mystery of yawning
Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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Le bâillement foetal
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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 
 
 

mise à jour du
13 mars 2011
 
pages 93-97
Troubles dyspeptiques
 
La neurasthénie Maladie de Beard
 
Fernand Levillain
 
Maloine 1891

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levillain
 
Troubles dyspeptiques
 
« Un autre phénomène de la neurasthénie, dit Charcot, c'est cette fameuse dyspepsie dont les malades ont si souvent à souffrir, et qui a fait croire à certains cliniciens que tous les désordres neurasthéniques avaient pour point de départ les affections gastriques, tandis qu'ici c'est le contraire qui est vrai; c'est la neurasthénie qui commence, et c'est l'affection de l'estomac qui complète le tableau ». Le même auteur ajoute plus loin: « On peut être neurasthénique,avoir des vertiges, de la difficulté de la marche, etc., sans que l'estomac se trouble d'une façon notable. L'estomac, quand il intervient, joue son rôle comme la tête et les membres, mais sa participation n'est pas nécessaire ». On peut en effet voir des cas où l'estomac n'est pas atteint, et où s'observent tous les autres symptômes que l'on considère comme caractéristiques de la neurasthénie. Ce premier point était important à établir. Il ne faudrait pas, cliniquement du moins, ne pas chercher ou nier la neurasthénie, parce qu'il n'y aurait pas de troubles dyspeptiques.
 
Mais il faut également reconnaitre que ces troubles sont très fréquents, que ce sont eux dont les malades se plaignent d'abord, qu'ils mettent eux-mêmes le plus en vue, sur lesquels ils font concentrer toute l'attention du clinicien; or, il ne faudrait pas davantage, parce qu'ils dominent la scène ou préoccupent surtout les malades, se contenter de leur simple constatation, et ne pas rechercher les autres symptômes qui nécessairement les accompagnent dans tout état neurasthénique.
 
Beard avait bien remarqué que « la dyspepsie nerveuse peut être le premier symptôme de l'épuisement: durant nombre d'années même, l'estomac peut être délabré avant que le cerveau ou la moelle soient gravement atteints »; il n'en concluait pas moins que « cette dyspepsie nerveuse est un symptôme pathologique de même nature et de même origine que tous les autres décrits ici. »
 
Les troubles dyspeptiques les plus communs, ceux qu'on observe presque constamment dans la neurasthénie classique simple, du moins pendant les premières périodes du mal, sont ceux qu'on a décrits sous le nom de dyspepsie flatulente ou atonique.
 
Ils se développent ordinairement après les repas et consistent au début en une simple sensation de lourdeur et de plénitude de l'estomac: les malades sont obligés de se déboutonner ou se délacer; ils éprouvent une sorte de gonflement qui gêne la respiration; ils sont incommodés par des bâillements répétés, des rougeurs et des bouffées de chaleur qui leur montent au visage; enfin pendant toute la durée du travail digestif, ils ressentent une sorte de lassitude générale et de torpeur intellectuelle qui les empêche de se livrer à leurs occupations. La digestion est d'ailleurs lente et laborieuse, s'accompagnant de renvois et d'éructations gazeuses qui, le plus souvent, ne sont ni acides ni fétides, en même temps que de borborygmes
et d'autres bruits intestinaux.
 
Plus tard, on observe une véritable flatulence avec ballonnement de l'estomac et météorisme abdominal; les éructations sont plus fréquentes, les borborygmes plus bruyants; on entend quelquefois un bruit de glouglou ou de tintement métallique, en appliquant l'oreille sur le creux de l'estomac. Pendant les premiers temps, il ne s'agit que d'une faiblesse, d'une atonie de la tunique musculeuse, avec ou sans altération des qualités chimiques du suc gastrique; mais ensuite, il peut se développer une réelle dilatation avec le phénomène caractéristique du clapotage toutefois, il est bon de noter que la dilatation n'est pas un symptôme essentiel et nécessaire de la neurasthénie; les troubles dyspeptiques de l'épuisement nerveux peuvent rester, longtemps et même toujours, limités aux simples désordres fonctionnels que nous étudions ici.
 
