- Chapitre VIII
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- Du Bâillement.
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- Galien en dit que la cause du
bâillement qui accompagne d'ordinaire le
commencement des accez des intermittentes, est
excité par la quantité des vapeurs
fulgineuses qui enflent & font distention
des muscles de la machoire, desquelles ils
tâchent de se défaire: mais comme
ces matières fuligineuses ne pourroient
étre que des excréments
insensibles de la dernière digestion:
pourquoy ces parties là seroient-elles
plûtot excitées à leur
expulsion que les autres ? Et pourquoy se
rencontrent-elles plûtôt au
fièvres qu'à la goutte, à
l'apoplexie, &c. Pourquoy celuy qui
bâille nous fait-il bâiller
malgré nous.
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- Cela fait bien voir que le bâillement
ne procède pas des vapeurs fuligineuses:
mais ce cette faculté qui suit
l'imagination.
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- L'Ecole de Médecine ne contreuient
pas que la bouche de l'estomac ne soit
facilement émeuë, &
excitée à nausée par le
dédain de quelque chose de sale
aperceuë ou imaginée: & qu'il y
a des personnes qui en voyant manger des pommes
aigres & austères, ont d'abord la
bouche toute pleine de salive. Donc l'orifice
supérieur de l'estomac s'émeut
aisément par l'imaginatin: Et le sommeil,
le Coma, le Catoche, la catalepsie,
l'assoupissement, le vertige, & d'autres
accidens de ce genre, viennent de la bouche de
l'estomac. Le bâillement qui suit le
sommeil, ou qui est son avant-courier, est par
conséquent attrbué à la
même partie, puisque c'est là
qu'habite la phantaisie (comme on peut voir plus
amplement au Chapitre du Duumviratu) & ce
n'est pas en vain qu'on le surnomme coeur.
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- Aussi lors qu'on est sensiblement
affligé on pousse quantité de
soupirs qui semblent soulager cet orifice
supérieur de son oppression. de
même lorsque l'estomac paresseux &
non-chalant nous rend assoupis, l'ennui de
bâiller ne donne point de relâche
aux muscles de la bouche & de la
trachée artère qu'elle appelle
aussi à son secours, de la même
manière que l'os ethmoide, ennuiron
l'organe de l'odorat, appelle aussi en aide les
muscles de la poîtrine pour la
sternutation. Et il ne faut pas pour cela
chercher la cause du bâillement dans les
muscles qui se sont, non plus qu'à ceux
qui s'émouvent quand on
éternuë la cause de
l'éternëment.
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- De
Febribus Caput IX pages 39-44
1648
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- Ortus
Medicinae 1648
- Christian
Knorr von Rosenroth
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