- Pendant « des démoniaques dans
l'art » paru en 1887, Richer et Charcot
publient « Les difformes et les malades
dans l'art » en 1889. L'année
suivante, Bourneville achève la
publication des « uvres
complètes » de Charcot, en neufs
volumes. En 1891, Charcot visite la Russie,
accompagné de sa fille et de son fils. Sa
santé s'altère. Il souffre de
lombalgies chroniques et manifeste plusieurs
crises d'angine de poitrine (1,3).
-
- Louis Hallion, interne en
1892
- © Extrait
de l'Album de l'internat de La
Salpêtrière conservé
à la Bibliothèque Charcot à
l'hôpital de la
Salpêtrière
- (Université
Pierre et Marie Curie, Paris)
-
- Cette année-là, Jean-Baptiste
Charcot (1867-1936) est interne chez son
père en compagnie de Louis Hallion
(1862-1940). Reçu interne en 1888,
Hallion soutient sa thèse en 1892 :
« Des déviations vertébrales
névropathiques ». Ce travail
inspiré et présidé par
Charcot est tout à fait original et peut
être apprécié comme la
description princeps des scolioses et cyphoses
vertébrales révélant une
pathologie neurologique sous-jacente que Hallion
décrit à partir d'observations
cliniques : syringomyélie, paralysie
infantile spinale, maladie de Friedreich, tabes
et paralysie générale,
sclérose en plaques, sciatique,
hémiplégie (68).
-
- Mais, sa véritable passion sera
toujours la biologie. Dès 1893, il est
chef de travaux du laboratoire de physiologie
pathologique des Hautes Etudes et du laboratoire
chirurgical de l'Hôtel Dieu de Paris en
1897. Il sera le collaborateur de Camille
Delezenne (1868-1932) avec qui il montre l'effet
de l'acide de l'estomac dans la stimulation de
la sécrétion exocrine du
pancréas par « la
sécrétine » récemment
découverte par Ernest Starling
(1866-1927). Il s'intéressera aux
réflexes vasomoteurs
bulbo-médullaires dans les maladies
nerveuses (1895) développant un des
premiers appareils de pléthysmographie
encore en service pendant la première
guerre mondiale afin de sélectionner les
pilotes d'avion de chasse (69).
-
-
- Le chirurgien thoracique Théodore
Tuffier (1857-1929) se penchera sur ses
recherches de l'insufflation thoracique qu'il
développe en 1896, permettant une
chirurgie à poumon collabé. C'est
à la suite qu'Eugène Doyen
(1859-1916) traitera les tuberculeux par
pneumothorax artificiel (70). Hallion est un
précurseur de la réanimation par
ses recherches sur diverses solutions
chlorées sodiques initiant la
physiopathologie de l'oedème d'une part,
et des premiers sérums artificiels pour
lesquels il imagina « un appareil à
injection de sérum artificiel »
d'autre part. Il proposa le premier, avec
Tuffier en 1901, la rachianesthésie par
cocaïne, injectée par voie
épidurale sacro-coccygienne, et son
utilisation dans les sciatiques rebelles.
Jean-Marie Athanase Sicard (1872-1929) et
Fernand Cathelin (1873-1945) diffuseront cette
méthode thérapeutique en s'en
disputant la paternité qui ne leur
revient pas (71).
-
- Hallion rédigera le chapitre «
anesthésie » de la deuxième
édition du Traité de
Médecine de Charcot-Bouchard-Brissaud en
1905, ainsi que les chapitres « Maladie de
Thomsen » et « les pathologies des
nerfs moteurs ». Son livre « Pratique
de l'opothérapie » sera un
succès et connaîtra plusieurs
éditions. Dès 1906, il montrera la
spécificité des anticorps,
à l'aube de l'immunologie. De 1897
à 1899 il avait été
directeur du journal «
L'Intermédiaire des Biologistes
».
-
- Les dernières années de sa vie
furent rendues pénible par une
cécité invalidante et par la perte
accidentelle de son gendre, René Gayet
(1892-1939), professeur de physiologie à
la faculté de médecine et son
successeur à l'École des Hautes
Etudes (69).
-
- 68. Hallion L. Des déviations
vertébrales névropathiques. Paris.
Louis Battaille. 1892.
-
- 69. Binet L. Louis Hallion (1862-1940). La
Presse Médicale. 1940;56-57:630,631.
-
- 70. Gerault Lienart E. Theodore Tuffier : un
chirurgien civil dans la guerre. Thèse
Caen. 1996.
-
- 71. Cousin MT. L'anesthésie
réanimation en France des origines
à 1965. Paris. L'Harmatan. 2005.
-
|