Il ne sera pas question ici des luxations
traumatiques. Par ordre de fréquence
décroissante, les causes de luxation
mandibulaire sont : le bâillement, le
rire, les vomissements, les soins
dentaires.
La luxation est antérieure, le
condyle mandibulaire dépasse en avant le
condyle temporal et s'élève dans
la fosse temporale d'où il ne peut
ressortir en raison de lat onicité des
muscles masticateurs. Il s'agit le plus souvent
d'une luxation bilatérale.
L'examen du visage du malade montre un
aspect d'augmentation de la hauteur faciale
inférieure, avec difficulté
à obtenir le contact bilabial et
l'impossibilité de serrer les dents, le
patient étant bloqué en ouverture
buccale. Les deux cavités
glénoides sont vacantes et sensibles
à la palpation. L'impotence fonctionnelle
masticatoire est totale et peut entraîner
des difficultés d'élocution, de
déglutition et de continence
salivaire.
Attitude
pratique
Le diagnostic fait, il faut
s'enquérir du caractère
spontané, non traumatique, de la
luxation, élément capital pour
envisager la réduction immédiate
sans examen radiographique préalable. La
réduction sans radiographie
préalable n'est possible qu'en dehors de
tout contexte traumatique. La date de survenue
ou l'ancienneté de la luxation,
l'existence d'antécédents
identiques et leur fréquence
conditionnent les possibilités de
réduction et sa stabilité. Une
luxation passée inaperçue datant
de plusieurs jours, voire semaines ou mois,
impose la réduction sous
anesthésie générale, et en
cas d'échec un abord articulaire
chirurgical. Le caractère
récidivant à fréquence
rapprochée, mensuelle ou hebdomadaire,
témoigne d'une pathologie chronique
à retentissement articulaire
(malocclusion dentaire, hyperlaxité
ligamentaire, myopathie ... ), justiciable d'une
prise en charge spécifique après
réduction. Dans certains cas le patient
réussit parfois à la longue
à réduire sa luxation
lui-même.
La réduction de la luxation
antérieure s'effectue selon
la
manoeuvre de Nelaton. Il s'agit d'un geste
simple, fiable, sans risque, le plus souvent
indolore mais demandant de la
persévérance au praticien pour
lutter contre la contracture musculaire
réflexe. L'anesthésie locale est
généralement inutile, une
prémédication peut être
proposée chez les sujets
particulièrement anxieux.
Dans la mesure du possible, le sujet est mis
en position assise, la tête et le dos
appuyés contre un plan dur. Le praticien
fait face au patient et saisit les branches
horizontales de la mandibule, les pouces
(protégés) s'appuyant sur les
dents (ou les crêtes) mandibulaires
postérieures, les autres doigts
repliés prenant appui sous le bord
inférieur de la mandibule de chaque
côté.
L'ouverture buccale est alors
légèrement exagérée,
puis par une pression d'intensité
croissante et, sans jamais la relâcher, la
mandibule est abaissée progressivement de
façon à glisser le condyle
mandibulaire sous le condyle temporal. La
perception d'un ressaut et l'obtention
immédiate d'une fermeture buccodentaire
normale témoigne de la
réintégration du condyle
mandibulaire dans la cavité
glénoïde. Dans la forme
bilatérale, ce mouvement peut être
imprimé de façon
asymétrique pour réduire chaque
côté successivement. La
manuvre dont la durée oscille entre
30 secondes et 1 minute, peut être
répétée 3 ou 4 fois en cas
d'insuccès mais assez rapidement pour
conserver le bénéfice de
l'élongation musculaire, obtenue lors de
la ou des premières tentatives, ensuite
il est préférable de recourir
à l'anesthésie
générale. Aussitôt obtenue,
la réduction doit être maintenue
pendant quelques jours par un bandage limitant
les possibilités d'ouverture buccale,
associée à une alimentation
molle.
Patients who dislocate their
mandible often present to the Emergency
Department for care. Dislocation can occur after
a variety of activities that hyperextend the
mandible or open the mouth widely, such as
yawning, laughing, or taking a large bite.
Anterior dislocation is the most common type, in
which the condylar head of the mandible
dislocates out of the glenoid fossa anterior to
the articular eminence of the temporal bone.
These dislocations are often complicated by
muscle spasm and trismus, making reduction more
difficult. The emergency physician can often
reduce the anterior mandibular dislocation with
or without procedural sedation or local
anesthesia. A variety of methods are available
for closed reduction, including the classic
approach and various alternatives such as the
recumbent, posterior, and ipsilateral
approaches, as well as the wrist pivot method,
alternative manual technique, and gag reflex
induction. This article will review the
pathophysiology and clinical presentation of
acute mandibular dislocations, as well as
discuss the various closed reduction methods
available for the practitioner.
Syndrome de
Costen
En cas de plainte d'acouphènes, sans
baisse de l'acuité auditive, avec parfois
sensation d'oreille pleine, la
variabilité de ceux-ci au cours du
bâillement est le témognage d'une
contracture du muscle du marteau
témoin d'un syndrome algo-fonstionnel
de l'appareil manducateur : Syndrome de Costen
(Costen JB A syndrom of ear ans sinus
symtoms dependent upon disturbed function of the
temporomandibular joint. Annales ORL 1934; 43;
4-15).
Comprendre
l'intégration neurologique des mouvements
de la machoire et de la
nuque
J Oral Rehabil 2002
Apr;29(4):374-80
Clinical TMD, pain-related
disability and psychological status of TMD
patients.
