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- Troubles dyspeptiques
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- « Un autre phénomène de
la neurasthénie, dit Charcot, c'est cette
fameuse dyspepsie dont les malades ont si
souvent à souffrir, et qui a fait croire
à certains cliniciens que tous les
désordres neurasthéniques avaient
pour point de départ les affections
gastriques, tandis qu'ici c'est le contraire qui
est vrai; c'est la neurasthénie qui
commence, et c'est l'affection de l'estomac qui
complète le tableau ». Le même
auteur ajoute plus loin: « On peut
être neurasthénique,avoir des
vertiges, de la difficulté de la marche,
etc., sans que l'estomac se trouble d'une
façon notable. L'estomac, quand il
intervient, joue son rôle comme la
tête et les membres, mais sa participation
n'est pas nécessaire ». On peut en
effet voir des cas où l'estomac n'est pas
atteint, et où s'observent tous les
autres symptômes que l'on considère
comme caractéristiques de la
neurasthénie. Ce premier point
était important à établir.
Il ne faudrait pas, cliniquement du moins, ne
pas chercher ou nier la neurasthénie,
parce qu'il n'y aurait pas de troubles
dyspeptiques.
-
- Mais il faut également reconnaitre
que ces troubles sont très
fréquents, que ce sont eux dont les
malades se plaignent d'abord, qu'ils mettent
eux-mêmes le plus en vue, sur lesquels ils
font concentrer toute l'attention du clinicien;
or, il ne faudrait pas davantage, parce qu'ils
dominent la scène ou préoccupent
surtout les malades, se contenter de leur simple
constatation, et ne pas rechercher les autres
symptômes qui nécessairement les
accompagnent dans tout état
neurasthénique.
-
- Beard avait bien remarqué que «
la dyspepsie nerveuse peut être le premier
symptôme de l'épuisement: durant
nombre d'années même, l'estomac
peut être délabré avant que
le cerveau ou la moelle soient gravement
atteints »; il n'en concluait pas moins que
« cette dyspepsie nerveuse est un
symptôme pathologique de même nature
et de même origine que tous les autres
décrits ici. »
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- Les troubles dyspeptiques les plus communs,
ceux qu'on observe presque constamment dans la
neurasthénie classique simple, du moins
pendant les premières périodes du
mal, sont ceux qu'on a décrits sous le
nom de dyspepsie flatulente ou atonique.
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- Ils se développent ordinairement
après les repas et consistent au
début en une simple sensation de lourdeur
et de plénitude de l'estomac: les malades
sont obligés de se déboutonner ou
se délacer; ils éprouvent une
sorte de gonflement qui gêne la
respiration; ils sont incommodés par
des bâillements
répétés, des rougeurs
et des bouffées de chaleur qui leur
montent au visage; enfin pendant toute la
durée du travail digestif, ils ressentent
une sorte de lassitude générale et
de torpeur intellectuelle qui les empêche
de se livrer à leurs occupations. La
digestion est d'ailleurs lente et laborieuse,
s'accompagnant de renvois et
d'éructations gazeuses qui, le plus
souvent, ne sont ni acides ni fétides, en
même temps que de borborygmes
- et d'autres bruits intestinaux.
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- Plus tard, on observe une véritable
flatulence avec ballonnement de l'estomac et
météorisme abdominal; les
éructations sont plus fréquentes,
les borborygmes plus bruyants; on entend
quelquefois un bruit de glouglou ou de tintement
métallique, en appliquant l'oreille sur
le creux de l'estomac. Pendant les premiers
temps, il ne s'agit que d'une faiblesse, d'une
atonie de la tunique musculeuse, avec ou sans
altération des qualités chimiques
du suc gastrique; mais ensuite, il peut se
développer une réelle dilatation
avec le phénomène
caractéristique du clapotage toutefois,
il est bon de noter que la dilatation n'est pas
un symptôme essentiel et nécessaire
de la neurasthénie; les troubles
dyspeptiques de l'épuisement nerveux
peuvent rester, longtemps et même
toujours, limités aux simples
désordres fonctionnels que nous
étudions ici.
