-
- Tony Robert-Fleury, « ce nom revient
sans cesse dans l'histoire de la peinture du
XIXe siècle. Il a éduqué,
pour le meilleur et pour le pire, des milliers
d'artistes dans son atelier de l'Académie
Julian. Le goût de la mise en scène
façon Renaissance vénitienne, dans
ses toiles du genre troubadour, n'étouffe
pas les ressources d'une technique dont il
possède, cela va de soi, toutes les
ficelles »
-
- Fils du peintre Joseph-Nicolas Robert-Fleury
(1797-1890), un des maîtres
célèbre du temps de Louis-Philippe
et Napoléon III, et
d'Aimée-Adélaïde
Prévost (1808-1887), Tony Robert-Fleury
est né à Paris le 1er septembre
1837 (figure 1). Son père l'oblige
à commencer des études de
médecine, mais plus doué pour le
pinceau que pour le scalpel, et rebuté
par les autopsies, il abandonne la
Faculté et suit sa vocation d'artiste.
Après avoir été d'abord
élève de son père, il
reçoit l'enseignement de Paul Delaroche
(Hippolyte de la Roche 1797-1856), l'initiateur
d'un type pictural « l'anecdote historique
», puis après la mort de ce dernier,
de Léon Cogniet (1794-1880), peintre et
lithographe à la fois romantique et
néoclassique. Puis, il entre à
l'école des Beaux-Arts en 1857 où
il est le condisciple de Jean-Paul Laurens
(1838-1921) et prépare le concours du
Grand Prix de Rome mais s'en échappe pour
suivre son père justement nommé
directeur de la Villa Médicis en
1862.
-
- Au retour de Rome, il expose pour la
première fois au Salon de 1864 « Une
jeune fille romaine » et « Un enfant
embrassant une relique »,
réalisés dans l'esprit de ses
maîtres [7]. Au Salon de 1866, il
connaît un succès retentissant
grâce à sa fresque historique
« Varsovie le 8 avril 1861 », grande
composition témoignant de la
répression par les russes d'une
récente insurrection polonaise. D'abord
achetée par l'État, sa toile est
rachetée par Franciszek Ksawery Branicki
(1816-1879), un réfugié politique
polonais exilé en France, descendant
d'une grande famille de la noblesse polonaise,
comptant parmi les familles les plus riches
d'Europe, qui fait ainsi un geste tout à
la fois patriotique et significatif du
ressentiment polonais [21]. Le reportage
photographique n'existant pas, le peintre doit,
en une image, informer, résumer et
impressionner ses contemporains grâce une
toile colorée, à la fois
didactique et artistique. Le peintre, en
l'occurrence Tony Robert-Fleury, écrit et
décrypte l'histoire par l'image.
-
- Il enchaine les compositions historiques
« Les Vieilles de la place Navonne,
à Santa-Maria della Pace » au Salon
de 1867 (Tours, Musée des Beaux-arts) qui
surprend le public par son sentimentalisme
à l'opposé de
l'héroïsme des grandes peintures de
ses débuts. Au Salon de 1873, « Les
Danaïdes » et « Charlotte Corday
à Caen » lui valent la Légion
d'honneur. En 1870, il obtient la
médaille d'honneur du Salon pour «
Le dernier jour à Corinthe ».
Suivent en 1880 « la glorification de la
sculpture française » grand plafond
toujours visible au Palais du Luxembourg ; en
1882 « Vauban donnant ses plans des
fortifications du château et de la ville
de Belfort » ; deux panneaux
allégoriques en 1884 et en 1889 pour
décorer l'Hôtel de Ville de Paris
restauré après son incendie au
cours de la Commune en 1871. Il n'est pas
possible de passer en revue toute sa production.
Mais au tournant du siècle, Tony
Robert-Fleury réalise de nombreux
portraits de personnalités de son
époque mais aussi des personnages
féminins, personnifiant des sentiments et
des émotions ce qui lui permet de se
dégager du classicisme de ses
débuts [19]. Le titre qu'il donne
à ses uvres témoignent de
ses intentions : Ophélie, Madeleine,
Mélancolie, Lucie, Étude,
Brodeuse, Ouvrière,
Anxiété, Marie-Antoinette le matin
de son exécution, Léda, Douce
pensée, Sous la Révolution,
Travail interrompu, Jalousie, Le repos du
modèle, Maternité, Le billet doux,
Liseuse, Portrait de sa mère. Pour ses
contemporains critiques, il maintient en
permanence la référence aux grands
modèles italiens et hollandais des
siècles passés en composant
volontairement ainsi de nombreux pastiches
« à la manière de ».
-
- « Tête magnétique,
belle, le teint mat, une forêt de cheveux
bruns, le langage doux et imagé ; mais il
y a, au milieu de cette correction, je ne sais
quel air indiquant, en dehors de l'homme
d'étude, un sensuel qui doit
chérir les femmes ou en être
adoré, ce qui est bien admissible aussi
».
-
- Professeur à l'Académie
Julian, il est sociétaire de la
Société des Artistes
français dont il est des membres
fondateurs, après avoir été
plusieurs années secrétaire de
l'Association Taylor avant d'en être le
président. Il collectionne les
médailles jusqu'à la
médaille d'or de l'Exposition universelle
de 1889 : médailles des Salons de 1866 et
1867, médaille d'honneur en 1870,
médaille de première classe
à l'exposition universelle de 1878. Tony
Robert-Fleury est décoré de la
Légion d'honneur en 1873 devenant
officier en 1884 puis commandeur en 1907. Il
s'était marié avec
Célestine 'Antoinette' Pottecher (1838-?)
le 4 juillet 1891. Sa mort survient en quelques
jours d'une péritonite, non
opérée, le 8 décembre 1911,
en son atelier d'artiste, 69 rue de Douai Paris
IX, dans un immeuble toujours en
l'état.
-
- Le lever de l'ouvrière
(1905).
Marie-antoinette le matin de
l'exécution
-
-
-
|