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- On a cru pendant longtemps, et il est encore
assez communément admis, que la
respiration n'est pas altérée chez
les hémiplégiques. La fonction
respiratoire est nettement automatique, et l'on
a coutume de dire depuis Broadbent, que chaque
hémisphère régit dans les
deux côtés du corps la mouvements
bilatéraux et synergiques, ou
automatiques. Les muscles du tronc, de la
respiration, du larynx, de l'abdomen, de la
vessie, etc., ne seraient pas
intéressés dans
l'hémiplégie.
-
- Les faits n'ont pas contiriné cette
loi, car on a vu participer à
l'hémiplégie les muscles du tronc
(Bianchi), ceux du cou (Fränkel),
l'élévateur de la paupière
(Landouzy et Grasset), les muscles de la
phonation (Déjérine), de la
mastication (Boix), de la déglutition
(Betecherew), de l'abdomen (Sicard), le
crémaster le peaucier (Babinski). De
telle sorte qu'on ne peut plus soutenir que les
muscles à fonctions bilatérales,
synergiques et automatiques, sont toujours
épargnés par
l'hémiplégie.
-
- En ce qui concerne les mouvements de la
respiration, et plus particulièrement
l'amplitude des excursions respiratoires du
thorax du côIé de
l'hémiplégie comparée
à celle des mouvements du
côté sain, les différents
auteurs ont bien signalé une
différence, mais faible et assez peu
fréquente. Avec Simonelli, j'ai
étudié au point de vue de la
respiration 61 hémiplégiques, et
nos constatationa peuvent être
exprimées ainsi.
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- Ce n'est que dans 19,7 cas pour 100, qu'on
ne trouve ici pas de différence entre
l'étendue des mouvements respiratoires
d'un des côtés du thorax et de
l'autre; 80,3 fois sur 100 la différence
existe, 63.9 fois le côté
hémiplégié respire moins.
16,4 fois il respire plus que le
côté sain. En outre on rencontre
communément des troubles du rhythme, du
rapport entre la longueur de l'inspiration et de
l'expiration, cela du côté
hémiplégié. Et ces
différences, ces troubles, ne se montrent
pas seulement dans la respiration profonde et
volontaire, mais bien aussi, et cela surtout est
intéressant, dans la respiration
tranquille, automatique. On en peut couclure que
le centre bulbaire de la respiration subit
l'influence des centres cérébraux.
La lésion destructive du centre
supérieur n'est pas capable de
compromettre sérieusement la fonction du
centre bulbaire, mais elle peut
l'amoindrir.
-
- Quant aux cas étranges, en apparence,
où les mouvements respiratoires sont
exagérés du côté
hémiplégié, il est probable
qu'ils ont leur raison d'étre dans une
excitation persistante exercée par la
lésion soit sur un centre
cérébral de la respiration, soit
sur les voies reliant ce centre au centre
bulbaire. Dans ces cas, d'autres
phénomènes d'excitation
coexistent, épilepsie jacksonienne,
contractures précoces, rire
spasmodique.
-
- Pour résumer ce qu'apprend la
Clinique, je puis dire qu'il y a des
hémiplégiques chez qui les
tracés retire sipprécialsle,
lorsqu'on lit les tracés de leur
respiration, entre l'amplitude des mouvements
respiratoires d'un côté et ceux de
l'autre côté; cela existe chez les
malades présentant de la parésie
seulement, au moins du membre supérieur.
Mais le plus souvent, et pour peu que
l'hémiplégie soit assez
marquée, il y a de la différence
entre les tracés de la respiration de
l'un et de l'autre côté; le
côté
hémiplégié respire moins.
Dans un petit nombre de cas, l'amplitude des
mouvements respiratoires est
exagérée du côté
hémiplégié. dans la
respiration tranquille, automatique, dans les
grandes inspirations volontaires, dans les
mouvements convulsifs de la toux.
-
- Un de ces derniers malades était
sujet à des accès de rire ou de
pleurer spasmodiques. Pour un rien il
éclatait de rire, d'un rire
prolongé, incoercible; pour la moindre
allusion, faite à son état, il
sanglotait indéfiniment. Cette
émotivité exceptionnelle, le sujet
ne pouvait la modérer, et pourtant les
facultés psychiques étaient
intactes.
-
- Jusque-là rien de particulier, car le
rire ou le pleurer spasmodique sont assez
communs chez les hémiplégiques.
Mais à considérer le malade riant
ou pleurant, on voyait la moitié saine du
corps se mouvoir relativement bien peu, tandis
que la moitié paralysée
était agitée de secousses amples
et violentes. Pareille exagératiomi des
mouvements du côté paralysé
s'observait dans le
bâillement.
-
- Le rire et le pleurer sont l'expression
réactionnelle de mouvements psychiques,
d'émotions. Suivant l'intensité de
celles-ci, suivant aussi le pouvoir d'inhibition
dont chacun dispose, l'expression
extérieure reste localisée au
domaine du facial comme dans le sourire, ou bien
de cette région du facial,
inférieur où elle débute,
la convulsion envahit la glotte, le diaphragme,
tous les muscles respirateurs, ou même un
grand nombre de muscles quelconques du corps
dans le rire et le pleurer spasmodiques. Et le
mécanisme du sanglot diffère bien
peu de celui du rire; dans les deux cas les
mêmes territoires d'innervation entrent en
jeu, à cela près qu'à la
face les élévateurs se contractent
dans le rire, et les abaisseurs dans le pleurer;
au thorax, comme l'indique Brissaud. le rire
anime de préférence les muscles
inspirateurs,et le pleurer les muscles
expirateurs. Il semble que pour chacun des deux
états d'émotion il y ait une
sélection dans les cellules des
mémes noyaux du bulbe, sauf lorsque le
rire et le pleurer dépassent la mesure,
que l'excitation fail vibrer toutes les cellules
du noyau, que l'on rit aux larmes.
