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mise à jour du
14 décembre 2008
 
 
Scholarpedia
Bâillements et système nerveux végétatif
 

Neurophysiologie du bâillement

Chat-logomini

 
Si l'on veut bien admettre que le cerveau fonctionne comme un tout (conception holistique de JM Flourens 1794-1867), on peut néanmoins distinguer le cerveau de la vie de relation, c'est à dire sensori-moteur et le cerveau végétatif, c'est à dire régulant les fonctions des viscères. Le système nerveux végétatif, SNV, (ou autonome car non soumis directement à l'autre) se distingue anatomiquement et fonctionnellement. Son rôle princeps est de contrôler l'équilibre du milieu intérieur ou fonction homéostasique qui l'articule avec le système endocrinien. Schématiquement on peut estimer que se couple au niveau de chaque organe une double représentation, le contingent sympathique à médiation adrénergique (stimulant) et une représentation parasympathique à médiation cholinergique (freinatrice).
 
Historiquement, le concept de sympathie remonte au sympathia des Grecs et au consensus des Romains mais c'est Samuel Tissot (1728-1797) médecin suisse de tous les grands du monde de l'époque, en rédigeant de 1770 à 1780 les 5 tomes du premier livre de neurologie, Le Traité des Nerfs, qui définit: " Telles est l'admirable constitution de l'homme & de l'animal, que ces parties dont les fonctions paroissent si différentes sont cependant enchaînées de façon qu'elles influent toutes du plus ou moins les unes sur les autres.... C'est ainsi que les calculs des reins occasionnent quelque fois des vomissements". On retrouve ces concepts dans Primae Lineae Physiologiae, premier véritable livre de physiologie écrit en 1747 par Albrecht von Haller, Suisse, professeur à l'université de Göttingen.
 
Sans en reprendre toute l'anatomie, le SNV peut se schématiser en centres diencéphaliques, l'hypothalamus et l'hypophyse, et des relais périphériques, au niveau du plancher du IV ventricule (éléments cellulaires groupés dans les noyaux des nerfs crâniens), les ganglions périphériques et les composantes végétatives des nerfs, par où transitent des fonctions - actions bidirectionnelles.
 
L'hypothalamus, situé au niveau des parois latérales et inférieures du 3° ventricule, représente le centre majeur des régulations. Nous nous intéresserons au noyau paraventriculaire de l'hypothalamus (PVN) dont le rôle est essentiel dans le déclenchement du bâillement. Dans ce noyau existe une zone histologiquement parvo-cellulaire à la partie médiane et rostrale du PVN au niveau, essentiellement composée de neurones ocytocynergiques, au niveau desquelles l'injection de substances vont induire des bâillements. La destruction électrique de cette zone fait disparaître les bâillements. L'injection d'apomorphine (agoniste dopaminergique), de L-glutamate, de NO, d'hypocrétine, de cyanide (anoxie localisée stimule récepteur NMDA), de CRF (ACTH), d'histamine, de dopamine, d'ocytocine elle-même déclenche des bâillements et des érections.
 
Centre d'intégration le PVN est sensible à l'osmolarité, à la température centrale, à des hormones circulantes (ghréline, testostérone) tant par sa vascularisation que par son contact avec le LCR qui le baigne latéralement (effet adénosine et prostaglandine D2). Il reçoit des afférences de l'hypothamus latéral (neurones hypocrétinergiques), du noyau supra-chiasmatique de l'hypothalamus antérieur (sensibilté aux rythmes circadiens du SNV), du septum, de la réticulée ascendante du tronc cérébral (relais noyau solitaire), du locus coeruleus, du fornix, de l'hippocampe, du noyau médial du thalamus, du cortex orbito-frontal.
 
Ses efférences projettent vers les centres autonomes du tronc cérébral (noyaux des nerfs crâniens V, VII, IX, X, XI, XII), le noyau ambigu, la réticulée ascendante et le locus coeruleus et peut-être le cortex cingulaire par l'intermédiaire duquel il contrôle les fonctions cardio-vasculaire, respiratoire et sexuelle, entre autres.
 
Le PVN est au centre des régulations de la satiété, de la sexualité et de l'éveil comme le montre l'enregistrement, chez le rat, d'électrocorticogramme qui indique une réaction d'éveil (accélération du rythme et réduction de leur amplitude) après des bâillements pharmacologiquement induits. Enfin, il a été montré chez le rat que la stimulation lumineuse induit des bâillements accompagnant une réaction de stress.
 
dopamine D3
 
La théorie végétative de James-Lange (1884-1885) postule que les afférences en retour des contractions musculaires et la sensibilité viscérale apportent au système nerveux central (striatum, amygdale, insula) les perceptions corporelles, appelées l'intéroception, permettant l'élaboration consciente du schéma corporel. La pandiculation et le bâillement, par la puissante contraction musculaire qu'ils représentent, la déconnexion de l'environnement, et le bien-être qui les suit, participent ainsi de l'intéroception. Les techniques de relaxation et de yoga utilisent implicitement ces données, en déclenchant en groupe, par échokinésie, des bâillements induits, afin de perfectionner le contrôle du tonus musculaire corporel et une acutisation des perceptions proprioceptives (Russell, 1891, Bourgne, 2006).
pvn