-
- Le bâillement, autrefois largement
utilisé en sémiologie
médicale, a aujourd'hui perdu de sa
valeur symptomatique aux yeux des
médecins. Même dans le cadre de
la médecine des troubles du sommeil et
de l'éveil, il est
considéré comme un signe
habituellement peu utile.
-
- On commence pourtant maintenant,
grâce aux progrès des recherches
neurobiologiques, à disposer de
«points de vue» permettant de
considérer de façon plus
spécifique le phénomène
du bâillement. On en trouvera
ci-après la revue sous le titre de
«Physiologie et mécanismes
neurobiologiques du bâillement
».
-
- Ce chapitre est
précédé par deux autres:
le premier est constitué par la
description du bâillement et des
phénomènes qui l'accompagnent,
le second par l'énumération des
causes du bâillement, autrement dit des
facteurs, physiologiques et pathologiques,
qui le provoquent.
-
- La signification du bâillement
ainsi que la place qui lui est
réservé dans les traités
médicaux a beaucoup
évolué depuis Hippocrate
qui en a fait mention à plusieurs
reprises: « Ils précèdent
les fièvres, lorsque beaucoup d'air
accumulé sortant par le haut à
la fois, ouvre de force la bouche comme
ferait un levier; c'est par là, en
effet, qu'est l'issue la plus facile. »
«Le remède des bâillements
continuels, c'est de faire de longues
inspirations [...]. Pour le
bâillement, du vin coupé avec
moitié d'eau ou de lait»
(cité par Trautmann,
1901).
-
- Quant à Galien, il indique la
malignité du bâillement et en
fait une réaction de l'organisme
affecté par une cause morbide
(Trautmann, 1901). Ce n'est qu'à
partir du XVIle siècle que sera admis
un point de départ purement
physiologique et que seront
élaborées des théories
dont les grandes lignes persistent de nos
jours.
-
- Description
- Le bâillement : le bâillement
est un acte involontaire paroxystique, d'une
durée variable,
généralement de 4 à 10
sec. Son déroulement a
été bien étudié
par Barbizet
(1958) qui distingue trois phases qui se
suivent obligatoirement. La première
est active et inspiratoire. On assiste
à l'ouverture progressive de la
bouche, la dilatation
pharyngo-laryngo-thoracique, l'abaissement du
diaphragme, l'abaissement de l'os hyoïde
et de la base de la langue.
-
- Deux remarques sont à faire ici.
La première est que l'énorme
expansion pharyngée (3 ou 4 fois la
taille normale), associée à
l'abaissement de l'os hyoïde et de la
base de la langue, est particulière au
bâillement, absente dans l'inspiration
profonde et même dans l'imitation de
bâillement. La seconde remarque est
que, en cas de bâillement
réprimé, l'ouverture de la
bouche et le mouvement inspiratoire peuvent
être facilement contrôlés,
réduisant le comportement à la
dilatation pharyngée, ce qui souligne
l'importance de cette étape. La
deuxième phase correspond à
l'acmé de l'ouverture buccale et de la
dilatation pharyngothoracique. A ce moment
apparaît la contraction de toute une
série de muscles de la face:
exagération de l'ouverture buccale,
dilatation des narines ainsi que
l'excrétion lacrymale et salivaire. La
troisième phase, expiratoire, est
passive. C'est un retour à
l'état antérieur. Des larmes et
une déglutition peuvent survenir,
conséquentes aux
sécrétions survenues pendant la
phase précédente.
-
- Après avoir détaillé
son déroulement, précisons que
le bâillement survient rarement de
manière isolée, mais le plus
souvent par accès de deux ou trois,
son intensité allant croissante
(Forté,
1982).
-
- Les phénomènes
concomitants
- Etirement. Voici deux
comportements qui s'associent avec
prédilection. L'étirement est
contemporain de la deuxième phase du
bâillement; la contraction
caractéristique des muscles de la face
est suivie de celle des muscles extenseurs de
la nuque et du tronc puis,
éventuellement, de l'hyperextension
des membres (Barbizet,
1958). L'association
bâillement-étirement est
beaucoup plus fréquente chez l'enfant
jeune (en particulier le nourrisson) que chez
l'adulte. Chez ce dernier, elle est plus
souvent observée au réveil
(Forté, 1982; Provine
et al., 1987a). Cette association est
également de règle lors des
bâillements pharmacologiquement induits
chez le rat. Nous aurons l'occasion d'en
reparler plus loin.
-
- Phénomènes
respiratoires: ils ont été
étudiés par Engelhardt (1941)
qui, sur la base d'enregistrements
spirométriques, a
différencié 4 types de
bâillement: - de fatigue,
caractérisé par un
renouvellement gazeux pulmonaire
particulièrement important; - de
réveil, presque constamment
accompagné d'étirement et suivi
d'une respiration plus profonde; - de faim,
où on retrouve d'importants mouvements
abdominaux en particulier pendant
l'acmé. L'auteur y voit «une
compression du foie par la musculature
abdominale» ainsi qu'une vidange du
territoire vasculaire splanchnique qui
correspond à une réserve de
sang veineux stagnant. La diminution de la
quantité de sang au niveau de la
musculature de l'estomac apaiserait les
contractions stomacales douloureuses; -
psychique (entendant par là l'ennui ou
l'imitation). La quantité d'air
inspiré est ici beaucoup plus faible.
