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- Introduction
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- Pendant près d'un tiers de sa vie,
l'homme est plongé dans un état
que les Anciens ont appelé "l'Image de la
mort", mais qui ne lui ressemble pas plus qu'une
rivière aux eaux calmes ne ressemble
à la nappe immobile d'un étang:
cet état est le sommeil, problème
biologique dont l'étude occupera
longtemps encore les physiologistes et les
philosophes.
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- Né de la fatigue des organes, le
sommeil est le réparateur par excellence
et la vie ne saurait résister à la
privation de sommeil plus qu'à la
privation d'aliments. Chaque jour, à une
heure marquée par l'habitude, mais qui
peut être modifiée par une foule de
causes accidentelles, le besoin de sommeil,
sensation interne vague comme celle de la faim
et de la soif, se manifeste chez l'homme bien
portant: une sensation de poids sur les
paupières supérieures, un spasme
des muscles sous-hyoïdiens conduisant au
bâillement, une lourdeur de la
tête et des membres, un osbcurcissement
progressif de l'intelligence, un engourdissement
de la sensibilité générale
et des sens spéciaux, une paresse
croissante des muscles volontaires, sont les
premiers symptômes de l'approche du
sommeil.
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- Si l'homme, par un effort de sa
volonté réagit contre la torpeur
qui l'envahit, s'il secoue ses membres et
rassemble ses facultés, le besoin de
dormir peut céder pour une temps plus ou
moins long, mais tôt ou tard il reparait
plus impérieux. L'attention alors de
distrait, la pensée se ralentit, les yeux
se ferment, le sens peu à peu se
paralysent et cessent d'être accessibles
aux excitations extérieures, les muscles
entrent en résolution et le corps
abandonné aux lois de la pesanteur,
cherche la position horizontale. Quand il l'a
trouvée, une détente
générale se fait dans l'organisme,
annonçant le commencement du repos; la
respiration se ralentit, devient
régulière et profonde, le coeur
diminue l'énergie et le nombre de ses
battements, la température
générale du corps s'abaisse: le
sommeil est complet; si une excitation anormale
ne vient pas l'interrompre il durera jusqu'au
moment où les organes,
réparés dans leur substance et
dans leur excitabilité, rentreront
d'eux-mêmes dans l'état actif.
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- Chloral
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- Les effets du chloral diffèrent de
ceux de l'opium. Mais ici encore, il y a de
grandes variétés selon les doses
et l'idiosyncrasie.
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- Dans quelques cas, le sommeil arrive si
soudainement que la malade est surpris pendant
qu'il est debout; d'autres fois, il survient
graduellement et peut être
précédé d'une
légère ivresse offrant le
caratère gai et folâtre (Mauriac,
Gubler); puis surviennent des
bâillements, du clignotement des
paupières, et tout à coup, le
patient est endormi. On observe alors tout
l'ensemble des phénomènes qui
accompagnet le sommeil normal avec cette
différence que la sensibilité
n'est pas aussi complètement abolie; les
attouchements produisent des mouvements
réflexes peut-être plus
énergiques que dans l'état de
veille (Gubler); le pouls et la respiration sont
ralentis, les vaisseaux
périphériques sont dilatés
(Arloing); les pupilles sont
rétrécies, les globes oculaires
convulsés en dedns; les muscles sont
relâchés, mais leur
excitabilité réflexe parait plus
intense qu'à l'état de veille
(Gubler).
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- Si la dose d echloral ingéré a
été plus fore (6 à 12
grammes), le sommeil se transforme en stupeur
comateuse; le visage devient pâle, livide
même, les pupilles se dilatent,
l'anesthésie cutanée devient
complète et envahit la
cornée.
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