Yap AU, Chua EK, Hoe JK. Department of
Restorative Dentistry, Faculty of Dentistry,
National University of Singapore, Singapore,
Department of Restorative Dentistry, National
Dental Centre, Singapore, School of Computing,
National University of Singapore,
Singapore.
This study investigated the clinical
temporomandibular disorders (TMD), pain-related
disability and psychological status of TMD
patients using a computerized on-line TMD
diagnostic system (NUS TMD v1 small middle
dot1). A total of 107 patients (32 male, 75
female) referred to the TMD clinics at the
National Dental Centre and National University
Hospital participated in this study. The mean
age of the predominantly Chinese population (82
small middle dot2%) was 30 small middle dot8
years (range from 12 to 64 years). The history
questionnaire and clinical examination were
input directly into computers by patients and
clinicians. A 'Summary of Findings' was then
immediately generated by the program based on
Axis I and II rules. The data was subsequently
exported to SPSS for statistical analysis. About
20 small middle dot6% of the patients had
myofascial pain but only 7 small middle dot5%
experienced limited mandibular opening
associated with myofascial pain. The majority of
patients (> 80%) did not suffer from disc
displacements (right and left joints). The
frequency of arthralgia was also low (right
joint 8 small middle dot4%; left joint 7 small
middle dot5%) and only one patient had
osteoarthosis of the TMJ. About 78 small middle
dot5% of the patients had low disability with
almost equal distribution between low and high
intensity pain, 27 small middle dot1% of the
patients were moderately depressed and 11 small
middle dot2% had severe depression. No
significant difference in limitations related
mandibular functioning scores was observed
between normal/depressed patients and between
patients with the different graded chronic pain
severity classification. The three most frequent
jaw disabilities were: eating hard foods (77
small middle dot6%), yawning (75 small middle
dot7%) and chewing (64 small middle dot5%). NUS
TMD v1 small middle dot1 is an extremely useful
tool in the diagnosis/research of clinical
TMD.
Julien
Wyploz, historien
de la médecine m'a
adresssé les notes
présentées ici qui
enrichissent la
lettre du site N° 31 du 1 septembre
2004:traitement
dela luxation de la mâchoire par la
manoeuvre dite de Nélatonet une image
extraite des "Commentaires" d'Apollonius
de Kition sur le "Traité des
articulations" d'Hippocrate. Il a vécu au
1er s. ap J.-C. à Chypre et il
existe un manuscrit tardif mais très bien
illustré de son livre à La
Bibliothèque Florentine à
Florence.
Qu'il en soit vivement
remercié !
Le
fameux de signe de
Nélaton est
un plagiat; Nélaton fut le mandarin de la
chirurgie de son temps médecin de
Napoléon III, du roi d'Espagne et de
Garibaldi. Etant riche il lui fut beaucoup
prêté.
Or dès le premier
écrit de la médecine occidentale
on peut lire la manoeuvre bien décrite.
Il s'agit du traité "Des
articulations" du Corpus hippocratique (Ve
siècle av. J.-C.)
Voici ce qu'on peut y
lire selon la traduction de Littré
:
"Si la mâchoire se
luxe rarement, toutefois elle éprouve,
dans les bâillements, de
fréquentes déviations, telles que
celles que produisent beaucoup d'autres
déplacements de muscles et de tendons.
Voici les signes principaux qui manifestent la
luxation : La mâchoire inférieure
prédomine en avant ; elle est
déviée vers le côté
opposé à la luxation, l'apophyse
coronoïde fait saillie à la
mâchoire supérieure, et le
blessé rapproche difficilement les
mâchoires. Le mode de réduction qui
convient dans ce cas est manifeste : Un aide
maintiendra la tête la tête du
blessé, un autre, embrassant avec les
doigts la mâchoire inférieure en
dedans et en dehors vers le menton, tandis que
le patient ouvre la bouche autant qu'il
peut sans se forcer, commencera par remuer la
mâchoire inférieure pendant quelque
temps, la portant avec la main en dedans
et en dehors, et recommandant au
blessé de la tenir relâchée,
de la remuer simultanément, et de se
prêter le plus possible à ces
mouvements; puis soudainement, il la
déplacera en faisant attention à
trois positions à la fois : d'abord il
faut la ramener de sa position vicieuse à
sa position naturelle, secondement, il faut la
repousser en arrière ;
troisièmement, obéissant à
ces deux mouvements, le blessé doit
rapprocher les mâchoires et ne pas
ouvrir la bouche : telle est la
réduction et on ne réussira pas
par
d'autres positions. "
Il ajoute : "Si la
mâchoire est luxée des
cotés, le traitement est le
même."
Ce texte est repris par
tous les auteurs de l'Antiquité
jusqu'à Paul d'Egine (v.
625-690 )qui le cite in-extenso.
Abulcassis (mort en 1013) l'a largement
copié en le traduisant en arabe. Son
oeuvre a été; à son tour,
traduite par Gérard de Crémone en
latin et cela donna le traité
de chirurgie le plus répandu jusqu'au
XIIIe siècle dans toute l'Europe
occidentale. Il a fallu que Nélaton, qui
lisait fort bien le grec, se démantibule
la mâchoire en bâillant pour ne pas
parler de ces illustres
prédécesseurs.
Littré traduction
des oeuvres d'Hippocrate - Baillière Ed -
1844