Il est suivi d'une dépression relative
de la respiration que l'auteur explique par
le fait que ce bâillement
n'étant pas nécessaire à
l'organisme, ce dernier n'a pas besoin
d'apport d'air supplémentaire. Autres
mouvements d'air : On assiste
simultanément à: - l'ouverture
de la trompe d'Eustache, qui permet une
aération de l'oreille moyenne; du fait
de l'inspiration il y a plutôt une
baisse de pression dans la caisse du tympan
durant le bâillement, d'où,
peut-être, la diminution de l'audition
(cf. ci-dessous); - et à l'ouverture
du cardia, qui provoque une entrée
d'air dans l'estomac. C'est peut-être,
en partie tout au moins, la raison qui
explique les douleurs épigastriques
avec sensation de plénitude gastrique
qui font suite aux très
impressionnantes crises de bâillements
survenant chez certaines hystériques
(Trautman,
1901).
-
- Phénomènes
circulatoires: plusieurs auteurs ont
spéculé sur l'effet du
bâillement sur le système
cardiovasculaire (augmentation du retour
veineux, amélioration de la
circulation cérébrale, etc.).
Cependant, à notre connaissance, une
seule étude objective a
été faite sur les
phénomènes circulatoires
concomitants. Heusner (1946) a mesuré
l'activité vasomotrice des doigts et
des orteils chez des adultes sains, puis chez
des adultes atteints de la maladie de Raynaud
ou de Buerger, ceci avant et après une
sympathectomie. Il a observé, chez les
sujets sains et chez les malades avant la
sympathectomie, une vasoconstriction 4
à 4,5 sec après le début
du bâillement, avec retour à la
normale en 40 sec. Il a également
noté une augmentation de la
fréquence cardiaque d'une dizaine
d'impulsions par minute. Ces valeurs sont
variables et, en gros, proportionnelles
à l'intensité et à la
durée du mouvement inspiratoire. Chez
le sujet sympathectomisé, par contre,
il y a une suppression totale de la
vasoconstriction digitale, avec persistance
de l'augmentation de la fréquence
cardiaque. Il faut remarquer que ces
résultats ne sont pas propres au
bâillement puisque Bolton (1936) arrive
aux mêmes conclusions en
étudiant l'effet d'une inspiration
profonde sur la microcirculation digitale.
-
- Travail musculaire: Féré
(1905), étudiant le travail musculaire
avec un ergographe, s'est trouvé
incidemment confronté au
bâillement; les modalités de son
expérience sont les suivantes: le
sujet, qui a les yeux clos pour favoriser
l'apparition des bâillements, doit
fournir 20 efforts séparés par
1 min de repos. Voici les observations qui en
ont été tirées: «
Le bâillement ne s'est jamais produit
pendant le travail, mais seulement pendant
les intervalles de repos. Quand le
bâillement se manifeste dans la
dernière moitié du temps de
repos, il est suivi par une dépression
du travail très notable (1/4 à
1/3). Quand on constate une dépression
moindre mais suffisante pour
caractériser une fatigue
inusitée, c'est que le
bâillement va se produire et accentuera
la dépression à l'effort
suivant. Dans tous les cas, il se fait un
relèvement consécutif, à
moins que les bâillements se
succèdent en prolongeant la
dépression.». Diminution des
afférences sensorielles : Il se
produit en effet pendant le bâillement
une diminution importante de l'audition
portant sur les sons graves et
intermédiaires, ainsi qu'une occlusion
partielle ou complète des
paupières (Forté, 1982).
Sensations éprouvées : chacun
sait que lorsque nous bâillons, nous
sommes dans un état psychique
particulier. Cet état (il n'est
d'ailleurs pas évident qu'il soit
unique) est bien difficile à
décrire. On peut tout de même
sans prendre trop de risques mentionner d'une
part l'obscurcissement de la conscience qui
accompagne la diminution des
afférences sensorielles, de l'autre la
sensation de bien-être qui suit le
bâillement. Par ailleurs, il est
décrit, chez les malades
présentant des troubles respiratoires
et chez les sujets qui bâillent
lorsqu'ils sont en haute montagne, « une
sensation de soif d'air » (Féré,
1905)
-
- Luxation
du maxillaire inférieur
- Citons, par souci de compléter
cette énumération, la luxation
condylo-temporale qui peut compliquer un
bâillement (comme toute ouverture
mandibulaire trop importante), en particulier
chez le sujet présentant des anomalies
anatomiques (Forté, 1982).
