Observation of a nervous disease attended
by disturbed sleep, at times lethargic and at
times convulsive
Abstract : The doctors of centuries
past were pure clinicians, and therefore keen
observers. They left us descriptions of many
pathologies we are now "rediscovering". At the
end of the Enlightenment in 1786, a French
physician by the name of Edmé Chauvot de
Beauchêne published a case of recurrent
episodes of hypersomnia associated with
disordered eating. Does he offer the oldest
currently identified observation of a
Kleine-Levin syndrome?
Le syndrome de Kleine Levin est une
affection rare caractérisée par
des récurrences d'épisodes
d'hypersomnie associés à de
façons variables à des troubles
comportementaux (mégaphagie,
hypersexualité). Dans une revue
récente de la littérature, Arnulf
I et al. ont retenu 186 cas pubiés entre
1962 et 2004 (1).
Pourquoi s'intéresser à un
syndrome aussi rare ? Il est probablement rare
parce que sous diagnostiqué et confondu
avec d'autres pathologies . Il touche aux trois
fondements de la vie: le rythme veille/sommeil,
la satiété et la sexualité.
Depuis une dizaine d'années, la
découverte de trois nouveaux
neuro-médiateurs, impliqués dans
la régulation de ces comportements, les
orexines, la leptine, la ghréline montre
que les régulations de ces comportements
sont physiologiquement intriquées,
laissant espérer des avancées
thérapeutiques non seulement pour traiter
ce syndrome mais les pathologies isolées
que lui cumule.
Les médecins des siècles
passés étaient des cliniciens
exclusifs, et donc fins observateurs. Ils ont
laissé des descriptions de toutes les
pathologies que nous semblons
redécouvrir. Huang YS. et Arnulf I. ont
rapporté une description du KLS par A.
Brière de Boismont en 1862 (2). Nous
soumettons à la critique une description
d'un cas d' hypersomnie par épisodes
récurrents associée à des
troubles des conduites alimentaires et d'autres
anomalies neurologiques, rapportée par un
médecin français, Edmé
Chauvot de Beauchêne (1749-1824) et
publiée en 1786 (3).
De Beauchêne suivit ses études
à la Faculté de médecine de
Montpellier, université renommée
depuis le Moyen-Age. Il eut, notamment, pour
maître F
. Boissier de Sauvages, auteur d'une
nosologie réputée des pathologies.
Exerçant à la fin de
l'époque des Lumières, de
Beauchêne s'intéresse comme
d'autres de ses contemporains, P.
Pomme ou J.
Raulin « aux vapeurs ». Dans son
livre « De l'influence des affections de
l'âme dans les maladies nerveuses des
femmes avec le traitement qui convient à
se maladies » (1781) il jette les
fondements des descriptions de ce qui deviendra
pendant la deuxième moitié du
XIX° siècle, l'hystérie et au
XX° siècle les troubles
psychosomatiques : « Dans l'âge
où les passions germent dans le coeur des
femmes, elles n'ont point de vapeurs ; mais
quand ces passions se développent &
s'exaltent, les maladies nerveuses font les plus
grands ravages dans leur tempérament. Les
transports violens qui agitent les sens, leur
communiquent un ressort dont les mouvements trop
rapides détruisent l'équilibre
dans la constitution matérielle.
» Retiré dans ses terres, en
Bourgogne, pour sauver sa tête pendant la
Révolution française, il revient
à la cour comme médecin de Louis
XVIII, à la Restauration,
auréolé du prestige d'être
« un médecin des dames »
à la Cour.
