Tome dixième
: Maladies des nerfs
périphériques, névroses,
maladies des muscles
p191-343
Paul Camille Hippolyte
BROUARDEL 15 février 1837 -
1906
précurseur de la
médecine légale
Médecin légiste. Titulaire de
la chaire de médecine légale de la
Faculté de médecine de Paris.
Doyen de la même faculté, membre de
l'Académie de médecine. S'occupera
tout au long de sa carrière des
problèmes de santé publique
Professeur Paul
Brouardel
[...] page 269
Les bâillements appartiennent à
la classe des spasmes inspiratoires mixtes; ils
sont rares et l'étude qu'en ont faite
Gilles de la
Tourette, Huet et Georges Guinon ne porte
que sur six cas, six femmes. On en distingue une
forme permanente dans laquelle les malades
bâillent pour ainsi dire constamment, le
sommeil seul interrompant les spames, qui
reprennent au réveil et peuvent ainsi
persister pendant des semaines et des mois sans
que la santé générale
semble en souffrir notablement. L'inspiration
n'est pas portée à son summum
comme dans le bâillement physiologique; il
n'y a pas cette expiration bruyannte
s'accompagnant souvent de flux de salive et de
sécrétions de larmes; par contre,
l'écartement des mâchoires est
excessif, au point qu'on a vu se produire
une
luxation de l'articulation
temporo-maxillaire. Ce qui est le plus
caractéristique de l'hystérie,
c'est le rythme et la cadence qui ne permettent
pas de méconnaître la
névrose.
On en distingue une seconde forme, la forme
paroxystique, dans laquelle les
bâillements surviennent par crises ne
différant pas comme allure
générale des autres manifestations
convulsives de l'hystérie. La crise dure
un quart d'heure, une demi-heure et plus et se
termine non sans avoir comporté quelques
vestiges des périodes classiques de la
grande attaque.
L'attaque de bâillements se juge par
l'abaissement du taux du résidu fixe des
urines, de l'urée, des phosphates, avec
inversion de la formule de ces derniers. Ce sera
là encore le meilleur signe de diagnostic
entre les attaques de bâillements
épileptiques et les attaques de
bâillements hystériques.
Nous ne nous appesantirons pas sur les
éternuementss hystériques, dont on
a cité maints exemples plus curieux les
uns que les autres et par la fréquence
des secousses et par la ténacité
de l'affection. La malade de Pitres a eu pendant
huit ans consécutifs des
éternuements depuis le moment de son
réveil jusqu'à deux heures de
l'après-midi, sans interruption. Il est
vrai qu'elle a guéri subitement à
la suite d'un seul bain sulfureux pris à
Cauterets.
Le rire hystérique est beaucoup plus
commun. Il se produit par accès et
précède, accompagne ou suit les
attaques convulsives dont il peut être
indépendant jusqu'à un certain
point......[...]
- Dictionnaire biographique international
des médecins et chirurgiens.- 1895 pp.
30-32, portr. (cote 21244)
- Index bibliograohique des ouvrages
mémoires et publications diverses des
médecins, chirurgiens et accoucheurs des
hôpitaux et hospices. pp. 19-22 (cote :
8711) pp. 19-20 (cote : 871)