- De l'état de sommeil des
centres nerveux
-
- Pour peu qu'on y réfléchisse
en effet, il est d'observation vulgaire qu'au
moment où les cellules
cérébrales commencent à
passer à l'état
d'inactivité, les régions
bulbaires de l'axe spinal qui tiennent sous leur
dépendance immédiate le jeu des
appareils respiratoires, sont modifiés
dans leur mode de fonctionnement. Toute le monde
sait en effet que le bâillement est
le signe prémonitoire qui indique que les
conditions de l'activité fonctionnelle
diurne du système nerveux ont
cessé d'être ce qu'elles
étaient précédemment.
-
- Qu'est-ce, en effet, que le
bâillement, si ce n'est une
inspiration involontaire indiquant par elle
même que l'innervation de la sphère
de l'activité automatique acquiert
à la région bulbaire une influence
prépondérante, par la suite de la
rétrocession de l'influx
cérébral, et qu'il se passe en ce
point limité de l'axe spinal, une sorte
d'interrègne et de perturbation du
stimulus incitateur?
-
- D'autre part, le rhythme si particulier que
prennent les mouvements inspiratoires pendant la
période de collapsus du cerveau, leur
succession si mesurée, leurs
caractères si franchement automatiques,
nous portent pareillement à penser qu'ils
ont cessé d'être régis par
les mêmes foyers d'innervation que ceux
qui les suscitent pendant l'état de
veille.
-
-
- Médecin à la
Salpêtrière puis à La
Charité. Fera d'importantes recherches
sur le système nerveux et ses maladies,
et sur l'hypnotisme. Publiera en 1872-74,
l'"Iconographie photographique des centres
nerveux", une "Etude de physiologie et de
pathologie cérébrale" en 1874 puis
un grand "Traité clinique et pratique des
maladies mentales". Son principal ouvrage "Le
Cerveau et ses fonctions " aura trois
éditions.
-
-
- le
corps de Luys
-
- Médecin aliéniste, fondateur
de l'«Encéphale» qui survit
après plus d'un siècle, Jules
Bernard Luys (1828-1897) a établi sa
réputation comme neuro-anatomiste.
Perfectionnant les techniques, il a
initié la micro-photographie.
L'attribution par Forel de son nom à une
formation de substance grise située sous
le thalamus vint consacrer une féconde
carrière de chercheur. C'est là
que Luys prima.
-
- Quand il fut élu membre de
l'Académie en 1877, Luys proclamait son
scepticisme à l'égard de l'hypnose
et des manifestations théàtrales
de l'hystérie. Converti peu après
par les démonstrations de Charcot il se
jeta dans cette nouvelle voie avec l'ardeur
«un néophyte, se livrant à
des expériences sur l'action à
distance des médicaments.
-
- Un tableau conservé au musée
de Reims est le pendant de la
célèbre représentation de
Charcot aux prises avec une hystérique.
On y reconnaît Luys officiant en
présence du mage Papus, en fait son chef
de clinique, le Dr Encausse
(1865-1916) son âme damnée. Dans un
égarement collectif, des sujets peu
scrupuleux se jouaient de la
crédulité du maître.
-
- L'histoire du corps de Luys est aussi
contrastée que celle de son inventeur.
Luys assignait aux noyaux gris un rôle
dans le contrôle du mouvement.
L'hémichorée fut attribuée
au noyau sous-thalamique, puis Jakob (1923)
rapporta l'hémiballisme à une
hémorragie du corps de Luys.
-
- La fantastique gesticulation qui
caractérise la plus redoutable des
dyskinésies a maintenu pour un temps les
promoteurs de la stéréotaxie
à distance respectueuse de cette
région. Lors de la réunion
consacrée à la maladie de
Parkinson (Bull. Acad. Natle Méd., 2002,
187, n* 2), L. Benabid a expliqué comment
il a découvert que l'inhibition de ce
noyau par stimulation à haute
fréquence corrige l'hypertonie et
l'akinésie des patients parkinsoniens et
permet de maîtriser les dyskinésies
dans la mesure où elle autorise une
réduction de la médication
dopaminergique.
-
-
- L'oubli habite l'histoire. Avoir
donné son nom à un lieu du cerveau
ne garantit pas la survie dans la mémoire
des hommes. Luys n'a pas eu la même chance
que Sylvius ou Vicq d'Azyr. Sur les atlas,
corpus Luysi a cédé la place
à nucleus subthalamicus. On ne peut plus
ressusciter le corps de Luys.
-
- Jules Bernard Luys was a highly industrious
and dedicated French investigator who made
important contributions to the fields of
neuroanatomy and neuropsychiatry in the second
half of the 19th century. His name is still
eponymically attached to the subthalamic nucleus
and the centre médian nucleus, two
structures that are at the center of our current
thinking about the functional organization of
the basal ganglia and the pathophysiology of
Parkinson's disease. While developing a highly
original view of the anatomical and functional
organization of the human brain, Luys
contributed significantly to our knowledge of
the neuropathological and clinical aspects of
mental illnesses. Luys devoted the last part of
his career to hysteria and hypnosis, engaging
himself in experiments as extravagant as the
action of medication at distance. In doing so,
he became perhaps the most highly caricatured
example of the fascination that hysteria exerted
upon various renowned neurologists at the end of
the 19th century. This paper briefly summarizes
the contribution of this remarkable figure of
the history of neurology.
-
- The Canadian Journal of Neurological
Sciences 2002;29(2):282-288
- Jules Bernard Luys: A Singular Figure of
19th Century Neurology
- André Parent A1, Martin Parent A1,
Véronique Leroux-Hugon
-
- vision tridimensionnelle du thalamus
dessinée par Jules Luys dans Recheches
sur le système nerveux
cérébro-spinal, sa structure, ses
fonctions et ses maladies. Paris.
Baillière 1895
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