- John Hunter, 14/02/1728 - 16/10/1793 . D'une
dynastie de médecins écossais,
John Hunter étudia l'anatomie
auprès de son frère Willliam
(1718-1783) qui avait fondé un cabinet
d'anatomie et d'histoire naturelle. Il
découvrira avec ce dernier les vaisseaux
lymphatiques. Ses recherches porteront ensuite
sur l'anatomie comparée, l'embryologie et
la pathologie expérimentale. Il fera une
brillante carrière comme chirurgien dans
les hôpitaux londoniens puis sera
chirurgien général de
l'armée. Il sera un membre éminent
de la Société royale de
médecine de Londres. Ses oeuvres
complètes ont été traduites
de l'anglais en 1843 (versiion de J. F. Palmer)
avec des notes par G. Richelot.
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- Du
sommeil.
- tome 1, page
307-309
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- De la jouissance même du principe
sensitif dont nous sommes doués,
résulte un effet bien remarquable, c'est
le sommeil. Un sommeil parfait est la suspension
de la faculté de percevoir toute
sensation actuelle, de la faculté de
penser, et l'anéantissement de toute
trace du passé, c'est à dire de ce
que l'on appelle la mémoire. Par
conséquent, il y a dans le sommeil
cessation de toutes les actions volontaires La
volition elle même est, sous tous les
rapports dans un repos parfait, et nous sommes,
relativement à nous-mêmes, comme si
nous n'étions pas.
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- Mais le sommeil a ses degrés. Il est
probable que dans tous les cas il y a une
diminution considérable des principes qui
viennent d'être indiqués et surtout
de la sensation; mais ce qui n'est pas toujours
détruit, ce sont les effets de cette
dernière, savoir, les opérations
de l'esprit qui déterminent des actions
à peu de chose près volontaires.
Ainsi, pendant le sommeil, l'esprit peut penser,
et c'est ce qui produit ce qu'on appelle des
songes. Mais rien de semblable aux images que
l'esprit se présente à
lui-même n'existe en
réalité, car les actions
auxquelles il se livre alors ne sont pas l'effet
de nos sensations présentes. On peut
même rêver dans l'état de
veille; il suffit que la pensée s'empare
puissamment de l'esprit, et y fasse naître
une action totalement étrangère
aux sensations présentes, de
manière qu'on ne voie , qu'on n'entende
rien, qu'on ne sente point les objets qui
arrivent au contact du corps. Lorsque ensuite
l'esprit abandonne cette action et revient aux
sensations qui émanent des impressions
présentes on dit qu'on a
rêvé.
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- Toutes les fois que le corps perd la
conscience de sa propre existence, on peut
appeler cela rêver éveillé,
et c'est ce qui arrive souvent quand on
médite profondément. Le sommeil
paraît être au principe sensitif, ce
qu'est au principe vital, l'état qui a
été décrit quand j'ai
parlé de mon propre cas, et que j'ai dit
se produire quelquefois; mais cet état
était lié à une condition
morbide, tandis que le sommeil est
nécessaire.
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- Lorsque les actions du principe sensitif et
du principe vital se suspendent, il se produit
ce qu'on appelle une léthargie.
Dans cet état, toutes le actions
naturelles de l'économie cessent de
s'exécuter, mais elles sont encore
susceptibles de se reproduire.
-
- Dans la syncope, il y a
également suspension des actions qui
émanent de la sensibilité.
L'animal perd totalement la conscience de lui
même. Mais dans la léthargie, la
suspension des phénomènes est
portée plus loin elle s'étend non
seulement au principe sensitif, mais encore au
principe vital lui-même. On voit, en
effet, des personnes tomber en léthargie,
et rester dans cet état sans qu'on puisse
saisir en elles le moindre mouvement
fonctionnel, la respiration, la circulation, la
digestion et toutes les opérations de la
machine animale étant dans un état
de repos complet et si la maladie ou la cause de
cette suspension des actions vitales se
prolonge, il pourra arriver que la
faculté de sentir ne puisse plus se
reproduire.
-
- La syncope causée par la
saignée, par la peur, etc., est une
léthargie, à un degré plus
ou moins avancé, puisqu'elle est le
résultat d'une diminution des deux
principes, surtout du principe sensitif.
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- Le sommeil n'est pas seulement la cessation
des actions volontaires; il produit aussi la
cessation des actions involontaires qui sont
causées par un état morbide dans
les parties soumises à là
volonté comme cela a lieu pour la danse
de Saint-Guy, etc. .
-
- Le sommeil est d'une telle importance pour
le principe sensitif, c'est à dire pour
la sensation, l'intelligence et la volition,
qu'il entre bien pour un tiers dans la
durée totale de ce principe. Comme il
consiste seulement dans une suspension de la
sensation et des phénomènes qui en
découlent on pourrait croire qu'il est de
peu d'utilité pour la machine animale
mais il lui est aussi essentiel que la
nourriture.
