- Le
déroulement du bâillement fait
intervenir de nombreux neurotransmetteurs; la
dopamine joue un rôle central, en activant
la production d'oxytocine par le noyau
paraventriculaire de l'hypothalamus. L'oxytocine
active la sécrétion cholinergique
de l'hippocampe et l'acéthylcholine
déclenche le bâillement par effet
sur les récepteurs muscariniques des
muscles du larynx, du visage et de la
mâchoire impliqués dans son
déroulement. Les multiples
projections du noyau paraventriculaire sur
le locus coeruleus et la réticulé
du tronc cérébral sont les
déterminants de l'effet du
bâillement sur la vigilance.
-
- Ce schéma trop simplificateur omet
d'autres molécules également
impliquées telles NO, glutamate, GABA,
sérotonine, ACTH, MSH, hormones
sexuelles, hypocrétine et autres
neuro-petides. Cette richesse neurophysiologique
explique l'intérêt de l'observation
du bâillement pour des tests
pharmacologiques des nouveaux psychotropes.
-
- Les progrès dans la
compréhension des systèmes
neurobiologiques de l'alternance éveil-
sommeil permettent aussi de proposer une
nouvelle théorie, où le
bâillement serait le trait comportemental
révélant la transition d'un
état à l'autre : théorie de
l'interrupteur flip
- flop (switch).
-
- L'hypocrétine
est un neuromédiateur potentiellement
impliqué dans le bâillement,
puisque fondamental pour le maintien du tonus
musculaire. Son défaut d'activité
provoque la cataplexie. Aucune étude n'a
été entreprise pour étudier
le bâillement en cas de narcolepsie.
-
- Le
journal "Paradoxalement votre" sert d'outil
de liaison aux membres de l'association
française "Narcolepsie-Cataplexie et
hypersomnie idiopathique". La présidente
de cette association, Madame Monique Monnier a
aimablement prêté son concours en
nous autorisant à adresser, à
chacun des membres, un questionnaire sur ses
bâillements, joint au numéro de
juin 2006 de ce journal.
-
- Seules dix réponses
sont parvenues, en quatre mois. Il semble que la
narcolepsie, en plus de ses symptômes
cliniques classiques, soit à l'origine
d'un manque d'entrain, de vigueur et
d'énergie, comme une procrastination
qui n'a pas permis un plus grand nombre de
réponses.
-
- Typologie des répondants:
- âge de 26 à 83 ans, âge
moyen 58 ans
- âge de début de la maladie de
12 à 24 ans, âge moyen 16,5
ans
-
- Le dépouillement des
différentes questions indique une grande
similitude des bâillements dans la
narcolepsie avec ceux des personnes
indemnes.
-
- Les bâillements ont lieu le plus
souvent après l'éveil, avant
l'endormissement, à raison de 5 à
10 par jour. Ils ne surviennent pas plus
fréquemment en salves. Il n'a pas
été constaté de
différences entre les périodes de
traitement (modafinil, gammaOH) ou sans
traitement.
-
- La prise de modafinil ne modifie ni la
fréquence ni l'horaire des
bâillements.
-
- Ce modeste échantillon retrouve la
proportion classique de 75% de personnes
très sensibles à la
réplication du bâillement et 25%
peu sensibles.
-
- Pour la moitié des
personnes ayant répondu, une salve de
bâillements précède de
quelques instants un endormissement
irrépressible, l'annonce comme un
prodrome et sert ainsi d'alerte. Aucun lien
entre des bâillements et un épisode
de cataplexie n'a été
remarqué.
-
- Aucun lien particulier entre
bâillements et satiété et/ou
sexualité n'a été
noté.
-
- AH.
André-Thomas J. de Ajuriagerra
écrivaient en 1949 :
-
- "Dans un cas personnel, l'accès
narcoleptique éclate soudainement, la
malade, quelle que soit l'occupation à
laquelle elle se livre, quelle que soit l'heure,
plus fréquemment pendant les repas; n'est
prévenue par aucun avertissement;
cependant l'entourage qui a l'occasion de
l'observer souvent se rend quelquefois compte
que la crise est imminente, au changement de la
physionomie, d'après la réduction
de l'activité. En même temps que la
crise quelques sensations douloureuses sont
éprouvées dans la langue. Les
phénomènes prémonitoires ou
accompagnateurs sont très variables, les
auteurs signalent des malaises vagues, la chute
des paupières et la lutte pour les
maintenir levées, des
bâillements, des sensations
diverses. Notre malade n'éprouvait pas
toujours le besoin du sommeil; comme pour
beaucoup de besoins, il peut être si
pressant que l'acte s'exécute presque
aussitôt que le besoin se fait
sentir."
-
-
- Le questionnaire
envoyé :
-
- Initiales nom et prénom:
- Date naissance:
- Date d'apparition des premiers
symptômes de votre narcolepsie ou
âge:
-
- Nombre de bâillements quotidiens:
- Horaires d'apparition:
- Avez vous un bâillement à la
fois ou une salve de plusieurs bâillements
à la suite ?
- Quand s'associent-ils à un
étirement du tronc et des membres
(pandiculation):
- Avez-vous des bâillements à
votre éveil ?
- Avez-vous des bâillements avant de
vous endormir ?
- Autres circonstances d'apparition:
-
- Avez vous trouver un lien, une
coïncidence notable entre un symptôme
de la narcolepsie et l'apparition de
bâillements? (par exemple au sortir d'un
épisode de cataplexie avant ou
après un endormissement
irrépressible ?)
-
- Avez vous noté une différence
dans la fréquence, du nombre, des
horaires d'apparition de vos bâillements
avant d'être narcoleptique, depuis le
début de la maladie avant et après
traitement ?
-
- En cas de jeûne ou d'excès de
table avez-vous des accès de somnolence,
des bâillements ?
-
- La prise de modafinil ou d'un autre
stimulant (lequel?) déclenche-t-il des
bâillements ?
-
- Etes-vous sensible à la "contagion"
du bâillement ?
-
- Quelle sensation procure le bâillement
? un bien-être, une gêne etc...
-
- Avez vous noté des bâillements
liés à la sexualité ? (lors
du désir, après l'orgasme)
-
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