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- Je viens vous entretenir de certains
phénomènes qui se rapportent
à la circulation et à la
respiration, et qui m'ont donné,
après la théorie et
l'expérience, des résultats
évidents au point de vue de la
médecine pratique. C'est du
bâillement que je dois vous parIer, et le
considérer comme un moyen prophylactique,
et encore curatif de certaines affections. Mais
avant d'entrer dans le fond de la question, il
me faut émettre quelques notions
théoriques, pour mieux saisir le sujet;
ces notions sont assurément connues par
les médecins et les physiologistes; il
est nécessaire cependant qu'elles soient
rapidement développées par suma
capita, et rappelées à notre
mémoire.
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- La circulation de l'homme et des
mammifères consiste dans le mouvement
incessant du sang dans l'intérieur d'un
système de canaux ramifiés. Par
ses contractions le coeur chasse le sang dans
les artères. Celles-ci le distribuent
dans tous les organes, et il revient par les
veines vers son point de départ, en vertu
de son impulsion première, et ensuite par
les forces accessoires qui exercent leur action,
soit sur l'ensemble du système, soit sur
divers points du trajet circulatoire. Il n'est
pas utile de parler ici de la grande
circulation, ou circulation
générale, et de la petite
circulation, ou circulation pulmonaire. Les deux
cercles de la circulation communiquent l'un avec
l'autre par l'intermédiaire du coeur,
cela nous suffit. Le sang que le coeur envoie
dans les artères chemine du coeur vers la
périphérie, direction centrifuge;
dans les veines au contraire, où le
courant est dirigé au coeur, la direction
est centripète. Le coeur, organe
musculaire creux, placé au centre de
l'appareil circulatoire, par ses contractions
répétées, pousse à
chaque instant le sang dans l'arbre
artériel. Il agit à la
manière d'une pompe foulante, pompe
foulante dont le piston est remplacé par
la contraction, appelée dans ce cas
systole, tandis que le moment opposé de
relâchement est celui de diastole.
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- On n'est pas d'accord pour comparer le coeur
à une pompe à la fois foulante et
aspirante. Pourtant, le fait est que la
contraction des ventricules qui suit presque
immédiatement la contraction des
oreillettes, a été calculée
à 1/10 de seconde entre les deux
mouvements de sorte que le vide, quand
même il s'ensuit momentanément et
rapidement, provoquant ces mêmes
contractions à se produire, favorise et
concourt, avec l'aide des forces propres
à tout l'arbre sanguin, à ce que
la circulation entière s'accomplisse, en
reportant le liquide aspiré, pour ainsi
dire par les veines, les caves
supérieures et inférieures, par la
voie des veines coronaires, et poussé par
les artères. On conçoit
très facilement qu'avec l'assistance de
ces forces et celles de la respiration, qui
contribue puissamment à toute cette
mécanique merveilleuse, le sang, cette
masse liquide, calculée approximativement
à 5 kilogrammes pour l'homme, accomplit
à peu près la révolution
circulatoire avec une vitesse de 23 secondes -
Vierordt, Hering.
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- Ces rapides considérations
théoriques énoncées,
revenons maintenant à notre sujet.
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- Le bâillement se produit par une
grande inspiration que suit tout de suite une
expiration. Les poumons, amplement
dilatés, permettent au sang,
accumulé dans les cavités droites
du coeur, un passage plus facile dans les
cavités gauches. Ainsi est rendue plus
abondante une grande quantité d'air, en
ouvrant la bouche, et éloignant les
mâchoires.
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- On bâille avant la nausée, ou
dans l'ennui, avant l'accès d'une
fièvre intermittente, comme à
l'approche du sommeil, parce que les puissances
inspiratrices grandement affaiblies, ont besoin
d'être réveillées de temps
à autre. On bâille aussi en se
réveillant, afin de disposer les muscles
du thorax au degré convenable de la
respiration toujours plus lente, plus rare et
profonde pendant le sommeil que la veille. Et
c'est de la sorte que l'instant du réveil
est marqué chez tous les animaux en
général, par des pandiculations,
c'est-à dire actions pendant lesquelles
les muscles semblent se disposer aux contactions
nécessaires aux mouvements. C'est
à ces actions combinées qu'on doit
rapporter le chant du coq, et l'agitation de ses
ailes, ainsi que le chant des oiseaux, etc., aux
approches de l'aurore.
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- Dans tout le temps que dure le
bâillement, la perception des sons est
moins distincte; l'air, qui se précipite
dans le gosier, se porte par la trompe
d'Eustache jusqu'à la cavité du
tympan, et en ébranle la membrane en sens
contraire.
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- Le soulagement que procure la longue
inspiration qui constitue le bâillement,
le souvenir du bienêtre qui arrive en
suite de l'oppression antérieure, nous
portent involontairement à
répéter cet acte, toutes les fois
que nous le voyons exécuter en notre
présence; c'est un mouvement de sympathie
par imitation.
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- Mais le grand avantage que procure le
bâillement est assurément dans tous
les symptômes et affections, où le
cours du sang n'est pas normal, et où
spécialement dans le système
veineux se produisent des stases, des
congestions, soit dans le cours veineux
abdominal, dont souffrent les hypocondriaques,
les hémorroïokiires; soit dans la
cavité thoracique, par paresse des caves
et coronaires; soit dans le cerveau par les
sinus et le confluent d'Hérophile, soit
enfin dans l'appareil spinal, par l'azygos
principalement.
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- C'est ainsi par le bâillement qu'on
obtient l'équilibre circulatoire, en
activant la fonction centripète du coeur
droit, presque à la manière d'une
pompe, qui aspire le sang, et le ramène
de ses extrêmes réseaux
veineux,
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- Dernièrement, j'ai souffert d'une
choroïdite intense. On sait que la
choroïde est un tissu presque exclusivement
veineux. Ayant très peu d'artères,
on peut la regarder comme la rate ou le foie de
l'oeil.
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- La circulation étant entravée
dans cette membrane, pour une cause quelconque,
il s'y produit aisément des stases, et
congestions passives.
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- En faisant moi-même, et
répétant à plusieurs
reprises l'expérience du bâillement
artificiel non seulement la douleur diminuait,
mais un soulagement considérable en
était la conséquence,
jusqu'à pouvoir affirmer que la
méthode a de beaucoup aidé et
contribué à la guérison
complète.
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- Le bâillement artificiel est donc
très utile: il est très efficace
de le faire adopter et employer par tous ceux
qui souffrent de paresse dans la circulation
veineuse les hémorrhoïdaires, les
cardiaques, les spasmodiques en
général, ainsi que par ceux
affectés de fièvre intermittente,
et par tous ceux qui de temps à autre
sont sujets à des congestions passives
intra-crâniennes et endo-oculaires.
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- Comment se produit le bâillement
artificiel est chose très simple et
très aisée à apprendre. Il
faut ouvrir grandement la bouche, avec une
profonde inspiration prolongée quelques
instants, et tout de suite le
phénomêne arrive. Certainement cet
effet sera plus facile à se manifester,
chez les gens susceptibles ou affectés
dans le systême veineux;' après les
raisons que nous avons développées
plus. haut. Ces actes
répétés plusieurs fois en
même temps, et beaucoup de fois pendant le
jour et la nuit, ne manqueront pas d'offrir
l'effet sédatif tant
désiré, avec une
amélioration très sensible et un
avantage spécial.
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- J'ai la ferme assurance que l'indication de
ce nouveau procédé sera mise en
pratique avec succès et satisfaction.
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