-
- Si le sommeil ou plutôt la cessation
de la sensation peut s'allier ainsi avec la
continuation de la vie, on est en droit d'en
conclure que la vie consiste dans une structure
ou organisation particulière, et dans un
principe qui émane de cette structure
surajoutée à la matière
pour en former un composé vivant; car la
vie peut persister, non pas toujours, mais
pendant un certain temps, sans la
sensation.
-
- La sensation est donc une fatigue pour la
vie, et la vie est épuisée plus ou
moins vite, suivant que la sensation a
été plus ou moins excitée
dans un temps donné. C'est pour cela que
dans l'état d esanté la sensation
se suspend périodiquement. La vie
paraît alors à l'aise. C
ephénomène, lié à
l'état d esanté et renfermé
alors dans de certaines limites, peut
dépasser ses limites naturelles sous
l'infulence morbide, comme dans la
léthargie.
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- De la
sympathie
- tome 1, pages
364-367
-
- J'ai cherché à
démontrer qu'il y a chez les animaux
élevés deux principes, savoir, la
vie et l'action des nerfs: cette dernière
est appelée la sensation et la volition;
ou, plutôt, peut-être n'y a-t-il
qu'un principe, la vie, qui sert de base
à l'autre, ainsi qu'à toutes les
actions du corps. J'ai essayé
également de faire voir que la sensation
a pour cause les perceptions de l'esprit, qui
produisent l'action dans le corps vivante. Je me
suis efforcé de démontrer que les
actions les plus simples prennent naissance
indépendamment de la sensation ou des
actions des nerfs; que les nerfs, par leurs
actions spéciales, deviennent seulement
la cause de plusieurs actions, mais qu'ils n'en
sont pas le principe; qu'à raison de leur
terminaison dans lecerveau, ils produisent, dans
cet organe, des sensations de l'ensemble
desquelles émane l'esprit ou intellect;
qu'ils donnent aussi naissance à la
volonté, et fournissent la base sur
laquelle repose le raisonnement. J'ai
montré que l'esprit peut être la
cause de plusieurs actions involontaires qui ont
leur siège dans le corps, de même
que la raison est la cause des actions
volontaires; et qu'ainsi les actions de la vie,
celles des nerfs, de l'esprit et de la
volonté , ont pour origine des
impressions qui exercent leur influence sur ces
divers principes.
-
- Dans mes généralités
sur la maladie, j'ai reconnu dans
1'économie vivante une
susceptibilité pour les impressions, des
impressions , des dispositions qui naissent des
impressions, et des actions qui sont la
conséquence de dispositions, tout cela,
ainsi que je l'ai fait observer, est
immédiat ou primitif. Mais il y a une
susceptibilité secondaire qui
amène aussi à sa suite des
dispositions et des actions qui en sont la
conséquence: c'est ce qu'on
désigne sous le nom de sympathie parce
qu'on ne peut pas faire autrement. Il semble que
les actions, de l'économie vante jouent
entre elles, si l'on peut ainsi dire, devenant
un stimulus les unes pour les autres, ou
exerçant les unes sur les autres une
influence réciproque.
-
- En vertu de ce principe d'action,
appelé sympathie, il se forme
secondairenent et sans impression
immédiate une action dans une partie qui
agit simultanément avec celle qui a
reçu l'impression ou même qui
assume toute l'action sur ellemême. Cette
action sans impression immédiate se
rattache à un des principes les plus
complexes du corps vivant, surtout chez les
animaux les plus compliqués.
-
- La sympathie peut être divisée
en deux espècès 1°) une
sympathie locale liée à une
maladie locale, 2°) une sympathie
générale liée à une
maladie locale. On peut appeler la
première, sympathie locale, et la
seconde, sympathie générale. Mais
toute sympathie doit naitre d'une cause locale.
La sympathie n'est pas limitée aux
actions d'une seule et même personne; elle
est transmissible d'une personne à une
autre.
-
- En étudiant ce sujet, nous voyons que
tous les principes d'action du corps vivant,
même chez les animaux les plus
compliqués, ont d'étroites
connexions les uns avec les autres tels sont le
principe vital, l'action des nerfs et l'esprit;
et que chaque principe exerce son influence
d'une partie à une autre, sur le principe
de même nature que lui. C'est ce qui
constitue l'espèce de sympathie la plus
simple que je puisse concevoir. Ainsi, le
principe vital d'une partie sympathise avec les
actions vitales d'une autre partie, comme cela
doit avoir lieu chez tous les animaux qui n'ont
pas de nerfs. Les nerfs d'une partie
sympathisent avec les actions des nerfsd'une
autre partie, ce qui peut produire la
sensation.
