- When Pallas issued from the
brain of Jove,
- Momus, the Mimic of the Gods
above,
- In his mock mood impertinently
spoke,
- About the birth, some low,
ridiculous joke:
- Jove, sternly frowning, glow'd
with vengeful ire,
- And thus indignant said
th'Almighty Sire;
- "Loquacious slave, that laugh'st
without a cause,
- "Thou shalt conceive, and bring
forth at thy jaws."
- He spoke --- stretch'd in the
hall the Mimic lies,
- Supinely dull, thick vapours dim
his eyes:
- And as his jaws a horrid chasm
disclose,
- The Gallic trumpet sounded from
his nose;
- Harth was the strain, and
horrible to hear,
- Like German jargon grating on
the ear.
-
- At length was Polychasmia
brought to light,
- Like her strange sire, and
grandmother Old Night.
- Her eyes to open oft in vain she
try'd,
- Lock'd were the lids, her mouth
distended wide.
- Her?? when Prometheus happen'd
to survey
- (Rival of Jove, that made
mankind of clay)
- He dared to emulate the wondrous
frame,
- Nor sought assistance from
celestial flame:
- To three Lathaean cups he
learned to mix
- Deep sighs of virgins, with
three blasts from Styx,
- The bray of asses, with the
grunt of boar,
- The sleep-preceeding groan, and
hideous snore.
- Thus took the Goddess her
mirac'lous birth,
- Helpful to all the muzzy sons of
earth.
-
- Behold! The motley multitude
from far
- Haste to the town, and crowd the
clam'rous bar.
- The prest bench groans with many
a squire and knight,
- Who weigh out justice, and
distribute right:
- Severe they seem, and formidably
big,
- With awful aspect and tremendous
wig.
- The pale delinquent pays averse
his fine,
- And the fat landlord trembles
for his sign.
- Poor, pilfering villains skulk
aloof dismay'd,
- And conscious terrors seize the
pregnant maid.
- Soon Polychasmia, who was always
near,
- Full fraught with morning cups
of humming beer,
- Steals to his worship's brain;
thence quickly ran
- Prodigious yawning,
catch'd from man to man:
- Silent they nod, and with
laborious strain
- Stretch out their arms, then
listless yawn again:
- For all the flowers of rhetoric
they can boast,
- Amidst their wrangings, is to
gape the most:
- Ambiguous quircks, and friendly
wrath they vent,
- And sire and take the leaden
argument.
-
- Ye too, Fanaticks, never shall
escape
- The faithful muse; for who so
widely gape?
- Mounted on high, with ferocious
care perplext,
- The miserable preacher takes his
text;
- Then into parts minute, with
wondrous pains,
- Divides, connects, disjoints,
obscures, explains:
- While from his lips lean periods
lingering creep,
- And not one meaning interrupts
their sleep,
- The drowsy hearers stretch their
weary jaws,
- Add groan to groan, and
yawn a loud applause.
-
- The quacks of Physic next
provoke my ire,
- Who falsely boast Hippocrates
their sire:
- Goddess! Thy sons I ken---
verbose and loud,
- They feed with windy puffs the
gaping crowd.
- With look important, critical,
and vain,
- Each to his nose applies the
gilded cane;
- Each as he nods, and ponders
o'er the cafe,
- Gravely collects himself into
his face,
- Explains his medicines --- which
the rustic buys,
- Drinks the dire draught, and of
the doctor dies;
- No pills, no potions can to live
restore;
- ABRACADABRA, necromantic
power!
- Can charm, and conjure up from
death no more
-
-
- The Sophs, great Goddess, are
thy darling care,
- Who hunt out questions
intricately rare;
- Explore what secret spring, what
hidden cause,
- Distends with hideous chasm
th'unwilling jaws,
- How watery particles with
wonderous power
- Burst into sound, like thunder
with a shower:
- How subtile matter, exquisitely
thin,
- Pervades the curious network of
the skin,
- Affects th'accordant nerves ---
all eyes are drown'd
- In drowsy vapours, and the
yawn goes around.
- When?? Phoebus thus his flying
fingers flings
- Across the chords, and sweeps
the quivering strings;
- If e'er a lyre at unison
remain,
- Trembling it swells, and
emulates the strain:
- Thus Memnon's harp, in ancient
times renown'd,
- Express'd, untouch'd,
sweet-modulated found.
-
- But oh! Ungrateful! To thy own
true bard,
- Is this, O Goddess! this my just
reward?
- Thy drowsy dews upon my head
distil,
- Just at the entrance of th'
Aonian hill;
- Listless I yawn,
unactive, and supine,
- And at vast distance view the
sacred Nine:
- Wishful I view Castalia's
streams, accurst,
- Like Tantalus, with
unextinguish'd thirst:
- The waters fly my lips, my claim
disown ---
- Pope drinks them deeply, they
are all his own.
- Thus the lank Sitar views, with
gaze aghast,
- The happy Tutor at his noon's
repast;
- In vain his teeth he grinds ---
oft checks a sigh,
- And darts a silent censure from
his eye:
- Now he prepares, officious, to
convey
- The lessening relicks of the
meal away---
- In vain --- no morsel 'scapes
the greedy jaw,
- All, all is gorg'd in
magistorial maw;
- Till at the last observant of
his word,
- The lamentable waiter clears the
board,
- And inly-murmuring miserably
groans,
- To see empty dish, and hear the
rattling bones.
