L'ennui
(expériences de R
Provine)
générateur d'une baisse de la
vigilance favorise les bâillements. La
grossesse, la plénitude gastrique, ou le
jeûne sont des circonstances où
la fréquence des bâillements
augmente. Le mal des transports
(cinétose) débute par des crises
de bâillements
répétés. De même,
lors de l'installation d'un malaise
vaso-vagal , la
sensation de malaise général
s'accompagne de bâillements et de
sudation.
Les activités
répétitives et
monotones favorisent
l'apparition de bâillements
répétés comme l'ont
montré des études chez des
travailleurs postés. Les activités
alternées hebdomadairement,
appelées 3 fois 8, favorisent des
épisodes de somnolence
précédés de salves de
bâillements, par dette de sommeil et
perturbations des rythmes circadiens (cortisol).
Lors de la
conduite automobile ,
en particulier pour de grandes distances sur
autoroute, la répétition des
bâillements est un signal d'alarme pouvant
prévenir le chauffeur du risque
d'endormissment. Provine a proposé
à des étudiants de regarder une
vidéo distrayante et une vidéo
monotone. Il a trouvé une
corrélation significative entre
fréquence des bâillements et
vidéo monotone. Des conditions
d'environnement comme le confinement dans un
local de dimensions réduites, la chaleur
excessive, sont des facteurs majorant la
fréquence des bâillements
causés par l'ennui. Greco
et Baenninger ont
établi que la fréquence des
bâillements est élevée dans
4 situations de la vie quotidienne: lire,
voyager dans un transport en commun, conduire,
attendre.
Comme il existe
de grands et de
petits dormeurs, il existe
des bâilleurs rares et des
bâilleurs
fréquents.
Salzarulo
et al ont
montré la variabilité des horaires
des bâillements en fonction du chronotype:
les lèves-tôts bâillent peu
le matin et beaucoup le soir, alors que les
couches-tards bâillent beaucoup le matin
et peu en fin d'après midi, mais
recommencent quand la soirée se prolonge
tardivement. De même, le bâillement
évolue avec l'âge, se
raréfiant avec le vieillissement
(Zilli
et al
2008)
La pratique de
l'échographie a montré
que le
foetus bâille pendant la vie
intra-utérine .
La revue anglaise
New
Scientist du 10 avril
1999 rapporte un
travail du centre de diagnostic prénatal
de Signal Montain (Tennessee) où W.
Blackburn et R. Roberts estiment que le
bâillement, détecté
dès la 12°
semaine, constitue
un élément essentiel au bon
développement pulmonaire du
foetus. Le bien être foetal peut aussi
être évalué par
l'étude du bâillement
foetal. Une augmentation de fréquence
des bâillements est correllée
à une anémie foetale et semble
essayer de procurer une augmentation du retour
veineux vers le coeur. Voir
ci-dessous une échographie
de bâillement
foetal en
3D.
L'embryologie
du système nerveux et de la face montre
un parallélisme étroit entre
bâillement et succion: mêmes
structures neuroanatomiques, même
période d'apparition foetale. Succion et
bâillements sont les deux activités
motrices coordonnées, présentes
dès la vie intra-utérine et se
poursuivant après la naissance,
témoingant de la maturation fonctionnelle
harmonieuse du tronc cérébral.
Voir le
bâillement chez le
prématuré.
Nous avons tous
constaté que nouveau-nés et petits
nourrissons bâillent très
fréquemment avec constamment des
étirements prolongés. La contagion
du bâillement n'apparaît qu'entre 2
et 4 ans. Mais l'adulte regardant bâiller
un bébé est sujet
à sa
contagion. La fréquence des
bâillements diminue avec l'avancée
en âge, parallèlement à la
réduction de la durée de sommeil.
Chez l'enfant, le bâillement est aussi en
relation avec les rythmes scolaires et les
habitudes de vie. Lors du passage de
l'école maternelle - peu contraignante -
à la première année de
primaire - où se fait l'apprentissage de
la lecture et du calcul qui nécessitent
une attention soutenue et des efforts mentaux
importants - la proportion d'enfants
bâilleurs croit significativement.
L'augmentation a lieu au début de la
matinée (à 9 heures 68 % des
enfants bâillent contre 53 % en
maternelle) et l'après-midi (à 14
heures 68 % contre 40 %). La fréquence
évolue aussi parallèlement : elle
serait de 12 par minutes en maternelle, puis de
30 par minute en cours préparatoire de
première année.
Chez l'homme, la signification sociale du
bâillement est un signal de fatigue
ou d'ennui
de l'interlocuteur. Ceci parait plus un
conditionnement
psychosocial signifiant que comme une
fonction physiologique. M de la Salle
prêtre, instituteur des écoles
chrétienne, dans sa livraison de 1776
écrivait dans « les règles de
la bienséance et de la civilité
chrétienne » : « Il faut
surtout prendre garde en bâillant de ne
rien faire qui soit indécent, et de ne
pas bâiller excessivement : il est
très malséant de le faire avec
bruit; et encore plus de s'allonger et de
s'étendre en le faisant ».
Il est banal de voir, par exemple, des
sauteurs en parachute bâiller avant de
sauter ou des sportifs de haut niveau avant une
épreuve. Les vétérinaires
connaissent bien les bâillements
répétés des chiens dans
leur salle d'attente. Ces bâillements de
stress témoignent de la contre-action
apaisante du bâillement (activité
cholinergique para-sympathique) après la
décharge adrénegique du stress.
Assez siimlairement, l'éthologie
décrit des activités de
détente, c'est à dire
dérivatives, displacement
activities, dont le bâillement
fait partie.
Enfin, il semble que le bâillement
puisse devenir un réflexe
conditionné comme les test de
renforcement par des récompenses
alimentaires l'ont montré chez des
primates non humains.
-Giganti
F, Hayes MJ Cioni G, Salzarulo P Yawning
frequency and distribution in preterm and near
term infants assessed throughout 24-h recordings
Infant Behav & Development
2007;30(4):641-647