-
- Facteurs de variation
-
- Ontogénèse
: Il a été observé,
dès le deuxième mois de vie
intra-utérine, un comportement
évoquant le bâillement, avec
ouverture de la bouche associée
à un mouvement d'étirement,
caractérisé par sa
particulière lenteur,
s'étendant de la tête au tronc
puis aux membres. Les nouveau-nés et
les nourrissons bâillent
fréquemment, mais, alors que chez les
nourrissons l'association
bâillement-étirement est presque
constante, elle est rare chez les
nouveau-nés (Forté,
1982). Chez l'adulte, le bâillement est
variable dans sa fréquence,
peut-être du fait d'une inhibition
psychosociale, ce comportement étant
considéré comme une mauvaise
conduite en société (Barbizet,
1958).
-
- Phylogénèse : Il
semble que le bâillement soit commun
à tous les mammifères. Il est
remarquable que le cheval, qui respire
exclusivement par les narines et est donc
incapable de le faire par la bouche,
bâille néanmoins! Le
bâillement existe aussi chez le
crocodile (Lehmann,
1979). Il s'agit donc d'un
phénomène
phylogénétiquement ancien. Sa
présence reste discutée chez
les oiseaux et les poissons; sans qu'on
puisse affirmer qu'il s'agit bien d'un
bâillement, on décrit chez les
oiseaux des comportements d'ouverture buccale
parfois associés à des
étirements (Hauptmann,
1925).
-
- Causes du bâillement Le manque de
spécificité du
bâillement, son existence en tant que
phénomène physiologique en font
un signe considéré comme peu
utile. Il n'en demeure pas moins que,
à défaut d'avoir un
intérêt diagnostique, la
connaissance des différentes causes
déterminantes présente un
intérêt physiologique certain.
-
- Bâillements
«physiologiques»
-
- On peut regrouper dans cette
catégorie les bâillements qui ne
surviennent pas dans un cadre, ou sur un
terrain, pathologique. Les causes
décrites, certaines plus fantaisistes
que d'autres, sont toutes des états
physiologiques particuliers
(Féré, 1905; Barbizet, 1958;
Boudouresques
et al., 1965; Lehmann,
1979). L'ennui : il s'agit ici de l'ennui qui
s'accompagne d'un désir
d'activité ou, en tout cas, de rester
accroché au monde extérieur, ce
qui exclut un état
d'indifférence ou de relaxation
(Lehmann, 1979). L'auditeur qui bâille
lors d'une conférence a le
mérite d'essayer de rester attentif,
alors que son voisin qui se laisse aller
à ses rêveries ne bâillera
pas... L'imitation : la contagion du
bâillement est un
phénomène qui semble être
du domaine de la suggestion. Les grandes
crises de bâillement décrites
chez certaines hystériques sont
peut-être en rapport avec ce
processus...Notons ici qu'un bâillement
peut être provoqué par
autosuggestion; il suffit pour cela de faire
de grandes inspirations successives en
essayant d'imiter le bâillement.
Celui-ci finira par apparaître
véritablement. La somnolence : il est
intéressant de noter que les
bâillements cesseraient quand le sujet
se met au lit et éteint la
lumière, n'ayant alors plus besoin de
lutter contre le sommeil (Féré,
1905). Le réveil, où les
bâillements se caractérisent
alors par leur association fréquente
avec l'étirement. La faim, ou au
contraire la plénitude gastrique
suivant un repas copieux et associée
alors à une certaine somnolence. Le
mal des transports, les changements
d'altitude. D'autres causes ont
été rapportées de
manière plus accessoire: la chaleur,
le plaisir, l'anxiété, la
douleur.
-
- Pathologie et bâillements
-
- Maladies infectieuses
(Boudouresques et al., 1965; Forté,
1982). Il s'agit de maladies à
tropisme neurologique: la forme somnolente de
la typhoïde, les réactions
encéphalitiques de la varicelle et de
la rougeole, l'encéphalite
épidémique, la trypanosomiase
africaine pendant la période
hypersomnique. Certains auteurs (Geigel,
1908) ont insisté sur la disparition
du bâillement dans les maladies
infectieuses (évidemment autres que
celles sus-citées), considérant
sa réapparition comme un signe de
guérison. Fièvre (Boudouresques
et al., 1965).
-
- Troubles digestifs (Cramer,
1924; Forté, 1982). Les ulcères
(surtout duodénaux) peuvent provoquer
des accès de bâillements
incoercibles qui précèdent la
crise douloureuse et l'accompagnent en
partie.
-
- Troubles métaboliques
(Lewi,
1921 ; Forté, 1982). L'hypoxie
(asphyxie, intoxication au CO, anémie,
choc, hypotension, ligature d'une carotide),
l'insuffisance rénale et
l'hypoglycémie, où de
véritables crises de bâillements
précèdent l'entrée dans
le coma.
