Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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mise à jour du
7 décembre 2009
 
 
Achille Souques
1860 - 1944
 
 O. Walusinski
 
Les internes de JM. Charcot
 
 Les biographies de neurologues
 
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L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
 
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Achille Souques (1860-1944) sera le dernier interne de Charcot, en 1892. Sa médaille d'or de l'internat lui permit de prolonger d'un an son stage, entrecoupé de voyages financés par la bourse allouée avec cette récompense. Après Vienne et Budapest, il visita les universités de Münich et Heidelberg. C'est lors de son séjour à Berlin qu'il apprit la mort de son maître vénéré. Il en fut profondément affecté.
 
achille souques
Achille Souques, interne médaille d'Or en 1893
  © Extrait de l'Album de l'internat de La Salpêtrière conservé à la Bibliothèque Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière
(Université Pierre et Marie Curie, Paris)  
 
Cet évènement bouleversa la carrière envisagée. S'il devint chef de clinique d'Edouard Brissaud (1852-1909) puis de Fulgence Raymond (1844-1910), il ne concourra pas et ne devint pas professeur d'université, comme il aurait dû le devenir. Brissaud lui rendit hommage pour l'aide qu'il lui apporta dans cette période d'interim : « M. Souques a été, pendant cette année, le véritable chef de service. Je n'aurais pas pu me passer de son concours infatigable » (72).
 
Reçu dans les premiers à l'internat en 1886, il appartenait à une prestigieuse promotion comprenant Paul Sollier (1861-1933), Ernest Dupré (1862-1921), Ernest Mosny (1871-1945), Mlle Klumpke, future Madame Dejerine (1859-1927) etc… Au cours de ses deux ans d'internat chez Charcot, il nouera des amitiés durables avec Jean-Baptiste Charcot (1867-1936), Maurice Nicolle (1862-1932), Henry Meige (1866-1940) et Hallion. D'abord interne de Charles Fernet (1838-1919) puis Anatole Chauffard (1855-1932) dans le service duquel il eut à soigner le poète Paul Verlaine (1844-1896), il est nommé médecin des hôpitaux en 1898, après son clinicat. Médecin à l'Hôtel Dieu, puis à l'hospice d'Ivry, il succède à Pierre Marie (1853-1940) à Bicêtre avant de devenir chef de service à La Salpêtrière, pendant la première guerre, au cours de laquelle il y ouvrit un service spécialisé en neurologie de guerre (73,74).
 
En 1899, il est un des fondateurs de la Société de Neurologie de Paris et membre du bureau (21). Elu à l'Académie de Médecine en 1918, il prendra sa retraite en 1926, se consacrant alors à l'histoire de la médecine antique et à la poésie. Ainsi paraît en 1936 « Etapes de la neurologie dans l'antiquité grecque, d'Homère à Galien ». Embrassant 15 siècles, il réussit à montrer que les anciens reconnaissaient, entre autres, l'entrecroisement des voies motrices et sensitives, l'épilepsie, la migraine, etc… Né en Aveyron au bord du Tarn, il se remit alors à parler la langue d'Oc apprise dans son enfance. Soigné avec dévouement par ses élèves, notamment Théophile Alajouanine (1890-1980) d'un sévère infarctus du myocarde en 1939, il souffrit à partir de 1942 d'un cancer de la mandibule qui l'emporta la veille de Noël 1944, mais avec le réconfort d'avoir vu la France libérée par les chars américains (75).
 
Parmi les élèves de Charcot, c'est vraiment chez Souques que parait au mieux l'empreinte magistrale, véritable mimétisme : en continuateur de la méthode anatomo-clinique, il compléta l'oeuvre sémiologique et nosologique de Charcot, en chef d'école renommé et aimé, il forma une pléiade d'élèves Thierry de Martel (1875-1940), Charles Foix (1882-1927), Paul Harvier (1880-1960), le pionnier de la neuro-chirurgie Clovis Vincent (1879-1947), Alexandre Barré (1880-1967), Pierre Vallery-Radot (1889-1969), Théophile Alajouanine, Henri Baruk (1897-1999), Ivan Bertrand (1893-1965), en amateur d'art et de littérature, voyageant et visitant les musées d'Europe et en pratiquant une langue châtiée, en maître familier, en recevant ses élèves dans son hôtel particulier de la rue de l'Université à Paris, réputé pour sa bibliothèque à deux étages, en léguant celle-ci, à sa mort, à L'Assistance Publique (75). Elle est encore partiellement visible à La Salpêtrière mélangée avec celle de son maître (36).
 
