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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 
 
 

mise à jour du
21 janvier 2007 
Sénèque
Lettres à Lucilius (50?)
Lucius Annaeus Seneca
Epistulae morales ad Lucilium

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seneque
 
LXXIV. SENECA LUCILIO SUO SALUTEM.
 
(30) Sequitur illud quod me responsurum esse dicebam. Non affligitur sapiens liberorum amissione, non amicorum; eodem enim animo fert illorum mortem quo suam exspectat; non magis hanc timet quam illam dolet. Virtus enim conuenientia constat: omnia opera eius cum ipsa concordant et congruunt. Haec concordia perit si animus, quem excelsum esse oportet, luctu aut desiderio summittitur. Inhonesta est omnis trepidatio et sollicitudo, in ullo actu pigritia; honestum enim securum et expeditum est, interritum est, in procinctu stat.
 
(31) 'Quid ergo? non aliquid perturbationi simile patietur? non et color eius mutabitur et uultus agitabitur et artus refrigescent? et quidquid aliud non ex imperio animi, sed inconsulto quodam naturae impetu geritur?' Fateor; sed manebit illi persuasio eadem, nihil illorum malum esse nec dignum ad quod mens sana deficiat.
 
(32) Omnia quae facienda erunt audaciter faciet et prompte. Hoc enim stultitiae proprium quis dixerit, ignaue et contumaciter facere quae faciat, et alio corpus impellere, alio animum, distrahique inter diuersissimos motus. Nam propter illa ipsa quibus extollit se miraturque contempta est, et ne illa quidem quibus gloriatur libenter facit. Si uero aliquod timetur malum, eo proinde, dum exspectat, quasi uenisset urguetur, et quidquid ne patiatur timet iam metu patitur.
 
(33) Quemadmodum in corporibus infirmis languorem signa praecurrunt - quaedam enim segnitia eneruis est et sine labore ullo lassitudo et oscitatio et horror membra percurrens - sic infirmus animus multo ante quam opprimatur malis quatitur; praesumit illa et ante tempus cadit. Quid autem dementius quam angi futuris nec se tormento reseruare, sed arcessere sibi miserias et admouere? quas optimum est differre, si discutere non possis.
 
(34) Vis scire futuro neminem debere torqueri? Quicumque audierit post quinquagesimum annum sibi patienda supplicia, non perturbatur nisi si medium spatium transiluerit et se in illam saeculo post futuram sollicitudinem immiserit: eodem modo fit ut animos libenter aegros et captantes causas doloris uetera atque obliterata contristent. Et quae praeterierunt et quae futura sunt absunt: neutra sentimus. Non est autem nisi ex eo quod sentias dolor. Vale.

QU'IL N'Y A DE BON QUE CE QUI EST HONNETE.
 
Le sage ne s'afflige point de la perte de ses enfants, non plus que de celle de ses amis ; il supporte la mort des autres avec le même courage qu'il envisage la sienne ; celle-ci ne l'effraie pas plus que l'autre ne le désole. La vertu, en effet, est toute d'harmonie : ses oeuvres ne peuvent que concorder et cadrer avec son principe ; et cet accord périt, quand l'âme, qui doit rester élevée, se laisse abattre par le deuil et par les regrets. La peur, l'inquiétude, la paresse en quoi que ce soit, sont des faiblesses que l'honnête condamne; car l'honnête est tranquille, libre de souci, intrépide et toujours en haleine. - Quoi, dira-t-on, un sage n'éprouvera-t-il rien qui ressemble à du trouble? ne changera-t-il pas de couleur? ses traits n'éprouveront-ils aucune altération, et ses membres aucun frisson ? ne ressentira-t-il enfin aucun de ces mouvements que la force de la nature excite sans le consentement de la raison ? - Il pourra en être ainsi; mais cette même persuasion lui restera toujours : qu'il n'y a rien dans tout cela qui soit un mal, rien dont une âme saine doive s'affecter. Tout ce qu'il faudra faire, il l'exécutera avec audace et promptitude ?
 
Car, qui ne reconnaît que c'est le propre de la folie, de faire avec mollesse et répugnance ce qu'il faut faire, de pousser son corps d'un côté, son âme de l'autre, et d'être partagé entre des mouvements contradictoires ? Ajoutez à cela que la folie est méprisée à cause des actes mêmes dont elle s'applaudit et se félicite le plus ; sans compter qu'elle ne fait même pas de bonne grâce les choses dont elle se glorifie. Si quelque mal est à craindre, l'attente de ce mal la tourmente autant que le ferait sa présence; et la peur lui fait éprouver par avance tout ce qu'elle a peur d'éprouver. De même que chez les sujets faibles, la maladie s'annonce par des signes avant-coureurs : soit un relâchement des nerfs, soit de la lassitude sans travail qui l'ait provoquée, soit des bâillements, soit enfin un frisson qui parcourt les membres; ainsi une âme faible, longtemps avant d'être attaquée par le mal, en reçoit le choc; elle souffre par anticipation, et succombe avant le temps.
 
Quoi de plus fou que de se tourmenter de l'avenir ! que de ne pas se réserver pour la souffrance, mais d'aller au-devant de maux qu'il serait plus sage d'ajourner, si l'on ne peut entièrement les chasser ! Voulez-vous vous convaincre de la nécessité de ne pas se chagriner de l'avenir? Un homme à qui on aurait annoncé qu'il doit, au bout de cinquante ans, subir de cruels supplices, ira-t-il s'en troubler, à moins que, franchissant tout d'un coup cet intervalle de temps, il ne se plonge à plaisir dans des tourments ajournés à un siècle? Il en est ainsi de ces esprits qui se plaisent en leurs maladies, et qui, quêtant pour ainsi dire des sujets d'affliction, s'attristent de malheurs anciens et dont les traces sont entièrement effacées. Les maux passés et les futurs étant des maux absents, nous ne les sentons pas. Il ne doit donc pas y avoir de douleur, s'il n'y a point de sentiment.