un homme qui venait d'être guéri par ces préparations, d'une hémorragie périodique venue à la paume de la main, par l'effet d'une plaie superficielle résultant de l'explosion d'un pistolet, avait aussi des accès de bâillement, et chaque fois que les mâchoires s'écartaient, il éprouvait une sensation légèrement douloureuse au pli du membre blessé.

J'ai déjà raconté, en 1852, dans le Journal des Sciences Médicales de Bruxelles, l'histoire d'une jeune femme atteinte d'une fièvre rhumatismale protéique dans laquelle les accès plus ou moins graves de fièvre furent pendant quelques ternps précédés ou suivis d'un accès de bâillement.

J'ai également observé, en 1860, un sujet atteint d'une fièvre très protéique qui avait de fréquents besoins de manger, lesquels se traduisaient par un sentiment de défaillance, des vertiges, dont le prélude était un bâillement véritablement convulsif, signe indicateur précieux dont la garde-malade elle-même finit par savoir tenir compte. Dans les premiers temps, faute d'avoir apprécié cette indication, des syncopes et d'autres accidents plus ou moins graves avaient lieu.

Depuis lors, et aussi bien dans la partie de la banlieue de Paris, où j'exerce depuis la fin de 1869, qu'en Lorraine, où j'ai pratiqué la médecine à partir de 1837, j'ai eu assez souvent occasion de mettre à profit cette indication. Maintes fois, en effet, en faisant donner de la nourriture, du vin, généreux ou un autre liquide alccolique (cognac, kirch, rhum) j'ai vu se suspendre plus ou moins promptement le bâillement, périodique ou non, servant de podrome à divers accidents graves ou alternant avec ces accidents, ou leur succèdant, ou enfin constituant à lui seul l'état pathologique. Dans cette dernière circonstance, c'était parfois comme dans le cas suivant, tout récent, une fièvre larvée.

Observation

Bâillement parfaitement périodique, sous le type quotidien chez un enfant

Le sujet de cette observation est l'ainée de mes deux petites filles. Agée de 9 ans et demi, d'une constitution assez forte, elle jouit habituellement d'une bomme santé, qui n'a guère été interrompue que, il y a six ans, par une fièvre rémittente aphteuse, laquelle dut être combattue par la médication tonique et antipériodique, jointe, dans une certaine période à un régime alimentaire stimulant et tonique. Depuis quelques temps, sa croissance était rapide. Depuis quelques temps aussi, tout en conservant son bon sommeil, son appétit et ses forces, elle montrait une impressionnabilité plus grande que de coutume et accusait souvent les inquiétudes dans les membres quand, le 17 septembre dernier, dans l'après-midi, peu d'heures après le déjeuner, comme elle se trouvait à Paris avec sa mère, elle se plaignit de maux d'estomac, et dit que, tout en éprouvant une tendance à vomir, elle sentait comme un besoin de manger. A plusieurs reprises, un peu de gâteau léger suspendit ces petits accidents; l'enfant ne vomit pas mais, au diner (6 heures et demie), elle mangea très peu, se montra pâle, fatiguée et triste. Néanmoins, la nuit fut aussi bonne que de coutume.

Le 18, elle prit son chocolat avec assez d'appétit, mangea encore passablement au second déjeuner; mais, au repas du soir, ayant plus soif que faim, elle prit très peu de chose; parfois pendant la déglutition, elle accusait une légère sensation, de gène dans le gosier (c'était spasmodique). Comme la veille, à pareille heure, elle avait alors de l'abattement, de la pâleur, tandis que, dans la journée, elle avait paru être à peu près dans son état ordinaire. Nuit également bonne.

Le 19, comme, depuis quelques jours, elle était plus constipée encore que de coutume je fis remplacer le chocolat, qui constituait habituellemnt son premier déjeuner, par du café au lait, dans la première cuillerée duquel on mit un peu d'huile de ricin. Deux heures après, avait lieu, mais, comme souvent, antérieurement, avec efforts, une selle dure et abondante, suivie, dans l'après-midi, d'une petite selle moins consistante. Cela n'empêcha pas l'enfant d'être entre 6 et 7 heures du soir. dans le même état que la veille à pareille heure.

Le 20, au premier déjeuner, une petite quantité d'huile de ricin est encore donnée, de la même manière, et deux petites selles semi-liquides se produisent dans la journée. Vers six heures et demie, quand on se met à table et au moment où l'enfant allait commencer à manger quelque peu survint un accès de bâillement qui dura environ cinq minutes; en ce moment, elle avait également de la pâleur, et les mains et le visage étaient frais. Bientôt, elle cessa de manger et, accusant de la lassitude, elle se coucha. Même bonne nuit.

Le 21, mêmes phénomènes; à la même heure mais plus prononcés. Il était, dès lors bien évident que je devais recourir à la médication antipériodique.

Le 22,entre le premier et le deuxième déjeuner, la petite malade prit du sulfate de quinine dans du café noir, et dans l'après- midi, quelques cuillerées à bouche d'une potion à l'extrait de quinquina. L'accès de bâillement eut également lieu à la même heure, mais moins prononcé.

Les jours suivants, sous l'influence de la constinuation de même traitement, conjointement avec lequel on s'efforçait de rendre le régime alimentaire plus tonique, le bâillement quoique toujours parfaitement périodique, continua à diminuer. Il faut ajouter que le repas du soir avait été commencé avant l'heure del'accès.