achille souques
 
Il n'est pas de domaine de la neurologie qu'il n'ait abordé et il n'est pas possible de citer, ici, toutes ses publications qui révèlent la méticulosité pointilliste de son examen clinique. Dans sa thèse inspirée et présidée par Charcot en 1890, « Etude des syndromes hystériques simulateurs des maladies organiques de la moelle épinière », il soutient, sans déroger à la doctrine de La Salpêtrière que l'hystérie peut tout faire, depuis l'exagération des réflexes jusqu'aux troubles trophiques. Mais après la révision proposée par Babinski, il écrit : « Babinski a démontré que l'hystérie n'a aucune action sur les réflexes, que les troubles trophiques et vaso-moteurs n'appartiennent pas à son domaine, que les paralysies hystériques et les paralysies organiques ont des caractères intrinsèques différents. Ainsi il est devenu des plus faciles de distinguer l'hystérie des maladies organiques de la moelle, si facile, que, depuis, le problème ne se pose plus".
 
Au rang des contributions majeures se rangent ses études du syndrome parkinsonien. A côté de la rigidité et du tremblement, décrits par Charcot et Vulpian, Souques a complété le tableau clinique en ajoutant « l'abolition des mouvements associés », notamment la perte du balancement des bras à la marche, et « les kinésies paradoxales », c'est à dire la levée subite d'un mutisme en une élocution claire ou la libération subite et aisée d'une position figée. Il précisa que les syndromes parkinsoniens succédant à l'encéphalite de Constantin Von Economo (1876-1920) n'étaient en rien différents de la maladie de Parkinson, contrairement aux idées de l'époque.
 
Avec Stephen Chauvet (1885-1950), il décrivit, en 1911, le nanisme hypophysaire prépubéral par lésion kystique de la poche de Rathke et le distingua du syndrome adiposo-génital de Babinski-Froelich. Avec Jacques Lermoyez (X-1923) et Théophile Alajouanine, il rapporta l'efficacité thérapeutique des extraits hypophysaires dans le traitement du diabète insipide. Il collabora avec Pierre Marie dans la révision de la localisation de l'aphasie en publiant trois observations d'aphasie par lésions lenticulaires. Il créa le mot palilalie pour illustrer le trouble consistant à répéter sans cesse la même phrase (73,75).
 
En 1915, Souques et Mlle Rosanoff-Saloff proposent le terme camptocormie pour désigner l'incurvation du dos avec flessum des hanches, réductibles en décubitus, qu'ils rencontrent chez des blessés. Ils en reconnaissent l'origine musculaire organique dans quelques cas mais pensent que le plus grand nombre de cas est d'origine névrotique (76).
 
Souques a laissé son nom à plusieurs signes sémiologiques comme le phénomène des interosseux (lorsqu'on demande à un hémiplégique de lever le bras paralysé, on constate que les doigts de la main qui est paralysée s'étendent et s'écartent en éventail à cause de la contraction des muscles interosseux dorsaux), ou le signe des cils (lors d'une paralysie faciale périphérique fruste, les cils paraissent plus longs du côté paralysé au cours d'une fermeture forcée des paupières). Enfin, le diagnostic de métastases vertébrales n'était porté qu'en cas de tassement « en galette » jusqu'à ce que Souques montrât qu'une condensation osseuse, « la vertèbre d'ivoire », témoignait d'une métastase, le plus souvent d'un cancer prostatique (75). Souques est l'auteur des chapitres acromégalie, myxoedème et goitre exophtalmique du Traité de Médecine de Charcot-Bouchard-Brissaud de 1894. L'hommage rendu à sa mort par Théophile Alajouanine résume au mieux le personnage qu'était Souques : « Votre maître Charcot était un grand chef d'école, et, modestement, vous ne cherchiez pas à sortir de l'ombre de cette grande école, mais vous avez été aussi un chef d'école, à votre manière, discrète et amène, et le chef aimé d'une grande famille d'élèves qui conserveront pieusement votre souvenir » (73).
 
achille souques
 
73. Alajouanine Th. Achille Souques (1860-1944). La Presse Médicale. 1945;52:647-648.
 
74. Le Comité. Achille Souques (1860-1944). La Revue Neurologique. 1945;77:3-6.
 
75. Guillain G. Notice nécrologique d'Achille Souques. Académie de Médecine, le 6 mars 1945. 1945:130-137.
 
76. Rosanoff-Saloff I. Camptocormie, plicature vertébrale. Paris. Vigot. 1917.

 

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rosanoff saloff