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mise à jour du
6 mai 2007
JNNP
2007;78(9):975-976
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Chauvot de Beauchêne a-t-il décrit, en 1786, le premier cas de syndrome de Kleine Levin?
 
Does de Beauchêne describe, in 1786, the first case of a Kleine Levin syndrome?
 
Kleine-Levin syndrome: history and brief review JMS Pearce 2008

Chat-logomini

Observation of a nervous disease attended by disturbed sleep, at times lethargic and at times convulsive
 
Abstract : The doctors of centuries past were pure clinicians, and therefore keen observers. They left us descriptions of many pathologies we are now "rediscovering". At the end of the Enlightenment in 1786, a French physician by the name of Edmé Chauvot de Beauchêne published a case of recurrent episodes of hypersomnia associated with disordered eating. Does he offer the oldest currently identified observation of a Kleine-Levin syndrome?
 
Le syndrome de Kleine Levin est une affection rare caractérisée par des récurrences d'épisodes d'hypersomnie associés à de façons variables à des troubles comportementaux (mégaphagie, hypersexualité). Dans une revue récente de la littérature, Arnulf I et al. ont retenu 186 cas pubiés entre 1962 et 2004 (1).
beauchene
Pourquoi s'intéresser à un syndrome aussi rare ? Il est probablement rare parce que sous diagnostiqué et confondu avec d'autres pathologies . Il touche aux trois fondements de la vie: le rythme veille/sommeil, la satiété et la sexualité. Depuis une dizaine d'années, la découverte de trois nouveaux neuro-médiateurs, impliqués dans la régulation de ces comportements, les orexines, la leptine, la ghréline montre que les régulations de ces comportements sont physiologiquement intriquées, laissant espérer des avancées thérapeutiques non seulement pour traiter ce syndrome mais les pathologies isolées que lui cumule.
 
Les médecins des siècles passés étaient des cliniciens exclusifs, et donc fins observateurs. Ils ont laissé des descriptions de toutes les pathologies que nous semblons redécouvrir. Huang YS. et Arnulf I. ont rapporté une description du KLS par A. Brière de Boismont en 1862 (2). Nous soumettons à la critique une description d'un cas d' hypersomnie par épisodes récurrents associée à des troubles des conduites alimentaires et d'autres anomalies neurologiques, rapportée par un médecin français, Edmé Chauvot de Beauchêne (1749-1824) et publiée en 1786 (3).
 
De Beauchêne suivit ses études à la Faculté de médecine de Montpellier, université renommée depuis le Moyen-Age. Il eut, notamment, pour maître F . Boissier de Sauvages, auteur d'une nosologie réputée des pathologies. Exerçant à la fin de l'époque des Lumières, de Beauchêne s'intéresse comme d'autres de ses contemporains, P. Pomme ou J. Raulin « aux vapeurs ». Dans son livre « De l'influence des affections de l'âme dans les maladies nerveuses des femmes avec le traitement qui convient à se maladies » (1781) il jette les fondements des descriptions de ce qui deviendra pendant la deuxième moitié du XIX° siècle, l'hystérie et au XX° siècle les troubles psychosomatiques : « Dans l'âge où les passions germent dans le coeur des femmes, elles n'ont point de vapeurs ; mais quand ces passions se développent & s'exaltent, les maladies nerveuses font les plus grands ravages dans leur tempérament. Les transports violens qui agitent les sens, leur communiquent un ressort dont les mouvements trop rapides détruisent l'équilibre dans la constitution matérielle. » Retiré dans ses terres, en Bourgogne, pour sauver sa tête pendant la Révolution française, il revient à la cour comme médecin de Louis XVIII, à la Restauration, auréolé du prestige d'être « un médecin des dames » à la Cour.
 
