Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
Le bâillement, du réflexe à la pathologie
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 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
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Le bâillement foetal
http://www.baillement.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mise à jour du
5 décembre 2010
 
Dr G. Debove
par Horace Bianchon
Georges Debove
 1845 -1920
 
O. Walusinski
 
Les internes de JM. Charcot
 
 Les biographies de neurologues
 
La lettre d'information du site 
 
L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
 
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier  
 
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Alors que Charcot vient d'être élu à L'Académie de Médecine en cette année 1873, Maurice Georges Debove (1845-1920) succède à Gombault. Né dans une proche banlieue parisienne de l'époque, intégrée à la ville de Paris depuis lors. Debove était orphelin de père et d'origine modeste. A la fin de sa scolarité au célèbre lycée Louis le Grand, sa mère alla voir le proviseur afin d'avoir son conseil avant de suivre l'aspiration de son fils à embrasser une carrière médicale. Celui-ci acquiesça à ce choix, en précisant que médecin, il pourrait le devenir, mais qu'il ne fallait pas penser qu'il serait professeur de médecine. Comme tout oracle, il se trompa. Car si son nom est, de nos jours, tombé dans un presque oubli, Debove eut une carrière couverte de tous les honneurs.
 
georges debove
Georges Debove en 1873
 © Extrait de l'Album de l'internat de La Salpêtrière conservé à la Bibliothèque Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière
(Université Pierre et Marie Curie, Paris)  
 
Interne en 1869, il le devient chez Charcot en 1871 au début de la période où celui-ci porta son intérêt à l'hystérie. En cette période troublée par la guerre avec la Prusse, La Salpêtrière fut touchée par des bombardements qui n'empêchèrent pas la continuité de l'activité. Debove avait lui-même assisté à la bataille de Bapaume (2 et 3 janvier 1871). Après sa thèse consacrée au psoriasis buccal en 1873, il devint chef de clinique chez Germain Sée (1818-1896) qu'il n'appréciait pas et dont il avait plaisir à montrer les erreurs diagnostiques ! Il est reçu à l'agrégation en 1878 à son deuxième concours. Lors de son échec, au premier, il avait eu à traiter : « l'action physiologique des médicaments peut-elle devenir la règle de leur emploi thérapeutique ? » Compte tenu des faibles données en pharmacologie, disponibles à cette l'époque, il répondit, sagement, que les connaissances étaient trop limitées pour répondre favorablement. Cette lucidité ne fut sans doute pas du goût des examinateurs.
 
En 1881, il est chargé du cours auxiliaire de pathologie interne, puis en 1883 suppléant de Charles Lasègue (1816-1883) dans son cours de clinique médicale. Son parcours hospitalier le mena successivement en différents hôpitaux : hôpital des Tournelles, Andral, Beaujon avant de terminer sa carrière à La Charité. Jeune médecin, après avoir été formé par Louis Ranvier (1835-1922), il s'orienta vers les recherches en anatomie pathologique s'intéressant successivement au mycosis fongoïde, aux tuberculoses pelviennes et aux lymphangites carcinomateuses. Avec Gombault, il décrivit l'entrecroisement sensitif au niveau du bulbe. Auprès de Charcot, il montra les modifications de la structure de l'os dans les membres de l'hémiplégique, s'intéressa aux tremblements qu'il étudia, le premier, avec une méthode graphique. Il suggéra que l'ataxie locomotrice était due à un étirement des nerfs.
 
