A la période aiguë de la maladie
les troubles de la respiration ne sont pas
fréquents. Ils nese rencontrent
guère que dans la phase terminale des cas
très graves, où ils constituent,
par le type respiratoire de Cheyne-Stokes, un
élément de pronostic d'une
extrême gravité. Les malades qui en
sont atteints meurent en très peu de
temps.
A coté de cette particularité,
il y en a d'autres qui sont plus
intéressantes parce qu'on peut poursuivre
leur évolution dans la convalescence et
parfois, encore après la guérison.
C'est de ces troubles que nous allons parler.
Voici les différentes
variétés de troubles de la
respiration que nous avons pu observer.
1) La toux spasmodique. L'observation
suivante en montre un exemple très
caractéristique.
Au cours d'une encéphalite
myoclonique très grave, surviennent chez
un sujet des myoclonies diaphragmatiques
violentes qui provoquent des expirations
brusques d'une extrême fréquence,
ne cessant pas jour et nuit et l'empêchant
de dormir. Cet état dure pendant toute la
phase aiguë et longtemps après
encore, pendant toute la convalescence. Le
malade était guéri de tout autre
symptôme (oculaire, secousses et douleurs
dans les membres) mais garda encore pendant une
année entière cette respiration
particulière. En l'entendant de loin on
avait l'impression du bruit que provoque une
locomotive (bruit de vapeur), tellement les
expirations étaient violentes. Elles
avaient fini par provoquer une irritation de
larynx et de toutes les vies aériennes
supérieures ; les muqueuses
laryngée, rétronasale et buccale
étaient sèches, les lèvres
gercées, la langue fuligineuse et
rugueuse par manque de salive, la bouche
était toujours maintenue entrouverte et
constamment se produisaient, lejour comme la
nuit, des quintes de toux. Le malade
était devenu insupportable pour son
entourage. Très lentement seulement,
après une année et demie environ,
à la suite des traitements les plus
divers cette toux se fit moins bruyante et moins
fréquente et cessa complètement 2
ans après la maladie. Actuellement le
sujet présente une seconde
modalité de troubles respiratoires sur
laquelle nous allons insister.
2) Augmentation du rythme et diminution
de l'amplitude de la respiration.
Nous continuons à décrire
notre malade tel qu'il se présente
actuellement à nous. Sa respiration et
devenue superficielle et beaucoup plus
fréquente. Les muscles auxiliaires de la
respiration sont en activité
exagérée. La respiration est du
type thoracique presque pur. Le malade, à
l'état de repos, a l'air d'être
constamment essoufflé. La langueest prise
de temps à autre de mouvements
involontaires incoordonnés et sortie de
la bouche, toujours tenue demi-ouverte. A
l'effort la respiration devient tellement
difficile et dyspnéique qu'il doit
s'arrêter dans son travail et se reposer
pour ne pas perdre l'haleine. Alors il devient
énervé et commence à
trembler de tout son corps, en même temps
qu'une angoisse s'empare de lui. L'examen
radiologique de ce malade pratiqué
obligeamment par le Dr. Ohlmann a montré
que les mouvements du diaphragme se font bien,
mais que leur amplitude est nettement
diminuée et le rythme
considérablement accru. II n'y a donc
pas, comme nous étions enclins à
le croire, une paralysie du diaphragme par
parésie du phrénique, et les
troubles que présente notre sujet sont
bien une perturbation de la respiration
d'origine centrale. Nous noterons que ce malade
est en train de devenir parkinsonien ; il
éprouve de la raideur et est lent dans
ses mouvements. Nous croyons utile d'insister
sur le fait que les troubles respiratoires
existaient déjà longtemps avant
l'apparition du premier symptôme
parkinsonien et nous sommes portés
à penser qu'il n'y a aucun rapport entre
les premiers et le parkinsonisme, qui ne serait
dans ce cas qu'une coincidence pure.
3) Arythmie de la respiration.
C'est un type que nous avons
rencontré une fois chez un sujet.
Guéri d'une encéphalite grave, le
malade ne garda comme séquelle qu'un
bispasme orbiculaire dont nous avons
donné la reproduction et en outre des
troubles particuliers de la respiration. Ceux-ci
consistent en une diminution de l'amplitude de
la respiration et une augmentation de sa
fréquence (selon le type No 1 que nous
venons de décrire.)
de grandes inspirations suivies
d'expirations très amples survenant
à des intervalles variables
des bâillements, qui se font
plusieurs fois par minute.
Toutes ces modifications de la respiration
ne peuvent étre expliquées par des
lésions des voies respiratoires qui ont
du reste été trouvées
normales; elles sont dues à des troubles
dans le fonctionnement des centres de la
respiration par une atteinte des noyaux
bulbaires. Par l'analyse minutieuse de ces cas,
la recherche des échanges respiratoires
par les moyens chimiques et physiques, il est
certain que l'on pourrait trouver des faits
intéressants et que la physiologie
pathologique des centres respiratoires en
bénéficierait beaucoup. Nous nous
proposons de poursuivre cette étude.