Il n'est donc pas surprenant qu'il s'intéressa à l'histoire insolite d'une jeune femme, âgée de 26 ans quand il la prit en charge. Elle avait présenté entre l'âge de 7 et 11 ans, des épisodes d'érysipèle étendus, fébriles, associés à des troubles digestifs, des céphalées et des convulsions. « A quatorze ans elle fut attaquée d'un sommeil léthargique qui dura plusieurs jours; & il fut si profond qu'on la crut morte. Ce sommeil s'est constamment renouvelé depuis, à des distances inégales: il a duré ordinairement huit à dix jours; il a continué quelquefois pendant quinze, & une fois, seulement, il s'est prolongé jusqu'au dix septième jour ». De Beauchêne la vît, une fois qu'elle fût venue à Paris, alors qu'elle avait 24 ans et observa personnellement quatre épisodes d'hypersomnie, durant de 24 heures à huit jours. Il rapporte: « Pendant les quatre premières années de sa maladie, cette pauvre fille avoit des goûts aussi bizarres que dangereux; mangeant de la chaux, du plâtre, de la terre & du vinaigre. Ce goût se calma dans la suite & elle vécut indistinctement de toutes sortes d'aliments, excepté le pain, pour lequel elle conserva une répugnance invincible jusqu'à sa parfaite guérison. Cet aliment lui occasionnoit toujours des vomissements. »
 
Il ne note pas d'hyperphagie à proprement parler, mais des épisodes récurrents d'hypersomnie, associés à des choix alimentaires incongrus, peuvent évoquer un KLS.
 
Sa description des réveils est, elle, différente de ceux du KLS : « Parmi les phénomènes qu'offre cette maladie, celui du réveil nous a paru un des plus frappans; nous l'avons observé trois fois; & voici comment il s'est toujours passé. Les spasmes, les convulsions des extrémités supérieures & le hoquet, étoient le signal du réveil; cette indication a cependant été quelques trompeuses; mais une respiration forte et sanglotante, les contractions des muscles du bas ventre, le gonflement du thorax, des convulsions générales qui soulevoient successivement toutes les parties externes du corps, exprimoient le travail qui amenoit le réveil. La malade étoit souvent livrée, pendant des heures entières à cet état pénible, avant que ses sens sussent se soustraire à l'engourdissement auquel un sommeil impérieux les avoit livrés. Le réveil ne s'opéroit que par degrés, & la raison s'éclaircissoit en proportion, se sorte que l'on eût dit que chaque convulsion soulevoit une portion du voile qui la couvroit, & son développement qui se perfectionnoit en quatre ou cinq heures, offroit successivement toutes les analogies correspondantes aux premières années de la vie. D'abord la malade sourioit à la manière des enfans, elle jouoit comme eux avec tout ce qu'elle trouvoit sous sa main, les objets les plus lumineux, tel qu'une bague de diamans, recevoient de sa part des tribus continuels d'admiration & d'étonnement. Après ces jeux enfantins survenoit ordinairement l'usage de la parole; alors elle chantoit ou bien elle tenoit des discours sans suite & sans aucune apparence de raison. Quelques heures s'écouloient ordinairement avant que cet état cessa; elle reconnaissoit alors quelques unes des personnes qui l'environnoient, & le premier usage de sa raison étoit pour payer un tribut de reconnoissance à ceux dont elle recevoit les soins, & nous avons observé que le premier élan de ce sentiment ne se portoit jamais au hasard, mais toujours il se dirigeoit sur la personne qui lui redoit le plus de services. Quand le réveil étoit complètement déterminé & que la raison avoit recouvré tous ses droits, alors la malade répandoit des larmes en abondance, qui m'ont semblé produites par la conscience de son état. »
 
Ces anomalies du réveil qui s'accompagnent de convulsions (mais étaient-ce que nous nommons actuellement des convulsions ?), de hoquet, de troubles ventilatoires ne s'intègrent pas dans la forme clinique classique du KLS primitif. Arnulf I. et al. rapportent 18 cas de KLS secondaires, comportant des déficits neurologiques variés (bilateral pyramidal signs, frontal, pseudo-bulbar syndromes) mais aucun cas d'épilepsie.
 