-
- L'impulsion au rire ou au pleurer partirait
de l'écorce frontale et se rendrait au
thalamus, centre de coordination, qui
répartirait aux noyaux bulbaires les
incitations nécessaires. Entre le centre
cortical du commandement, le centre thalamique
de coordiusation et les centres bulbaires
d'exécution existent des voies de
communication, les voies cortico-thalamiques
sont surtout à considérer. C'est
par les fibres du segment antérieur de la
capsule interne que present les commandements
des actes psychoréflexes provenant de
l'écorce frontale; les fibres
destinées aux mouvements psycho
réflexes du facial, par exemple, sont
ainsi tout à fait distinctes des fibres
des mouvements volontaires du facial, qui
appartiennent au faisceau
géniculé.
-
- Voilà pour le mécanisme normal
du rire et du pleurer. Le rire et le pleurer
spasmodiques, communs dans
l'hémiplégie, Betcherew les
explique par une lésion desructive du
thalamus annulant le pouvoir de coordination et
d'inhibition de ce ganglion; Brissaud admet une
lésion irritative du thalamus ou des
voies psycho-réflexes
cortico-thalamiques, avec une section du
faisceau facial volontaire ; en d'autres termes,
une irritation du segment antérieur va
avec une destruction plus ou moins
complète du genou de la capsule
interne.
-
- Mingazzini a fourni la vérification
anatomique de l'interprétation de
Brissaud; il démontra de plus que le rire
et le pleurer incoercibles, s'ils
dépendent ordinairement de lésions
intéressant le segment antérieur
de la capsule et son genou, peuvent tenir aussi
à des lésions purement corticales;
Brissaud avait d'ailleurs entrevu cette
possibilité et parlé de la
genèse corticale du rire des idiots. Il
convient ici de citer encore une étude
anatomo-pathologique de Rummo, confirmant
également les vues de Brissaud.
-
- En somme, si j'en reviens à
l'étude des tracés bien
démonstratifs que j'ai obtenus chez des
hémiplégiques, j'insisterai sur
quelques faits dont la démonstration
semble précise.
-
- D'abord il n'existe certainement pas de
bilatéralité fonctionnelle, vraie
et complète de chaque
hémisphère, pour les mouvements
automatiques ou synergiques qui sont accomplis
dans les deux côtés du corps
à la fois. Ainsi les deux moitiés
du thorax ne se dilatent pas également,
ni dans la respiration tranquille et
automatique, ni dans la toux, ni dans
l'exagération volontaire de la
respiration, ni dans les actes respiratoires
accompagnant les fonctions dites
psycho-réflexes (pleurer, rire,
bâllements)
-
- Cette différence consiste assez
souvent dans une diminution de la
motilité du côté
hémiplégique, mais quelque fois
aussi, de ce côté
hémiplégique il y a un
excès de la motilité pour les
actes automatiques, synergiques ou
psycho-réflexes, qui fait contraste avec
l'amoindrissement de la motilité
volontaire dans les muscles des membres.
-
- C'est bien alors le côté
paralysé, et surtout le thorax, qui se
meut en excès, et non pas l'autre
côté dont les mouvements
automatiques sont affaibis, Dans les
manifestations respiratoires des actes
psycho-réflexes notamment (rire et
pleurer spasmnodiques) il est clair que la
lésion est excitatrice à
l'égard de certaines
déterminations motrices du
côté opposé du corps.
-
- Il s'agit donc d'un phénomène
d'excitation que la lésion
cérébrale exercerait, lors de la
respiration tranquille, sur des centres
respiratoires cérébraux ou sur les
voies les reliant aux noyaux bulbaires; lors du
pleurer, du rire, du bâillement,
l'excitation porte sur le segment
antérieur de la capsule interne, sur le
thalamus. L'effet de l'excitation est
unilatéral et croisé.
-
- Mais au lieu d'excitation, cette
exagération des mouvements automatiques
du côté de
l'hémiplégie peut dépendre
d'une inhibition supprimée (lésion
corticale).
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- L'exagération des mouvements
respiratoires dans les accès de rire et
de pleurer convulsifs, cela du côté
paralysé, n'implique pas du méme
côté une exagération des
mouvements de la respiration tranquille. Un
malade a présenté une diminution
de l'amplitude des mouvements respiratoires
automatiques du côté de
l'hémiplégie, et de ce même
côté des secousses respiratoires
intenses, pendant les accès de rire, de
pleurer, de bâillement. Les fibres
se rendant aux noyaux bulbaires pour commander
la respiration ordinaire auraient donc un trajet
distinct de celles qui commandent la dilatation
thoracique respiratoire accompagnant le rire, le
pleurer, le bâillement
convulsif.
-
- Il y a tout lieu de penser que ces faisceaux
pourront étre un jour
individualisés et que cette connaissance
fournira des éléments nouveaux au
diagnostic du siège de certaines
lésions cérébrales.
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