Les vomissements sont rares dans cette forme atonique de la dyspepsie nerveuse, de même que les véritables douleurs (névralgies ou crampes) de l'estomac.
 
En dehors de ces troubles qui ne se manifestent qu'après les repas, quelles que soient la quantité et la qualité de la nourriture ingérée, on observe chez les neurasthéniques, comme chez beaucoup de névropathes, certaines altérations de l'appétit qui est habituellement capricieux, quelquefois diminué, mais presque toujours assez bien conservé. Beard a noté chez beaucoup de ses malades une diminution considérable de la soif qui leur fait oublier de boire en mangeant ; il attribue même à ce symptôme une importance plus théorique que pratique dans l'évolution du processus neurasthénique.
 
Enfin la langue est quelquefois un peu blanche et saburrale, et l'intestin, paresseux comme l'estomac, donne fréquemment lieu au phénomène d'une constipatiort plus ou moins habituelle et opiniâtre.
 
Tels sont les phénomènes dyspeptiques qui appartiennent communément à la neurasthénie simple, c'est-à-dire, à la forme subaiguë et assez facilement curable de cette névrose: ces phénomènes sont de véritables stigmates de l'épuisement nerveux. Ils sont dus à l'amyosthénie en même temps qu'à l'asthénie générale. C'est en effet de l'ordre amyosthénique que relève l'atonie des couches musculeuses de l'estomac et de l'intestin qui rend ces organes paresseux, la digestion lente et la distension de l'abdomen facile. D'autre part, c'est à l'asthénie générale de l'organisme qu'il faut attribuer la diminution de la fonction sécrétoire des sucs digestifs; et c'est à la diminution de quantité et de qualité (hypochiorhydrie) de ces sucs qu'il faut attribuer les troubles chimiques de cette variété d'hypopepsie, pour nous servir des expressions modernes. La dyspepsie neurasthénique n'est en effet qu'un genre d'hypopepsie par amoindrissement de la tonicité musculaire des organes digestifs, et par déficit quantitatif et qualificatif des sucs digestifs.
 
Si l'on voulait s'en assurer il suffirait de mettre en oeuvre les procédés d'exploration mécanique et chimique à l'aide desquels on peut se rendre compte,
1° que les parois musculaires de l'estomac ne sont plus suffisantes à expulser le repas d'épreuve en sept heures et qu'après ce laps de temps on trouve encore dans la poche gastrique des débris alimentaires,
2° que les sucs chimiques sécrétés sont égalemetit insuffisants en principes chlorurés pour produire une digestion idéale.
 
Mais franchement ces procédés relèvent plutôt du laboratoire que de la clinique et nous ne nous attarderons pas à les décrire : ils deviennent d'ailleurs parfaitement inutiles à l'oeil exercé du clinicien, du moins dans la situation présente, en face des désordres dyspeptiques caractéristiques de la neurasthénie.
 
Il n'y a pas en effet que l'aspect de ces désordres isolés qui permette de les reconnaître: il faut tenir compte de leur entourage et de leur évolution; il suffit de savoir comment ils ont débuté plus ou moins brusquement à la suite d'un surmenage nerveux quelconque, moral surtout, chez un sujet qui n'avait aucune autre raison d'en être atteint; comment ils ont évolué en compagnie de la céphalée, de l'amyosthénie, et de l'insomnie; avec quelle facilité ils subissent l'influence de l'état général, et, nullement ou très peu, de la diététique alimentaire qu'on leur impose comment ils disparaissent brusquement pour reparaître de même ; comment enfin ils s'améliorent ou s'aggravent parallèlement au processus neurasthénique tout entier.
 
Quant aux désordres gastro-intestinaux qui peuvent survenir ultérieurement (dilatation, gastro-enteroptose, colite, accès d'obstruction, etc.), nous les considérons comme des désordres secondaires, non essentiels et les décrirons dans cette partie de notre étude.
 
 levillain