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- Le bâillement est assez connu
pourqu'il soit inutile de le décrire.
Comme le rire et le sanglot, il est causé
par une action du grand sympathiqque. Il est
provoqué spontanément par l'ennui,
par le besoin de sommeil, par la faim et
précède toujours les troubles
nerveux; enfin il est le symptôme de
certains états maladifs.
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- Mais ce qu'il a de particulièrement
remarquable, c'est d'être le plus
contagieux des phénomènes nerveux,
au point que peu de personnes peuvent
s'empêcher de bâiller lorsqu'elles
voient bâiller quelqu'un.
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- Si, dans ses manifestations
comprimées ou étouffées, le
bâillement ne diffère pas d'un
soupir contenu, il prend des proportions
physionomiques très intéressantes
lorsque la bâilleur s'y livre sans
résistance. La tête se renverse,
les sourcils se relèvent, les
lèvres s'écartent, les
mâchoires s'ouvrent avec une telle
amplitude que parfois elles se
désarticulent : de là est venue
l'expression "bâiller à se
démantibuler la mâchoire". En
même temps la colonne vertébrale
s'infléchit en dedans, les reins se
courbent, le ventre se creuse, la poitrine se
soulève et s'élargit, et presque
toujours le bâilleur étend les bras
en écartant ses doigts. Ce mouvement
général amène une
expiration brusque qui achève le
bâillement, et la figure reprend son
attitude ordinaire.
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- Le bâillement est d'un effet amusant
ou tout au moins indifférent. Cependant,
lorsqu'il résulte d'un état
maladif, la figure du bâilleur se
revêt d'une expression
d'anxiété, et les mouvements dont
il est accompagné, au lieu de marquer
l'aise et le soulagement de l'homme bien portant
ont quelque chose de tourmenté qui
ressemble à une tension douloureuse.
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