Il n'est donc pas surprenant qu'il
s'intéressa à l'histoire insolite
d'une jeune femme, âgée de 26 ans
quand il la prit en charge. Elle avait
présenté entre l'âge de 7 et
11 ans, des épisodes
d'érysipèle étendus,
fébriles, associés à des
troubles digestifs, des céphalées
et des convulsions. « A quatorze ans
elle fut attaquée d'un sommeil
léthargique qui dura plusieurs jours;
& il fut si profond qu'on la crut morte. Ce
sommeil s'est constamment renouvelé
depuis, à des distances inégales:
il a duré ordinairement huit à dix
jours; il a continué quelquefois pendant
quinze, & une fois, seulement, il s'est
prolongé jusqu'au dix septième
jour ». De Beauchêne la
vît, une fois qu'elle fût venue
à Paris, alors qu'elle avait 24 ans et
observa personnellement quatre épisodes
d'hypersomnie, durant de 24 heures à huit
jours. Il rapporte: « Pendant les quatre
premières années de sa maladie,
cette pauvre fille avoit des goûts aussi
bizarres que dangereux; mangeant de la chaux, du
plâtre, de la terre & du vinaigre. Ce
goût se calma dans la suite & elle
vécut indistinctement de toutes sortes
d'aliments, excepté le pain, pour lequel
elle conserva une répugnance invincible
jusqu'à sa parfaite guérison. Cet
aliment lui occasionnoit toujours des
vomissements. »
Il ne note pas d'hyperphagie à
proprement parler, mais des épisodes
récurrents d'hypersomnie, associés
à des choix alimentaires incongrus,
peuvent évoquer un KLS.
Sa description des réveils est,
elle, différente de ceux du KLS : «
Parmi les phénomènes qu'offre
cette maladie, celui du réveil nous a
paru un des plus frappans; nous l'avons
observé trois fois; & voici comment
il s'est toujours passé. Les spasmes, les
convulsions des extrémités
supérieures & le hoquet,
étoient le signal du réveil; cette
indication a cependant été
quelques trompeuses; mais une respiration forte
et sanglotante, les contractions des muscles du
bas ventre, le gonflement du thorax, des
convulsions générales qui
soulevoient successivement toutes les parties
externes du corps, exprimoient le travail qui
amenoit le réveil. La malade étoit
souvent livrée, pendant des heures
entières à cet état
pénible, avant que ses sens sussent se
soustraire à l'engourdissement auquel un
sommeil impérieux les avoit
livrés. Le réveil ne
s'opéroit que par degrés, & la
raison s'éclaircissoit en proportion, se
sorte que l'on eût dit que chaque
convulsion soulevoit une portion du voile qui la
couvroit, & son développement qui se
perfectionnoit en quatre ou cinq heures, offroit
successivement toutes les analogies
correspondantes aux premières
années de la vie. D'abord la malade
sourioit à la manière des enfans,
elle jouoit comme eux avec tout ce qu'elle
trouvoit sous sa main, les objets les plus
lumineux, tel qu'une bague de diamans,
recevoient de sa part des tribus continuels
d'admiration & d'étonnement.
Après ces jeux enfantins survenoit
ordinairement l'usage de la parole; alors elle
chantoit ou bien elle tenoit des discours sans
suite & sans aucune apparence de raison.
Quelques heures s'écouloient
ordinairement avant que cet état cessa;
elle reconnaissoit alors quelques unes des
personnes qui l'environnoient, & le premier
usage de sa raison étoit pour payer un
tribut de reconnoissance à ceux dont elle
recevoit les soins, & nous avons
observé que le premier élan de ce
sentiment ne se portoit jamais au hasard, mais
toujours il se dirigeoit sur la personne qui lui
redoit le plus de services. Quand le
réveil étoit complètement
déterminé & que la raison
avoit recouvré tous ses droits, alors la
malade répandoit des larmes en abondance,
qui m'ont semblé produites par la
conscience de son état. »
Ces anomalies du réveil qui
s'accompagnent de convulsions (mais
étaient-ce que nous nommons actuellement
des convulsions ?), de hoquet, de troubles
ventilatoires ne s'intègrent pas dans la
forme clinique classique du KLS primitif. Arnulf
I. et al. rapportent 18 cas de KLS secondaires,
comportant des déficits neurologiques
variés (bilateral pyramidal signs,
frontal, pseudo-bulbar syndromes) mais aucun cas
d'épilepsie.
Le KLS comporte des troubles cognitifs
à type de déréalisation ,
d'hallucinations, d'irritabilité et de
dépression . De Beauchêne
décrit un comportement pathologique au
réveil, avec des jeux puérils, une
logorrhée, une dysthymie qui peuvent
s'accorder avec un KLS.