Le KLS comporte des troubles cognitifs à type de déréalisation , d'hallucinations, d'irritabilité et de dépression . De Beauchêne décrit un comportement pathologique au réveil, avec des jeux puérils, une logorrhée, une dysthymie qui peuvent s'accorder avec un KLS.
 
A aucun moment, de Beauchêne n'évoque de trouble du comportement sexuel. On peut supposer qu'il n'en existait pas mais les règles sociales de bien séance peuvent lui en avoir empêcher la description.
 
De Beauchêne précise le retour à un état comportemental normal entre les accès d'hypersomnie, comme cela survient au cours du KLS : « Nous observerons que dans l'intervalle de ces accès de sommeil, la malade avoit conservé beaucoup de force; elle avoit de l'embonpoint, une belle carnaison, & l'air de la meilleure santé. »
 
Kleine W. est le premier à avoir décrit une série de 9 cas d'hypersomnie récurrente dont un cas était une jeune femme (4). C'était un neurologue. Par contre, Levin M., psychiatre, insista lui sur l'association de l'hypersomnie et des désordres des conduites alimentaires (5). Crtichley M. qui dénomma le syndrome en 1962, était un médecin de La Royale Navy et ajouta 9 observations personnelles de soldats atteints (6). Il proposa que le KLS ne touchait que le sexe masculin. Kesler A. et al ont rapporté 9 cas de KLS féminins (7). Huang YS. et Arnulf I. donne un prévalence majoritairement masculine avec un ratio M :F de 2 :1. Le sexe féminin, de la patiente de de Beauchêne n'exclut donc pas la possibilité d'un KLS.
 
Enfin, de Beauchêne propose une interprétation de la pathologie qu'il décrit, la rapportant à une viciation des humeurs suivant ainsi les concepts de la médecine hippocratique. Il indique bien, comme cause initiale, une humeur érysipélante :
 
«Nous avons présumé que l'humeur érésipélante répercutée, dont nous avons parlé ci-dessus; avoit été la source de tous les désordres qui s'étoient passés dans la suite à l'estomac, dans le bas ventre & même à la tête. Il nous a semblé que cette humeur, dont l'existence n'étoit pas douteuse, s'étoit surtout portée sur les organes digestifs, qu'elle avoit vicié les sucs gastriques, & par suite, a dénaturé le goût au point de donner à la malade les appétits les plus bizarres auquels elle céda en mangeant de la terre, de la chaux, & du plâtre pendant quatre années. Si l'on veut se rappeler d'ailleurs qu'à cette époque, cette pauvre fille étoit réduite à manger du pain bien noir & bien dur, on sera peut-être moins surpris de la bizarrerie & de la dépravation de son appétit
 
La physiopathologie du KLS reste encore actuellement incertaine. Un terrain génétique particulier (HLA DQB1*201) permettrait le développement , au niveau hypothalamique , de lésions auto-immunes au décours d'un épisode infectieux (8),. L'hypothalamus est la structure de régulation homéostasique du sommeil, de la satiété et de la sexualité. Au regard de cette hypothèse, l'humeur érysipélante de de Beauchêne serait le processus infectieux initial, générateur du trouble auto-immun à l'origine de la pathologie de sa patiente.
 
De Beauchêne précise : « A cette même époque, ayant appris que la malade avoit rendu un ver, tout vivant, de l'espèce des lumbrici, cela nous a décidé dans la suite à faire usage de la Caroline de Corse, & d'autres remèdes contre les vers, avant que d'entamer le traitement que nous avions résolu. ». L'ankylostomiase est une parasitose intestinale, dont la chronologie de l'infestation voit se succéder des éruptions urticariennes (l'érisypèle de de Beauchêne ?) et des désodres digestifs douloureux et fébriles mais sans hyperphagie ou autre désordre des choix alimentaires. Elle est, actuellement, une parasitose inter-tropicale. L'ascaridiose, Ascaris lubricoides, est présente sous toutes les latitudes. Elle déclenche des symptômes respiratoires et abdominaux mais aucune atteinte dermatologique ou neuropsychique n'a jamais été décrite (9).
 
