Bâillements et pandiculations sont des
comportements universels, propres aux
vertébrés, plus proches d'une
stéréotypie émotionnelle
que d'un réflexe.
Phylogénétiquement anciens,
ontogénétiquement précoces,
ils extériorisent des processus
d'homéostasie des systèmes
d'éveil, de la satiété et
de la sexualité d'origine
diencéphalique. Chez l'Homme, le
bâillement est un élément
d'une communication non verbale, proche de
l'empathie. Les cultures occidentales et
orientales en donnent des sens
différents. Cette étude
comparative des connaissances populaires et
médicales, en France et en Inde, rend
compte de leur faible niveau, plus proche des
croyances que des connaissances scientifiques.
Peut-être, un jour, l'enseignement
médical s'ouvrira-t-il à
l'étude de ce comportement quotidien de
tout homme !
Depuis l'Antiquité, le
bâillement n'a que fort peu
intéressé tant les philosophes,
les psychologues ou les physiologistes que les
enseignants, les moralistes ou les
médecins. Pourtant, quoi de plus banal
que de bâiller. Chacun le fait 5 à
10 fois par jour. La plupart des
vertébrés, des oiseaux à
l'homme, depuis la vie intra-utérine
à la mort ont été reconnus
comme bâilleurs. Bien qu'il procure
souvent un bien-être à celui qui
bâille, il est de règle de chercher
à le masquer.
Les neurosciences contemporaines cherchent
encore l'explication complète de ses
mécanismes intimes. Mais, surtout, sa
finalité physiologique exacte reste
l'objet de débats, certains lui
attribuant un mécanisme de stimulation de
l'éveil (Walusinski, 2006),
contesté par d'autres qui le lient au
poids du facteur homéostasique
hypnogène s'accumulant tout au long de la
période d'éveil (Guggisberg et al.
2007).
Nous nous proposons d'embrasser un large
survol culturel et médical des
conceptions et croyances qui s'y rapportent en
comparant les cultures arabes, occidentales et
indiennes, populaires et médicales.
Ainsi, nous pourrons avancer l'idée de la
nécessité d'évoquer le
bâillement au cours des études
médicales à côté du
sommeil et des troubles de l'éveil.
Over the ages, various
superstitions have developed to describe this
behavior. The Ancient Greeks believed that
yawning was not a sign of boredom, but that a
person's soul was trying to escape from its
body. Some consider a yawn as a sign that danger
is near, while in some Latin American, East
Asian and Central African countries yawning is
said to be caused by someone else talking about
you. Vergil
in his De Rerum Inventoribus, wrote that "it was
customary to make the sign of the cross over
one's mouth, since alike deadly plague was
sometime in Sign of the cross. yawning,
wherefore men used to fence themselves with the
sign of the cross...which custom we retain at
this day."
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