The mystery of yawning in physiology and disease
Karger, Basel,
2010; 42-46
"Lo sbadiglio dello struzzo"
Gianluca Ficca & Piero Salzarulo
Bollati Boringhieri
Torino, 2002
Does the
contagiousness of yawns vary throughout the
day?
Yawning, besides being a spontaneous behavior, can
also be evoked by observing others yawn. However,
contagious yawning does not always occur, depending
possibly on several factors, such as one's propensity to
spontaneously yawn and a heightened level of sleepiness.
The aim of this study is to investigate in young adults
whether contagious yawning frequency varies throughout
the day, and if it is related to the daily time course of
spontaneous yawning frequency and level of
sleepiness.
The results show that the contagious effect of
yawning is always present throughout the daytime. Both
contagious and spontaneous yawning peaked in the early
morning and in the late evening, according to the
sleepiness time course. However, the frequency of
spontaneous yawns was remarkably lower than the frequency
of contagious yawns around 19:00. This difference
suggests that different mechanisms control spontaneous
and contagious yawning.
Nous avons
réfléchi sur la contagion des imaginaires
et la sensation d'un mouvement organique du temps »,
dit doctement Nicole Mossoux. Cela semble abscons au
départ mais rapidement tout s'éclaire
lorsqu'une main commence à onduler
discrètement, à caresser une épaule
voisine, que des yeux se ferment, qu'un pied entame un
mouvement de va-et-vient, ou que toutes les bouches
s'ouvrent en même temps (photo)
dans
un bâillement
général
C'est un peu comme si l'on regardait une anémone
de mer se mettre à agiter les bras dans les
courants marins.
La
contagiosté du bâillement varie-t-elle au
cours de la journée ?
Le bâillement est un comportement involontaire,
mais il peut également être
déclenché par la vue d'un bâilleur.
Pourtant, cette réplication comportementale
n'apparaît pas constamment, ceci dépendant
de différents paramètres comme, par
exemple, la proposensité à bâiller de
chacun ou l'état de somnolence du sujet. Le but de
ce travail a été d'étudier, chez de
jeunes adultes sains, les variations
nycthémérales de la contagiosité du
bâillement, leurs liens avec la fréquence
des bâillements spontanés et le niveau de
somnolence.
Les résultats indiquent que la
réplication est possible à tout moment de
la journée. Réplications et
bâillements spontanés sont plus
fréquents le matin et en soirée, en
relation avec l'accroissement de la somnolence en fin de
journée. Curieusement la fréquence des
bâillements spontanées était
nettement plus faible vers 19 heures que celle des
réplications. Cette différence peut
suggérer que bâillements spontanés et
répliqués ne dépendent pas des
mêmes mécanismes de contrôle.
Non-conscious
processing of visual stimuli during yawning
contagiousness process ?
The
non-conscious perception of emotional
signals
Many emotional stimuli are processed without being
consciously perceived. Recent evidence indicates that
subcortical structures have a substantial role in this
processing. These structures are part of a
phylogenetically ancient pathway that has specific
functional properties and that interacts with cortical
processes. There is now increasing evidence that
non-consciously perceived emotional stimuli induce
distinct neurophysiological changes and influence
behaviour towards the consciously perceived world.
Understanding the neural bases of the non-conscious
perception of emotional signals will clarify the
phylogenetic continuity of emotion systems across species
and the integration of cortical and subcortical activity
in the human brain.
De nombreux processus émotionnels se
déroulent de façon inconsciente. Des
recherches récentes montrent que les structures
sous-corticales y jouent un rôle non
négligeable. Ces structures appartiennent à
des circuits neuronaux phylogénétiquement
anciens qui ont des propriétés
fonctionnelles spécifiques et interagissent avec
le cortex. Il est de plus en plus clair que les
stimulis émotionnels perçus inconsciemments
induisent des changements neurophysiologiques distincts
et influencent implicitement la perception explicite du
monde. Comprendre les bases neurophysiologiques de ces
processus émotionnels inconscients permettra de
clarifier la continuité
phylogénétique des systèmes
émoitionnels des différentes espèces
et l'intégration de l'activité
sous-corticale à l'activité corticale chez
l'Homme.
Emotion
processing and the amygdala
A subcortical pathway through the superior colliculus
and pulvinar to the amygdala is commonly assumed to
mediate the non-conscious processing of affective visual
stimuli. The authors review anatomical and physiological
data that argue against the notion that such a pathway
plays a prominent part in processing affective visual
stimuli in humans. Instead, they propose that the primary
role of the amygdala in visual processing, like that of
the pulvinar, is to coordinate the function of cortical
networks during evaluation of the biological significance
of affective visual stimuli. Under this revised
framework, the cortex has a more important role in
emotion processing than is traditionally assumed.