En conclusion, de Beauchêne décrit l'observation la plus ancienne, actuellement connue, compatible avec KLS, dans une forme de KLS secondaire.

Kleine-Levin syndrome (KLS) is a rare disease characterised by recurrent episodes of hypersomnia and, to varying degrees, behavioural/cognitive disturbances, compulsive eating, and hypersexuality. In a recent review of the literature, Arnulf et al compiled 186 cases dating from 1962 to 2004 (1).
 
Why study such a rare syndrome? First of all, its rarity may be due to under-diagnosis or confusion with other pathologies. Moreover, KLS affects three vital processes: sleep-wake cycles, hunger, and sexual activity. In the last 10 to 15 years, the discovery of three new neuromediators implicated in these behavioural processes &endash; orexin A and B, leptin, and ghrelin &endash; show that the regulatory mechanisms are physiologically interlinked. This may lead to advances in treatment, not only for this syndrome, but also for its component pathologies in isolation.
 
The doctors of centuries past were pure clinicians, and therefore keen observers. They left us descriptions of many pathologies we are now "rediscovering". Huang and Arnulf (2) report on a description of KLS written by A. Brière de Boismont in 1862. I present here a case history of episodic hypersomnia associated with disordered eating and neurological disturbances. The report was written by a French doctor, Edmé Chauvot de Beauchêne (1749&endash;1824), and published in 1786 (3).
 
Beauchêne completed his studies at the renowned medical school in Montpellier, its reputation dating back to the Middle Ages. His professors included F. Boissier de Sauvages, author of an esteemed nosology. Beauchêne embarked on his career towards the end of the Enlightenment and, like his contemporaries P. Pomme and J. Raulin, he became interested in "vapours". In his book entitled De l'influence des affections de l'âme dans les maladies nerveuses des femmes avec le traitement qui convient à ces maladies (1781), he offers a precursor to descriptions of what late 19th century doctors termed hysteria and their 20th century counterparts, psychosomatic illness: "At the age when passions begin to take root in a woman's heart, she has no vapours; but as these passions develop & intensify, nervous diseases exert the most devastating influences upon her temperament. The violent transports agitating the senses transmit an impetus which accelerates movement, in turn destroying equilibrium in the physical constitution." After fleeing to his estate in Burgundy to save his neck during the French Revolution, Beauchêne returned to the court of King Louis XVIII during the Restoration, where he was accorded the illustrious title of "Physician to the Ladies of the Court".
 
Given his specialisation in women's diseases, it is not surprising that Beauchêne took particular interest in the unusual case of a 26-year old woman. Between the ages of 7 and 11, she had experienced episodes of extensive erysipelas, accompanied by fever, digestive problems, headaches, and convulsions. "In her fourteenth year, she was overcome with a lethargic sleep which lasted several days; & it was so profound that she was believed dead. From that point forward, the affection of sleep recurred at irregular intervals; it usually lasted eight to ten days, continuing at times for fifteen; & upon one sole occasion, it persisted into the seventeenth day." Beauchêne first examined the patient when she came to Paris at the age of 24. He personally observed four episodes of hypersomnia, lasting between 24 hours and 8 days. He reports: "During the first four years of her disease, this poor girl had appetites as bizarre as they were dangerous, causing her to eat lime, plaster, soil, & vinegar. Thereafter, these appetites subsided, & she nourished herself indiscriminately with all sorts of aliment, excepting bread, for which she maintained an insuperable loathing till she was perfectly cured. This food always occasioned vomiting."
 
Beauchêne does not mention megaphagia per se, but his descriptions of recurrent episodes of hypersomnia, accompanied by peculiar eating habits, in some ways resemble KLS.
 
