-
-
- Les vapeurs affligeoit la plus belle partie
de l'humanité dès la naissance de
la médecine; elles étaient
fréquentes du temps de Démocrite
& d'Hyppocrate; elles l'étaient
encore du temps de Galien. Ces auteurs
déploroient le sort des femmes auxquelles
elles étaient exposées. Depuis ces
temps éloignés ces maladies se
sont multipliées, sont devenues plus
dangereuses, plus compliquées, plus
épineuses & plus difficiles à
guérir; les affections vaporeuses en sont
entre autres un exemple trop frappant: c'est en
faisant attention à leurs
différens symptômes que les
médecins modernes ont observé que
les maladies des femmes excedent de plus de deux
cents celles qui sont particulières aux
hommes.
-
- Il y a déjà plus d'un
siècle que les vapeurs sont
endémiques dans les grandes villes; la
plupart des femmes qui jouissent des
commodités de la vie sont vaporeuses, on
peut dire qu'elles achètent par une suite
de langueurs l'agrément des
richesses......
-
- page XX
- .. Il est essentiel qu'on observe que c'est
un délire commun aux femmes & aux
hommes vaporeux. Un homme mélancholique
est-il roi, lapin, coq, grain de froment, vase
d'argile, parce qu'il croit l'être? On a
vu des femmes qui, dans des états
approchants des extases, imitoient les cris, le
chant du coq, le croacement des grenouilles, le
sifflement des serpens, l'aboiement des chiens;
est-il vraisemblable qu'elles eussent avant les
attaques leur imagination remplie de choses si
ridicules? Ces maladies ou d'autres de
même nature, dans lesquelles les femmes
inventent, exagèrent &
répètent toutes les
différentes absurdités dont est
capable une imagination dépravée,
sont quelquefois devenues
épidémiques & contagieuses;
les femmes qui en étoient
attaquées, pouvoient-elles avoir, avant
leurs attaques, l'esprit imbu des erreurs de la
première malade dont elles ont
reçu la contagion? On concevra par ces
exemples & par d'autres dispersés
dans cet ouvrage, combien il est aisé de
se tromper dans les conséquences
hasardées, &quand in juge des choses,
surtout en Médecine, sans les
connoître.
-
- Il est aisé de comprendre par tout ce
que je viens de rapporter sur ls vapeurs, qu'on
ne s'en est pas encore fait une idée
distincte; on croit qu'elles ne se
présentent d'elle-mêmes qu'un terme
vague qui ne mérite & n'exige que de
légères attentions. Une femme
a-t-elle des inquiétudes, des
bâillemens, des hoquets, des
spasmes, des mouvements irréguliers dans
les nerfs, elle s'en plaint amérement;
ses parents , ses amies, ses voisines lui
répondent avec indifférence, ce
sont les vapeurs. Ces légères
vapeurs font insensiblement des progrès,
la malade devient triste, elle verse des larmes,
ou bien elle paroît enjouée, elle
articule des termes qu'on entend pas, ou elle
dit de jolies choses, elle rit, elle chante, ou
elle pleure & rit alternativement, toujours
sans se connoître; on rit comme elle, en
disant que ce sont des vapeurs.
-
- Ces vapeurs deviennent enfin violentes,
c'est leur marche ordinaire; on est d'abord
agité par de légers mouvements
convulsifs, on tome en convulsions, on perd
l'usage des sens, les membres se roidissent;
quelquefois ils deviennent inflexibles sans
qu'on s'en aperçoive par aucun signe
extérieur, souvent on paroît
être dans un sommeil tranquille, la
couleur est naturelle, tout semble annoncer la
santé dans le temps qu'on est dans les
accès de vapeurs dont les assistans
devroient être allarmés. Dès
qu'on s'aperçoit de cet état, on
fait flairer des esprits volatils, ou d'autres
drogues souvent nuisibles; on donne ensuite des
eaux de fleurs d'orange, de tilleul, de menthe,
le sirop de karabé, &c. tous lieux
communs dans ces maladies, & après
l'attaque on continue de dire sur le même
ton, ce sont des vapeurs. Cpendant ces accidnets
se multiplient, ils deviennent très
fréquens; les fonctions en sont
lésées; il en survient des
engorgements dangereux dans les viscères;
les liquides s'appauvrissent, il s'ensuit des
pertes ou des suppressions toujours à
craindre: heureux encore si l'on en est quitte
à meilleur marché; aussi le moins
qu'il en résulte ordinairement, ce sont
des langueurs presque éternelles,
lorsqu'elles ne sont pas incurables.