En zélé collaborateur du maître de La Salpêtrière, il se passionna, en 1879, pour l'étude de l'hystérie. Debove contribua, en particulier, à montrer son existence chez l'homme. Il participa à l'élaboration des expériences « des transferts à distance » et de l'utilisation thérapeutique des aimants. Sans atteindre la perfection de la mise en scène du maître, il donna quelques séances d'auto-accusation suggérée devant des magistrats et des avocats. Il dit plus tard : « l'année d'internat s'écoula presque dans le tête-à-tête, dans les conversations intimes, toujours scientifiques, mais non toujours exclusivement médicales ». Debove faisait partie des intimes de la famille Charcot.
 
georges debove
Georges Debove extrait de
Une leçon de Charcot à La Salpêtrière
tableau de André Brouillet 1887
 
Reçu très régulièrement aux soirées données à l'hôtel particulier du boulevard Saint-Germain, c'est Madame Charcot qui avait insisté pour qu'il accompagna le maître en août 1893, pour des vacances dans la Creuse, sachant son mari sujet aux crises d'angine de poitrine. Debove constata, impuissant, l'évolution mortelle de l'œdème aigu du poumon qui emporta Charcot pendant leur voyage. C'est à lui que revint la tâche de prononcer l'éloge funèbre lors des obsèques. Ce choix de Madame Charcot n'était pas qu'affectif car elle savait qu'après La Salpêtrière, Debove s'était orienté vers la médecine générale et les maladies cardiaques et pulmonaires en particulier.
 
Ecrivant tant sur l'urémie, l'insuffisance cardiaque, que les maladies du foie ou de l'estomac, on lui doit l'introduction de la technique du lavage d'estomac avec un tube lisse semi-rigide fabriqué par un de ses amis, Henry Galante, manufacturier de caoutchouc vulcanisé. Cette innovation toute récente illustre l'esprit d'invention de Galante, également concepteur et constructeur de l'aspirateur à vide de Georges Dieulafoy (1839-1911). Le tube en caoutchouc de Debove, mieux toléré que le tube rigide de Faucher, évitait les blessures de l'oesophage et permettait son cathétérisme exploratoire. De ce progrès découla l'idée, germée dans l'esprit de Debove, d'utiliser la même technique, non pas pour aspirer le contenu gastrique, mais pour apporter une nutrition « forcée » dans l'anorexie tuberculeuse (voir caricature ci-dessous).
 
Son expertise se porta aussi sur les maladies infectieuses, fièvre typhoïde et surtout la tuberculose. Passionné par la découverte du bacille par Robert Koch (1843-1910) en 1882, il introduisit l'examen bactériologique systématique des crachats et participa aux recherches sur la contagion et l'hygiène dans la tuberculose. Son esprit inventif lui permit la mise au point d'une technique de thoracocenthèse par une sonde de sa conception, qui joint à des lavages des cavités pleurales avec des antiseptiques, lui permit de guérir des pleurésies tuberculeuses réputées constamment mortelles avant lui. Dans la même lignée, il conçut l'usage des premières seringues stérilisables.
 
Avec Maurice Letulle (1853-1929), il distingua les oedèmes d'origine cardiaque, rénale ou hépatique et ils renouvelèrent les conceptions pathogéniques en associant l'anatomopathologie aux concepts hémodynamiques de l'époque. A la mort prématurée de François Damaschino (1840-1889), il fut nommé professeur de pathologie médicale, puis en 1901, au départ en retraite de Carl Potain (1825-1901), il lui succéda dans sa chaire de clinique médicale. Il n'avait d'exclusive pour aucun domaine médical et aborda dans son enseignement aussi bien l'hygiène, la nutrition que l'épidémiologie et les prémices de l'endocrinologie. Orateur brillant, il a toujours cherché à transmettre son sens critique à ses élèves, face à des théories non prouvées.
 
Plusieurs générations d'étudiants se sont formés à la lecture des nombreux livres qu'il a écrits, dont son Manuel de médecine en 9 volumes, son Manuel de thérapeutique ou son Manuel de diagnostic médical. Connaissant ses talents d'enseignant, Charcot l'avait introduit auprès de l'éditeur J. Rueff pour qu'il dirigea la devenue célèbre Bibliothèque Charcot-Debove, faite de petits fascicules de format de poche sous couverture souple de 250 pages environ, conception toute nouvelle à l'époque. Plusieurs dizaines d'auteurs participèrent à cette collection, comme Victor Hanot (1844-1896), Jules Séglas (1859-1939), Paul Sollier (1861-1933), Ernest Mosny (1861-1918) etc..
 