A aucun moment, de Beauchêne
n'évoque de trouble du comportement
sexuel. On peut supposer qu'il n'en existait pas
mais les règles sociales de bien
séance peuvent lui en avoir
empêcher la description.
De Beauchêne précise le retour
à un état comportemental normal
entre les accès d'hypersomnie, comme cela
survient au cours du KLS : « Nous
observerons que dans l'intervalle de ces
accès de sommeil, la malade avoit
conservé beaucoup de force; elle avoit de
l'embonpoint, une belle carnaison, & l'air
de la meilleure santé. »
Kleine W. est le premier à avoir
décrit une série de 9 cas
d'hypersomnie récurrente dont un cas
était une jeune femme (4). C'était
un neurologue. Par contre, Levin M., psychiatre,
insista lui sur l'association de l'hypersomnie
et des désordres des conduites
alimentaires (5). Crtichley M. qui
dénomma le syndrome en 1962, était
un médecin de La Royale Navy et ajouta 9
observations personnelles de soldats atteints
(6). Il proposa que le KLS ne touchait que le
sexe masculin. Kesler A. et al ont
rapporté 9 cas de KLS féminins
(7). Huang YS. et Arnulf I. donne un
prévalence majoritairement masculine avec
un ratio M :F de 2 :1. Le sexe féminin,
de la patiente de de Beauchêne n'exclut
donc pas la possibilité d'un KLS.
Enfin, de Beauchêne propose une
interprétation de la pathologie qu'il
décrit, la rapportant à une
viciation des humeurs suivant ainsi les concepts
de la médecine hippocratique. Il indique
bien, comme cause initiale, une humeur
érysipélante :
«Nous avons présumé
que l'humeur érésipélante
répercutée, dont nous avons
parlé ci-dessus; avoit été
la source de tous les désordres qui
s'étoient passés dans la suite
à l'estomac, dans le bas ventre &
même à la tête. Il nous a
semblé que cette humeur, dont l'existence
n'étoit pas douteuse, s'étoit
surtout portée sur les organes digestifs,
qu'elle avoit vicié les sucs gastriques,
& par suite, a dénaturé le
goût au point de donner à la malade
les appétits les plus bizarres auquels
elle céda en mangeant de la terre, de la
chaux, & du plâtre pendant quatre
années. Si l'on veut se rappeler
d'ailleurs qu'à cette époque,
cette pauvre fille étoit réduite
à manger du pain bien noir & bien
dur, on sera peut-être moins surpris de la
bizarrerie & de la dépravation de son
appétit.»
La physiopathologie du KLS reste encore
actuellement incertaine. Un terrain
génétique particulier (HLA
DQB1*201) permettrait le développement ,
au niveau hypothalamique , de lésions
auto-immunes au décours d'un
épisode infectieux (8),. L'hypothalamus
est la structure de régulation
homéostasique du sommeil, de la
satiété et de la sexualité.
Au regard de cette hypothèse, l'humeur
érysipélante de de Beauchêne
serait le processus infectieux initial,
générateur du trouble auto-immun
à l'origine de la pathologie de sa
patiente.
De Beauchêne précise : «
A cette même époque, ayant
appris que la malade avoit rendu un ver, tout
vivant, de l'espèce des lumbrici, cela
nous a décidé dans la suite
à faire usage de la Caroline de Corse,
& d'autres remèdes contre les vers,
avant que d'entamer le traitement que nous
avions résolu. ».
L'ankylostomiase est une parasitose intestinale,
dont la chronologie de l'infestation voit se
succéder des éruptions
urticariennes (l'érisypèle de de
Beauchêne ?) et des désodres
digestifs douloureux et fébriles mais
sans hyperphagie ou autre désordre des
choix alimentaires. Elle est, actuellement, une
parasitose inter-tropicale. L'ascaridiose,
Ascaris lubricoides, est présente sous
toutes les latitudes. Elle déclenche des
symptômes respiratoires et abdominaux mais
aucune atteinte dermatologique ou neuropsychique
n'a jamais été décrite
(9).