-
- page 5
- Signes qui annoncent les Affections
vaporeuses.
- Les vapeurs convulsives , les spasmes &
les convulsions surviennent quelquefois
tout-à-coup, sans qu'on puisse les
prévoir; mais souvent elles s'annoncent
par quelqu'un des signes suivans qui
précèdent les attaques. ce sont
des impressions sourdes & un peu
douloureuses dans le bas ventre, des foiblesses
aux jambes; ils survient des éternuemens,
des bâillemens fréquens, on fait
des rots, on ressent des engourdissements
à la langue, des pesanteursdes
tremblements dans les membres, de
légères impressions de froid
à l'extérieur, surtout aux
extrémités, des fourmillements
dans les chairs, des tensions fatiguantes &
douloureuses, des contractions à la
bouche; l'esprit s'obscurcit, les sens
s'appesantissent, il semble que l'on ait
à la bouche et au nez des saveurs &
des odeurs désagréables; on donne
des signes de joie, ou l'on a de
légères impressions de crainte, de
timidité. Tantôt on a un penchant
au sommeil, & tantôt on ne peut pas
dormir; on ressent des tintements d'oreilles, on
est troublé par des vertiges & des
étourdissements. Il paroît sous les
yeux de petits nuages de différentes
couleurs, qui imitent l'arc en ciel, ou des
étincelles rouges et brillantes. A
certaines femmes le visage s'anime, à
d'autres il pâlit; les urines deviennent
tenues & limpides, claires comme de l'eau
qui coule d'un rocher; c'est le signe le plus
certain & le plus général des
vapeurs; il a lieu dès qu'on a le moindre
avant-coureur d'une attaque. On ressent en
différens endroits du corps, ou en une
seule partie des extrêmités du
tronc, ou des viscères, de petits
mouvements reptiles comme la marche des fourmis,
&.
-
- A la suite de quelqu'un de ces signes il
survient des symptômes qui
caractérisent les affections vaporeuses;
il en faut peu pour en établir la
caractère, surtout dans les maladies
compliquées. Ces symptômes se
présentent souvent plusieurs ensemble, ou
ils se succèdent à l'envie les uns
des autres; ils paroissent, ils
s'éclipsent, & la même cause,
mille fois, les reproduit & les confond,
jusqu'à ce que ces alternatives ont
produit un désordre
général.
-
- page 28
- Il survint à une Demoiselle malade
d'un fièvre maligne un froid
considérable qui dura plusieurs jours; il
venoit d'un principe vaporeux.
-
- Les mouvements convulsifs, les spasmes &
les douleurs des parties membraneuses, doivent
toujours faire soupçonner le concours des
vapeurs, car celles-ci sont souvent une des
principales causes de ces accidents, sans qu'on
s'en aperçoive. Cette négligence
fait que la plupart des femmes passent la plus
grande partie de leur vie dans les langueurs qui
leur en sont perdre tous les agrémens.
Outre les signes ordinaires des vapeurs qui en
font connoître la complication avec
d'autres maladies, j'en connois un qui ne m'a
jamais trompé, surtout dans les femmes
délicates. Je comprime avec la main la
région épigastrique; s'il survient
des bâillemens
réitérés jusqu'à
ce qu'on ait cessé la compression, on
doit être assuré que la maladie est
compliquée avec un principe vaporeux. Il
y a peu de temps, que je vis une jeune dame
dangereusement malade d'un haepatitis, elle
bâilloit dès que je posois
la main sur l'épigastre; je traitai cet
haepatitis en conséquence de mes
principes.
