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- Suggérer une idée à
autrui, c'est la faire naître dans
l'esprit de quelqu'un, soit en la lui
présentant par la parole, soit en lui
rappelant d'autres idées de nature
à la susciter en lui. Certaines
idées naissent presque forément de
certaines autres, se présentent
nécessairement à l'esprit dans
telle circonstance.
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- Mettez devant les yeux d'un Français
un homme qui se croise les bras et qui est
coiffé d'un petit chapeau à
cornes, vous êtes à peu près
certain qu'il pensera à Napoléon
Ier. Les images de nature à
réveiller les passions les plus
habituellement agissantes sont celles qui
produisent surtout cet effet; elles provoquent
chez tous les hommes généralement
les mêmes idées : c'est ce qui a
lieu notamment pour les paroles ou les
représentations obscènes ; de
là leur danger.
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- Moins notre esprit est
préoccupé de l'idée qui le
traverse, plus facilement vous l'amenez vers la
pensée que vous désirez lui
inspirer. Si aucun sujet ne captive notre
attention ou n'intéresse notre esprit, le
système cérébro-spinal
manque de ce léger stimulant qui lui est
nécessaire, il tombe dans la demi-torpeur
inséparable de l'atonie du système
nerveux.
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- Voila pourquoi on bâille quand on
s'ennuie, comme lorsqu'on a envie de dormir. Le
bâillement, sorte de convulsion ou de
spasme, est le symptôme de l'état
de relâchement et d'atonie de nos
nerfs.
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- Toute cause qui tend à affaiblir
l'action nerveuse, affaiblit aussi l'attention
et nous rend moins aptes à nous fixer
à une idée, à penser,
à réfléchir, et plus
prédisposé, par conséquent,
à subir l'influence des idées
qu'on nous présente.
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- L'inertie où nous nous trouvons fait
alors de nous de véritables machines sans
ressort; il suffit de les pousser dans un sens
pour qu'elles se meuvent, sans modifier leur
direction. Comme l'hypnotisme, le sommeil
coïncide avec l'affaiblissement de la force
nerveuse; il nous livre dès lors
davantage à l'influence des actions
externes physiques, morales ou
intellectuelles.
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- On a vu, par mes propres expériences,
que quand on dort, des impressions auditives,
optiques, tactiles, olfactives, venues du
dehors, font naître, le plus souvent, des
songes en rapport avec ces impressions; des
images spontanément engendrées
dans l'esprit par la réaction de
l'économie, donnent en nous lieu à
la croyance en leur réalité.
L'hypnotisé, le magnétisé
sont dans un pareil état, d'inertie
intellectuelle. Les sensations qu'on leur fait
éprouver, les paroles qu'on leur adresse
produisent des effets tout semblables à
ceux des images spontanées; ils donnent
lieu à des croyances et à des
sensations correspondantes. C'est ce que l'on
appelle vulgairement l'effet de l'imagination.
Il serait plus exact de dire que c'est l'effet
de l'état passif du système
cérébro-spinal.
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- L'hypnotisé, le
magnétisé, n'ayant plus la
volonté, ne possédant plus une
conscience nette de soi-même, ne
distinguant plus l'idée qu'on lui
suggère de la sienne propre, les
idées qu'on évoque en lui se
confondent avec les siennes, comme cela se passe
pour les images du rêve.
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- Quand on amène en moi un songe par
une sensation qu'on me fait éprouver
pendant que je suis endormi, je n'ai pas la
conscience que c'est là un rêve
suggéré; je prends pour une
création spontanée de mon esprit
cette idée, dont mon il ne peut
saisir la liaison avec l'acte qui la provoque.
Le somnambule ou l'hypnotisé est dans un
état analogue : on lui communique une
idée qu'il prend pour sienne, et qu'il
croit, comme nous croyons au rêve, parce
que la volonté et le jugement sont
lésés. Voilà, ce me semble,
à quoi tient la suggestion, à quoi
se réduit ce qu'on a appelé la
communication de pensée.
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- Alfred
Maury
- 1817-1892
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- Après son échec au concours de
l'Ecole Polytechnique, Alfred Maury s'engage
dans les études de médecine qu'il
n'achève pas. Après avoir
été reçu avocat, il
préfère exercer le métier
de bibliothécaire ! Devenu professeur
à la chaire d'histoire et de morale au
Collège de France en 1862, il devient enn
1864 directeur des Archives Nationales. Il prend
une part active aux débats de la
Société
Médico-Psychologique s'intéressant
au vitalisme, aux écrits des
aliénés, au sommeil etc.
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