En conclusion, de Beauchêne
décrit l'observation la plus ancienne,
actuellement connue, compatible avec KLS, dans
une forme de KLS secondaire.
Kleine-Levin syndrome (KLS) is a rare disease
characterised by recurrent episodes of
hypersomnia and, to varying degrees,
behavioural/cognitive disturbances, compulsive
eating, and hypersexuality. In a recent review
of the literature, Arnulf et al compiled 186
cases dating from 1962 to 2004 (1).
Why study such a rare syndrome? First of
all, its rarity may be due to under-diagnosis or
confusion with other pathologies. Moreover, KLS
affects three vital processes: sleep-wake
cycles, hunger, and sexual activity. In the last
10 to 15 years, the discovery of three new
neuromediators implicated in these behavioural
processes &endash; orexin A and B, leptin, and
ghrelin &endash; show that the regulatory
mechanisms are physiologically interlinked. This
may lead to advances in treatment, not only for
this syndrome, but also for its component
pathologies in isolation.
The doctors of centuries past were pure
clinicians, and therefore keen observers. They
left us descriptions of many pathologies we are
now "rediscovering". Huang and Arnulf (2) report
on a description of KLS written by A.
Brière de Boismont in 1862. I present
here a case history of episodic hypersomnia
associated with disordered eating and
neurological disturbances. The report was
written by a French doctor, Edmé Chauvot
de Beauchêne (1749&endash;1824), and
published in 1786 (3).
Beauchêne completed his studies at the
renowned medical school in Montpellier, its
reputation dating back to the Middle Ages. His
professors included F.
Boissier de Sauvages, author of an esteemed
nosology. Beauchêne embarked on his career
towards the end of the Enlightenment and, like
his contemporaries P. Pomme and J. Raulin, he
became interested in "vapours". In his book
entitled De l'influence des affections de
l'âme dans les maladies nerveuses des
femmes avec le traitement qui convient à
ces maladies (1781), he offers a precursor to
descriptions of what late 19th century doctors
termed hysteria and their 20th century
counterparts, psychosomatic illness: "At the
age when passions begin to take root in a
woman's heart, she has no vapours; but as these
passions develop & intensify, nervous
diseases exert the most devastating influences
upon her temperament. The violent transports
agitating the senses transmit an impetus which
accelerates movement, in turn destroying
equilibrium in the physical constitution."
After fleeing to his estate in Burgundy to save
his neck during the French Revolution,
Beauchêne returned to the court of King
Louis XVIII during the Restoration, where he was
accorded the illustrious title of "Physician to
the Ladies of the Court".
Given his specialisation in women's
diseases, it is not surprising that
Beauchêne took particular interest in the
unusual case of a 26-year old woman. Between the
ages of 7 and 11, she had experienced episodes
of extensive erysipelas, accompanied by fever,
digestive problems, headaches, and convulsions.
"In her fourteenth year, she was overcome
with a lethargic sleep which lasted several
days; & it was so profound that she was
believed dead. From that point forward, the
affection of sleep recurred at irregular
intervals; it usually lasted eight to ten days,
continuing at times for fifteen; & upon one
sole occasion, it persisted into the seventeenth
day." Beauchêne first examined the
patient when she came to Paris at the age of 24.
He personally observed four episodes of
hypersomnia, lasting between 24 hours and 8
days. He reports: "During the first four
years of her disease, this poor girl had
appetites as bizarre as they were dangerous,
causing her to eat lime, plaster, soil, &
vinegar. Thereafter, these appetites subsided,
& she nourished herself indiscriminately
with all sorts of aliment, excepting bread, for
which she maintained an insuperable loathing
till she was perfectly cured. This food always
occasioned vomiting."
Beauchêne does not mention megaphagia
per se, but his descriptions of recurrent
episodes of hypersomnia, accompanied by peculiar
eating habits, in some ways resemble KLS.