-
- Troubles neurologiques Les
lésions du lobe frontal, les
lésions
mésodiencéphaliques, bulbaires
et médullaires peuvent être
responsables de bâillements
(Féré, 1905; Boudouresques et
al., 1965). Dumpert (1921), Lewy (l 921) et
Furtado (l 951) ont décrit la survenue
de bâillements chez certains
hémiplégiques lors de
l'étirement des membres
paralysés. La myasthénie
(Boudouresques et al., 1965).
L'épilepsie; le bâillement y est
parfois retrouvé en tant qu'aura. Les
malades atteints de la chorée de
Huntington auraient une forte propension au
bâillement, tout
particulièrement associé
à des étirements. Les
parkinsoniens, au contraire,
bâilleraient rarement et ne
s'étireraient jamais (Boudouresques et
al., 1965). Certaines étiologies sont
également responsables de troubles du
sommeil: l'hypertension intracrânienne
où le bâillement a
été considéré
comme un des principaux signes, la
narcolepsie où l'on décrit des
crises de bâillements sans besoin de
dormir (cité par Forté, 1982),
l'encéphalite
épidémique, la trypanosomiase
africaine, déjà
mentionnées. Troubles endocriniens. Le
diabète, les bâillements peuvent
préluder l'acidose ou
l'hypoglycémie; l'insuffisance
thyroïdienne (Boudouresques et al.,
1965).
-
- Troubles psychiatriques
- Hystérie: la première
leçon de l'année 1888-1889
donnée par le Professeur Charcot
dans le cadre des « Leçons
du Mardi à la Salpêtrière
», le 23 octobre 1888, avait pour
objet le « Bâillement
hystérique (bâillement naturel
et bâillement suggéré)
» (Charcot, 1910). Procédant
à l'examen d'une jeune fille de
dix-sept ans, Charcot dit à ses
auditeurs: « C'est un acte quelque peu
imprudent, sans doute, de la part d'un
professeur, que de commencer son cours en
parlant du bâillement et de
présenter un cas où le
bâillement est le
phénomène le plus apparent. Car
le bâillement est contagieux, vous le
savez, au premier chef (...) Mais j'ose
espérer qu'une fois prévenus,
nous saurons résister, vous et moi,
aux suggestions qui nous menacent. ».
Cette malade, lors de son entrée
à l'hôpital « ... il y a
quatre ou cinq mois, bâillait environ
huitfoispar minute (480 bâillementspar
heure, soit 7200 en quinze heures de veille);
aujourd'hui le nombre de bâillements
est réduit à quatre dans le
même espace de temps. Toutes ces
particularités, vous les lirez
facilement sur les divers tracés,
recueillis suivant la méthode
graphique, queje vous présente et qui
sont relatifs à diverses
époques de la maladie.... L'ancienne
séméiologie s'attachait
beaucoup aux bâillements morbides
considérés comme signes
pronostiques dans les maladies aiguës. A
la vérité, toute cette ancienne
séméiologie du bâillement
me semble aujourd'hui bien
démodée, peut-être y
aurait-il intérêt à la
refaire. Pour le moment, j'ai voulu relever
seulement que tout bâillement
pathologique n'est pas nécessairement
un bâillement hystérique...
». Charcot fit ensuite entrer une
deuxième malade, mise auparavant
« en état de somnambulisme»,
c'est-à-dire «de grand
hypnotisme». Placée
vis-àvis du premier sujet, cette
patiente: «fait mine de vouloir
résister à la contagion, mais
sa résistance est bientôt
vaincue: la voilà qui se met à
bâiller, elle aussi, malgré tous
ses efforts en sens contraire. » On
trouve la revue d'une douzaine d'observations
de Charcot dans la thèse de Trautmann,
écrite en 1901 ; les bâillements
peuvent se succéder continuellement
toute la journée (toujours interrompus
par le sommeil). Les crises n'apparaissent
jamais au milieu des repas et tendent
à disparaître si l'esprit est
vivement fixé. On remarque que les
bâillements continuels sont suivis de
douleurs épigastriques à type
de crampes et qu'ils ne provoquent que peu de
larmes ou d'étirements.
-
- Schizophrénie: comme nous l'avons
souligné à propos de l'ennui et
de la somnolence, le bâillement peut
être considéré comme un
signe d'attitude extravertie. Pour Lehmann
(1979), sa présence chez le
schizophrène indique un effort pour ne
pas rompre avec le milieu extérieur et
est un signe de pronostic favorable.
-
- Causes toxiques Les
bâillements accompagnent de
manière caractéristique le
sevrage morphinique (Boudouresques et al.,
1965; Yamada
et al., 1981) et ont été
décrits, associés à des
orgasmes spontanés, comme un effet
secondaire exceptionnelde la prise de
clomipramine (Harrisson
et al, 1984).
