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mise à jour du
17 décembre 2006
Qu'en est-il du bâillement dans la narcolepsie ?

Chat-logomini

Le déroulement du bâillement fait intervenir de nombreux neurotransmetteurs; la dopamine joue un rôle central, en activant la production d'oxytocine par le noyau paraventriculaire de l'hypothalamus. L'oxytocine active la sécrétion cholinergique de l'hippocampe et l'acéthylcholine déclenche le bâillement par effet sur les récepteurs muscariniques des muscles du larynx, du visage et de la mâchoire impliqués dans son déroulement. Les multiples projections du noyau paraventriculaire sur le locus coeruleus et la réticulé du tronc cérébral sont les déterminants de l'effet du bâillement sur la vigilance.
 
Ce schéma trop simplificateur omet d'autres molécules également impliquées telles NO, glutamate, GABA, sérotonine, ACTH, MSH, hormones sexuelles, hypocrétine et autres neuro-petides. Cette richesse neurophysiologique explique l'intérêt de l'observation du bâillement pour des tests pharmacologiques des nouveaux psychotropes.
 
Les progrès dans la compréhension des systèmes neurobiologiques de l'alternance éveil- sommeil permettent aussi de proposer une nouvelle théorie, où le bâillement serait le trait comportemental révélant la transition d'un état à l'autre : théorie de l'interrupteur flip - flop (switch).
 
L'hypocrétine est un neuromédiateur potentiellement impliqué dans le bâillement, puisque fondamental pour le maintien du tonus musculaire. Son défaut d'activité provoque la cataplexie. Aucune étude n'a été entreprise pour étudier le bâillement en cas de narcolepsie.
 
Le journal "Paradoxalement votre" sert d'outil de liaison aux membres de l'association française "Narcolepsie-Cataplexie et hypersomnie idiopathique". La présidente de cette association, Madame Monique Monnier a aimablement prêté son concours en nous autorisant à adresser, à chacun des membres, un questionnaire sur ses bâillements, joint au numéro de juin 2006 de ce journal.
 
Seules dix réponses sont parvenues, en quatre mois. Il semble que la narcolepsie, en plus de ses symptômes cliniques classiques, soit à l'origine d'un manque d'entrain, de vigueur et d'énergie, comme une procrastination qui n'a pas permis un plus grand nombre de réponses.
 
Typologie des répondants:
âge de 26 à 83 ans, âge moyen 58 ans
âge de début de la maladie de 12 à 24 ans, âge moyen 16,5 ans
 
Le dépouillement des différentes questions indique une grande similitude des bâillements dans la narcolepsie avec ceux des personnes indemnes.
 
Les bâillements ont lieu le plus souvent après l'éveil, avant l'endormissement, à raison de 5 à 10 par jour. Ils ne surviennent pas plus fréquemment en salves. Il n'a pas été constaté de différences entre les périodes de traitement (modafinil, gammaOH) ou sans traitement.
 
La prise de modafinil ne modifie ni la fréquence ni l'horaire des bâillements.
 
Ce modeste échantillon retrouve la proportion classique de 75% de personnes très sensibles à la réplication du bâillement et 25% peu sensibles.
 
Pour la moitié des personnes ayant répondu, une salve de bâillements précède de quelques instants un endormissement irrépressible, l'annonce comme un prodrome et sert ainsi d'alerte. Aucun lien entre des bâillements et un épisode de cataplexie n'a été remarqué.
 
Aucun lien particulier entre bâillements et satiété et/ou sexualité n'a été noté.
 
AH. André-Thomas J. de Ajuriagerra écrivaient en 1949 :
 
"Dans un cas personnel, l'accès narcoleptique éclate soudainement, la malade, quelle que soit l'occupation à laquelle elle se livre, quelle que soit l'heure, plus fréquemment pendant les repas; n'est prévenue par aucun avertissement; cependant l'entourage qui a l'occasion de l'observer souvent se rend quelquefois compte que la crise est imminente, au changement de la physionomie, d'après la réduction de l'activité. En même temps que la crise quelques sensations douloureuses sont éprouvées dans la langue. Les phénomènes prémonitoires ou accompagnateurs sont très variables, les auteurs signalent des malaises vagues, la chute des paupières et la lutte pour les maintenir levées, des bâillements, des sensations diverses. Notre malade n'éprouvait pas toujours le besoin du sommeil; comme pour beaucoup de besoins, il peut être si pressant que l'acte s'exécute presque aussitôt que le besoin se fait sentir."
 

Le questionnaire envoyé :
 
Initiales nom et prénom:
Date naissance:
Date d'apparition des premiers symptômes de votre narcolepsie ou âge:
 
Nombre de bâillements quotidiens:
Horaires d'apparition:
Avez vous un bâillement à la fois ou une salve de plusieurs bâillements à la suite ?
Quand s'associent-ils à un étirement du tronc et des membres (pandiculation):
Avez-vous des bâillements à votre éveil ?
Avez-vous des bâillements avant de vous endormir ?
Autres circonstances d'apparition:
 
Avez vous trouver un lien, une coïncidence notable entre un symptôme de la narcolepsie et l'apparition de bâillements? (par exemple au sortir d'un épisode de cataplexie avant ou après un endormissement irrépressible ?)
 
Avez vous noté une différence dans la fréquence, du nombre, des horaires d'apparition de vos bâillements avant d'être narcoleptique, depuis le début de la maladie avant et après traitement ?
 
En cas de jeûne ou d'excès de table avez-vous des accès de somnolence, des bâillements ?
 
La prise de modafinil ou d'un autre stimulant (lequel?) déclenche-t-il des bâillements ?
 
Etes-vous sensible à la "contagion" du bâillement ?
 
Quelle sensation procure le bâillement ? un bien-être, une gêne etc...
 
Avez vous noté des bâillements liés à la sexualité ? (lors du désir, après l'orgasme)