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- L'esprit sympathise avec l'esprit, ce qui
naturellement ne peut avoir lieu que chez les
animaux qui en sont doués;
peut-être même cette sympathie
n'existe-t-elle pas chez tous ces derniers; et
il est plus que probable, que lorsque l'esprit
est susceptible de sympathie, il est
également susceptible de diverses autres
affections complexes.
-
- Il n'est pas douteux que l'état qui
constitue, pour un principe, dans une partie,
une disposition à une action quelconque,
ne puisse donner naissance à une action
d'un autre principe, dans une autre partie.
Ainsi tandis que les actions vitales seules sont
affectées dans la partie quia reçu
l'impression immédiate, ce sera la
sensation qui sera produite dans une autre
partie. Cela paraît dépendre de la
nature de la partie qui sympathise. Qu'une
injection soit poussée dans
l'urètre d'un homme il n'en
résulte aucune douleu dans ce canal, pas
même la sensation commune de la partie;
cependant l'estomac sera affecté; il se
produira une envie de vomir qui est une
sensation J'ai vu un stimulus siégeant
dans le rectum ne causer aucune douleur dans
cette partie, déterminer des
nausées, de la douleur dans l'intestin
grêle, et même suspendre la
digestion. Certainement, une telle douleur cause
une action morbide qui s'accomptit dans la
partie où elle est sentie. D'un 'autre
côté, une simple douleur du doigt
peut provoquer un acroissement d'action dans le
principe vital d'une autre partie; ains les
battements du coeur deviendront plus
fréquents.
-
- Le principe de la sympathie peut être
considéré comme un genre
renfermant trois espèces qui se
rattachent au trois principes
énoncés ci-dessus, et qui offrent
1°) la sympathie des actions de la vie,
2°) la sympathie des nerfs; et 3°) la
sympathie de l'esprit. Chacune de ces
espèces a ses variétés sous
le rapport de l'action; car elles sont toutes
susceptibles d'impressions, d'affections et
d'actions variées, et peuvent toutes
sympathiser entre elles.
-
- Une question, à laquelle il n'est pas
facile de répondre, est la suivante: la
sympathie peut-elle exister entre la sensation
et la sensation ? La sensation ne peut provenir
que d'une impression exercée sur une
partie, ou d'une action des nerfs semblable
à celles qui sont produites par une
impréssion. D'où il résulte
que toute sensation qui a son point de
départ dans la sympathie, doit cependant
encore, même dans la partie sympathisante,
avoir pour cause immédiate une impression
exercée sur nerfs, ou une action des
nerfs. La sensation ne peut être que la
conséquence naturelle de cette action
puisqu'elle n'est pas autre chose que la
perception d'une action, soit que celle-ci
émane d'une impression soit qu'elle
constitue une action spontanée du nerf
lui même .
-
- Je pense donc que toutes ces sympathies qui
paraissent consistet en des sensations
seulement, sans action, sont une illusion de
l'esprit, qui rapporte à tort la
sensation à une autre partie que celle
qui en est réellement le siège;
c'est ce que j'expliquerai bientôt en
parlant de l'illusion.
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- De ce qui a été dit ci-dessus,
il parait résulter que la sympathie est
un principe si intimement lié, dans le
corps vivant, à toutes les impressions,
toutes les affections et à toutes les
actions, que nous ne pouvons nous faire une
juste idée de l'économie animale,
sous le point de vue des maladis si nous ne la
prenons en considération.
-
- Envisagée dans le même
individu, la sympathie est un principe, ou agent
secondaire. car elle est l'effet d'une
impression, d'une affection ou une action qui a
son siège dans une autre partie du corps.
Elle naît d'une tendance que manifeste
toute partie à entrer en action
consécutivement à une impression,
à une affection ou à une action
qui s'est développée dans autre
partie. C'est une partie qui prend part aux
impression aux affections, aux actions d'une
autre partie.
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- La sympathie ne s'exerce pas seulement entre
les actions du même individu; elle agit
encore d'une personne à une autre; et
chez cette dernière, on ne peut plus dire
que c'est un phénomène secondaire,
car elle naît directement d'une impression
qui est faite sur quelqu'un des sens.
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- Le
bâillement
est un phénomène sympathique;
toutes les manière d'agir propres
à un pays, à une localité,
à une famille, etc., sont autant de
sympathies. La danse peut être
rangée parmi les sympathies; car ce n'est
pas simplement une action imitative produite par
la volonté; c'est impulsion
irrésistible qui naît d'un
état de l'esprit déterminé
par sons de la musique. S'il n'y avait point de
sons, ou, en d'autres termes, si le sens de
l'ouïe n'existait pas, il n'y aurait point
de danse, la vue, loin d'y entraîner,
serait plutôt propre à en
détourner. Il se forme d'abord une
certaine sensation, puis un certain état
de l'esprit qui en est la conséquence, et
enfin a lieu l'action des membres dont la
sensation est la cause excitatrice....
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