-
- Physiologie et mécanismes
neurobiologiques du bâillement
- Parmi les nombreuses théories qui
se sont succédé, certaines ont
essayé de cerner la finalité du
bâillement, d'autres de dégager
les mécanismes qui y conduisent. Nous
ne conserverons que les théories
relevant de la médecine moderne,
sachant que de nombreux auteurs anciens se
sont interrogés à ce sujet,
aboutissant à des conceptions dont
l'intérêt est surtout
historique.
-
- Pourquoi bâille-t-on ?
- Les diverses hypothèses et
théories visant à expliquer la
fonction du bâillement peuvent
être rangées en 4
catégories: Pour un premier groupe
d'auteurs (Mayer,
1921, Barbizet, 1958), le bâillement
n'aurait aucune conséquence
physiologique sur l'organisme et resterait
l'expression d'un état et non pas une
réaction contre celui-ci. Son
existence s'expliquerait par sa signif
ication psychosociale de perte
d'intérêt ou d'ennui, de la
même manière que le rire et le
pleurer trouveraient leur signification dans
l'expression de la joie et de la tristesse.
Un second groupe d'auteurs considère
que le bâillement apparaît quand
la circulation cérébrale est
insuffisante pour maintenir un niveau de
vigilance adéquat (Dumpert,
1921); il serait, en premier lieu, un acte
respiratoire constitué d'une
inspiration maximale ayant pour but
d'augmenter l'oxygénation
artérielle.
-
- En deuxième lieu, il provoquerait
un accroissement du retour veineux par
l'association de trois facteurs: 1) la forte
inspiration créant une
dépression intrathoracique qui
«aspire» le sang veineux jusqu'aux
cavités droites; 2) la compression de
l'abdomen, due à l'abaissement du
diaphragme et à la contraction de la
ceinture abdominale, qui chasse la
réserve veineuse splanchnique dans la
veine cave; 3) la contraction musculaire des
membres qui accélère le retour
du sang veineux. La meilleure
oxygénation artérielle, le
retour veineux accru et enfin l'augmentation
de la fréquence cardiaque (cf.
«Phénomènes
circulatoires») permettraient une
relance de la circulation systémique.
Celle-ci privilégierait le SNC
puisqu'on observerait une vasodilatation des
territoires cérébraux et une
vasoconstriction dans le reste de la
circulation systémique.
Malheureusement un accroissement de la
circulation cérébrale au
décours du bâillement reste
spéculatif. En outre, la
théorie d'une amélioration de
l'oxygénation artérielle comme
fonction du bâillement est
invalidée par le travail récent
de Provine
et al. (1987b) montrant que l'inspiration
d'un gaz à forte teneur en C02
augmente la fréquence respiratoire
mais n'a aucun effet sur la fréquence
de survenue du bâillement. Remarquons
que certains auteurs (Heusner,
1946) ont pensé que la glande
thyroïde pourrait être
comprimée pendant le bâillement,
induisant une décharge de thyroxine
suivie d'une augmentation du
métabolisme basal.
-
- Pour un troisième groupe d'auteurs
(Hauptmann,
1925; Salmon,
1948), le bâillement s'intègre
initialement dans le complexe comportemental
bâillement étirement, même
s'il en est le plus souvent dissocié.
Ce syndrome bâillement-étirement
aurait pour but de combattre la diminution du
tonus musculaire, lequel concourt à la
baisse de l'activité des centres
supérieurs. Par ailleurs, la plupart
des auteurs s'accordent pour admettre
l'existence d'une pression psychologique
importante sur ce comportement. Le
bâillement d'imitation est là
pour l'illustrer. De plus, si vous vous
amusez à mettre votre index dans la
bouche de votre voisin qui bâille (ce
qui risque de ne pas être dc son
goût), vous constaterez que ce geste
suffit pour interrompre brutalement le
bâillement!
-
- Une quatrième conception de la
fonction de ce comportement, qui nous a
été proposée par R.
Verley, considère que le
bâillement stimulerait, par la
contraction massive des muscles
massétérins, les structures
responsables de l'activation corticale. Ce
comportement associe d'une part un aspect
ventilatoire pouvant être
assimilé au soupir et d'autre part un
aspect tonique temporo-mandibulaire. En
effet, le bâillement n'est pas une
simple ouverture de la bouche, mais une
contraction simultanée des muscles
antagonistes, les muscles masticateurs
(fermeture de la bouche) et les muscles
digastriques (ouverture de la bouche).
Pendant cette contraction,
généralement très
puissante, les fuseaux des muscles
masticateurs (masséters, temporaux,
ptérygoïdiens internes), qui sont
des récepteurs sensibles à
l'étirement des fibres musculaires,
envoient des influx par les fibres
afférentes de la catégorie Ia,
situées dans la racine
mésencéphalique du trijumeau.
Celles-ci forment avec les motoneurones des
mêmes muscles une liaison
monosynaptique (Lund et al., 1983). C'est la
base du réflexe
massétérin. Il est permis de
supposer que ces fibres ont desprojections
sur la formation réticulée et
le locus coer-uleus qui sont situés
anatomiquement à proximité du
noyau trigéminal
mésencéphalique. Le rôle
de ces deux structures dans les
mécanismes de l'éveil est bien
connu. Le fait que l'amplitude du
réflexe massétérin varie
parallèlement au niveau de vigilance
est un autre argument (Chase et al., 1968).