In contrast, he describes a process of
waking which differs from that associated with
Kleine-Levin Syndrome: "Amongst the phenomena
provoked by this disease, the manner of waking
struck us as one of the most astonishing; we
witnessed this phenomenon three times; &
here is how it always occurred. Spasms,
convulsions of the upper extremities, &
hiccups signalled the awakening; but this
indication was somewhat deceptive; nevertheless,
the labours preceding arousal were marked by
heavy, sob-like breaths, contraction of the
muscles of the lower abdomen, swelling of the
thorax, & convulsions of the whole body
successively agitating all its external parts."
[ ]
"The patient awakened only by degrees,
& her reason cleared in due proportion, such
that the veil hanging over it was progressively
lifted by each convulsion, & its
development, which reached completion in four or
five hours, offered a succession of analogies
with the earliest years of life. First the
patient smiled in a childlike manner, & as
children are wont to do, she played with
everything close at hand; to the most luminous
objects, such as a diamond ring, she accorded an
endless tribute of admiration & surprise.
Following these childlike games, she usually
regained the use of speech; she would then sing,
or make incoherent utterances apparently lacking
in all reason. A few hours usually passed before
this state abated; she would then recognise some
of the persons around her, & her first
demonstration of reason was to express her
gratitude to those caring for her, & we
observed that the initial expression of this
sentiment was never a matter of chance, but was
in fact always directed towards the person to
whose services she was most indebted. Once fully
awake & in complete possession of her
reason, the patient was overcome by a torrent of
tears, which we took to indicate her awareness
of her pitiful state."
Such unusual symptoms upon waking &endash;
convulsions (but were these what we currently
call convulsions?), hiccups, trouble breathing
&endash; do not match the classical profile of
primary KLS. Arnulf et al reported 18 cases of
secondary KLS, involving various neurological
disturbances (frontal, bilateral pyramidal, and
pseudo-bulbar syndromes) but no cases of
epilepsy.
KLS may involve cognitive disturbances such
as derealisation, hallucinations, irritability,
and depression. Beauchêne describes
pathological behaviour upon waking &endash;
logorrhoea, dysthymia, and childish behaviour
&endash; which may be in keeping with KLS.
Beauchêne never mentions any unusual
sexual behaviour. Perhaps there simply were no
such symptoms, but the rules of decorum may have
prevented him from making any observations on
this subject.
Beauchêne notes that the patient's
behaviour returned to normal between the
episodes of hypersomnia, as occurs in KLS:
"We noted that in the intervals between these
periods of sleep, the patient had preserved much
of her strength; her colour was high and she
appeared in excellent health. The disease had
not enfeebled the moral faculties of the
patient."
Kleine, a neurologist, was the first to
describe a series of nine cases of recurrent
hypersomnia, one involving a young woman (4).
Levin, a psychiatrist, focused on the
relationship between hypersomnia and disordered
eating (5). Critchley, who gave the syndrome its
name in 1962, added to the literature eleven
cases he had personally observed as a physician
for the British Royal Navy (6). While Critchley
suggested that KLS is an exclusively male
condition, Kesler et al. (7) reported nine
female cases of the disease. Huang and Arnulf
report that it predominately affects males, with
a male-female ratio of 2:1. The fact that
Beauchêne's patient was a woman therefore
does not exclude the possibility of KLS.
Beauchêne offers an interpretation of
his patient's pathology, attributing her
condition to contaminated humours in accordance
with the precepts of Hippocratic medicine. He
describes the initial cause as follows: "We
proceeded from the idea that the recurring
erysipelatous humour, described above, was the
source of all subsequent disorders in the
stomach, bowels, & even the head. It was our
impression that this humour, whose existence we
had no reason to doubt, had chiefly affected the
digestive organs; it had tainted the gastric
juices, then denatured the patient's sense of
taste, giving rise to the most bizarre
appetites, to which she yielded by eating soil,
lime, & plaster over a period of four
years."
The physiopathology of KLS remains unclear.
