Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
http://www.baillement.com

 

 

 

 

 

 

mise à jour du
7 décembre 2009
 
 
Paul Blocq
1860 - 1896
 
 O. Walusinski
 
Les internes de JM. Charcot
 
 Les biographies de neurologues
 
La lettre d'information du site 
 
L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
 
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier  
 
logo
En 1887, Charcot et Richer publient « Les démoniaques dans l'art ». Pierre Marie, dans sa critique de La Revue Neurologique de 1887, commente : « Ils ont soumis celles-ci (cf les œuvres d'art) à une analyse délicate qui, séparant ce qu'avait créé la seule imagination de ce qui était le fruit d'une observation éclairée, et quelquefois géniale, leur a permis d'établir la valeur documentaire de ces diverses œuvres. Ils ont ainsi montré, d'une façon irréfutable, que les prétendues convulsions des démoniaques n'étaient que des attaques hystéro-épileptiques et, qu'à ce point de vue, les caractères de l'hystérie dans les siècles passés ne différaient en rien de ceux qu'on observe aujourd'hui » (55).
 
C'est en cette année-là que Paul-Oscar Blocq (1860-1896) arrive chez Charcot. Il appartient à la liste des brillants médecins fauchés prématurément alors que leur contribution au progrès médical semblait si prometteuse. Reçu interne au concours de 1882, après être passé chez Simon Duplay (1836-1924), Xavier Gouraud (1837-1906), Victor Audhoui, Maurice Letulle (1853-1929), il effectue sa dernière année chez Charcot.
 
paul blocq
Paul Blocq, interne en 1887
  © Extrait de l'Album de l'internat de La Salpêtrière conservé à la Bibliothèque Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière
(Université Pierre et Marie Curie, Paris)  
 
Inspirée et présidée par le maître, il soutient sa thèse en 1888, « Des contractures » (56). Aidé par Pierre Marie, chef du laboratoire et Joseph Babinski, chef de clinique, il illustra celle-ci de dessins de Paul Richer. Il y relate les travaux de Brissaud sur l'auscultation des muscles, notant : « lors de la contracture permanente des hémiplégiques, il existe une différence manifeste entre le roulement régulier et sonore que produit la contraction et le son faible et inégal que donne le muscle contracturé ». Il distingue clairement les différences cliniques et anatomopathologiques entre les contractures permanentes de l'hémiplégie et de la sclérose en plaques des contractures, qu'il baptise spasmodiques et d'origine hystérique, considérées de nos jours comme des dystonies. En compagnie d'un étudiant roumain en stage chez Charcot, Georges Marinesco (1864-1939), il publie, en 1893, un cas de maladie de Parkinson secondaire à une tumeur de la substantia nigra, qui sera à l'origine de la théorie soutenue par Brissaud d'un dysfonctionnement de cette structure dans l'étiologie de la maladie de Parkinson. Toujours avec Marinesco, il sera le premier à décrire les plaques séniles dans l'épilepsie en 1892.
 
Malgré son décès à 36 ans, il eut le temps d'écrire plusieurs livres : avec Victor Babès (1854-1926), publié à Berlin en 1892 et en allemand, Atlas der pathologischen Histologie des Nervensystems; en 1891, Charcot avait préfacé « L'anatomie pathologique de la moelle épinière » écrit avec Albert Londe (1858-1917); dans la bibliothèque Charcot-Debove, « les troubles de la marche dans les maladies nerveuses »; et pour les médecins de famille « Maladies nerveuses, sémiologie et diagnostic ». Dans le Traité de médecine de Charcot-Bouchard-Brissaud, il rédigea les chapitres paralysie générale avec Gilbert Ballet (1853-1916) et les chorées, dans la première édition, auxquels s'ajouta Les myoclonies, dans la deuxième édition.
 
paul blocq
 
Charles Richet (1850-1935) lui demanda de rédiger l'article agraphie de son dictionnaire de physiologie paru en 1895.
 
Le 18 novembre 1892, lors de la réunion de la Société Médicale des Hôpitaux, Babinski déclare présenter, au nom de Blocq, un instrument construit par les établissements Mathieu afin d'étudier les réflexes (57). Couramment appelé marteau de Babinski, il semble que celui-ci en assura la notoriété mais que sa forme naquit dans l'esprit de Blocq. Voici la description donnée par Babinski : « J'en arrive à la percussion. Elle ne doit pas être pratiquée, ainsi que beaucoup le font encore, avec le bord cubital de la main, procédé dont un des inconvénients, entre autres, consiste en ce que le coup porte sur une surface trop étendue. Il y a lieu de se servir d'un marteau percuteur dont on fabrique différents modèles. En voici deux dont je fais le plus habituellement usage. L'un se compose d'un manche en acier nickelé, long de 20 à 25 centimètres, fixé au centre d'un disque de même substance qui, à sa circonférence, est creusé d'une gorge garnie d'un anneau en caoutchouc. Dans le deuxième spécimen, qui a pour avantage de pouvoir être mis plus facilement dans la poche, le manche est semblable au précédent, mais le disque est remplacé par une plaque rectangulaire qui se trouve dans le même plan que le manche; elle est munie également d'un anneau de caoutchouc dans sa cannelure périphérique. Ces marteaux sont doués de l'élasticité qui convient à la fonction qu'ils sont appelés à remplir » (58).
 
Mais sa notoriété posthume a été essentiellement assurée par sa description princeps de l'astasie-abasie, c'est à dire à l'impossibilité de tenir debout et de marcher alors que la motricité des membres inférieurs est normale, en décubitus. Curieusement, s'il relie l'installation du trouble à une forte émotion, il le distingue de l'hystérie mais note avec précision ses différences avec l'ataxie cérébelleuse. Paul Berbez, Joseph Grasset (1849-1918), Paul Ladame (1871-1919) de Genève, José-Dantas Souza Leite et d'autres publièrent à la suite des observations comparables. Que ce soit Pierre Marie, Hermann Oppenheim (1858-1919) à Berlin, Adolf Strümpell (1853-125) à Erlangen ou Samuel Kinnier Wilson à Londres ou Emil Kraepelin (1856-1926) à Mecklembourg, tous se référeront à l'article de Blocq pour décrire ce tableau clinique considéré, aujourd'hui, comme somatoforme (59,60).
 
C'est dans ces moments que Charcot publie « Les leçons du Mardi », années 1887-1888, dont le premier tirage manuscrit est magnifiquement lithographié. Alphonse Daudet le remercie de l'exemplaire que Charcot lui a envoyé : « Limpidité, solidité, concision et ces grands traits à la Tacite, qui sont d'un poète autant que d'un observateur, voilà ce qui m'a saisi dans votre livre que j'ai lu dans la fièvre et dans la douleur. Mais vous savez que chez moi, jusqu'à présent, le littérateur et le songeur sont plus forts que le tabétique. Merci, cher Maître ami, d'avoir songé à votre vieux malade » (3).
 
paul blocq
 
56. Blocq P. Des contractures. Paris. Le Progrès Médical. 1888.
 
57. Babinski J. Présentation d'instrument. Bulletins et Mémoires de la Société Médicale des Hôpitaux de Paris. 1892;16:435-436.
 
58. Lanska DJ. The history of reflex hammers. Neurology. 1989;39:1542-1549.
 
59. Pasteur W. Thyssen on Astasia Abasia. Brain. 1891;14:566-567.
 
60. Okun MS., Koehler PJ. Paul Blocq and (psychogenic) Astasia Abasia. Movements Disorders. 2007;2:1373-1378.