Dans cette conception, le bâillement
apparaît bien, par la stimulation de
l'activité de la
réticulée et du locus
coeruleus, comme un réflexe de
vigilance.
-
- Comment bâille-t-on ?
- Un autre aspect de la physiologie du
bâillement est l'étude des
mécanismes centraux y aboutissant. Ce
domaine est exploré essentiellement
par les psychopharmacologues. Grâce
à leurs travaux, le nombre total
d'articles sur le bâillement a plus que
doublé depuis dix ans.
-
- L'influence dopaminergique
- On distingue actuellement trois types de
récepteurs dans une synapse
dopaminergique: les récepteurs D1,
exclusivement postsynaptiques, couplés
positivement à l'adénylate
cyclase, et les récepteurs D2
couplés négativement à
l'adénylate cyclase. Ces derniers sont
de 2 types: les récepteurs D2
PoStsynaptiques à seuil
élevé d'excitation et les
autorécepteurs, présynaptiques,
à seuil bas d'excitation, inhibiteurs
de la libération dopaminergique.
L'administration de faibles doses
d'apomorphine (Mogilnicka et ai., 1977;
Yamada et al., 1980; Holmgren et al., 1980;
Urba-Holmgren et al., 1982), agoniste mixte
D1-D2 ou de LY 171555 (Serra et al., 1987),
agoniste sélectif D2 induit des
bâillements
répétés chez le rat.
L'emploi de plus fortes doses fait
disparaître ce comportement au profit
d'une hypermotilité et de
stéréotypies. Par contre un
agoniste sélectif D1, le SKF 38393
(Serra et al., 1987), quelle que soit la
dose, ne provoque pas de bâillements.
Ceux-ci semblent donc être induits par
la stimulation des récepteurs D2
à seuil bas d'excitation,
c'est-à-dire les
autorécepteurs, inhibiteurs de la
libération dopaminergique. Confirmant
ces résultats, l'administration de
sulpiride ainsi que d'autres neuroleptiques
antagonistes des récepteurs D2,
à faible dose, inhibe les
bâillements induits par l'apomorphine
(Holmgren et al., 1980a; Yamada et al., 1981
; Dubuc et al., 1982; Holmgren et al., 1985).
-
- De manière surprenante, il semble
que l'administration d'un antagoniste D1, le
SCH 23390, inhibe également ces
mêmes bâillements (Morelli et
al., 1986; Serra et al., 1987), soulevant la
question de la participation des
récepteurs D1 dans l'apparition de ce
comportement. Tout aussi paradoxalement, un
prétraitement par la réserpine
(Morelli et al., 1986; Serra et al., 1986.
1987), entraînant une
déplétion
catécholaminergique, potentialise
l'effet de l'apomorphine à faible
dose, remettant en cause l'hypothèse
initiale du rôle des
autorécepteurs et suggérant
l'existence d'une population de
récepteurs D2 postsynaptiques à
seuil bas d'excitation. Il semble donc
actuellement (Serra et al., 1987) que le
bâillement puisse être induit par
la stimulation de récepteurs de type
D2, à seuil d'excitation bas, pouvant
être soit des autorécepteurs,
soit des récepteurs postsynaptiques,
ayant tous deux la même
sensibilité aux agonistes, liés
fonctionnellement aux récepteurs D1
dont la stimulation serait indispensable pour
qu'il y ait transmission du message. Dans
tous les cas, il n'en reste pas moins vrai
que les neurones dopaminergiques exercent une
influence inhibitrice, en particulier sur les
neurones cholinergiques (Guyenet et al.,
1974; Okuyama et al., 1987), qui est
levée par de faibles doses
d'apomorphine (Holmgren et al., 1980; Anias
et al., 1984).
-
- Rôle des peptides
hypothalamiques et hypophysaires
- L'ACTH, l'alpha MSH et la bêta LPH
sont des peptides hypophysaires qui,
injectés en intrathécal chez le
rat, provoquent l'apparition de
bâillements
répétés. Ce comportement
est induit en fait par une même
séquence peptidique commune
correspondant à ACTH-(4-10):
Met-Glu-His-Phe-Arg-TryGly (Gessa et al.,
1966; Bertolini et al., 1981;
Rodriguez-Sierra et al., 1981 ; Yamada et
al., 1981). L'ocytocine, hormone
synthétisée dans le noyau
paraventriculaire de l'hypothalamus, est
également inductrice de
bâillements chez le rat (Argiolas et
al., 1985). Les bâillements induits par
l'apomorphine sont empêchés par
l'hypophysectomie (Serra et al., 1983), ainsi
que par la d(CH2),-Tyr (Me)-
[Orn8iVasotocine, un antagoniste de
l'ocytocine qui par contre respecte les
bâillements induits par l'ACTH 1-24
(Argiolas et al., 1987). Argiolas et al.
