Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
Le bâillement, du réflexe à la pathologie
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 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
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Le bâillement foetal
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mise à jour du
7 décembre 2009
 
 
Albert Pitres
 1848 - 1928
 O. Walusinski
 
Les internes de JM. Charcot
 
 Les biographies de neurologues
 
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L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
 
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier  
 
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Spasmes respiratoires mixtes: bâillement et éternûment hystériques
Leçons cliniques sur l'hystérie et l'hypnotisme 1891
 
Fulgence Raymond devient interne chez Charcot en 1875 quand celui-ci dispense l'essentiel de ses cours consacrés aux localisations cérébrales. Ils décriront ensemble le syndrome post-poliomyélitique. Son successeur est Albert Pitres (1848-1928). Né à Bordeaux, fils d'épicière, il y commença ses études de médecine à l'Ecole de médecine qui n'était pas encore une faculté. Après avoir été interne de Bordeaux de 1867 à 1869, il est reçu interne des hôpitaux de Paris en 1872 et entre dans le service de Charcot en 1876. Il soutint sa thèse, présidée par Charcot, le 26 mai 1877, devant Charles Lasègue (1816-1883), Albert Blum et Georges Hayem (1841-1933) : « Recherches sur les lésions du centre ovale des hémisphères cérébraux, étudiées au point de vue des localisations cérébrales ». Seulement un an plus tard, il devint agrégé après avoir soutenu une thèse sur « les hypertrophies et les dilatations cardiaques, indépendantes des lésions valvulaires ».
 
albert pitres
Albert Pitres, interne en 1874
 © Extrait de l'Album de l'internat de La Salpêtrière conservé à la Bibliothèque Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière
(Université Pierre et Marie Curie, Paris)  
 
Henri Gintrac (1820-1878), son premier maître à Bordeaux, et premier doyen de la toute nouvelle faculté de médecine, fit alors appel à lui pour enseigner l'histologie qu'il avait apprise au laboratoire de Louis Ranvier (1835-1922), au Collège de France. Puis Pitres occupa, à 32 ans, la chaire de clinique médicale de 1881 à 1919. En 1885, à 37 ans, il devenait doyen de la faculté de médecine de Bordeaux et le resta plus de 20 ans, anticipant avec clairvoyance la naissance des spécialités médicales et la nécessité de créer au sein de sa faculté les chaires correspondantes (42,43). Son année passée chez Charcot marqua toute sa carrière. Imbu de la méthode anatomo-clinique, il ne cessa jamais ses recherches, commencées avec sa thèse, sur les localisations cérébrales (44). Jean Flourens (1794-1867) avait conclu que le cortex n'avait pas d'utilité pour mobiliser les membres, après des expériences de décortication, pratiquées chez la grenouille et le pigeon. Gustav Fritsch (1838-1927) et Eduard Hitzig (1838-1907), en Allemagne, publièrent, en 1870, les résultats de leurs expériences d'électrostimulation du cortex de chiens, prouvant le rôle du cortex dans la motricité. Il est nécessaire de se replacer dans le contexte historique de la défaite militaire de la France contre la Prusse à cette époque. Une véritable course-poursuite aux découvertes s'engagea entre les deux rives du Rhin. En collaboration avec son ami Nicolas François-Franck (1849-1921), Pitres utilisa des singes pour ses recherches. Associées aux études cliniques et nécropsiques menées par Charcot, les travaux de Pitres permirent de décrire des centres moteurs des muscles de la face, de la langue, des cordes vocales, de la motricité oculaires etc.. En 1895, Charcot et Pitres résumaient leurs découvertes dans un livre « les centres moteurs corticaux ». C'est ainsi que Pitres démontrât qu'à côté du faisceau pyramidal croisé, il existait un faisceau direct, expliquant certaines hémiplégies dissociées (45).
 
