- Le bâillement, placé par
les physiologistes au nombre des
phénomènes inspiratoires, ne me
paraît pas avoir été
suffisamment étudié. On le
considère généralement
comme une longue inspiration
nécessitée par le ralentissement
de la circulation au moment du réveil,
aux approches du sommeil et dans les passions
tristes, comme l'ennui, etc.
-
- Mais, si l'on examine avec attention le
bâillement, on reconnaîtra
que souvent il se compose de plusieurs
inspirations et expirations; que d'autres fois
il arrive après l'inspiration, par
conséquent lors de l'expiration;
qu'enfin, dans certains cas plus rares, on
bâille sans inspirer ni expirer; ce
qui m'a fait fortement présumer que la
bâillement consiste principalement
dans la pandiculation des muscles
masséters temporaux
ptérryoïdiens, et dans la
contraction prolongée des muscles
sous-maxillaires.
-
- Je ne prétends point exclure
entièrement le but donné au
bâillement par les physiologistes;
mais je pense qu'il doit être
regardé comme accessoire. Une autre
raison me fait persister dans cette idée:
c'est que le bâillement est presque
toujours accompagné de la
pandiculation des autres muscles du
corps, et que des muscles aussi importants que
les masséters et les
ptérryoïdiens doivent
nécessairement participer au
bien-être résultant de cet
état d'allongement.
-
- N'observe-t-on pas d'ailleurs pour les
muscles de la mâchoire les deux
espèces de pandiculation des muscles du
tronc et des membres? Dans l'une, et c'est la
plus fréquente, on étend les
membres, on renverse le tronc en arrière,
les fléchisseurs sont allongés,
les extenseurs contractés; dans l'autre,
le contraire arrive, c'est à dire, que le
tronc et les membres sont dans la plus grand
degré de flexion possible: alors les
extenseurs sont allongés, les
fléchisseurs fortement
contractés.
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- On retrouve ces deux espèces de
pandiculation dans les muscles de la
mâchoire inférieure, quand le
bâillement ordinaire a lieu: les
élévateurs sont allongés,
les abaisseurs en contraction; dans un
état particulier, et qui n'a pas encore
été décrit, les muscles
élévateurs, ainsi que tous les
muscles de la face, entrent dans une violente
contraction, et l'on éprouve alors une
sensation parfaitement analogue à celle
ressentie dans le bâillement.
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