resolutionmini

mise à jour du
17 septembre 2006
Ce texte résume
un mémoire rédigé
en vue de l'obtention du diplôme de
professorat de yoga
Le bâillement une forme de yoga spontané ?
Nicole Bourgne
2006 
Yoga : Pandiculation in english
 
Une thérapeutique naturelle, le bâillement
N. Perez-Christiaens 1980
Yawning by Henrietta Russell 1891 and pdf

Chat-logomini

Panic, suffocation false alarms, separation anxiety and endogenous opioids Preter M, Klein DF
 
 
Abstract : The guru within
This study was proposed directly for publication on the website.
 
Sinews, muscles and other organs - the wondrous biological-computer-machine that we occupy, can be too our "Guru", the "Inner Guru". Of course, it's a metaphor, or a poetic stretch. Our body gives us messages, warnings, and rewards. Our Guru says: "relax, stretch, breathe, open". All this depict our interoception (see: Yawning: unsuspected avenue for a better understanding of arousal and interoception).
 
Yoga is a way of life that originated in India, several thousands of years ago, and can offering the opportunity to become aware to sustain a dialogue with 'the Guru".
 
Yoga involves, during practice, much more than the asana (postures) and pranayama (breathing exercises) that most people are familiar with (also known as Hatha Yoga), like meditation or relaxation. Hatha Yoga is an ancient, systematic practice for re-creating the "yawn-experience" throughout every part of the body. When the postures of Hatha yoga are explored, yawn and stretch naturally turn up and give evidence for the harmony of mind and body. Frequently, an urge to yawn comes up during the yoga or deep breathing. They must not be suppressed. How satisfying a good yawn feels, and how refreshing it can be ! When yawning, the body seems to do yoga involuntarily ! Releasing built up physical and emotional tension slowly liberates vast resources of energy.
 
A regular yoga practice can gradually and significantly increase a person's sense of self-acceptance and inner peace. This can explain why Yoga is quickly becoming a mainstream tool for stress reduction.
 
We become proud to propose a resume of the thesis, sustained by Dr N. Bourgne, for her teaching ability accreditation (yoga) : "yawning, a spontaneous form of yoga"
 

« Le yoga, de la racine sanscrite « yuj», signifiant « unir en mettant sous le joug », est d'abord la discipline unifiant en l'homme les dualités, lui permettant ainsi de participer à la vie divine » écrit Ysé Tardan-Masquelier, présidente de la Fédération Nationale de Enseignants de Yoga (Le yoga, Encyclopédie des phénomènes spirituels, Plon/Mame, Paris, 1995).
 
Alors que le yoga indien constitue, au sens propre du terme, une philosophie, une réalisation de la sagesse, en raison de son rapport direct et simple aux conceptions métaphysiques de la culture dans laquelle il est né.
 
Le yoga occidental serait plutôt « une démarche globale et expérimentale qui s'appuie sur un ensemble de techniques spécifiques et qui se réfère à la tradition de l'Inde. Il tend, par une prise de conscience progressive, à l'harmonisation des facultés corporelles, affectives, mentales et spirituelles de l'être humain». En résumé, les pratiquants du yoga recherchent une détente physique et psychique.
 
Pourquoi bâiller répond-il à cette aspiration ?
 
L'attention que l'on peut apporter à son propre bâillement permet de ressentir l'ample ouverture de bouche accompagnant la profonde inspiration, l'extension de la nuque faisant percevoir la mobilité vertébrale, comme un "décrassement articulaire". A l'acmé du bâillement, un bref moment de déconnexion du monde environnant a lieu et, à la phase suivante de récupération, se produit un sentiment de relâchement, de bien-être, comme si on avait écouté son corps avec plaisir. Ce bâillement "abouti" donne une impression d'aiguisement de la sensorialité et de la vigilance en même temps qu' une grande détente et un apaisement intérieur, ce que l'on recherche précisément dans la pratique du yoga.
 
L'inspiration « puraka », véritable sur-inspiration active, d'abord abdominale puis thoracique, suivie d'une apnée à thorax plein, « antar khumbaka », puis d'une expiration « rechaka » et enfin d'une apnée poumons vides, « bahir khumbaka » correspondent aux temps ventilatoires du bâillement mais également à ceux d'un « prânâyâma », terme regroupant des techniques de contrôle respiratoire enseignées en yoga. La répétition de cette ventilation volontaire consciente et contrôlée suffit à déclencher un vrai bâillement involontaire comme l'avait déjà signalé R. Trautmann dans sa thèse en 1901.
 