(1986), s'appuyant sur l'existence des fibres
incertohypothalamiques dopaminergiques
situées dans le noyau
paraventriculaire et provenant du noyau A 14,
formulent l'hypothèse que la
libération d'ocytocine,
dopamine-dépendante, stimule des
neurones pituitaires à ACTH ou
à alpha MSH, qui activeraient une
structure cholinergique centrale. L'existence
de cette voie cholinergique finale est
suggérée par le fait que les
bâillements induits par l'ocytocine
sont inhibés par l'atropine (Argiolas
et al., 1986).
-
- L'influence
sérotoninergique
- est bien mise en évidence par les
récents travaux de Okuyama et al.
(1987). Ils montrent que le 5HTP,
précurseur de la sérotonine,
potentialise les bâillements induits
par l'apomorphine et que l'administration
locale d'une neurotoxine des neurones
sérotoninergiques, la 5,7-DHT, dans le
noyau raphé dorsalis (B7), provoquant
une déplétion
sérotoninergique de 35% dans le
striatum, inhibe ces mêmes
bâillements. La 5HTP ou la 5,7-DHT,
administrées seules, n'ont pas induit
de bâillement. Il y aurait donc une
modulation présynaptique des
systèmes dopaminergiques du striatum
par les voies sérotoninergiques
provenant du raphé dorsal.
-
- Les interactions
androgènes-opiacés
- Les bâillements, spontanés
ou pharmacologiquement
déterminés (apomorphine,
physostigmine, ACTH-(1-24), sont
significativement plus fréquents chez
les rats mâles que chez les femelles ou
les mâles castrés. On ne
retrouve plus aucune différence si on
supplémente en testostérone ces
animaux dépourvus de testicules
(Holmgren et al., 1980; Berendsen et al.,
1981). Parallèlement, la naloxone
inhibe les bâillements
pharmacologiquement induits chez les rats
imprégnés en androgènes,
mais n'a aucun effet sur les animaux
castrés témoins, sans
supplément androgénique
(Berendsen et al., 1986). Ces
résultats suggèrent un
rôle permissif de la
testostérone sur les structures
déterminant les bâillements,
lui-même soumis à l'influence
des opiacés.
-
- La voie finale cholinergique
- Les agonistes muscariniques (pilocarpine
et physostigmine) sont de puissants
inducteurs de bâillements chez le rat.
La scopolamine et l'atropine, antagonistes
cholinergiques, empêchent les
bâillements pharmacologiquement
induits, quels que soient les agents
utilisés: l'ocytocyne, l'ACTH-(1-24)
(Argiolas et al., 1986), l'apomorphine et la
physostigmine. Parmi les antagonistes des
récepteurs incriminés dans les
bâillements pharmacologiquement
provoqués, seules l'atropine et la
scopolamine inhibent les bâillements
induits par la physostigmine (Holmgren et
al., 1980; Yamada et al., 1980). Ces faits
montrent que les voies cholinergiques sont le
maillon obligatoire et commun à tous
les mécanismes qui sous-tendent les
bâillements phar,macologiquement
provoqués. Certaines fibres
cholinergiques constituent ainsi, dans
l'enchaînement des
éléments impliqués dans
ce comportement, la voie finale commune
venant activer une structure
génératrice du
bâillement. Les structures anatomiques
A la lumière des faits exposés,
nous pouvons distinguer deux
enchaînements différents de
médiateurs aboutissant à la
voie cholinergique finale activant la
structure génératrice de
bâillements. Une première
cascade a déjà
été décrite, impliquant
le noyau A 14 dopaminergique, le noyau
paraventriculaire de l'hypothalamus à
ocytocine et la glande pituitaire avec l'ACTH
et l'alpha MSH. Le deuxième
enchaînement, plus court, met en jeu
une voie dopaminergique modulant directement
la voie cholinergique finale. Holmgren et al.
(1985) suggèrent que la voie
dopaminergique est mésolimbique (du
noyau A 10 au septum) et que la voie
cholinergique est septohippocampique. Ils
justifient cette hypothèse en
rappelant que cette connexion existe bien
puisqu'une destruction spécifique des
neurones dopaminergiques, par l'injection de
60HDA dans l'aire tegmentale ventrale (AIO),
provoque un accroissement du turnover
cholinergique hippocampique et que le
même résultat est
également obtenu après
injection intraseptale d'halopéridol.
L'hypothèse du rôle de la voie
septo-hippocampique est validée par le
fait que l'injection intrathécale
d'AC'TH-(1-24) augmente le turnover
cholinergique hippocampique.
