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- Oui, chez l'homme. Il stimule des
neurones dits miroirs qui s'activent à la
fois
- quand on ressent une émotion
et quand on voit autrui
l'éprouver.
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- Vous êtes en réunion depuis
deux heures après le déjeuner et
vous essayez d'être attentif,
contrairement à votre collègue qui
semble s'ennuyer ; il se met à
bâiller, vous l'observez, et presque
automatiquement, vous avez des
difficultés à masquer un
bâillement. Pourquoi avez-vous
bâillé alors que vous n'aviez pas
envie de dormir ? Votre collègue vous
a-t-il transmis sa fatigue ? Voyons d'abord
quand et pourquoi nous bâillons avant de
nous demander si c'est un comportement
effectivement contagieux.
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- L'Homme, comme les autres
vertébrés, présente des
comportements essentiels à sa survie,
caractérisés par leur
périodicité cyclique : se nourrir,
se reproduire, dormir. A la base du cerveau
siège, tel un chef d'orchestre des
régulations du milieu intérieur et
des comportements, l'hypothalamus,
véritable horloge biologique qui autorise
une adéquation précise entre les
besoins métaboliques (la faim), la survie
de l'espèce (l'accouplement) et les
conditions de l'environnement (le rythme
veille/sommeil). Or chaque transition
comportementale, au début et à la
fin de ces activités, est
accompagnée de bâillements,
stimulés par l'hypothalamus, qu'on
retrouve chez presque tous les
vertébrés, dans les mêmes
circonstances. On bâille au réveil
ou au coucher, quand on a faim ou trop
mangé, quand la vigilance baisse ou quand
on exerce des tâches
répétitives et monotones, parfois
aussi lors du désir amoureux, notamment
chez la femme. Les bâillements existent
chez le ftus dès la 12e semaine de
grossesse. Encore très fréquents
chez le nouveau-né, le nombre de
bâillements se réduit au cours de
l'enfance en parallèle avec la
réduction de la durée de sommeil.
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- Mais qu'est-ce qu'un bâillement ?
C'est une puissante contraction musculaire,
notamment du diaphragme, des muscles du visage,
de la mâchoire et du cou, pouvant
s'associer à ceux du tronc et des membres
en un étirement
généralisé. En
résulte une ample inspiration ; la bouche
et les voies respiratoires s'ouvrent et les
paupières se ferment. Après un
bref arrêt respiratoire à thorax
plein, survient l'expiration, passive,
accompagnée d'une sensation de
bien-être. Les muscles se relâchent,
la bouche se referme, les yeux s'ouvrent, une
larme perle à la paupière.
L'ensemble dure moins de dix secondes. En
mesurant les gaz du sang ou ceux exhalés,
on a montré que le bâillement ne
modifie en rien l'oxygénation
cérébrale ; en revanche, la
puissante activité musculaire qu'il
engendre active les structures responsables de
l'éveil dans le tronc
cérébral (à la base du
cerveau). Le bâillement servirait à
stimuler la vigilance et à lutter contre
l'endormissement... Forme de langage non verbal,
il permet en outre à des animaux vivants
en groupe de synchroniser leurs
activités.
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- Bien différente, la contagion ou
plutôt la réplication
comportementale ou encore
l'échokinésie du bâillement
n'existerait que chez l'homme et quelques grands
singes capables de se représenter
l'état mental de l'autre et de se
reconnaître dans un miroir. Les
mécanismes neurobiologiques qui la
sous-tendent sont communs au comportement
d'empathie, ou émotion
partagée.
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- Partager ses émotions
-
- Plusieurs données confortent cette
théorie. L'enfant n'est sensible à
cette échokinésie qu'après
l'âge de quatre ou cinq ans, quand il
acquiert le sens de l'empathie. Les tests de
personnalité montrent que les personnes
empathiques y sont très sensibles alors
qu'à l'inverse, les personnalités
schizoïdes &endash; qui ont une tendance
à l'isolement, (
) à
l'intériorisation des sentiments &endash;
ne le sont pas. De même,
l'échokinésie est limitée
en cas d'autisme. Ainsi, si vous bâillez
en lisant ce texte, c'est que vous êtes
particulièrement sensibles à la
« contagion » et doués
d'empathie !
- Dans le cerveau, des neurones dits miroirs
s'activent à la fois quand on effectue
une tâche &endash; ou quand on
éprouve un sentiment &endash; et quand on
voit autrui réaliser &endash; ou
ressentir &endash; la même chose. Les
neurones miroirs de l'aire motrice gauche,
sollicités au cours de l'imitation
motrice, ne s'activent pas pour
l'échokinésie du bâillement
; en revanche, ceux des aires
pariétotemporales droites notamment,
actifs quand on observe une émotion
ressentie par autrui, sont stimulés lors
de ce comportement.
- Sa fonction et ses mécanismes restent
donc complexes, mais le bâillement est
indéniablement une technique de
relaxation efficace...
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- Pour La
Science
- A lire, page 66,
dans le numéro 312, d'octobre
2003
- le
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de cet article
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