- Chirurgien adjoint de
l'Hôtel-Dieu de Paris (1813)
- Médecin de l'Hôtel-Dieu
de Lyon (1818)
- Professeur à l'Ecole
préparatoire de médecine et de
pharmacie de Lyon (1854-58)
-
- Jean-Louis
Brachet une médecin méconnu
à l'aube des
Neurosciences
- Jean-Louis
Brachet (1789-1858). A forgotten contributor to
early 19th centrury
neurology
- On fait, en général, consister
le bâillement dans une grande et profonde
inspiration qui se fait lentement et avec
abaissement considérable de la
mâchoire inférieure, de l'os
hyoïde et du larynx, et à laquelle
succède une expiration prolongée
et accompagnée d'un bruit sourd
particulier; on l'attribue soit au besoin de
renouveler l'air des poumons , soit au besoin
d'en introduire une plus grande quantité
pour fournir plus d'oxygène au sang, dont
le cours était gêné, et qui,
par conséquent, en a besoin, soit enfin
à un sentiment de malaise qui se
manifeste dans le fond de la gorge, à la
partie supérieure du cou.
-
- Telle n'est pas notre manière de
voir. Ce n'est pas seulement à cette
contraction convulsive des muscles de la face et
du cou, ce n'est pas à cette colonne
d'air plus large qu'elle promène dans les
voies aériennes, que nous restreignons
l'action de ce phénomène. Le
bâillement n'est pas un
phénomène purement local
appartenant exclusivement, à la
respiration : c'est un
phénomène général
appartenant à l'économie tout
entière.
-
- On bâille lorsque l'ennui, l'envie de
dormir, l'engourdissement du réveil, le
besoin de manger, une mauvaise digestion, les
menaces d'une asphyxie, le malaise qui
précède les fièvres
intermittentes, annoncent que l'économie
tout entière est dans un état de
torpeur et d'engourdissement qui peut devenir
funeste, et contre lequel elle s'efforce de
lutter; on bâille encore dans le vide, ou
dans un air trop rare ou trop
dépouillé d'oxygène.
-
- Qu'on l'examine bien, alors le
bâillement ne consiste pas seulement dans
cette grande ouverture de la bouche, les bras se
soulèvent, s'étendent et se
contractent fortement; on sent tous les muscles
du tronc se contracter aussi, et bien souvent
les membres inférieurs joignent leur
contraction à celle des membres
supérieurs. Bien plus, s'il arrive qu'il
ne s'opère du bâillement que les
phénomènes relatifs au
mécanisme de l'inspiration, presque
toujours alors des pandiculations plus on moins
fortes et prolongées lui succèdent
; mais il ne faut pas pour cela confondre ces
deux phénomènes : l'un appartient
exclusivement à la contraction des
muscles du tronc et des membres; l'autre est
l'expression d'un phénomène
particulier de la respiration. Comme leur cause
est la même et qu'on les voit survenir
dans les mêmes circonstances et se
combiner le plus souvent, il est permis de les
étudier ainsi réunis, et d'en
tirer des conséquences relatives au
bâillement. Cela est si vrai, qu'il n'y a
pas d'acte vital soit plus impérieusement
commandé par le besoin de l'imitation.
Lorsque nous voyons bâiller quelqu'un,
presque toujours nous bâillons aussi, ou
bien nous sommes obligés de faire de
grands efforts pour nous en empêcher.
-
- Certes, alors la circulation
n'éprouve aucun ralentissement. On sait
aussi avec quelle facilité on
arrête le bâillement et son besoin
en fixant fortement l'attention sur un objet, et
sans rien changer à la circulation ni
à la respiration. Si cette grande
inspiration n'avait lieu que pour
oxygéner du sang, on pourrait la
remplacer en faisant volontairement une grande
inspiration, ou en accélérant le
mouvement de la respiration. Mais il n'en est
point ainsi; car, lorsque le besoin de
bâiller se fait sentir, c'est en vain
qu'on fait de grandes inspirations ou qu'on
précipite la respiration : ce besoin
persiste, et il faut qu'il soit satisfait par
l'accomplissement de son mécanisme
spécial.
-
- Ainsi, nous pensons que
le bâillement a lieu, de même que
les pandiculations, lorsque le cerveau, averti
de l'engourdissement dans lequel tombe
l'économie, cherche à en
prévenir les suites en sollicitant des
actes d'excitation et de
réveil; alors tous les muscles
de l'économie se contractent, aussi bien
ceux de la locomotion que ceux de la
respiration. Cette contraction
générale est déjà un
moyen de stimulation; en outre, elle exprime des
tissus le sang qui y languissait, et elle active
la circulation; mais la respiration y joue bien
certainement le rôle le plus-grand,
à cause de l'importance de ses actes.
Etant ainsi ranimée, elle ranime aussi,
la circulation qui va ensuite porter, avec plus
d'activité aux organes, un sang plus
riche et plus abondant; aussi, après le
bâillement et ses pandiculations, voit-on
succéder un sentiment de bien-être
au sentiment d'embarras et de gêne qui les
avait provoqués.
-
- La cause du bâillement réside
donc principalement dans une sensation de
malaise général et
d'engourdissement qui amène le besoin de
respirer largement et d'une manière
particulière. Ce besoin est senti par
l'encéphale, qui réagit sur les
muscles pour les faire contracter
convenablement. Mais une fois que cette
contraction est commencée, quoique
exécutée par des muscles soumis
à l'empire de la volonté, elle
s'achève, non seulement à l'insu
de la volonté, mais bien souvent
malgré elle, par un entraînement
impérieux et irrésistible. C'est
donc sous l'empire d'un pouvoir réflexe
que s'exécute ce phénomène.
Il est inutile d'expliquer par quel
mécanisme la bouche s'ouvre largement et
la poitrine se dilate lentement et, grandement;
nous ferons seulement observer que cette bouche
largement ouverte ne correspond pas à la
quantité d'air qui y est introduite; car
souvent, avec cette ouverture énorme, la
respiration est suspendue, et l'inspiration ne
s'exécute pas. Aussi le bâillement
complet est-il quelquefois longtemps à se
faire attendre, en ne s'effectuant que par une
sorte d'alternative d'inspiration , de
suspension et même quelquefois
d'expiration. Cependant l'inspiration finit
toujours par être grande et profonde. Mais
, nous le répéterons, c'est
plutôt pour donner de l'activité
aux organes de la respiration et
consécutivement à ceux de la
circulation , que pour oxygéner une plus
grande quantité de sang, dont rien ne
prouve la stase dans les cavités droites
du cur.
-
- Comme il y a des personnes qui
bâillent habituellement, et très
facilement, on a cherché quelles
pouvaient être les conditions les plus
favorables au bâillement, et l'on a cru
trouver cette aptitude plus grande chez les
personnes douées d'un tempérament
lymphatique ou affaiblies par différentes
circonstances, et chez les enfants. Mais cette
remarque fût-elle vraie , elle
n'expliquerait pas pourquoi ces personnes y sont
ainsi plus disposées.
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