-
- Par ailleurs, Okuyama et ai. (1987)
apportent des éléments mettant
en évidence le rôle de la voie
nigrostriatale dopaminergique. Une
microinjection intrastriatale
bilatérale d'apomorphine (et non pas
de physostigmine) induit des
bâillements chez le rat. Etant bien
établi (Guyenet et al., 1974) que les
neurones dopaminergiques nigrostriés
font relais dans le striatum avec des fibres
cholinergiques, Okuyama apporte une
alternative sérieuse à
l'hypothèse
mésosepto-hippocampique de Holmgren.
Evolution ontogénétique chez le
rat Holmgren et al. (I 980a) ont
comparé la capacité de
l'apomorphine et de la physostigmine à
induire des bâillements chez le rat en
fonction de l'âge. L'efficacité
de la physostigmine est maximale peu de temps
après la naissance et
décroît ensuite rapidement,
devenant largement inférieure à
celle de l'apomorphine après
l'âge de 15 jours. Quant à
l'efficacité de l'apomorphine, elle
est identique à celle d'une solution
saline jusqu'au 7e jour, puis
s'élève ensuite de
manière importante. Les auteurs
considèrent donc que les voies
cholinergiques ont une maturation
précoce et les voies dopaminergiques
une maturation tardive.
-
- Variations circadiennes
- Il a été imposé
à des populations de rats des cycles
lumière-obscurité identiques,
puis différents des cycles journuit
naturels (Holmgren et al., 1980a; Anias et
al., 1984). L'expérience,
répétée à
plusieurs périodes du cycle annuel, a
montré que la fréquence des
bâillements était
significativement plus élevée
pendant la dernière heure de
lumière que pendant le reste du
nycthémère. Ce résultat
conduit à l'hypothèse selon
laquelle le passage
lumière-obscurité est le
synchroniseur dominant du rythme circadien du
bâillement. Les auteurs comparent
ensuite cette variation circadienne à
celle de la libération cholinergique
et dopaminergique; les concentrations
cérébrales en
acétylcholine sont les plus basses
lors des dernières heures du jour. Une
concentration cérébrale basse
correspondant à un haut niveau de
libération synaptique (quand
l'acétylcholine est détruite
par la cholinestérase), il s'ensuit
que l'acétylcholine a le plus fort
taux de libération synaptique pendant
la période riche en bâillements.
Il a été également
montré que le turnover dopaminergique
est le plus bas lors des dernières
heures du jour, et donc qu'il est
libéré moins de dopamine
pendant le pic de fréquence de
bâillements. Il est satisfaisant de
constater que les variations circadiennes
cholinergiques et dopaminergiques concordent
avec celles de l'apparition du
bâillement chez le rat. Provine et al.
(1987a) ont étudié les
relations entre bâillement et
étirement chez l'homme, en demandant
à 64 étudiants de consigner,
sur un calendrier préétabli,
les horaires de ces deux comportements
pendant 7 jours. Ils ont constaté que
les bâillements sont plus nombreux au
cours de l'heure qui suit le réveil et
de celle qui précède
l'endormissement et qu'ils sont plus
fréquemment associés à
des étirements le matin.
-
- Conclusion
-
- Les psychopharmacologues étudient
les voies neuronales qui sont sans doute en
jeu dans l'action des molécules
induisant un syndrome comportemental dont le
bâillement fait partie.
L'intérêt de ces chercheurs pour
le bâillement est motivé par le
désir de disposer d'un signe objectif
traduisant la mise en activité d'un
certain circuit neuronal, pour pouvoir ainsi
affirmer, par une constatation clinique
simple, l'impact d'une substance
donnée sur tels ou tels
récepteurs. Après nous
être largement étendus sur les
résultats de la psychopharmacologie,
il nous faut insister sur les limites de leur
application pour la compréhension du
bâillement physiologique de l'homme.
Les caractéristiques
anatomo-biochimiques de celui-ci pourraient
différer de celles du bâillement
pharmacologiquement induit du rat. Il ressort
de cette revue de la littérature que
le bâillement est souvent compris comme
un « réactivateur» de la
vigilance. Mais alors qu'habituellement une
augmentation du niveau de vigilance
s'accompagne d'une croissance
parallèle de l'anxiété
et d'un état d'excitation, dans le cas
qui nous occupe tout se passe bien autrement.
En effet, tout le monde est témoin que
le bâillement s'accompagne et est suivi
d'un état de détente
caractéristique, de mise à
distance provisoire des soucis. Ecoutons
Alain qui écrit dans ses Propos sur le
bonheur que le bâillement est «
comme une reprise de santé »,
qu'il « se communique par l'abandon du
sérieux» et qu'il est « une
emphatique déclaration d'insouciance
». Il dit encore: « Par le
bâillement, toutes les pensées
sont mises en fuite.» Le
bâillement ne serait-il pas un
comportement anxiolytique ou «
antistress » qui aurait la
particularité de ne pas diminuer - et
même d'augmenter - le niveau de
vigilance?
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-
- Provine R.R.
et al. Yawning: effect oi 3-5% O2, 1OO%
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- Argiolas
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