In contrast, he describes a process of waking which differs from that associated with Kleine-Levin Syndrome: "Amongst the phenomena provoked by this disease, the manner of waking struck us as one of the most astonishing; we witnessed this phenomenon three times; & here is how it always occurred. Spasms, convulsions of the upper extremities, & hiccups signalled the awakening; but this indication was somewhat deceptive; nevertheless, the labours preceding arousal were marked by heavy, sob-like breaths, contraction of the muscles of the lower abdomen, swelling of the thorax, & convulsions of the whole body successively agitating all its external parts." […]
 
"The patient awakened only by degrees, & her reason cleared in due proportion, such that the veil hanging over it was progressively lifted by each convulsion, & its development, which reached completion in four or five hours, offered a succession of analogies with the earliest years of life. First the patient smiled in a childlike manner, & as children are wont to do, she played with everything close at hand; to the most luminous objects, such as a diamond ring, she accorded an endless tribute of admiration & surprise. Following these childlike games, she usually regained the use of speech; she would then sing, or make incoherent utterances apparently lacking in all reason. A few hours usually passed before this state abated; she would then recognise some of the persons around her, & her first demonstration of reason was to express her gratitude to those caring for her, & we observed that the initial expression of this sentiment was never a matter of chance, but was in fact always directed towards the person to whose services she was most indebted. Once fully awake & in complete possession of her reason, the patient was overcome by a torrent of tears, which we took to indicate her awareness of her pitiful state."
 
Such unusual symptoms upon waking &endash; convulsions (but were these what we currently call convulsions?), hiccups, trouble breathing &endash; do not match the classical profile of primary KLS. Arnulf et al reported 18 cases of secondary KLS, involving various neurological disturbances (frontal, bilateral pyramidal, and pseudo-bulbar syndromes) but no cases of epilepsy.
 
KLS may involve cognitive disturbances such as derealisation, hallucinations, irritability, and depression. Beauchêne describes pathological behaviour upon waking &endash; logorrhoea, dysthymia, and childish behaviour &endash; which may be in keeping with KLS.
 
Beauchêne never mentions any unusual sexual behaviour. Perhaps there simply were no such symptoms, but the rules of decorum may have prevented him from making any observations on this subject.
 
Beauchêne notes that the patient's behaviour returned to normal between the episodes of hypersomnia, as occurs in KLS: "We noted that in the intervals between these periods of sleep, the patient had preserved much of her strength; her colour was high and she appeared in excellent health. The disease had not enfeebled the moral faculties of the patient."
 
Kleine, a neurologist, was the first to describe a series of nine cases of recurrent hypersomnia, one involving a young woman (4). Levin, a psychiatrist, focused on the relationship between hypersomnia and disordered eating (5). Critchley, who gave the syndrome its name in 1962, added to the literature eleven cases he had personally observed as a physician for the British Royal Navy (6). While Critchley suggested that KLS is an exclusively male condition, Kesler et al. (7) reported nine female cases of the disease. Huang and Arnulf report that it predominately affects males, with a male-female ratio of 2:1. The fact that Beauchêne's patient was a woman therefore does not exclude the possibility of KLS.
 
Beauchêne offers an interpretation of his patient's pathology, attributing her condition to contaminated humours in accordance with the precepts of Hippocratic medicine. He describes the initial cause as follows: "We proceeded from the idea that the recurring erysipelatous humour, described above, was the source of all subsequent disorders in the stomach, bowels, & even the head. It was our impression that this humour, whose existence we had no reason to doubt, had chiefly affected the digestive organs; it had tainted the gastric juices, then denatured the patient's sense of taste, giving rise to the most bizarre appetites, to which she yielded by eating soil, lime, & plaster over a period of four years."
 
The physiopathology of KLS remains unclear. A specific genetic predisposition (HLA DQB1*201) may favour the development of autoimmune lesions in the hypothalamus towards the end an infectious episode (8). The hypothalamus regulates homeostatic control of sleep, hunger, and sexual activity. In relation to this hypothesis, the erysipelatous humour described by Beauchêne might be seen as the initial infectious process, generating the autoimmune response which in turn provoked the patient's pathology.
 
