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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 
 
 

mise à jour du
19 mars 2006
Lib Armand Colin
N°134
212 pages
Le sommeil
Jean Lhermitte
1931
 
Le signe de Jean Lhermitte

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 lhermitte
 
page 90-91
 
Dans une série d'expériences qui visaient à montrer que la région sensible de l'appareil régulateur du sommeil se trouve confinée dans une région étroite, Demole injecta de plus ou moins grandes quantités de solution calcique au hasard, dans toutes les parties du cerveau. Or, si l'on confronte le protocole de toutes les expériences auxquelles s'est livré l'auteur, sans le moindre parti-pris, on est frappé de ce fait , que lorsque de l'injection calcique est pratiquée à l'aveuglette dans une région quelconque de l'encéphale, le sommeil ne survient jamais, ni la moindre somnolence, tandis que lorsque le liquide calcique atteint une certaine région de la base du cerveau, le sommeil apparaît.
 
L'apparition du sommeil ne peut tromper. En effet, c'est très rapidement à la suite de l'injection que l'animal manifeste un invincible besoin de dormir; on le voit s'étendre sur le côté, exécuter avec peine de lents mouvements, chercher, sans succès d'ailleurs, à se rétablir sur ses pattes puis, bientôt calmé, laisser reposer la tête sur le sol. Les yeux sont alors à demi-fermés, les pupilles rétrécies, la membrane clignotante visible, la respiration devient de plus en plus lente et affecte les mêmes caractères que dans le sommeil naturel.
 
Assez souvent , pendant le sommeil provoqué par l'injection de calcium et que l'on peut appeler avec Demole le sommeil calcique, l'animal s'étire, bâille de temps en temps et il semble que les mouvements de la queue et des pattes expriment un sentiement de bien-être, de délassement
 
Demole: Untersuchungen zum Problem des Schlafes.
Archiv. f. Experiment. Pathol. und Pharmakologie 1927
 
page 99
 
Les recherches expérimentales que nous venons de résumer à grands traits se superposent si exactement dans leurs résultats avec les constations cliniques et anatomo-cliniques que nous avons exposées précédemment qu'il est, à la vérité, impossible de penser qu'il s'agit d'une coïncidence fortuite ou d'un fait de hasard. Aussi bien chez l'homme que chez l'animal les modifications brusques ou lentes de cette partie du cerveau qui se trouve située à la partie orale de l'aqueduc de Sylvius et s'étend en avant jusqu'au chiasma optique, déterminent un réflexe spécial dont l'endormissement et le sommeil profond sont la conséquence.
 
Il s'agit bien ici, nous ne saurions trop le répéter, d'un état tout à fait semblable au sommeil naturel, puisqu'il s'avère réversible et accompagné de tous les phénomènes prémonitoires et consécutifs que nous savons être la caractéristique du sommeil naturel.
 
Mais il y a plus, et dans deux observations du plus grand intérêt Clovis Vincent (1879-1947 a pu constater lui-même, au cours d'interventions chirurgicales sur la base du cerveau, qu'il suffisait avec la pointe d'un stylet mousse d'exciter légèrement la région péri-infandibulaire pour que le sujet s'endorme après avoir présenté des bâillements, des pandiculations et même parfois avoir exprimé lui-même l'envie qu'il ressent de s'endormir. Il existe donc, à n'en pas douter, une région sensible à la base du cerveau en rapport très étroit avec un dispositif régulateur de la fonction du sommeil et de la veille, ainsi que nous l'avons soutenu avec A. Tournay.