Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
http://www.baillement.com

 

resolutionmini

mise à jour du
24 mars 2005
lexique
bibliographie
Prostaglandines, adénosine, sommeil & bâillements
Flip-flop switch et bâillements
Leptine, ghréline, histamine et bâillements
O. Walusinski
Sleep as a problem of localisation von Economo 1930 - pdf

Chat-logomini

2006 Le bâillement son histoire interne ou neurophysiologie du bâillement
Electroneurobiologia 2006 in press
 
R. Legendre et H. Piéron ont décrit en 1910 : « de la propriété hypnotoxique des humeurs développée au cours d'une veille prolongée ». Ayant échoué à déclencher le sommeil en injectant, à des chiens reposés, du sérum d'autres chiens fatigués, par voie intra-veineuse ou intra-parenchymateuse, ils réussirent à déclencher un sommeil d'aspect physiologique en injectant, en intrathécal, à un animal sain vigile du LCR d'un chien fatigué et conclurent à l'existence d'une subtance hypnogène, baptisée « hypnotoxine », présente dans le LCR et transfèrable. Bien que méthodologiquement contestées, ces expériences retrouvent une certaine acuité en examinant les découvertes concernant les prostaglandines et l'adénosine.
 
Les prostaglandines (PG) appartiennent à une famille de lipides physiologiques dérivés d'acides gras insaturés, surtout l'acide arachidonique. Présents dans les cellules de tous les tissus de l'organisme, elles participent de multiples effets physiologiques ou pathologiques comme la contraction musculaire, l'inflammation, l'agrégation plaquettaire, la fièvre. Elles sont considérées comme des hormones locales. PGD2 joue un rôle important essentiellement au niveau du système nerveux. PGD2 a un effet inducteur du sommeil, aux caractéristiques physiologiques et abaisse la température corporelle. PGE2, isomère de la PGD2, a des effets inverses: élévation de la température corporelle, réduction de la durée des deux types de sommeil ainsi que du nombre d'épisodes ultradiens. O. Hayaishi a montré que PGD2 était produite par les leptoméninges, libérée dans le LCR, se liait à des récepteurs (DPR), présents à la surface des structures méso-diencéphaliques périventriculaires, où son action active les récepteurs A2a de l'adénosine (transduction, excitation). Le signal est transmis au travers de neurones spécifiques au VLPO, centre inducteur du sommeil, alors que PGE2 semble agir sur les noyaux TMN éveillants. PGD2 semble jouer un rôle crucial dans la régulation homéostasie du sommeil lent profond (Hayaishi, 2004, 2005).
 
L'adénosine est directement lié au métabolisme des cellules. Au niveau du système nerveux central, une augmentation de l'activité neuronale entraîne une augmentation de la consommation énergétique et de la concentration extra-cellulaire d'adénosine. L'ischémie et l'hypoxie élévent de façon importante les concentrations extra-cellulaires d'adénosine. Or, il semble qu'au niveau des récepteurs A1 à l'adénosine, une élévation de ces concentrations extra-cellulaires d'adénosine provoquent une réduction de l'activité neuronale, réalisant comme un effet protecteur ou d'épargne.
 
L'élévation progressive des concentrations d'adénosine, corrolaire de l'activité neuronale au cours des périodes d'éveil, induirait une état de somnolence prémice du sommeil qui, lui, permettra une récupération énergétique. L'adénosine serait ainsi le facteur somnogène, inhibiteur de l'activité neuronale s'accumulant pendant la veille et devenant ainsi promotteur du sommeil. Alors que l'action cellulaire de l'adénosine est brève, la clairance extra-cellulaire de l'adénosine, accumulée pendant l'éveil, est lente. L'effet de restauration du sommeil est corrélé à un abaissement des concentrations extra-cellulaires d'adénosine, faisant de celle-ci un témoin de l'effet de la régulation homéostasique du sommeil (Porkka-Heiskanen, 2002).
 
Des cytokines tels IL1 et TNF, les prostaglandines (PGD2) sont des agents somnogènes comme le prouvent leurs élévations, au niveau du LCR, lors de la fièvre et les infections (méningites, en particulier tuberculeuse) (Krueger, 2001). Les auteurs anciens, décrivant les fièvres dans leur aspects et leurs déroulements, à défaut d'en connaître les causes, avaient noté l'importance les épisodes de somnolence, de sommeil et les salves de bâillements (Caufapé, 1696). Le parasite de la trypanosomiase ou maladie du sommeil agirait en produisant de la PGD2 dans le LCR des malades parasités.
 