albert pitres
 
A l'image de son maître Charcot, Pitres professa des leçons cliniques sur l'hystérie, sans s'éloigner de la ligne de La Salpêtrière. Ainsi paraîtront en 1891, deux gros volumes, « Leçons cliniques sur l'hystérie », préfacés par Charcot. Cette introduction permet à Charcot de se justifier : « Aussi n'est-ce pas sans une grande satisfaction que j'ai vu vos études confirmer, non seulement sur les points essentiels, mais encore le plus souvent jusque dans les détails les plus minutieux, le résultats obtenus à la Salpêtrière dans nos recherches faites sur les mêmes sujets. On a plusieurs fois suspecté la légitimité de nos descriptions en objectant que les malades qui nous ont servi de modèles, confinés dans un service spécial, ont dû par contamination réciproque subir une espèce d'entraînement et acquérir, ainsi une symptomatologie étrange, compliquée à l'excès, qui ne répondrait pas aux types naturels. C'est ainsi qu'on a parlé, à la vérité toujours sans preuve, d'une hystérie propre à la Salpêtrière, hystérie artificielle, hystérie de culture, perfectionnée en quelque sorte par l'éducation, et qui ne s'observerait pas dans d'autres milieux. A ces critiques reposant uniquement sur des vues purement spéculatives, nous avons depuis longtemps répondu par l'exposé de faits cliniques nombreux, montrant par exemple que pour ce qui est relatif â la grande attaque d'hystérie, le rôle de l'« imitation », de la « suggestion », considérées comme modificateurs des apparences morbides, tout intéressant qu'il soit à étudier, n'est cependant, contrairement à ce qu'on a gratuitement avancé, que relativement restreint et fort limité. Dans la réalité des choses, les modifications produites par ces causes n'affectent que la surface; elles ne portent pas sur le fond, sur la trame, non plus que sur l'évolution générale des phénomènes morbides. « La charpente de l'édifice, comme le dit ingénieusement Paul Richer dans le beau livre que vous connaissez bien, reste partout la même; l'ornementation seule diffère ». Du même coup d'ailleurs on démontrait, toujours à l'aide de faits cliniques appropriés, que les règles qui président à la constitution et à l'évolution de l'attaque sont communes à la pratique d'hôpital et à celle de la ville; qu'elles sont valables pour tous les temps, pour tous les pays, chez toutes les races, et que les variations qu'elles subissent n'en affectent en rien l'universalité puisqu'elles peuvent toujours être rattachées logiquement au type fondamental. Vos leçons viennent à leur tour, je suis bien heureux de le constater, prêter un puissant appui à la thèse que je défends. Elles prouvent, en effet, péremptoirement qu'en province, pourvu que le matériel neuro-pathologique dont on dispose soit suffisant pour permettre d'embrasser toutes ses formes, de reconnaître ses grands aspects, l'hystérie ne diffère en rien, absolument rien, de ce qu'elle est chez nous, à Paris ».
 
Sur la fin de sa vie, après qu'Ernest Dupré (1862-1921) eut développé le thème de la mythomanie, Pitres reconnût humblement ses errements. Reprenant le concept de Charles Féré (1852-1907), de Jules Séglas (1856-1939) et de Gilbert Ballet (1853-1916) « les idées fixes ont leur origine dans l'émotivité », Pitres écrit en collaboration avec Emmanuel Régis (1855-1918) « Les obsessions et les impulsions ». Ils décrivent tous les types de compulsions, en insistant sur le concept étiologique de « dégénérescence ». Auteur de l'article Encéphale du Dictionnaire Encyclopédique des Sciences Médicales (1864-1889) de Dechambre, il écrivit avec Louis Vaillard (1850-1935) « Contribution à l'étude des névrites périphériques non traumatiques » en 1883. Cette même année, Pitres présida la thèse de Célestin Sieur (1860-1955) où est décrit « le signe du sou », permettant de préciser l'importance des épanchements pleuraux en percutant le thorax avec une pièce métallique pendant l'auscultation au stéthoscope. Il s'associa, en 1925, avec l'anatomiste Léo Testut (1849-1925) pour proposer aux étudiants en médecine un traité « Les nerfs en schéma, anatomie et physiopathologie ». Pitres avait déjà pris part à la guerre de 1870. Pendant la première guerre mondiale, malgré son âge, il obtint de diriger un centre neurologique. Membre de l'Académie de Médecine, couvert d'honneurs, il s'éteignit à 80 ans des suites d'une chute (45).
 
42. De Fleury M. Le Professeur Albert Pitres. Le Progrès Médical. 1928;16:682-686.
 
43. Verger H. Le Professeur A. Pitres de Bordeaux (1848-1928). Paris Médical. 1928;68:515-516.
 
44. Jeannerod M. La contribution de JM. Charcot à l'étude des localisations motrices chez l'homme. Rev Neurol (Paris). 1994;150:536-542.
 
45. Leal F. Pitres Albert (1848-1928) et Regis Emmanuel (1855-1918), les deux fondateurs de l'école neuropsychiatrique de Bordeaux. Thèse n°163. Bordeaux. 1997
 
albert pitres