Beauchêne notes learning that the "patient had passed a worm, still alive, of the lumbricoid species". Ancylostomiasis or hookworm disease is an intestinal parasitosis causing infected individuals to break out in a rash (could this explain the erysipelas described by Beauchêne?) followed by digestive pain associated with fever, but without accompanying megaphagia or other abnormal eating behaviours. Hookworm disease is currently considered a tropical parasitosis. Ascariasis, caused by Ascaris lumbricoides, occurs at all latitudes. While this condition triggers respiratory and digestive symptoms, no cutaneous or neuropsychological manifestations have ever been described (9).
 
In conclusion, Beauchêne offers the oldest observation currently identified which is consistent with KLS, albeit a secondary form of the disease.
 
 
References
 
1. Arnulf I, Zeitzer JM, File J, Farber N, Mignot E. Kleine-Levin syndrome: a systematic review of 186 cases in the literature. Brain 2005;128:2763-76.
 
2. Huang YS, Arnulf I. The Kleine-Levin Syndrome. Sleep Medicine Clinics 2006;1:89-103
 
3. Beauchêne Chauvot de E. Observation sur une maladie nerveuse, avec complication d'un sommeil, tantôt léthargique, tantôt convulsif. A Amsterdam et à Paris : chez Méquignon l'aîné - 1786. 22p.
 
4. Kleine W. Periodische Schlafsucht. Monatsschrift für Psychiatrie und Neurologie, 1925;57:285-320.
 
5. Levin M. Periodic somnolence and morbid hunger: a new syndrome. Brain, Oxford, 1936;59:494-504.
 
6. Critchley M, Hoffman H. The syndrome of periodic somnolence and morbid hunger (Kleine-Levin syndrome). BMJ. 1942 ;1:137-9.
 
7. Kesler A, Gadoth A, Vainstein G, et al. Kleine Levin syndrome (KLS) in young females. Sleep. 2000;23:563-7.
 
8. Dauvilliers Y, Mayer G, Lecendreux M, et al. Kleine-Levin syndrome: an autoimmune hypothesis based on clinical and genetic analyses. Neurology. 2002;59:1739-4
 
9. de Silva NR, Brooker S, Hotez PJ, et al. Soil-transmitted helminth infections: Updating the global picture. Trends Parasitol. 2003;19:547&endash;55.
 
En 2006, D'après M. Billiard. Les troubles du sommeil Michel Billard et Yves Dauvilliers Masson Ed 2006
 
Le syndrome de Kleine-Levin est rare avec environ 200 cas publiés dans la littérature mondiale. Le ration homme/femme est d'environ 1 pour 4. Le syndrome se déclare le plus souvent au début de l'adolescence.
 
Le syndrome de Kleine-Levin est typiquement caractérisé par des épisodes récurrents d'hypersomnie associés à des troubles du comportement comprenant une hyperphagie (consommation rapide de grandes quantités de nourriture sur un mode compulsif), une hypersexualité sous forme d'avances amoureuses, de fantasmes sexuels exprimés sans vergogne, de masturbation en public, une irritabilité, des comportements bizarres tels que se tenir sur la tête, chanter très fort, parler d'une voix enfantine, et des troubles cognitifs, impression d'irréalité des personnes et des objets, confusion, hallucinations visuelles ou auditives.
 
Cependant la présence de l'ensemble de ces troubles chez un même malade est plus l'exception que la règle. Le début de l'épisode hypersomniaque est parfois marqué par une céphalée. Durant l'épisode le sujet est capable de dormir jusqu'à 18 heures par jour, se réveillant et se levant seulement pour manger et satisfaire ses besoins naturels. Il n'y a pas d'incontinence urinaire. Une prise de poids de quelques kilogrammes n'est pas exceptionnelle au cours de l'accès. L'examen physique note parfois un visage congestionné, une transpiration importante, une chevelure ou des urines nauséabondes. L'examen neurologique est normal. Une amnésie de l'épisode, une réaction dépressive avec des idées suicidaires, une phase maniaque avec insomnie, peuvent se voir pour un jour ou deux à la fin de l'épisode. Pendant les intervalles asymptomatiques le sujet dort normalement et n'a aucun trouble comportemental ou cognitif.
 
Des antécédents familiaux de dépression bipolaire sont retrouvés dans un certain nombre d'observations.
 
