-
-
- page 90-91
-
- Dans une série
d'expériences qui visaient à
montrer que la région sensible de
l'appareil régulateur du sommeil se
trouve confinée dans une région
étroite, Demole injecta de plus ou moins
grandes quantités de solution calcique au
hasard, dans toutes les parties du cerveau. Or,
si l'on confronte le protocole de toutes les
expériences auxquelles s'est livré
l'auteur, sans le moindre parti-pris, on est
frappé de ce fait , que lorsque de
l'injection calcique est pratiquée
à l'aveuglette dans une région
quelconque de l'encéphale, le sommeil ne
survient jamais, ni la moindre somnolence,
tandis que lorsque le liquide calcique atteint
une certaine région de la base du
cerveau, le sommeil apparaît.
-
- L'apparition du sommeil
ne peut tromper. En effet, c'est très
rapidement à la suite de l'injection que
l'animal manifeste un invincible besoin de
dormir; on le voit s'étendre sur le
côté, exécuter avec peine de
lents mouvements, chercher, sans succès
d'ailleurs, à se rétablir sur ses
pattes puis, bientôt calmé, laisser
reposer la tête sur le sol. Les yeux sont
alors à demi-fermés, les pupilles
rétrécies, la membrane clignotante
visible, la respiration devient de plus en plus
lente et affecte les mêmes
caractères que dans le sommeil naturel.
-
- Assez souvent , pendant
le sommeil provoqué par l'injection de
calcium et que l'on peut appeler avec Demole le
sommeil calcique, l'animal s'étire,
bâille de temps en temps et il
semble que les mouvements de la queue et des
pattes expriment un sentiement de
bien-être, de
délassement
-
- Demole: Untersuchungen
zum Problem des Schlafes.
- Archiv. f.
Experiment. Pathol. und Pharmakologie
1927
-
- page 99
-
- Les recherches
expérimentales que nous venons de
résumer à grands traits se
superposent si exactement dans leurs
résultats avec les constations cliniques
et anatomo-cliniques que nous avons
exposées précédemment qu'il
est, à la vérité,
impossible de penser qu'il s'agit d'une
coïncidence fortuite ou d'un fait de
hasard. Aussi bien chez l'homme que chez
l'animal les modifications brusques ou lentes de
cette partie du cerveau qui se trouve
située à la partie orale de
l'aqueduc de Sylvius et s'étend en avant
jusqu'au chiasma optique, déterminent un
réflexe spécial dont
l'endormissement et le sommeil profond sont la
conséquence.
-
- Il s'agit bien ici, nous
ne saurions trop le répéter, d'un
état tout à fait semblable au
sommeil naturel, puisqu'il s'avère
réversible et accompagné de tous
les phénomènes
prémonitoires et consécutifs que
nous savons être la caractéristique
du sommeil naturel.
-
- Mais il y a plus, et dans
deux observations du plus grand
intérêt Clovis
Vincent (1879-1947
a pu constater lui-même, au cours
d'interventions chirurgicales sur la base du
cerveau, qu'il suffisait avec la pointe d'un
stylet mousse d'exciter légèrement
la région péri-infandibulaire pour
que le sujet s'endorme après avoir
présenté des bâillements,
des pandiculations et même parfois
avoir exprimé lui-même l'envie
qu'il ressent de s'endormir. Il existe donc,
à n'en pas douter, une région
sensible à la base du cerveau en rapport
très étroit avec un dispositif
régulateur de la fonction du sommeil et
de la veille, ainsi que nous l'avons soutenu
avec A. Tournay.
|