Tiré de Histore de la chirurgie
française de I. de Fourmestraux (1934) et
de "Les biographies médicales" de P.
Busquet (1929):
« Anthelme Richerand, plus jeune de
deux années que Dupuytren, fut, lui, un
médecin humaniste et lettré
averti. Il était né à
Belley dans l'Ain en 1779 et mourut en 1840.
Après de fortes études classiques,
à son arrivée à Paris il
fut introduit dans les cénacles
scientifiques et littéraires par Cabanis.
Sans soucis d'ordre matériel, il
travailla avec ardeur, si bien qu'en 1801 il
publiait un Traité de Physiologie.
Quelques mois après il était
nommé chirurgien de l'hôpital du
Nord.»
«Ses contemporains lui
reprochèrent fortement de s'être
inspiré dans son traité des
travaux de Bordeu, de Chaussier et surtout de
Bichat. Cela est bien possible; mais lors de la
publication de son livre qui constituait une
excellente mise au point de l'état de la
physiologie en 1801, le futur chirurgien de
Saint-Louis avait 21 ans... Professeur de
pathologie générale à la
mort de Lassus à 28 ans, ses querelles
avec Dupuytren furent âpres et n'eurent
rien du calme qui doit présider aux
discussions académiques. Il est certain
que si sa réputation pâlit à
côté de celle de ce dernier, c'est
d'une façon bien spirituelle qu'il
critique et juge son collègue dans son
histoire des Progrès récens de la
chirurgie.
Après querelle qui prête
à sourire, et qu'on est amené a
considérer avec une douce indulgence,
tandis qu'on la juge avec le recul d'un
passé qui s'éloigne. Rochard qui
reproche à Richerand, d'avoir
été un professeur très
médiocre, un chirurgien maladroit, et de
n'avoir eu « ni le tact admirable, ni le
savoir profond, ni le coup d'il
pénétrant du chirurgien de
l'Hôtel-Dieu», ne nous paraît
pas être entièrement impartial. Il
est difficile de se faire une opinion exacte,
mais cependant nous ne pouvons nous
empêcher de penser que cet historien et ce
lettré disert, fut aussi un chirurgien de
quelque mérite. Nous n'en voulons pour
preuve que l'observation clinique de cet
officier de santé de Nemours du nom de
Micheleau, auquel il fit une large
résection pleuro-costale pour cancer, et
dont il rapporta l'observation à
l'Académie. Ceci n'était pas le
fait d'un chirurgien timoré à la
date du 31 mars 1818.»
C'est en l'An IX (1801), à 22 ans, qu'il
publia "Les nouveaux éléments
de physiologie" à Paris, chez
Richard, Caille et Ravier, libraires, rue de
Hautefeuille, n°11. Cet ouvrage eut 10
éditions et fut traduit dans toutes les
langues. (plus de 30000 exemplaires
vendus).
Boudon dans son Dictionnaire de la
conversation et de la lecture Paris, 1857,
rapporte :
« On y rencontre, dit-il, un nombre tel
d'épisodes romanesques et de souvenirs
poétiques, que ce luxe de fictions
dégénère en défaut;
mais ce défaut même a fait la
fortune de l'ouvrage, parce que sa lecture est
attachante comme une nouvelle ou un pamphlet.
Là où les faits manquent, il en
suppose ; s'ils se taisent, il les fait parier ;
ses arguments sont des images; ses analogies des
démonstrations : dédaignant
d'instruire, il veut plaire et ses
enseignements, traduits dans tous les idiomes,
font errer l'univers. »
Cependant, en dépit de tout, cet
ouvrage eut un énorme succès
auprès des étudiants et des
praticiens. Frédéric Dubois
écrit:
« Nos années dites scolaires ont
été comme embellies et
charmés par la lecture de cet ouvrage.
C'était pour nous comme une
séduisante introduction à
l'étude austère de la
Médecine; lecture un peu
légère si l'on veut, mais qui
semblait parsemer de fleurs ses premiers
sentiers. Nous étions tous ravis de ce
parfum de littérature répandue
dans toutes ces pages, de ces citations
heureuses empruntées aux classiques, et
qui semblaient continuer nos premières
études, de ces brillantes et pittoresques
descriptions des climats, des âges et des
tempéraments; aussi la première
acquisition à faire était un
Richerand, et nous étions tout glorieux,
dans nos promenades, d'avoir ce livre sous le
bras ou à la main. Dans quelle ville de
province, dans quelle École secondaire,
si éloignée qu'elle fut de Paris,
le nom de Richerand n'était-il pas connu
et invoqué ? Que de fois il m'est
arrivé de reconnaitre ces deux volumes,
parmi les quelques livres de pauvres Officiers
de Santé, qui exercent la Médecine
dans nos campagnes. C'était l'uvre
capitale, l'ornement de leur petite
bibliothèque. Ils me les montraient avec
attendrissement et avec orgueil. »
Né à Belley (Ain) le 1
février 1771),
décédé à près
de Boissy-Saint-Léger (Seine-et-Oise) le
23 janvier 1810. Docteur en Médecine de
la Faculté de Paris (1799). Publicalion
des Nouveaux Eléments de Physiologie
(1801). Chirurgien de l'hôpital
Saint-Louis (1801). Publication (le la
Nosographie chirurgicale (1806). Chirurgien
majour dee la Garde (1806). Professeur de
Pathologie chirurgicale à la
Faculté de Médecine de Paris
(1807-1818). Chevalier de la Légion
d'honneur (1811). Professeur d'Opérations
et Appareils (1818-1840), Membre de
l'Académie de Médecine à sa
création (1820). Il est nommé
Baron par ordonnance royale (1829).