There are two basic ideas about the dangers
related to the yawn. In yawning, either the soul escapes
and flees the body through the gaping mouth or the devil
enters the body through the same aperture. Both dangers
are grave and should be averted !
p 22 [...] Que
l'éternuement ait
été baptisé du nom de
génie ou qu'il ait été
produit par quelque daïmon inspirateur et
quelle qu'ait été l'opinion de
Socrate, il n'en est pas moins certain que les
Grecs le considéraient comme une
manifestation divine. Aristote nous en est
garant; nous savons d'ailleurs par
Xénophon et par Athénée
qu'on le traitait avec un respect
religieux.
L'explication de l'éternuement par
l'action d'un esprit se retrouvait hier encore
en Angleterre et en Ecosse parmi les nourrices.
Tant que l'enfant n'avait pas
éternué on considérait
qu'il était habité par les
fées et comme ensorcelé. Les
Irlandais, désireux de débarrasser
l'enfant de ces hôtes importuns,
procèdent de la façon
suivante:
On fait un bon feu dans lequel on jette
quantité de certaines herbes prescrites
par les femmes-fées et lorsqu'il s'en
échappe une épaisse fumée
on porte trois fois l'enfant autour du feu en
récitant une incantation et en
répandant abondance d'eau bénite.
Durant ce temps toutes les portes doivent
être closes, de peur que, pressée
par la curiosité, une fée ne
pénètre et aperçoive la
cérémonie. On doit continuer ces
rites magiques jusqu'à ce que l'enfant
éternue trois fois, car le charme est
ainsi détruit et l'enfant est
désormais à l'abri du pouvoir des
sorciers.
Il est fort probable que des idées
analogues ont longtemps régné dans
toute l'Europe. Le bâillement
donnait jadis lieu à des signes de croix.
« C'est encore une coutume répandue
au Tyrol de se signer quand on bâille, de
peur que quelque chose de mauvais n'entre alors
dans la bouche. Anciennement on
n'hésitait sans doute pas à nommer
le démon. L'éternuement par contre
devait présager sa sortie.
Les Tchèques prétendent avoir
un moyen infaillible de reconnaître la
présence du diable, car ils croient qu'il
provoque un violent éternuement lorsqu'on
lui présente une croix.
En Hollande semble avoir régné
une opinion contraire: On croit qu'une personne
qui éternue se livre par là
même au pouvoir d'un sorcier, à
moins que quelqu'un n'invoque la
bénédiction divine. Ce pourrait
bien être là une croyance tardive
destinée à justifier l'invocation.
L'idée de l'éternuement-exorcisme
a dû être la règle.
L'opinion qui voit dans
le bâillement un
signe de l'entrée du diable et
dans l'éternuement un signe de sa sortie
est encore très fréquente dans
l'Islam. Assas-bou-Malek, El Barâ,
Abou-Horeira, Solaïman-El-Tïmi font
tous remonter cette opinion au Prophète
[LXV à LXVIII]. (le
bâillement et l'Islam)
L'importance attachée à
l'éternuement a donc été un
fait absolument général et l'on
peut dire qu'il n'y a pas de peuple qui ne l'ait
considéré comme un moment
critique, souvent comme le signal de
l'apparition ou de la disparition d'un danger.
De là les salutations que l'on prodigue
alors, les souhaits de vie ou les
félicitations. Nous pourrions
considérablement allonger ce chapitre en
citant ici les formules employées;
[...]
XX. - CRAINTE DE L'ÉTERNUEMENT
(p102)
« Juste au moment où nous
allions aborder au port, soudainement les hommes
firent reculer le navire, disant :«
Quelqu'un vient d'éternuer, nous ne
pouvons pas jeter l'ancre à
présent. » Ils jetèrent
l'ancre cependant quelques instants
après. Un éternuement les emplit
de crainte ; mais, en attendant un peu de temps,
ils pensent que la mauvaise influence
s'éloigne. »
Après un éternuement, vous
pouvez manger ou vous baigner mais vous ne
pouvez pas entrer dans une maison parce que
c'est considéré comme un mauvais
présage.
