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- page 119
- aphorisme XXXVII
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- Quand le malade est tellement ennuyé
& inquiété, qu'il ne peut se
tenir couché en un lieu quand il
baaille, & a des tremblements, &
frissons, pour le guérir, il faut qu'il
boive de bon vin trempé avec
moitié d'eau.
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- Telles inquiétudes proviennent de
quelque humeur étrangère, qui
moleste l'orfice de l'estomac par sa mauvase
qualité, ou par son excessive
quantité. Les baaillements sont
faits par les esprits flatueux contenus dans les
espaces vuides ou parmy les membranes des
muscles de la machoire, & l'extension &
tirasse des parties est causée par un
esprit vaporeux ou flatueux contenu aux mesmes
parties, les distendant outre mesure.
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- Le frisson, rigeur & tremblement prend
aussi sa naissance dans la mesme cause, ou par
quelque humeur qui vague & court aux parties
extérieures du corps. Toutes lesquelles
indispositions sont guéries par la
boisson du vin trempé par moitié
d'eau: car le vin échauffe tout le corps:
& chauffe les humeurs nuisibles, dissipe les
ventositez & les esprits flatueux,
pénètre incontinent par sa chaleur
par toutes les parties, & engendre de bonnes
humeurs Il engendre non seulement de bonnes
humeurs, pris modéremment trempé,
mais aussi améliore & prurifie les
mauvaises; il résout les vents, provoque
& émeut les sueurs, & urines,
& est un grand remède pour
guérir les maladies froides étant
moyennement trempé selon la force du vin,
nature du malade tempérament, âge,
temps, saison & qualité de l'humeur.
Hesiode conseille d'y mettre une
quatrième partie d'eau pour
réiouyr les esprits & les
recréer, & pour dissiper les
brouillards, & climats
mélancholiques. Athénée
cite, que les Grecs avaioent accoustumé,
pour dissiper les nuages qui surviennent au
corps, de boire deux fois du vin pur, &
trois autres après, ausquelles ils
mettoient de l'eau.
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page 607
- aphorisme XXXV
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- Tous les jours ces fièvres là
relaschent, ausquelles viennent tous les jours
des frissons & froidures.
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- Les frissons aduiennent aux fièvres
à cause de la bile responduë par
toute l'habitude du corps, laquelle detire, mord
& piquotte les membranes & parties
nerveuses, & esmeut tout le corps au
commencement de l'accez, jusques à ce
qu'après s'estre iointe aux parties, elle
soit eschauffées & allumée en
fièvre,ou par transpirations insensibles,
en laissant néanmoins encores dans les
intestins ou environ le foye & parties
nutritives le fomes ou foyer, qui comme le
séminaire ou le soulphre & allumette
d'un nouvel accez, qui renait autant de fois
qu'il se fait suggestion de nouvelle
matière, suffisante pour former de
nouveaux accez.
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- L'escole commune des Médecins tient
que des fièvres intermittentes, qu'on
appelle vulgairement terminées, la chaude
qualité fiévreuse corrompt
l'humeur contenuë dans les vaisseaux; &
que quand elle est si difforme &
dastée, que nature l'a en horreur, les
veines la iettent dehors avec une grande
secousse, & la respandent parmy le chair,
les nerfs, peaux, ou membranes, & autres
parties sensibles. Cette matière est si
cuisante & s'esmeut si roidement, que les
endroits par où elle passe en ressentent
telle douleur qu'il semble qu'on les pique,
déchire, destranche & escorche.
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- Il ne faut pas trouver estrange, qu'une
humeur chaude de pourriture, ou autrement, cause
frisson ou rigueur, puisque nous voyons que
l'eau bouillante iettée à
l'impouruen sur un corps nud, le fait trembler
aussi bien que la froide. Il en est de mesme
dans les étincelles du feu. Et tout ainsi
que le corps se retire si tost qu'il se sent
seulement piqué d'une aiguille pour un
peu vivment que ce soit: de mesme les parties
sensibles irritées de quelque humeur
cuisante & boüillante secouënt
toute la personne, d'autant qu'elles taschent en
s'espregnant de reietter ce qui leur est mis
dessus & imposé.
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- De la vient le baaillement, l'extirement
ou pandiculation, & la toux qui
présignifient l'accez: lequel dure
après tels symptomes & accidents,
iusques à ce que la matière soit
entièrement consommée &
dissipée en sueur ou fumée. Car le
froid ne persiste sinon tandis que l'humeur est
poussée d'un lieu à autre
violamment, & quelle commence mieux à
se pourrir en lieux étroits. Et qui plus
est depuis que les membres y sont
déjà accoutumé, peu
après ils ne sentent plus tant offensez
de la venuë qu'ils refusaient si fort
auparavant.
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- Et quand la matière est plus
enflammée, sa chaleur après avoir
gaigné le coeur, poursuit tout le corps.
Ce désordre continuë toujours en
augmentant, iusques à l'extreme
corruption de l'humeur, laquelle
subtilisée par la force de la chaleur, se
perd enfin visiblement, quand la
déclinaison approche. Maintenant la cause
pourquoy les fièvres continuës n'ont
aucun trembelemnt, est pource que leur
matière toute corrompuë,
réside dans les veines, & ne s'espand
pas aux membres plus sensibles, sinon
quelquefois à l'entière
termination, qui est aussi suivie d'une
rigueur.
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