La caféine et la théophylline sont des antagonistes des récepteurs à l'adénosine connus pour stimuler l'éveil et inhiber l'apparition des bâillements. Les bâillements peuvent être expérimentalement déclenchés par des agents cholinergiques comme la physostigmine (inhibiteur de la cholinestérase) et ce de façon doses dépendantes. A l'inverse, l'atropine, antagoniste muscarinique de l'acétylcholine, inhibe les bâillements. La N6-cyclohexyladenosine est un agent agoniste des récepteurs à l'adénosine. Celui-ci réduit l'effet de la physostigmine, et supprime les bâillements induits. La 8-phenylthéophylline, antagoniste des récepteurs A1 à l'adénosine ne modifie pas la réponse à la physostigmine mais prévient l'inhibition des bâillements induits par la N 6 -cyclohexyladenosine. La théophylline, antagoniste des récepteurs à l'adénosine, réduit les bâillements induits pas la physostigmine, principalement par action sur les récepteurs A2 (Zarrindast, 1995).
 
L'apomorphine, agoniste dopaminergique, injectée en sous-cutanée, déclenche des bâillements en stimulant principalement les récepteurs D3 (et+/-D2) à la dopamine, au niveau du septum et du striatum. L'injection intra-cérébro-ventriculaire d'agonistes des récepteurs à l'adénosine (5-N-éthylcarboxamidoadenosine (NECA) ou N6-cyclohexyladenosine) réduisent ou suppriment les bâillements induits par l'apomorphine. Ces résultats témoignent d'une interaction entre les mécanismes d'action de l'adénosine et de la dopamine comme de l'adénosine et l'acétylcholine sur les bâillements et qui diffèrent suivant le type de récepteur à l'adénosine A1 (inhibiteur de l'adénylcyclase) ou A2 (stimulant de l'adénylcyclase) (Zarrindast, 1995).
 
L'échographie et le doppler veineux permettent d'étudier la physiologie de la circulation veineuse jugulaire, reflet indirect, de la circulation des sinus veineux intra-craniens. Patra (1988) a montré l'effet de la contraction des muscles omo-hyoïdiens au cours du bâillement, confirmant le rôle de compression des veines jugulaires par les muscles omo-hyoïdiens et le retentissement hémodynamique veineux intracérébral du bâillement. Cette augmentation de pression veineuse a été rendue responsable de l'influence du bâillement sur la circulation du liquide céphalo-rachidien LCR (Schroth, 1992). Des travaux récents contestent, en partie, cette physiologie, en impliquant l'action conjuguée de forces osmotiques et hydrostatiques dans la circulation du LCR (Bergsneider, 2001 ; Oreskovic, 2002). Il serait intéressant d'apprécier l'effet des bâillements sur la clairance de PGD2, PGE2 et de l'adénosine. L'accélération du flux de LCR engendrée par les bâillements réduit-elle l'effet somnogène des prostaglandines et de l'adénosine ?
-Legendre R, Piéron H. De la propriété hypnotoxique des humeurs développée au cours d'une veille prolongée C.R. Société de Biologie de Paris 1912; 70; 210-212
-Bouyssou M, Tricoire J Experimental detection of a cervical arousal mechanism of yawning, enhancing intracerebral (CSF) fluid pressure J Dental Res 1985; 64; 721
 -Lepp FH Remarques sur la signification physiologique du bâillement Bull Group Int Rech Sci Stomtol Odontol 1982; 25; 251-290
-Nolman B Yawning, cerebral fluid and the lymphatic pump 2006
-Oreskovic D; Klarica M; Vukic M The formation and circulation of cerebrospinal fluid inside the cat brain ventricles : a fact or an illusion ? Neuroscience letters 2002; 327; 103-106
-Patra P, Gunness TK, Robert R Physiologic variations of the internal jugular vein surface, role of the omohyoid muscle, a preliminary echographic study Surg Radiol Anat 1988; 10; 2; 107-12
-Schniter E The evolution of yawning : why do we yawn and why is it contagious ? thèse 2001
-Schroth G, Klose U Cerebrospinal fluid flow; Physiology of respiration-related pulsations. Neuroradiology 1992; 35; 1; 10-15
-Walusinski O Prostaglandines, adénosine, sommeil & bâillements 2004
-Woodbury R, B Abretj Influence of dying gasps, yawns and sighs on blood pressure and blood flow Am J Physiol 1944; 142; 721-726