Un Hindou n'hésite pas à
remettre un voyage ou quelque affaire importante
s'il entend quelqu'un éternuer.
XXI. - SIGNIFICATION DE
L'ÉTERNUEMENT
Dans l'Inde, on attache une grande
importance à l'éternuement ; les
différentes manières dont on
s'acquitte de ce besoin s'interprètent de
bien des façons. Par exemple, si une
femme indienne, malgré l'extrème
envie qu'elle a d'éternuer, n'en peut
venir à bout, elle est persuadée
qu'en cet instant-là même, son
mari, absent, éprouve une
velléité
d'infidélité non suivie
d'effet.
XXII -
BAILLEMENT
L'Hindou doit, quand il bâille, faire
claquer son pouce sur ses doigts et prononcer le
nom de quelque dieu, de Rama, par exemple;
négliger de le faire c'est un
péché aussi grave que le meurtre
d'un brahmane.
XXIII - L'AVERTISSEMENT NASAL
Si quelque pieux hindou éternue par
hasard au moment où il commence ses
ablutions matinales dans le Gange, il recommence
immédiatement ses prières et sa
toilette. Parmi les Alforangs ou les
aborigènes de l'Ile de
Célèbes, dans l'archipel Indien,
s'il arrive à l'un d'eux
d'éternuer au moment où il quitte
une réunion d'amis, il reprend de suite
sa place jusqu'à ce qu'il ressente un
nouveau tressaillement.
XXIV. - DANS L'INDE SEPTENTRIONALE DE NOS
JOURS
Comme on peut s'y attendre, les Bhûts
(esprits) aiment beaucoup à entrer par la
bouche. C'est la raison de tous les rincements
de bouche qui font partie du rituel journalier
des Hindous et de la plupart des
précautions compliquées qu'ils
prennent lors de leurs repas.
XXV - DANGER DU
BAILLEMENT
Il est mauvais de bâiller, car deux
espèces de dangers sont à redouter
: ou bien les Bhûts peuvent descendre dans
votre gorge, ou bien une partie de votre
âme peut s'échapper et ce sera
très difficile de la rattrapper. Aussi,
s'il vous arrive de bâiller, il faut
mettre votre main devant votre bouche et dire
ensuite : Mârâyan! «Grand
Dieu!» ; ou il faut faire craquer vos
doigts, ce qui effraiera le mauvais esprit.
p 118 LXVI. - DE CE
QU'IL Y A DE FAVORABLE DANS L'ÉTERNUEMENT
ET DE CE QU'IL Y A DE FACHEUX DANS LE
BAILLEMENT
Abou-Horeïra rapporte que le
Prophète a dit : - Dieu aime
l'éternuement, mais il hait le
bâillement. Lorsque quelqu'un
éternue et qu'il dit - Louange à
Dieu! tout Musulman qui l'a entendu, doit lui
adresser un souhait. Quant au bâillement
comme il provient du démon, il faut le
réprimer autant qu'on le peut. Dès
que quelqu'un fait ha! le
démon
se met à rire.
L'univers, en mythologie
indoue, s'est produit par le
bâillement de
l'Adi-Purusha, un être éternel. Il
l'a senti nécessaire pour surveiller
l'univers. Ainsi, il a créé
seigneur Vishnu et seigneur
Shiva...
Dictionnaire des institutions, moeurs et
coutumes de la France. Cheruel A. Paris Hachette
1865
Les femmes espagnoles, lorsqu'elles
bâillent, ne manquent pas de se signer
quatre fois la bouche avec le pouce, de peur que
le diable n'y entre. Cette superstition remonte
à des temps reculés, et chez
beaucoup de peuples on a regardé le
bâillement comme une crise
périlleuse. Les Indiens font craquer
leurs doigts quand quelqu'un baille, pour
éloigner les démons.
Dictionnaire infernal de Jacques
Collin de Plancy (1794-1881)
The Prophet said, "Yawning is from Satan and
if anyone of you yawns, he should check his
yawning as much as possible, for if anyone of
you (during the act of yawning) should say:
'Ha', Satan will laugh at him."