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- Les vomissements sont rares dans cette forme
atonique de la dyspepsie nerveuse, de même
que les véritables douleurs
(névralgies ou crampes) de
l'estomac.
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- En dehors de ces troubles qui ne se
manifestent qu'après les repas, quelles
que soient la quantité et la
qualité de la nourriture
ingérée, on observe chez les
neurasthéniques, comme chez beaucoup de
névropathes, certaines altérations
de l'appétit qui est habituellement
capricieux, quelquefois diminué, mais
presque toujours assez bien conservé.
Beard a noté chez beaucoup de ses malades
une diminution considérable de la soif
qui leur fait oublier de boire en mangeant ; il
attribue même à ce symptôme
une importance plus théorique que
pratique dans l'évolution du processus
neurasthénique.
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- Enfin la langue est quelquefois un peu
blanche et saburrale, et l'intestin, paresseux
comme l'estomac, donne fréquemment lieu
au phénomène d'une constipatiort
plus ou moins habituelle et
opiniâtre.
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- Tels sont les phénomènes
dyspeptiques qui appartiennent
communément à la
neurasthénie simple, c'est-à-dire,
à la forme subaiguë et assez
facilement curable de cette névrose: ces
phénomènes sont de
véritables stigmates de
l'épuisement nerveux. Ils sont dus
à l'amyosthénie en même
temps qu'à l'asthénie
générale. C'est en effet de
l'ordre amyosthénique que relève
l'atonie des couches musculeuses de l'estomac et
de l'intestin qui rend ces organes paresseux, la
digestion lente et la distension de l'abdomen
facile. D'autre part, c'est à
l'asthénie générale de
l'organisme qu'il faut attribuer la diminution
de la fonction sécrétoire des sucs
digestifs; et c'est à la diminution de
quantité et de qualité
(hypochiorhydrie) de ces sucs qu'il faut
attribuer les troubles chimiques de cette
variété d'hypopepsie, pour nous
servir des expressions modernes. La dyspepsie
neurasthénique n'est en effet qu'un genre
d'hypopepsie par amoindrissement de la
tonicité musculaire des organes
digestifs, et par déficit quantitatif et
qualificatif des sucs digestifs.
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- Si l'on voulait s'en assurer il suffirait de
mettre en oeuvre les procédés
d'exploration mécanique et chimique
à l'aide desquels on peut se rendre
compte,
- 1° que les parois musculaires de
l'estomac ne sont plus suffisantes à
expulser le repas d'épreuve en sept
heures et qu'après ce laps de temps on
trouve encore dans la poche gastrique des
débris alimentaires,
- 2° que les sucs chimiques
sécrétés sont
égalemetit insuffisants en principes
chlorurés pour produire une digestion
idéale.
-
- Mais franchement ces procédés
relèvent plutôt du laboratoire que
de la clinique et nous ne nous attarderons pas
à les décrire : ils deviennent
d'ailleurs parfaitement inutiles à l'oeil
exercé du clinicien, du moins dans la
situation présente, en face des
désordres dyspeptiques
caractéristiques de la
neurasthénie.
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- Il n'y a pas en effet que l'aspect de ces
désordres isolés qui permette de
les reconnaître: il faut tenir compte de
leur entourage et de leur évolution; il
suffit de savoir comment ils ont
débuté plus ou moins brusquement
à la suite d'un surmenage nerveux
quelconque, moral surtout, chez un sujet qui
n'avait aucune autre raison d'en être
atteint; comment ils ont évolué en
compagnie de la céphalée, de
l'amyosthénie, et de l'insomnie; avec
quelle facilité ils subissent l'influence
de l'état général, et,
nullement ou très peu, de la
diététique alimentaire qu'on leur
impose comment ils disparaissent brusquement
pour reparaître de même ; comment
enfin ils s'améliorent ou s'aggravent
parallèlement au processus
neurasthénique tout entier.
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- Quant aux désordres
gastro-intestinaux qui peuvent survenir
ultérieurement (dilatation,
gastro-enteroptose, colite, accès
d'obstruction, etc.), nous les
considérons comme des désordres
secondaires, non essentiels et les
décrirons dans cette partie de notre
étude.
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