- Chapite III page
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- Si pour revenir maintenant au détail
des causes des fièvres intermittentes,
nous passons de celles qui sont
générales aux
particulières, l'expérience nous
apprend que tout ce qui peut augmenter la
quantité ou l'exaltation des particules
salines, dans la masse du sang, produira par la
raison qui en a été donnée,
ces fièvres. Ainsi tout ce qui est
piquant, poivré, salé, ou fort
chaud, & tout ce qui est acre, acide aigre,
ou propre à le devenir, comme sont les
fruits, le lait, & les choses douces,
causeront ordinairemnt un semblable effet; qu'on
évitera par conséquent si l'on
peut éviter toutes ces causes.
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- Les signes ou les accidents qui accompagnent
ces f!èvres, justifient de même que
leurs causes, l'explication que j'en ay
donnée. C'est ce que je vais faire voir,
après que je les auray divisés en
antecedens & en conjoints.
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- Les signes antécedents consistent
dans la chaleur de la paulme des mains, ou de la
plante des pieds de ceux qui y sont sujets, dans
l'insomnie, la douleur ou le tourment de teste,
la palleur des ongles,
les baaillements, les
extensions des bras & des autres
parties, la soif, la froideur des
extremitez du corps, la rareté du pouls,
& dans une espèce de dissurie ou
destrangurie, qui les accompagnent quelque
fois.
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- Quand aux signes conjoints, ils surviennent,
oudans le commencement des paroxysmes, ou dans
leur augment, ou dans leur déclin. Ceux
du commencement sont la douleur de l'estomac,
celle des reins, des épaules, des jambes
& quelquefois de toutes les parties du
corps. L sif augmente souvent dans ce tems le
froid aussiavec des douleurs des épaules,
des frissons, des tremblements ou des ardeurs
d'urines. Ces derniers accidents sont
ordinairement suivis des inquiétudes, des
nausées ou des vomissements de
matières ameres, quelque fois aigres,
& d'autres fois acerbes ou insipides,
lesquelles excitent aussi le flux du ventre,
quand elles prennent leur cours en bas. Dans
toutes ses occasions le pouls est
concentré, petit ou fréquent,
& quelquefois plein & rare. Mais tous
ces signes disparoissent d'ordinaire vers la fin
de l'augment, & la chaleur & la
fièvre prenent toujours leur place;
toujours elles augmentent jusques à
l'état, accompagnées d'une
acrimonie ordinairement plus grand que celle de
la fièvre continë, quelquefois
d'assoupissement, d'autrefois d'un petit
délire, & fort souvent de douleur de
tête.
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- Tous ces accidents diminuent enfin, & se
terminent entierement dans le déclin de
l'accez, ou par un flux d'urine assez haute en
couleur, & tirant sur celle de lexive,
quelquefois par des sueurs, & d'autres fois
par l'insensible transpiration. Mais ces
évacuations ne font souvent que finir le
paroxysme, sans terminer la maladie : à
moins qu'il surviene quelques pustules
accompagées de croutes aux lèvres,
ou au nez. Néanmoins si les accez ne
finissent pas aprés qu'elles ont une fois
paru, ou s'ils ne deviennnent pas beaucoup
moindres qu'auparavant, ils sont toujours plus
ou moins longs, ou plus facheux dans la
suite.
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- Les premiers signes, que j'ay rapportez,
marquent si évidemment l'acrimonie ses
humeurs salines, leur fermentation, les
fumées qui s'en élevent, les
routes qu'elles prennent, & leur
exaltationdans la masse du sang, qu'il feroit
inutile de les examiner, chacun en
détail. Cela fait aussi que je donneray
seulement l'explication des plus
considérables, & de ceux qu'on a
jusques-ici le moins developez. Et bien que les
divers cchangements du pouls soient de ce
nombre, je n'en parleray que succintement,
à cause qu'ils ont été
siffisament expliquez sur la fin du second
chapitre.
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- Car j'y ay montré que la
fréquence, sa vitesse, & sa
concentration dépendoient presque
toûjours du picottement & de la
domination du sel, que la froideur des
extremitez, qui produit souvent la palleur des
obgles, prenoit du même changement du
pouls; & que neanmoins
l'élévation des fumées
acres en pouvoient augmenter l'effet. Les
insomnies, les frissons, la rareté du
pouls, les tremblements,
les baaillements, les
extensions de tout le corps, &
les douleurs sont excitées parles
mêmes fumées acres & souvent
acides; qui s'élèvent de la
premiere fermentation des humeurs, sensible ou
insensible que la chaleur de la fièvre
dissipe ensuite dans peu de tems.
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