Hadith - Bukhari Narrated Abu Huraira
The Prophet said, "Allah likes sneezing and
dislikes yawning, so if someone sneezes and then
praises Allah, then it is obligatory on every
Muslim who heard him, to say: May Allah be
merciful to you (Yar-hamuka-l-lah). But as
regards yawning, it is from Satan, so one must
try one's best to stop it, if one says 'Ha' when
yawning, Satan will laugh at him."
Hadith - Muslim, Narrated AbuSa'id
al-Khudri
Allah's Apostle said: When one of you yawns,
he should try to restrain it with the help of
his hand since it is the Satan that enters
therein.
Hadith - Mishkat, Narrated AbuHurayrah ,
transmitted by Tirmidhi and Ibn Majah.
Allah's Messenger said, Yawning in prayer is
an act of Shaytan, so when one of you yawns he
should restrain it as much as possible. In
another version it the word are: He should place
his hand upon his mouth.
Hadith - Mishkat, Narrated by Grandfather of
Adi ibn Thabit, Transmitted by Tirmidhi
Allah's Messenger said: Sneezing, drowsing,
yawning in prayer, also menstruation, vomiting
and nose-bleeding are from (the acts of)
Shaytaan (Satan).
L'Islam voit dans le bâillement un signe
de l'entrée du diable et dans
l'éternuement un signe de sa sortie.
"Le Prophète a dit que Satan
s'efforce de divertir le fidèle en
prière. C'est une épreuve qu'Allah
veut bien infliger aux croyants. L'un des moyens
employés par Satan pour divertir le
fidèle consiste à dominer ses
pensées, à l'intriguer dans sa
prière. Un autre moyen consiste à
le faire bâiller de sorte à le
détourner de sa prière. Le
Prophète nous a informé que le
bâillement est provoqué par Satan
et nous a donné l'ordre de
l'éviter tant que faire se peut. Quand il
s'impose à nous, nous devons fermer notre
bouche avec notre main."
'En Inde, les Bhûts (esprits) sont
censés aimer entrer par la bouche. Il est
alors dangereux de bâiller, car deux
espèces de risques sont à
redouter: ou bien les Bhûts vont
pénétrer le corps au travers de la
gorge, ou, au contraire, une partie de
l'âme pourrait s'en échapper. Dans
ce cas, il serait très difficile de la
rattraper; c'est pourquoi il est
recommandé de placer sa main devant sa
bouche et dire ensuite: Mârâyan!
«Grand Dieu!» ; ou faire craquer ses
doigts, ce qui effraierait le mauvais
esprit.
En Europe, vers 590, du temps du pape
Grégoire le Grand, une
épidémie d'une peste maligne
décima la population engendrant de
nombreuses superstitions: "il était
mortel de bâiller dans le tems de cette
peste, & que c'est de là qu'est venue
l'habitude de faire sur la bouche le signe de la
croix quand on bâille". "Il régna
une peste qu'il appelle inguinale, parce qu'il
s'élevoit un bubon dans les aines qui
faisoit à tout à coup mourir les
hommes dans les rues, dans leurs maisons, au
jeu, à table; ils rendaient l'âme
en éternuant, ou en bâillant; c'est
pourquoi l'on disoit Dieu vous garde, à
ceux qui éternoient. Ceux qui
bâillaient faisoient le signe de croix sur
leur bouche" (Le Camus,
1769).
« En 591, il y eut une grande
mortalité dans tous les pays, au point
que les hommes tombaient dans les rues, dans les
auberges, dans les sociétés et
étaient trépassés. Et quand
une personne éternuait, son âme
s'envolait. De là vient le mot: Dieu vous
aide! Et quand une personne
bâillait, elle mourait. De
là vient que quand on
bâille, on fait le signe de la
croix devant la bouche. » [Ch. Boersch,
Essai sur la mortalité à
Strasbourg, Thèse p79. Strasbourg;
Silbermann G. Editeur; 1836; 201 p]
Risala ou Traité
abrégé de droit malékite et
morale musulmane Kayrawani (Ibn Abou
Zeyd)
traduction avec commentaires par
Edmond Fagnan (1846-1931)