A specific genetic predisposition (HLA DQB1*201)
may favour the development of autoimmune lesions
in the hypothalamus towards the end an
infectious episode (8). The hypothalamus
regulates homeostatic control of sleep, hunger,
and sexual activity. In relation to this
hypothesis, the erysipelatous humour described
by Beauchêne might be seen as the initial
infectious process, generating the autoimmune
response which in turn provoked the patient's
pathology.
Beauchêne notes learning that the
"patient had passed a worm, still alive, of
the lumbricoid species". Ancylostomiasis or
hookworm disease is an intestinal parasitosis
causing infected individuals to break out in a
rash (could this explain the erysipelas
described by Beauchêne?) followed by
digestive pain associated with fever, but
without accompanying megaphagia or other
abnormal eating behaviours. Hookworm disease is
currently considered a tropical parasitosis.
Ascariasis, caused by Ascaris lumbricoides,
occurs at all latitudes. While this condition
triggers respiratory and digestive symptoms, no
cutaneous or neuropsychological manifestations
have ever been described (9).
In conclusion, Beauchêne offers the
oldest observation currently identified which is
consistent with KLS, albeit a secondary form of
the disease.
2. Huang YS, Arnulf I. The Kleine-Levin
Syndrome. Sleep Medicine Clinics
2006;1:89-103
3. Beauchêne Chauvot de E. Observation
sur une maladie nerveuse, avec complication d'un
sommeil, tantôt léthargique,
tantôt convulsif. A Amsterdam et à
Paris : chez Méquignon
l'aîné - 1786. 22p.
4. Kleine
W. Periodische Schlafsucht. Monatsschrift
für Psychiatrie und Neurologie,
1925;57:285-320.
5. Levin
M. Periodic somnolence and morbid hunger: a
new syndrome. Brain, Oxford,
1936;59:494-504.
6. Critchley
M, Hoffman H. The syndrome of periodic
somnolence and morbid hunger (Kleine-Levin
syndrome). BMJ. 1942 ;1:137-9.
En 2006, D'après M. Billiard.
Les troubles du sommeil Michel Billard et Yves
Dauvilliers Masson Ed 2006
Le syndrome de Kleine-Levin est rare avec
environ 200 cas publiés dans la
littérature mondiale. Le ration
homme/femme est d'environ 1 pour 4. Le syndrome
se déclare le plus souvent au
début de l'adolescence.
Le syndrome de Kleine-Levin est typiquement
caractérisé par des
épisodes récurrents d'hypersomnie
associés à des troubles du
comportement comprenant une hyperphagie
(consommation rapide de grandes quantités
de nourriture sur un mode compulsif), une
hypersexualité sous forme d'avances
amoureuses, de fantasmes sexuels exprimés
sans vergogne, de masturbation en public, une
irritabilité, des comportements bizarres
tels que se tenir sur la tête, chanter
très fort, parler d'une voix enfantine,
et des troubles cognitifs, impression
d'irréalité des personnes et des
objets, confusion, hallucinations visuelles ou
auditives.
Cependant la présence de l'ensemble
de ces troubles chez un même malade est
plus l'exception que la règle. Le
début de l'épisode hypersomniaque
est parfois marqué par une
céphalée. Durant l'épisode
le sujet est capable de dormir jusqu'à 18
heures par jour, se réveillant et se
levant seulement pour manger et satisfaire ses
besoins naturels. Il n'y a pas d'incontinence
urinaire. Une prise de poids de quelques
kilogrammes n'est pas exceptionnelle au cours de
l'accès. L'examen physique note parfois
un visage congestionné, une transpiration
importante, une chevelure ou des urines
nauséabondes. L'examen neurologique est
normal. Une amnésie de l'épisode,
une réaction dépressive avec des
idées suicidaires, une phase maniaque
avec insomnie, peuvent se voir pour un jour ou
deux à la fin de l'épisode.
Pendant les intervalles asymptomatiques le sujet
dort normalement et n'a aucun trouble
comportemental ou cognitif.
Des antécédents familiaux de
dépression bipolaire sont
retrouvés dans un certain nombre
d'observations.