-
- Dès que la fièvre & les
autres symptômes eurent cessé, le
ventre s'étendit, il prit un volume
considérable; on craignit d'abord une
hydropisie ou un épanchement de pus dans
la cavité du bas ventre, je ne pris pas
le change, j'attribuai cette tension à un
principe vaporeux, je fis mettre la malade dans
un demi-bain tiède, et son ventre diminua
de la moitié, & un second le
rétblit dans l'état naturel. Il a
bien des femmes qui, sans être malades, on
très fréquemment des
symptômes vaporeux, surtout au moindre
exercice extraordinaire, à la moindre
vivacité, à la moindre passion
qu'elles se permettent, ou à la moindre
violence qu'elles se font pour les surmonter. On
les doit toujours regarder dans leurs maladies
comme vaporeuses, quand bien même elles
n'auroient pas d'autre symptôme. Il est
des maladies qui n'ont pour principe qu'une
cause vaporeuse, & qui ne sont autre chose
que des attaques de vapeurs qu'on pourroit
aisément confondre avec d'autres maladies
qui ont à peu près les mêmes
symptômes; j'en fais la différence
au chapitre suivant...
-
- Joseph
Raulin (Ayguetinte, 1708 - Paris,
1784)
- Il est membre de la Royal Society de
Londres, rédigea plusieurs ouvrages de
gynécologie et d'obstétrique, dont
certains furent traduits en plusieurs
langues.
-
- Sous l'expression "affections vaporeuses"
l'auteur range les désordres nerveux,
dont l'hystérie, les spasmes et les
convulsions. Le traité est divisé
en deux parties : la première est
une théorie générale des
vapeurs, leurs symptômes et leurs causes
tant "éloignées" que "prochaines
& immédiates" ; la seconde
partie porte sur divers traitements et moyens de
prévention.
-
- This uncommon treatise highlighting in
particular 'des affections vaporeuses', or
nervous disorders, including hysteria,
convulsions and spasms. Divided into two parts,
the first deals with the general theory and
character of vapours, outlining the various
symptoms, before then discussing in two further
sections a number of possible external and
internal causes. These include temperament, air,
the abuse of tea, coffee, and tobacco as well as
a variety of other foods and drink, in addition
to a number of internal obstructions believed by
Raulin to contribute to vaporous attacks. The
perils of leading a sedentary life as well as
the passions de l'ame are also discussed. Other
afflictions, such as leuchorrhoea (on which
Raulin wrote a separate treatise) are also
cited. Having thus outlined the possible causes,
the second part of the treatise investigates a
variety of treatments to cure and prevent such
occurrences, including regulating diet and
alcohol intake. - Raulin was physician to the
King and a member of the Royal Society of
London. He was the author of several books on
obstetrics and gynaecology, which were generally
regarded as being finely composed and containing
much practical and useful material. Several of
his works were translated into German, Spanish,
Dutch and Portuguese.
-
- Nouveau
traité du rhumatisme et des vapeurs
Dumounlin M 1703
- Dissertation sur les
vapeurs et les pertes de sang. Hunauld P
1756
- Traité des
affections vaporeuses des deux sexes P Pomme
1757
- Traité des
affections vaporeuses du sexe J Raulin
1758
- De la
santé des gens de lettres Tissot S
1769
- Nouveau
Traité des Vapeurs ou Traité des
maladies des nerfs Pressavin JB
1770
- La philosophie des
vapeurs Paumerelle Cl 1774
- Traité des
maladies nerveuses hypochondriaques et
hystériques Robert Whytt
1777
- De l'influence des
affections de l'âme dans les maladies
nerveuses des femmes Chauvot de
Beauchêne EP 1781
|