Physiopathologie
Des facteurs précipitants sont retrouvés dans plus de la moitié des cas une affection grippale ou une infection des voies respiratoires hautes survenant immédiatement avant le premier épisode dans la majorité des cas, plus rarement un épisode de mal de mer, une ivresse aiguë, un traumatisme facial, une anesthésie générale, un coup de soleil. Quatre observations anatomopathologiques ont été rapportées chez des sujets décédés à l'issue de l'ingestion excessive de nourriture. Trois d'entre elles montrent des lésions de type inflammatoire (manchons lymphocytiques périvasculaires) de sièges variés, en faveur d'une encéphalite localisée d'origine virale; mais aucun virus n'a jamais été mis en évidence dans le sang ou le liquide céphalorachidien.
 
La combinaison des symptômes cliniques, hypersomnie et troubles des comportements alimentaire et sexuel, a conduit depuis longtemps à soulever l'hypothèse d'un dysfonctionnement hypothalamique récurrent.
 
Toutefois les données endocrinologiques disponibles n'apportent pas d'argument en faveur d'un trouble hypophyso-hypothalamique; l'imagerie par résonance magnétique nucléaire ne montre pas de modification morphologique de la région hypothalamique et des quatre études anatomopathologiques rapportées, une seule a retenu des lésions inflammatoires siégeant dans l'hypothalamus.
 
En revanche la récurrence des épisodes, l'âge de début dans l'adolescence, la fréquence d'états infectieux précédant le premier épisode et l'association avec HLA DQB1*0201 récemment décrite pourraient suggérer un désordre autoimmun. Enfin quelques cas familiaux ont été récemment rapportés en faveur d'un substratum génétique, au moins dans certains cas.
 
Evolution
Les observations disponibles suggèrent globalement une évolution bénigne, avec des épisodes progressivement moins fréquents, moins sévères et de moindre durée. Il faut cependant signaler que les observations s'achèvent souvent avec le dernier épisode observé et que des évolutions de 10 ans et plus ont été rapportées. Les complications sont essentiellement sociales et professionnelles.
 
  
Kleine-Levin syndrome: a systematic review of 186 cases in the literature. Brain. 2005; 128: 2763-2776 
 
Arnulf I, Zeitzer JM, File J, Farber N, Mignot E.
 
Stanford University Center for Narcolepsy, Palo Alto, CA, USA.
 
Kleine-Levin syndrome (KLS) is a rare disorder with symptoms that include periodic hypersomnia, cognitive and behavioural disturbances. Large series of patients are lacking. In order to report on various KLS symptoms, identify risk factors and analyse treatment response, we performed a systematic review of 195 articles, written in English and non-English languages, which are available on Medline dating from 1962 to 2004. Doubtful or duplicate cases, case series without individual details and reviews (n = 56 articles) were excluded. In addition, the details of 186 patients from 139 articles were compiled. Primary KLS cases (n = 168) were found mostly in men (68%) and occurred sporadically worldwide. The median age of onset was 15 years (range 4-82 years, 81% during the second decade) and the syndrome lasted 8 years, with seven episodes of 10 days, recurring every 3.5 months (median values) with the disease lasting longer in women and in patients with less frequent episodes during the first year. It was precipitated most frequently by infections (38.2%), head trauma (9%), or alcohol consumption (5.4%). Common symptoms were hypersomnia (100%), cognitive changes (96%, including a specific feeling of derealization), eating disturbances (80%), hypersexuality (43%), compulsions (29%), and depressed mood (48%). In 75 treated patients (213 trials), somnolence decreased using stimulants (mainly amphetamines) in 40% of cases, while neuroleptics and antidepressants were of poor benefit. Only lithium (but not carbamazepine or other antiepileptics) had a higher reported response rate (41%) for stopping relapses when compared to medical abstention (19%). Secondary KLS (n = 18) patients were older and had more frequent and longer episodes, but had clinical symptoms and treatment responses similar to primary cases. In conclusion, KLS is a unique disease which may be more severe in female and secondary cases.