Le 27, l'accès fit complètement défaut; aussi le 28, la malade, qui se trouvait à peu près bien sous tous les rapports, quoiqu'elle ne mangeât pas autant que je l'eusse désiré, suspendit son traitement, et, au lieu de la très courte promenade des jours précédents dans le jardin attenant à la maison, elle fit au dehors une promenade relativement longue. A son retour vers six heures, elle accusa beaucoup de fatigue. Bientôt, quoique l'ont se fut hâté de lui apporter son petit diner, auquel elle toucha à peine, tout en buvant beaucoup d'eau rougie, elle fut reprise par son bâillement, et avec une intensité beaucoup plus grande, qui ne tarda pas à aller jusqu'à l'empêcher, à plusieurs reprises, pendant un temps assez long, de rapprocher les machoires démesurément écartées, écartées au ponit de me faire craindre une luxation. En même temps, elle était très pâle et frissonnait. On se hâta de la mettre au lit, et pour favoriser la recalorification, la sudation, de lui appliquer un enduit de collodion riciné sur le ventre. On lui appliqua aussi, derrière chaque oreille et au bas de la nuque, un petit morceau de thapaia. Après avoir duré près de trois quarts d'heure, le bâillement fit place à des douleurs dans les mâchoires, douleurs si vives que pendant le quart d'heure qu'elles durèrent, l'enfant ne cessa de pousser des cris aigus, pendant que son visage exprimait la plus vive anxiété. Cette anxiété, toutefois, eut un côté utile, car elle rendit la petite malade beaucoup plus docile qu'elle ne l'avait été les jours précédents.

On lui administra alors du sulfate de quinine dans un peu de thé chaud, et elle ne tarda pas à gouter un sommeil paisible. Dans le court réveil du milieu de la nuit, on lui donna un petit biscuit trempé dans du vin pur.

Le 29, à son réveil du matin, à l'heure ordinaire, elle ne se plaignit que d'un peu de céphalagie frontale que du reste, elle avait déjà éprouvée plusieurs fois très passagèrement dans les derniers temps, et de petites douleurs dans la région dentaire inférieure, douleurs dont, plusieurs fois aussi, les jours précédents, elle s'était plainte en mangeant.

Restée ce jour-là au lit toute la journée, elle y conserva une douce moiteur, qui avait commencé dans la nuit et qu'elle n'avait pas offerte antérieurement. Après avoir eu soin de donner une nouvelle petite dose de quinine entre le premier et le second déjeuner, on obtint qu'elle mangeât, à ce second repas, passablement de viande et bût pas mal de vin pur. A la fin du dîner, qui lui fut donné avant l'heure habituelle de l'accès, celui-ci ne fut marqué que par deux ou trois légers bâillements, lesquels n'étaient pas, comme les précédents, accompagnés de pâleur de la face indiquant un stade de froid. Nuit bonne. Le 30, même traitement, même régime, même tolérance pour l'alimentation substantielle et le vin pur. vers l'heure de l'accès, au lieu du bâillement, besoin illusoire et répété de défécation après qu'une selle à peu près normale a eu lieu dans la journée. C'était encore un déplacement du spasme.

Depuis lors, il ne s'est plus rien produit qui soit digne d'êtrenoté. Il est bien entendu que le régime tonique a été continué et que de petites doses de sulfate de quinine ont encore étéadministrées.

Réflexions

Pour un moment, je fus d'autant plus inquiet que, tout récemment, j'avais vu à quelques pas de chez moi, enlevé en peu de jours par des accidents méningitiques, un jeune enfant qui, dans le travail presque achevé d'une première dnetition, avait offert, comme phénomènes podromiques, des bâillements et des douleurs céphaliques qui lui arrachaient aussi des cris perçants.

Je ne doute pas que chez ma petite fille l'achèvement de la seconde dentition n'ait eu sa part pathogènique, comme aussi la croissance rapide, cause bien évidemment asthénique, a eu la sienne.

Ce que j'ai vu ici, pendant ces dernières années surtout, me permet de répèter quelques lignes du chapitre Etiologie de mon Mémoire "sur la constitution médicale d'une contrée de la Meurthe et des Vosges".

"Ces maladies (les névralgies et les pyrexies) pour se produire semblent se saisir de circonstances où le système nerveux est le plus impressionnble et l'organisme affaibli. Ces circonstances sont:

A: la première dentition; j'ai vu beaucoup d'enfants chez qui l'éruption de chaque dent, pour ainsi dire, donnait lieu à des accès de fièvre convulsive ou autre, dont le quiquina faisait justice. On peut dire d'une manière générale que l'éruption des premières dents est plus douloureuse et cause plus d'accidents aujourd'hui qu'autrefois.

B: le renouvellement des dents est aussi une cause occasionnelle très fréquente d'accidents nerveux. En général aussi, la chute des premières dents et la sortie des autres sont plus douloureuses aujourd'hui qu'autrefois; et souvent, d'une des premières dents cariées ou névrosées, s'irradient, dans tout un côté de la face, des douleurs que j'ai vu se reproduire d'une manière périodique, et qui alors ont été traitées aussi avec succès par le sulfate de quinine, même avant ou sans l'extraction de la dent.

C: la perte des secondes dents...

D: la menstruation, etc..."

Je termine en exprimant l'opinion, d'après ce qui précède, que si, chez ma petite fille, j'avais agi autrement que je l'ai fait, j'aurais pu voir se produire aussi des accidents de haute gravité.

Dr Liécey.

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