Membre de l'Académie de Médecine (1893), dont il revitalisa la qualité scientifique du bulletin, il eut la charge de prononcer les éloges de Charcot, Louis Pasteur (1822-1895), Marcellin Berthelot (1827-1907), Valentin Magnan (1835-1916), Alfred Fournier (1832-1914). La mort de Paul Brouardel (1837-1906) le fit accéder à la charge de doyen de la Faculté de Médecine, à une époque de fortes contestations estudiantines que son autorité apaisa. Des caricatures de l'époque le montrent une matraque à la main (voir-ci-dessous) ! C'est comme doyen qu'il chercha à mettre fin à la brouille qu'il entretenait avec Charles Bouchard (1837-1915). Lors du concours d'agrégation de 1892, dont il était membre du jury présidé par Bouchard, une sombre querelle qui opposait celui-ci et Charcot conduisit à la nomination des élèves de Bouchard, bien oubliés depuis, au détriment des deux poulains de Charcot Joseph Babinski et Georges Gilles de la Tourette. La brouille devint totale entre Charcot et Debove d'une part et Bouchard d'autre part. Pourtant d'après Charles Achard (1860-1945), afin d'apaiser ce conflit de près de 20 ans, Debove soutint la nomination au professorat de Georges-Henri Roger (1860-1946), brillant élève de Bouchard.
 
Paradoxalement, Debove n'a pas eu de vrais élèves et n'a jamais su créer une école comme celle qui l'avait formé à La Salpêtrière. Achard nous dit « Debove critiquait volontiers mais n'inspirait et surtout ne dirigeait guère les travaux de ses disciples ». La diversité de ses centres d'intérêt, rapidement approfondis avant de passer à un autre et cet esprit critique et caustique ont sans doute nui à sa notoriété posthume bien que la guerre de 1914-1918 l'ait obligé à prolonger sa très longue carrière, ne le laissant profiter que d'une brève retraite écourtée par le cancer qui l'emporta.
 
Dans une lettre manuscrite du 7 mars 1906, Jean-Baptiste Charcot offre la bibliothèque de son père à l'Assistance publique. Après qu'elle ait accepté ce don, il répondit à son directeur : « Mr Le Directeur, je vous remercie infiniment de l'aimable lettre que vous avez bien voulu m'envoyer. L'accueil que me fait l'Assistance Publique diffère sensiblement de celui qui m'avait été réservé par le Doyen de la Faculté de Médecine…. ». Lors de l'inauguration, il remercia le directeur de cette administration qui a su « faire preuve d'autant de délicatesse dans son acceptation qu'un autre, tourmenté d'un démon cynique qui aurait fait la joie des exorcistes, dont les hauts faits sont consignés dans ces livres, a su mettre de mauvaise grâce dans un refus sur lequel je préfère ne pas insister dans ce milieu imprégné du souvenir de son Maître ». Faut-il voir dans l'attitude de Debove l'expression d'une vieille rancune de ne pas avoir été accueilli parmi les fondateurs de la Société de Neurologie ?
georges debove
 
Buste de Georges Debove dans le hall de l'Académie de Médecine
georges debove
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debove
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DOCTEUR DEBOVE
 
Horace Bianchon (pseudonyme du Dr Maurice de Fleury)
 
Nos grands médecins d'aujourd'hui
 
Paris, Société d'éditions scientifiques. 1892
 
DEBOVE (Maurice-Georges,), né à Paris le 11 mars 1845
 
Interne des hôpitaux, le 23 décembre 1868. Docteur en Médecine en 1873.
 
Médecin des hôpitaux, le 11 août 1877 - Agrégé, en 1878
 
Professeur, en 1890.
 
 
Le jour où M. Charcot prendra sa retraite, la Faculté ne sera point en peine de lui trouver un remplaçant. Le choix du Dr Debove paraît s'imposer irrésistiblement.
 
