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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 
 
 

mise à jour du
17 août 2006
Le bâillement
Oribase
325-395 ap JC
Oeuvres d'Oribase, texte grec en grande partie inédit,
collationné par les docteurs Bussemaker et Daremberg . Paris 1851

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Oribase
Introduction par Alessia GUARDASOLE
CNRS &endash; UMR 8062 "Médecine grecque"
medecine.grecque@paris4.sorbonne.fr
 
"L'auteur le plus important après Galien est sans contredit Oribase" : c'est ainsi que Charles Daremberg ouvre le chapitre qu'il consacre à ce médecin (1), né à Pergame, comme son illustre prédécesseur Galien, et qui vécut au IVe siècle de notre ère (c. 325-après 395/6). Médecin et ami de l'empereur Julien l'Apostat, dont le règne s'étend de 361 à 363 après J.-Chr., Oribase publia à la demande de celui-ci les Collections médicales, qui comptaient 70 livres : "Empereur Julien, [...] vous me commandâtes [...] de rechercher et de rassembler ce qu'il y a de plus important dans les meilleurs médecins et tout ce qui contribue à atteindre le but de la médecine" (cf. Bussemaker-Daremberg, I, p. 1 sq.). Les Collections sont, en effet, une sorte d'encyclopédie comprenant l'ensemble des connaissances médicales anatomiques et physiologiques de l'époque, ainsi que les techniques les plus efficaces dans le domaine de la thérapeutique et de la pharmacologie. Elles présentent une immense richesse. Étant composées presque exclusivement d'extraits plus ou moins textuels (2) de Galien mais aussi des médecins les plus renommés de toute l'époque antérieure et contemporaine au IVe siècle, les Collections médicales d'Oribase demeurent pour la plus part des médecins mineurs cités notre seule source ou la plus importante (voir, par exemple, les fragments d'Antyllus, de Lycus, de Ruphus d'Ephèse, etc.). On peut donc regretter la perte de plus de la moitié de ce traité monumental. Il ne nous reste en effet que les livres 1-15, quelques extraits du livre 16, les livres 24-25, 43-50, ainsi que plusieurs fragments désignés comme libri incerti.
 
C'est pourtant Oribase lui-même qui nous permet de compenser cette perte. Il a en effet rédigé deux abrégés des Collections : le premier, en 9 livres, est un résumé du traité majeure et est connu sous le titre de Synopsis ad Eustathium, Eustace étant le fils d'Oribase ; le deuxième (en 4 livres) est plus bref que la Synopsis et s'intitule Libri ad Eunapium, Eunape étant le célèbre Eunape de Sardes biographe des philosophes et des sophistes. Ces traités nous étant parvenus dans leur intégralité, nous permettent d'avoir l'idée du contenu des parties perdues de l'ouvrage principal. La caractéristique de ces deux abrégés est leur nature de textes "d'usage" ; leur but était d'aider les lecteurs en cas d'urgence médicale, p. e. pendant un voyage. Ceci explique entre autre le fait que l'auteur se soit concentré sur la présentation des parties thérapeutiques et ait minimisé celles concernant l'étiologie et la pathologie.
 
A la Synopsis et aux Livres à Eunape, il faut ajouter les Eclogae medicamentorum, qui étaient vraisemblablement des chapitres très abrégés ajoutés à la fin des Collections (sur la nature et la place de ces Eclogae la question n'est toutefois pas encore résolue).
 
Photius, le grand érudit du IXe siècle auteur de la Bibliothèque, consacre à l'œuvre d'Oribase les sections 216-219 et nous parle encore (section 216) d'un résumé d'œuvres choisies de Galien, réalisé par Oribase, dont il ne nous reste que l'introduction, citée à la lettre par le même Photius.
Les trois principaux traités d'Oribase furent traduits en arabe (la traduction ne nous est pas parvenue) et en latin dès le Ve siècle. Les traductions latines qui nous sont parvenues  (3) ont été étudiées et éditées le plus récemment par H. Mørland  (4).
 
L'édition de Bussemaker et Daremberg, qui est mise à notre disposition en version numérisée par la Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine, est la première édition complète de l'œuvre d'Oribase en grec, les deux éditions précédentes se limitant à des extraits de ses traités  (5). Elle est accompagnée par une précieuse traduction française et comprend en six volumes les livres et les fragments des Collections médicales (vol. 1 [1851]-4 [1862]), la Synopsis ad Eustathium et les Livres à Eunape (vol. 5 [1873]), ainsi qu'un bon nombre d'extraits des traductions latines anciennes de ces deux derniers traités (vol. 6 [1876]).
 
L'édition critique complète dans le Corpus Medicorum Graecorum compte cinq tomes et a été publiée par Ioannes Raeder entre 1926 et 1933 (Oribasii Synopsis ad Eustathium. Libri ad Eunapium [CMG VI 3], Lipsiae et Berolini 1926 ; Oribasii Collectionum medicarum reliquiae [CMG VI 1,1.2 - 2,1.2], Lipsiae et Berolini, 1928-1933 [réimpr. Amsterdam 1964]).
 
  1. Cf. Œuvres d'Oribase, texte grec en grande partie inédit, collationné par les docteurs Bussemaker et Daremberg . Tome premier, Paris 1851, p. XXXIII.
  2. Une étude systématique sur la méthode de citation n'a pas encore été conduite, mais l'on peut consulter à ce sujet R. De Lucia, «Doxographical Hints in Oribasius' Collectiones Medicae», in Ph. van der Eijk (ed.), Ancient Histories of Medicine. Essays in Medical Doxography and Historiography in Classical Antiquity ("Studies in Ancient Medicine", 20), Leiden 1999, p. 473-489 ; et A. Guardasole, «Nuovi escerti di Oribasio», Actes du Colloque international "Cultura, società e diritto nel Tardoantico: da Costantino a Teodosio il Grande" (Naples, 26-28 avril 2001), Naples, D'Auria, 2003, p. 177-196.
  3. Cf. M. Ullmann, Die Medizin im Islam, Leiden-Köln 1970, p. 83 sq.
  4. Cf. surtout H. Mørland, Die lateinischen Oribasiusübersetzungen ("Symbolae Osloenses", Suppl. V), Oslo 1932 ; Id., Oribasius Latinus, I. Teil ("Symbolae Osloenses", Suppl. X), Oslo 1940.
  5. Oribasii collectaneorum artis medicae liber, quo totius corporis humani sectio explicatur, ex Galeni commentariis Parisiis apud Guil. Morelium, 1556 ; C.F. De Matthaei, XXI veterum et clarorum medicorum Graecorum varia opuscula, Mosquae 1808 (l. I-XV, exclusivement pour les extraits non galéniques).