Au cours d'une séance de yoga, les bâillements s'expriment spontanément, en rythmant le travail postural et respiratoire . Le maintien de postures toniques ou dynamiques inhibe le déclenchement des bâillements qui explosent ensuite lors des amples ventilations de décontraction qui les suivent. A noter aussi que certaines pratiques semblent favoriser la survenue de bâillements, soit pendant, pour la posture du « mourant » (shavâsana,), soit juste après : il s'agit surtout de « l'éveil » (buddhi mudra prânâyâma), de la « chandelle », (sharvângâsana), du « repos en soi » (karnapîdâsana), de « la charrue » (halâsana) ou le « foetus lié » (baddha shira hasta supta garbhâsana). Une pratique de relaxation comme yoga nidra est également l'occasion de bâillements impérieux s'accompagnant généralement d'étirements des membres et du tronc, réalisant alors une pandiculation.
 
Une enquête, réalisée auprès d'adhérents d'une association de yogi, révèle que, si 73% disent bâiller dans la vie habituelle, 93 % bâillent très souvent pendant une séance de yoga; pour 75%, le yoga a modifié leur façon de ressentir leurs bâillements: lâcher-prise, détente, intériorisation, bien-être, vitalité sont les plus fréquemment cités. La réticence ou la gêne de bâiller au sein d'un groupe s'amenuise au fil des séances, et les bâillements deviennent libres et complets, sans être masqués par la main.
 
La conscience très fine portée au bâillement pendant une pratique de yoga, alliée à la connaissance des textes fondateurs du yoga, permet aux yogi d'appréhender une dimension plus subtile du bâillement.
 
Cette approche suggère un lien probable entre le bâillement et le « prâna » (souffle et énergie vitale), dont une relation particulièrement avec le centre énergétique de la gorge ou "vishuddi cakra".
 
Par ailleurs, cet éclairage ésotérique, propose que le bâillement abouti, vécu en pleine conscience, puisse permettre d'expérimenter, même de façon très furtive, les huit étapes constitutives de l' « asthanga yoga » de Patanjali dont les 7 premières sont « yâma » et « nyâma » qui posent l'éthique de vie, "âsana" ou pratiques posturales, « prânâyâma » ou art du souffle, « pratyahâra » qui procède du retrait des sens ou intériorisation, « dhârana » ou concentration, « dhyâna » ou méditation, et être ainsi une porte vers l'étape ultime, « samâdhi » ou enstase, qui réalise l'état d'unité, accomplissement du « râja yoga ».
 
Ainsi, bâiller survient de façon privilégiée au cours de la pratique du yoga, qu'il rythme et soutient. Réciproquement, la pratique du yoga développe l'aptitude, enfin retrouvée, à bâiller librement et complètement. Elle facilite la conscience du bâillement ainsi que celle de ses effets tangibles et subtils. Une spirale de renforcement conscience / effets s'installe puis se déploie, de la périphérie vers le centre, pour permettre une évolution, une transformation de la personne.
 
Par ailleurs, bâiller, comportement régulateur de l'éveil/sommeil, de la faim/satiété, du désir/satisfaction (Walusinski) , apparaît, à première vue, comme duel car survient, de façon paradoxale, en chacune de ces circonstances opposées. Au-delà de ce paradoxe de façade, parce qu'il permet la transition entre chacun de ces états, bâiller se révèle être l'union des paires d'opposés…
 
C'est pourquoi, bâiller peut se concevoir comme une forme spontanée de yoga ; non pas un autre yoga « quelconque » qui répondrait à une tentative de créer un effet de mode comme malheureusement il s'en développe régulièrement…
 
Non, bâiller en conscience est simplement yoga par essence, dont il est lui-même le guru …
 
«Le bâillement qui est un guide très sûr, est en même temps un guru qui donne une initiation très spéciale: celle de ne plus résister aux forces de la Nature, aux Forces créatrices, à l'Energie créatrice qui, alors, entre à plein flots et revivifie tout l'être» comme l'écrivait Noëlle Perez-Christiaens (Une thérapie naturelle: le bâillement, Chiron, Paris, 1980).
 
PRESENTATION DE L'AUTEUR
 
Nicole Bourgne est médecin et enseignante de yoga.
 
Docteur en médecine en 1986, elle débute une carrière hospitalière puis exerce depuis 1990 en service interentreprises de santé au travail.
 
Initiée au yoga en 1970 par Patrick Tomatis, elle pratique régulièrement depuis 1997 avec Martine Mangold et termine en 2006 sa formation d'enseignante à l'Ecole Alsacienne de Yoga de Strasbourg, dirigée par Colette Feuerstein. Affiliée à la FNEY (Fédération Nationale de Enseignants de Yoga, rattachée à l'Union Européenne de Yoga), elle commence à transmettre le yoga, selon l'enseignement de Nil Hahoutoff, en 2005.