Il est communément admis qu'une voie visuelle
émotionelle inconsciente emprunte le colliculus
supérieur puis le pulvinar pour atteindre
l'amygdale. Les auteurs présentent une revue de
données anatomiques et physiologiques qui
infirment cette théorie, notamment chez l'homme.
Au contraire, ils proposent le rôle premier de
l'amygdale dans ce processus visuel et du pulvinar
ensuite, afin de coordonner les réseaux corticaux
jouant une fonction dans l'évaluation des stimuli
visuels émotionnels. Cette proposition de
physiologie revisitée accorde un rôle plus
important au cortex.
Cognitive, Perceptual and Brain
Sciences Research dep
University College London,
UK
The most researched
example of the non-mentalizing approach in describing
transmission in human herding is that of emotional
contagion (yawning, laughter)
Herding is a form of convergent social behaviour that
can be broadly defined as the alignment of the thoughts
or behaviours of individuals in a group (herd) through
local interaction and without centralized coordination.
The authors suggest that herding has a broad application,
from intellectual fashion to mob violence; and that
understanding herding is particularly pertinent in an
increasingly interconnected world. An integrated approach
to herding is proposed, describing two key issues:
mechanisms of transmission of thoughts or behaviour
between agents, and patterns of connections between
agents. They show how bringing together the diverse,
often disconnected, theoretical and methodological
approaches illuminates the applicability of herding to
many domains of cognition and suggest that cognitive
neuroscience offers a novel approach to its study.
Une étude
de la transmission comportementale, illustrée par
le comportement moutonnier des foules ou des modes de
penser: l'exemple de la contagion émotionnelle,
bâiller et rire.
Le comportement "moutonnier" est une forme de
comportement social identique qui peut être
définie comme l'alignement des pensées ou
des actes d'individus en groupe (comme un troupeau) en
fonction d'interactions locales et sans coordination
centralisée. Les auteurs suggèrent que ce
type comportemental est très répandu depuis
les activités intellectuelles à la violence
des foules. Il en réulte que comprendre les
mécanismes neurophysiologiques sous tendant ces
manières d'être et d'agir est
particulièrement nécessaire dans un monde
de plus en plus connecté.
Les auteurs proposent une approche
intégrée de ce comportement moutonnier
décrivant deux problèmes-clés: les
mécanismes de transmission de pensées et de
comportements entre agents et les réseaux de
comunication établis entre ces agents. Ils
montrent comment, en réconciliant des approches
souvent éloignées, théoriques et
méthodologiques, il est possible d'éclairer
des domaines variés de connaissances à
partir des ces concepts. Ils suggèrent que les
neurosciences cognitives offrent une approche novatrice
à l'étude des comportements d'imitation des
foules. Ils présentent la transmission des
bâillements ou du rire comme exemple de la
contagion émotionnelle.
Le verbe bayer qui signifie
"avoir la bouche ouverte" ne doit pas être confondu
avec bâiller. Au XVIe siècle, les corneilles
étaient considérées comme le gibier
le plus insignifiant qui soit (les fauconniers disaient
jadis "voler pour corneille" pour "chasser un gibier sans
valeur"). Elles désignaient par extension des
objets insignifiants, sans importance. Ce terme pouvait
aussi bien désigner l'oiseau, présent en
grande quantité à cette époque, que
le fruit du cornouiller. Bayer aux corneilles voulait
donc dire "rester bouche ouverte à regarder en
l'air, contempler ou désirer des choses sans
intérêt". Bayer, c'est avoir la bouche
bée d'étonnement. "Bayer aux corneilles",
c'est donc ouvrir niaisement la bouche, éperdu
d'admiration, plongé dans de profondes
réflexions métaphysiques, tempête
sous un crâne, en contemplant une chose aussi
insignifiante que la corneille l'est pour le chasseur.
C'est, autrement dit, "regarder les mouches
voler"!
Par confusion on écrit
souvent "bâiller aux corneilles": avoir un
bâillement, ouvrir la bouche par sommeil ou par
ennui... Bâiller, quoi, comme vous êtes
vraisemblablement en train de le faire suite à
cette fastidieuse lecture. Même nos plus grands
auteurs classiques sont tombés dans ce
piège éthymologique: "Autant bâiller
aux corneilles que de se nourrir de toutes les turpitudes
quotidiennes qui sont la pâture des
imbéciles" (Flaubert, Correspondance). "Allons,
vous! Vous rêvez et bâillez aux corneilles;
Jour de Dieu! Je saurai vous frotter les oreilles!"
(Molière, Tartuffe, 1664) à moins qu'il
s'agisse d'erreurs de typographie?