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- On peut comparer les effets du sommeil sur
les forces sensitves, intellectuelles du cerveau
et l'émission de certaines idées
vagues, incohérentes pendant les
rêves, aux effets plus sensibles du froid
sur les forces vitales, naturelles des autres
organes et au développement d'une
certaine chaleur partielle,
irrégulière pendant la
durée du refroidissement.
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- Comme le sommeil interrompt l'exercice
actuel des forces sensitives productrices de la
pensée, le froid suspend de même
celui des forces vitales
génératrices de la chaleur. Mais
la puissance radicale de ces forces est
conservée: elle augmente même par
l'affaiblissement de leur exercice et le
principe de la chaleur s'accumule, se concentre
avec elle. Dès-lors il suffit de la
moindre circonstance pour mettre ces forces en
acte et pour leur faire repandre
çà et là des traits
irréguliers de chaleur, sur-tout si
l'excitation déterminée par le
frottement ou par telle autre cause
légère dans quelques organes en
provoque l'émission. On éprouve de
ces tarits irréguliers, de ces
bouffées vagues de chaleur, après
s'être exposé long-temps à
une température glacée,
après avoir enduré toute la
rigueur du froid excessif.
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- On les éprouve dans le premier
pérode de la fièvre et dans les
affections aigües où la masse
entière du corps est
pénétrée de froid lorsque
l'impression d'une chaleur ardente se fait
sentir à plusieurs de ces parties
isolées. Le sommeil étant à
la formation des idées ce qu'est le froid
à la production de chaleur, il ne faut
pas s'étonner que le cerveau d'une
personne endormie rève ou forme certaines
séries d'idées confuses qui
l'assiègent momentanément, comme
les organes d'un corps refroidi
s'échauffent ou produisent certaines
distributions de chaleur inégales qui les
parcourent spontanément.
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- Si l'absence ou le défaut
d'excitation procure le sommeil, le retour ou
l'action des causes excitantes ramène
l'état de veille. Un nouvel ordre de
phénomènes annonce ce changement.
Les yeux s'ouvrent avec plus ou moins de
difficulté. Les muscles se contractent
d'une manière lâche, vague
incertaine: ils semblent s'essayer au mouvement;
ils étendent et fléchissent
alternativement tous les membres qui
cèdent enfin aux efforts de l'extension.
La poitrine se dilate; la respiration
s'agrandit, le jeu des poumons se
répète à toute la machine;
les bâillements, les soupirs, les
pandiculations concourent ensemble à
ranimer l'action des parties.
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- L'ordre de la circulation se rétablit
et l'exercice des organes intérieurs se
met en harmonie avec celui des organes externes.
Si le réveil est déterminé
par une cause brusque et soudaine, l'excitation
imprimée aux forces sensitives et
motrices agissant d'une manière trop
rapide, trop vive produit les mouvemens
précipités, convulsifs des muscles
qui accompagnet le réveil en sursaut. Ces
mouvements très marqués dans
certains muscles sont occasionnés par le
passage subit de l'inertie à l'action des
organes qui brusquement excités par le
réveil, ne peuvent communiquer ou
distribuer en même temps à tout le
système les mouvemens que cette
excitation presse et accumule sur eux.
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