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- Lorsque Pallas Athéna
naît en jaillissant du
crâne de Jupiter
[Jove/Zeus], Momos
[divinité mineure de la
Moquerie] tourne la situation en
dérision. Pour le punir,
Jupiter lui impose de donner la vie
à son tour, mais à
partir de sa bouche. Momos se
retrouve donc allongé par
terre, le regard troublé par
d'épaisses vapeurs. Sa bouche
s'ouvre, révélant un
effroyable gouffre [« chasm
»], et son nez produit le
son d'une « trompette gauloise
», un bruit horrible et
grinçant, que l'auteur
compare à la langue
allemande.
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- Ce processus donne naissance
à Polychasmia , qui
par son père Momos serait la
petite fille de Nyx, la
déesse de la nuit. Ses
paupières sont comme
fermées à clé
malgré ses efforts pour
ouvrir les yeux, mais sa bouche, par
contre, est grande ouverte. Ensuite
l'auteur fait
référence à
Prométhée, le rival de
Jupiter, celui qui aurait
créé les hommes
à partir d'une motte
d'argile. Quelques mots semblent
manquer dans le poème, mais
on peut penser que
Prométhée a
également
façonné Polychasmia en
mélangeant des soupirs de
vierge avec trois jets du fleuve
Styx, ainsi que le cri des
ânes et le reniflement du
sanglier, pour produire le
grognement qui précède
le sommeil et le hideux
ronflement. La naissance de cette
déesse du
bâillement est
décrite comme étant
utile aux esprits confus de la
terre.
-
- Dans la troisième partie,
l'auteur décrit une audience
devant des juges
sévères et
impressionnants avec leurs
perruques. Tous tremblent devant eux
&endash; le délinquant, le
propriétaire, le vaurien et
la jeune fille enceinte.
Polychasmia, toujours prête
à intervenir, surtout
auprès de ces juges
imbibés de bière, ne
tarde pas à se manifester,
s'infiltrant dans leurs cerveaux et
faisant « courir » d'homme
à homme un prodigieux
bâillement. En silence les
juges dodelinent de la tête et
s'étirent les bras
laborieusement, puis bâillent
de nouveau. Entre dispute et
déclaration, ils
«engendrent» des
bâillements et les
transmettent entre eux, comme des
«arguments en plomb»
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- La quatrième partie parle
des « Fanaticks » ou
prêcheurs. Pendant qu'un
prédicateur dissèque,
relie, embrouille, explique son
texte, ceux qui l'écoutent
s'étirent la mâchoire.
Leurs bâillements
bruyants constituent une sorte
d'applaudissement.
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- Dans la cinquième partie,
on se rend compte que l'auteur est
en train de dresser une liste de
tous ceux qu'il n'aime pas, à
laquelle viennent s'ajouter les
charlatans avec leurs remèdes
miracles. Ces « quacks »
ne sont pas les fils de Hippocrate
comme ils le prétendent, mais
plutôt ceux de Polychasmia :
ils « nourrissent » la
foule, bouche bée, avec leur
discours « venteux ». Et
lorsqu'un pauvre paysan
achète une potion, il en
meurt, et aucun antidote magique ne
peut le faire revenir.
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- Ensuite l'auteur parle des
philosophes, qui sont toujours, sous
la protection de la déesse,
à la recherche de questions
complexes et rares. Par exemple,
quelle est la cause secrète,
décrite comme « la
source cachée », qui
écarte la mâchoire pour
produire cet horrible trou ? Comment
les particules d'eau de cette source
éclatent-elles soudain aux
oreilles, comme un orage
d'été ? Comment la
peau est-elle
pénétrée par
cette matière subtile qui
submerge les yeux dans des vapeurs
de somnolence et font que le
bâillement circule ? Si
Phébus [Apollon] est
en train de jouer de la lyre
à ce moment là, le
bruit du bâillement
empêcherait aux autres lyres
de s'y accorder : elles seraient
amenées à imiter le
bruit du bâillement, qui agit
par une force invisible, de la
même manière que la
harpe de Memnon produisait de la
musique sans être
touchée.
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-
- Dans la dernière partie,
le poète lui-même est
touché par la déesse
du bâillement, qui lui
recouvre la tête de la «
rosée » du sommeil au
pied du Mont Hélicon
[retraite des Muses]. Il
bâille mollement, tout en
voyant les Neuf [Muses] au
loin. Il voit également les
eaux de Castalie , tout en souffrant
d'une soif insatiable comme Tantale
. Devant les yeux du poète
assoiffé, Pope boit
abondamment de ces eaux. Les
dernières lignes concernent
« Tutor » et « Sitar
», des références
qui restent obscures. Selon le
contexte, il s'agirait
respectivement d'un maître et
de son servant. Comme le
poète regarde Pope
s'inspirant pleinement des eaux des
Muses, le servant regarde manger le
maître en essayant de cacher
sa faim. Le poème se termine
avec le servant en train de
débarrasser l'assiette vide
en écoutant les cliquetis des
os. Une fin qui en effet n'a rien
à voir avec le
bâillement, mais il est
clair que le poète manque
d'inspiration.
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