Physiopathologie
Des facteurs précipitants sont
retrouvés dans plus de la moitié
des cas une affection grippale ou une infection
des voies respiratoires hautes survenant
immédiatement avant le premier
épisode dans la majorité des cas,
plus rarement un épisode de mal de mer,
une ivresse aiguë, un traumatisme facial,
une anesthésie générale, un
coup de soleil. Quatre observations
anatomopathologiques ont été
rapportées chez des sujets
décédés à l'issue de
l'ingestion excessive de nourriture. Trois
d'entre elles montrent des lésions de
type inflammatoire (manchons lymphocytiques
périvasculaires) de sièges
variés, en faveur d'une
encéphalite localisée d'origine
virale; mais aucun virus n'a jamais
été mis en évidence dans le
sang ou le liquide céphalorachidien.
La combinaison des symptômes
cliniques, hypersomnie et troubles des
comportements alimentaire et sexuel, a conduit
depuis longtemps à soulever
l'hypothèse d'un dysfonctionnement
hypothalamique récurrent.
Toutefois les données
endocrinologiques disponibles n'apportent pas
d'argument en faveur d'un trouble
hypophyso-hypothalamique; l'imagerie par
résonance magnétique
nucléaire ne montre pas de modification
morphologique de la région hypothalamique
et des quatre études anatomopathologiques
rapportées, une seule a retenu des
lésions inflammatoires siégeant
dans l'hypothalamus.
En revanche la récurrence des
épisodes, l'âge de début
dans l'adolescence, la fréquence
d'états infectieux
précédant le premier
épisode et l'association avec HLA
DQB1*0201 récemment décrite
pourraient suggérer un désordre
autoimmun. Enfin quelques cas familiaux ont
été récemment
rapportés en faveur d'un substratum
génétique, au moins dans certains
cas.
Evolution
Les observations disponibles
suggèrent globalement une
évolution bénigne, avec des
épisodes progressivement moins
fréquents, moins sévères et
de moindre durée. Il faut cependant
signaler que les observations s'achèvent
souvent avec le dernier épisode
observé et que des évolutions de
10 ans et plus ont été
rapportées. Les complications sont
essentiellement sociales et
professionnelles.
Kleine-Levin
syndrome: a systematic review of 186 cases in
the literature. Brain. 2005; 128:
2763-2776
Arnulf I, Zeitzer JM, File J, Farber N,
Mignot E.
Stanford University Center
for Narcolepsy, Palo Alto, CA, USA.
Kleine-Levin syndrome (KLS) is a rare
disorder with symptoms that include periodic
hypersomnia, cognitive and behavioural
disturbances. Large series of patients are
lacking. In order to report on various KLS
symptoms, identify risk factors and analyse
treatment response, we performed a systematic
review of 195 articles, written in English and
non-English languages, which are available on
Medline dating from 1962 to 2004. Doubtful or
duplicate cases, case series without individual
details and reviews (n = 56 articles) were
excluded. In addition, the details of 186
patients from 139 articles were compiled.
Primary KLS cases (n = 168) were found mostly in
men (68%) and occurred sporadically worldwide.
The median age of onset was 15 years (range 4-82
years, 81% during the second decade) and the
syndrome lasted 8 years, with seven episodes of
10 days, recurring every 3.5 months (median
values) with the disease lasting longer in women
and in patients with less frequent episodes
during the first year. It was precipitated most
frequently by infections (38.2%), head trauma
(9%), or alcohol consumption (5.4%). Common
symptoms were hypersomnia (100%), cognitive
changes (96%, including a specific feeling of
derealization), eating disturbances (80%),
hypersexuality (43%), compulsions (29%), and
depressed mood (48%). In 75 treated patients
(213 trials), somnolence decreased using
stimulants (mainly amphetamines) in 40% of
cases, while neuroleptics and antidepressants
were of poor benefit. Only lithium (but not
carbamazepine or other antiepileptics) had a
higher reported response rate (41%) for stopping
relapses when compared to medical abstention
(19%). Secondary KLS (n = 18) patients were
older and had more frequent and longer episodes,
but had clinical symptoms and treatment
responses similar to primary cases. In
conclusion, KLS is a unique disease which may be
more severe in female and secondary cases.