- Charcot publie « Les leçons du
Mardi », années 1887-1888, dont le
premier tirage manuscrit est magnifiquement
lithographié. Alphonse Daudet le remercie
de l'exemplaire que Charcot lui a envoyé
: « Limpidité, solidité,
concision et ces grands traits à la
Tacite, qui sont d'un poète autant que
d'un observateur, voilà ce qui m'a saisi
dans votre livre que j'ai lu dans la
fièvre et dans la douleur. Mais vous
savez que chez moi, jusqu'à
présent, le littérateur et le
songeur sont plus forts que le tabétique.
Merci, cher Maître ami, d'avoir
songé à votre vieux malade »
(3).
-
- Èrnest Huet, interne en
1888
- ©
Extrait de l'Album de l'internat de La
Salpêtrière conservé
à la Bibliothèque Charcot à
l'hôpital de la
Salpêtrière
- (Université
Pierre et Marie Curie, Paris)
-
- C'est alors qu'Ernest Huet (1858-1917)
devient son nouvel interne en 1888 (61).
Formé à l'Ecole de médecine
de Caen, il avait été interne chez
Charles Lailler (1822-1892) à Saint-Louis
et Jules Déjérine (1849-1917)
à Bicêtre. Il soutient sa
thèse, présidée par le
Maître, le 26 juillet 1889. Le sujet lui
avait été suggéré
par Charcot lui-même, après la
présentation de Mardi 24 juillet 1888,
consacrée aux chorées chroniques,
décrites par Georges Huntington
(1850-1916) en 1884 à New York. Lors de
cette présentation, Charcot y avait
montré son scepticisme quant à
l'hérédité de ce tableau
clinique parfaitement décrit, associant
mouvements anormaux et dégradation
intellectuelle progressive.
-
- Huet va, lui, développer des arbres
généalogiques à partir de
cinq observations personnelles, des observations
de Landouzy, Charcot, Joffroy et des cas
publiés par Déjérine en
1886 dans son livre «
L'hérédité dans les
maladies du système nerveux ». Il
conclura à des cas évoluant par
hérédité de transformation,
si le début avait été dans
l'enfance, ou par hérédité
similaire, quand la maladie commençait
à chaque génération
successive après 30 ans. Huet s'attarde
sur le diagnostic différentiel avec la
paralysie générale, l'ataxie
locomotrice et la toute récente
description par Gilles de la Tourette des tics
convulsifs. Il termine, avec déception,
après avoir passé en revue tous
les cas publiés, notamment en Angleterre,
un de Charcot et ceux de Pierret à Lyon
que « la nature anatomique de la
chorée chronique, comme celle de la
chorée de Syndenham aigüe, est
encore inconnue » (62).
-
- Huet a fréquemment assisté
Charcot aux Leçons du Mardi comme
l'atteste, aussi, la présence de son nom
associé à de nombreuses
publications de La Salpêtrière. Par
exemple, un appendice du premier tome des Mardi
de La Salpêtrière de Charcot,
rédigé par Huet, interne du
service, est consacré à l'autopsie
d'un cas présenté par Charcot le
27 mars 1888. Dans la Nouvelle Iconographie de
1890, il a cosigné, en autres,
l'observation présentée plus haut
de « bâillements hystériques
» avec Guinon et Gilles de la Tourette
(54). Mais Huet est surtout le créateur
du service d'électrothérapie
situé auprès de celui de son
maître. Il y exercera 25 ans, se
consacrant encore, quelques jours avant
d'être emporté par une pneumonie,
aux soins des blessés de la Grande Guerre
(63). Sa grande expérience
transparaît dans le chapitre «
applications de l'électricité au
diagnostic et au traitement des maladies du
système nerveux » du livre « La
Pratique Neurologique » de Pierre Marie
publié en 1911 et richement
illustré des appareils utilisés
(64).
-
-
-
- 61. Lereboulet P. Ernest Huet. Paris
Médical. 1917;24:61.
- 62. Huet E. De la Chorée chronique.
Paris. Le Progès Médical.
1889.
- 63. Hallion L. Ernest Huet. Rev Neurol
(Paris). 1917;29:139.
- 64. Huet E. Applications de
l'électricité au diagnostic et au
traitement des maladies du système
nerveux. In La Pratique Neurologique. Marie P.
Paris. 1911.
-
- E Huet derrière le professeur
J.
Dejerine qui a à sa gauche son
épouse Dr Dejerine-Klumpke
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