Certes, d'autres, autant que lui, ont contribué à élargir le domaine de nos connaissances en neurologie; d'autres, autant que lui, ont continué la méthode du Maître; d'autres, autant que lui, ont acquis par l'enseignement préparatoire, comme chargés de cours, cette autorité de parole qui fait que l'on écoute un professeur.
 
Mais aucun n'a le don suprême qui fera triompher Debove; aucun ne ressemble physiquement à Charcot.
 
Or, M. Debove lui ressemble étonnamment, de plus en plus. Évidemment, par un procédé mystérieux, qui nous échappe, l'éminent agrégé perfectionne son masque, fait lentement évoluer sa tête, son habitus, ses moindres gestes vers une similitude chaque jour plus parfaite. Encore quelques années, et l'incarnation sera définitive. Et quand la statue de Charcot fera pendant à celle de Pinel sur la place de la Salpêtrière, on pourra voir tous les matins un autre Charcot rajeuni descendre lui aussi d'une voiture à deux chevaux, et regarder la figure d'airain si pareille à la sienne, avec un orgueil d'homme coulé en bronze de son vivant.
 
 
Charcot est mort, vive Charcot!
 
La ressemblance n'est pas physique seulement.
 
De même que Charcot, M. Debove affecte, vis-à-vis de ses malades à l'hôpital, une certaine sécheresse de coeur probablement plus apparente que réelle. Il est froid avec ses élèves, un peu plus, même, que le Maître dont le dévouement aux siens est connu. Et rien ne 1u1 manque, vraiment, si ce n'est le profond génie du grand homme.
 
A défaut de génie, le Dr Debove est doué d'une incontestable intelligence, d'une vive perspicacité; il a le don de l'assimilation, une grande dextérité à se faire valoir, ce dont on ne saurait trop le louer, car il vaut vraiment quelque chose, et il faut lui rendre cette justice qu'il a suffisamment travaillé jusqu'ici.
 
Il a écrit un nombre assez considérable de mémoires sur des cas isolés de maladies du système nerveux: il s'y est montré observateur habile.
 
Son mémoire en collaboration avec M. Bondet de Paris sur la pathogénie des tremblements, un peu prématuré, peut-être, en certaines conclusions, n'en est pas moins l'un des plus intéressants à consulter sur la question.
 
Mais ses recherches thérapeutiques ont fait sa renommée pour une grosse part.
 
Il a été, l'un des premiers à préconiser le lavage de l'estomac, l'élongation des troncs nerveux, l'emploi de la réfrigération dans les névralgies. Il a mis à la mode la suralimentation des phtisiques, et ses leçons sur le traitement de la tuberculose pulmonaire, telles que les a recueillies le Dr Faisans, sont vraiment remarquables.
 
Le total de ces oeuvres vaut-il toute, la notoriété dont jouit à l'heure actuelle le Dr Debove ? Vaut-il une chaire à la Faculté ? j'en connais qui disent que non. Mais la majorité n'est pas de cet avis, puisqu'un vote récent vient de faire du Dr Debove le successeur de Damaschino à la chaire de pathologie interne, en attendant la chaire de clinique du système nerveux.
 
On peut affirmer, en tous cas, que le Dr Debove est capable, s'il le veut bien, de devenir du jour au lendemain un admirable professeur, car nul entre ses concurrents n'est plus intelligent, nul n'a été mieux initié à la bonne doctrine, nul n'est mieux doué pour doubler le grand premier rôle et le continuer quand il voudra se reposer.
 
 
PRINCIPALES PUBLICATIONS
 
 
Le régime lacté dans les maladies.
 
Contribution à l'étude de la sclérose latérale amyotrophique, en collab. avec Gombault.
 
Pathogénie des tremblements, en collab. avec Bondet de Paris.
 
Lavage de l'estomac.
 
Recherches sur l'alimentation artificielle.
 
Traitement de la névralgie par la congélation.
 
Leçons cliniques et thérapeutiques sur la tuberculose parasitaire.
 
Recherches expérimentales sur l'hystérie.
 
Recherches ur l'influence de la graisse sur la nutrition, etc., etc.
 
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