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- 3e OBSERVATION. page 20 - 21
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- Hystérie simple avec attaque.
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- Derue, mécanicien, âgé
de dix-huit ans, élevé à la
ville. Père et mère bien portants,
et n'ayant jamais eu d'attaques
hystériques. Il n'existe dans sa famille,
ni hystérie, ni rhumatisme, ni
chorée, ni folie.
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- Cet homme est d'un tempérament
nervoso-sanguin , d'une taille
- moyenne, d'une constitution en apparence
chétive, mais très solide. Son
intelligence est remarquable. Il a toujours
été très impressionnable et
très irritable.
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- Jusqu'à l'âge de seize ans, il
n'a jamais été malade, et n'avait
jamais eu d'accidents hystériques. A cet
âge , il s'aperçut que son ventre
se ballonnait peu à peu, qu'il se
développait une grande sensibilité
à l'épigastre et des douleurs
très vives dans les intestins. On crut
à cette époque à une
péritonite chronique.
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- La douleur épigastrique s'est
fréquemment accompagnée de
distension brusque de l'abdomen, par le fait
d'une production de gaz qui est devenue presque
continuelle.
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- Vers l'âge de seize ans et demi, ce
jeune homme fut pris de sa première
attaque hystérique, à la suite
d'un coït. Elle dura près d'un quart
d'heure.
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- Peu à peu les attaques devinrent plus
fréquentes et se reproduisirent tous les
jours ou tous les deux jours.
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- La sensation de boule hystérique
existait constamment, et la région
temporale droite, dans un espace d'un pouce
carré, était le siége d'une
douleur très vive qui augmentait par la
pression (clou hystérique).
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- Les attaques ont été,
tantôt spontanées, tantôt
provoquées. Mais une
contrariété, une dispute, les
provoquent ordinairement. Elles
débutent par des pandiculations et par
des bâillements, puis surviennent
quelques convulsions des membres
supérieurs et du trismus. Dès le
début, l'intelligence n'est
qu'embarrassée; mais bientôt
surviennent la perte de connaissance, et des
convulsions générales. Quand les
convulsions diminuent, le malade se met à
parler de choses qui ont pu l'occuper, il se
plaint constamment d'un poids sur la
poitrine.
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- L'attaque se termine habituellement par un
sommeil profond; au réveil, il y a
dës éclats de rire involontaires et
incoercibles
- mais pas de pleurs. Ces attaques ont
ordinairement une durée de quinze
à vingt minutes, mais quelquefois elles
ont duré trois heures. Elles ont lieu
indifféremment la nuit ou le jour. A la
suite de l'accès, il y a de la fatigue
qui dure toute la journée. On n'observe
aucun trouble du côté de la
sensibilité. Les conjonctives, les
muqueuses nasale et buccales sont
également sensibles des deux
côtés. La vue n'est pas affaiblie.
L'ouie n'offre aucun trouble. La douleur
à l'épigastre est très vive
et s'irradie un peu du côté gauche;
il n'y a pas de douleur à la pression des
apophyses épineuses non plus qu'à
celle des vertèbres dorsales et des
gouttières vertébrales.
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- Les membres supérieurs ont
conservé toute leur force, les membres
inférieurs sont remarquablement
affaiblis.
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- Au 20 avril 1856, l'état du malade
est toujours le même, seulement les
attaques reviennent plus rarement.
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- Ce fait offre encore un exemple non douteux
d'hystérie avec
- les phénomènes en sont
caractéristiques.
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