-
- L'action soutenue du sytème nerveux
appelle le repos; le sentiment & le
mouvement, fatigués par l'agitation du
jour, ont besoin de se délasser dans le
calme & le silence de la nuit: il est
nécéssaire que le sommeil, l'image
la plus naturelle de la mort, en réparant
leurs forces, renouvelle la vie.
-
- Le sommeil est une fonction
périodique qui fait en quelque sorte
cesser l'action de l'âme sur le corps,
& celle du corps sur l'âme. Les
phénomènes dont il s'accompagne
seroient la plus forte preuve qu'on pourroit
alléguer en faveur de l'existence d'une
fluide nerveux.
-
- Il s'annonce par l'affoiblissement graduel
des sens externes, & par le
relâchement de la plupart des muscles
soumis à l'empire de la volonté,
surtout des muscles longs; le sang veineux
s'acccumule vers le coeur; on
bâille pour soulager le mal-aise qui
en résulte; enfin une espèce de
délire momentané transporte du
sein de la veille dans les bras du sommeil.
-
- Alors toutes les fonctions animales sont
suspendues, & presque toutes les autres sont
ralenties; le pouls est plus lent, la chaleur
animale moins forte, la transpiration
insensible, plus rare, la digestion plus
difficile, & les excrétions (quelques
pollutions nocturnes à part) sont
supprimées.
-
- On aperçoit d'abord quelles sont les
principales causes éloignées du
sommeil, sans recourir aux narcotiques; on sent
combien sont propres à l'appeler
l'affoiblissement des forces animales produit
par des exercices fatiguans ou de longues
veilles; l'empire de la coutume que favorisent
les ténèbres, le silence, le
repos, &c.; l'impression douce &
constante de quelques sensations
extérieures, telles que le murmure d'un
ruisseau, l'aspect d'une moisson agitée
par le zéphir, des alimens pris depuis
peu; un froid extérieur très vif,
enfin tout ce qui peut détourner le sang
du cerveau, comme les bains de pieds, les
purgatifs, des pertes de sang abondantes,
&c.
- Ces dernières causes
éloignées du sommeil nous
conduient à celles qui influent
prochainement sur lui; car, tout bien
considéré, il nous paroît
être l'effet d'une diminution dans la
quantité du sang qui se porte au cerveau.
J'en trouve la preuve dans un
phénomène très
intéressant que j'ai cité plus
haut, comme l'ayant moi-même
observé sur un sujet vivant. Je voyois
son cerveau s'affaisse toutes les fois &
pendant tout le temps qu'il accordoit au
sommeil,; je le voyois, au contraire, dans
l'état de veille, enflé par le
sang qui y affluoit. L'insomnie qui accompagne
les congestions sanguines vers la tête,
fournit une autre preuve à cette
opinion.
-
- La durée du someil est
différente selon l'âge, les
dispositions du corps, le tempérament,
&c. On peut seulement dire en
général qu'un sommeil trop
prolongé est ou un signe de foiblesse
qu'on remarque fréquemment dans les
enfans & les vieillards, ou une grande cause
d'engourdissement & de démence.
-
- Quand on passe du sommeil à la
veille, on éprouve
à-peu-près les mêmes
symptômes qui déjà avoient
précédé le passage de la
veille au sommeil; on bâille, on
étend les membres, les sens sont
encore troublés, &c.
-
- Les causes du réveil sont
nécessairement opposées à
celles qui déterminent le sommeil; sa
cause prochaine est donc le retour d'une plus
grande quantité de sang au cerveau; ses
causes éloignées, outre l'habitude
qui est la principale, embrassent tous les
stimulus propres à émouvoir nos
sens, soit qu'ils agissent au dehors de nous,
soit qu'ils produisent leurs effets dans
l'intérieur de notre corps, tel est le
besoin d'uriner qui excite la plénitude
de la vessie, soit enfin qu'ils affectent le
système nerveux par l'entremise de
l'imagination, & alors ce sont les
songes.
-
- On désigne par ce mot, des jeux de
l'imagination, qui reproduit des perceptions de
l'âme, & s'exerce diversement sur
elles. Je n'en ai jamais observé aucune
apparence dans les jeunes enfans, avant qu'ils
eussent atteint le troisième mois de leur
âge; il est aussi des exemples d'adultes
qui assurent n'avoir jamais fait aucun
songe.
-
- Le songes sont ordinairement des
idées confuses et très
désordonnées, quelquefois
cependant ils semblent avoir été
inspirés par la raison: en
général, ils dépendent de
la disposition du corps. C'est ainsi que les
songes lubriques naissent souvent d'une
surabondance de liqueur séminale; les
songes fatiguans d'un embarras dans les voies de
la digestion, &c. On cite l'exemple d'un
homme auquel ses amis pouvoient suggérer
les songes qu'il souhaitoient, en l'entretenant
doucement, durant son sommeil, sur telle ou
telle matière. Mais cet état n'est
pas réellement le sommeil; il tient le
milieu entre la veille & lui, & se
rapproche beaucoup du noctambulisme. Lock &
quelques autres ont cru que tous les songes
attestoient un état mixte semblable.
-
- Blumenbach (1752-1840), Professor of
medicine at Göttingen, a physician,
physiologist, historian, bibliographer, and
anthropologist, was the founder of craniology
and modern scientific anthropology. He was the
first to show the value of comparative anatomy
in the study of anthropology.
-
- Blumenbach's textbook of physiology, first
published in Latin in Göttingen in 1787,
which was a highly influential exposition from
the point of view of multiple vital principles.
"Blumenbach gave the body a threefold
constitution. He saw it as comprising materials
(represented by fluids), structure (represented
by solids), and vital powers (permitting motor
interactions between fluids and solids); these
three seemed to him to be ontologically separate
but causally interdependent. The fluids he
grouped further as (a) chyle, (b) blood, and (c)
secretions and excretions. The solids he thought
of as often fibrous; otherwise
parenchymatous.Three orders of vital powers, he
said, are responsible respectively for (1)
organic formation and increase, (2) motion, and
(3) sensation. The first two sorts of powers,
formative and motive, are common to plants and
animals; the sensitive, exclusive with animals
including men."
-
- "His classification of the sub-divisions of
the human race, which forms the latter part of
this work, was the first to utilize facial
configuration as well as skin color, and his
system has survived to the present with but
little modification."
- Garrison-Morton and Hall, History of General
Physiology, II (1969)
-
- Jean-Frédéric Blumenbach,
médecin et naturaliste, né
à Gotha en 1752, mort à Goettingen
en 1840. Avant Cuvier, il comprit que la
zoologie doit avoir l'anatomie comparée
pour base. Il s'occupa surtout de l'histoire des
races humaines, et réunit une importante
collection de crânes. En comparant tous
les caractères que peut fournir la forme
des têtes osseuses, Blumenbach
établit cinq races humaines: la
caucasique ou blanche, la mongolique ou jaune,
l'éthiopique ou noire,
l'américaine ou rouge, et la malaise
|